Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Postez ici vos intentions de prière.
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XII

Que les attraits divins nous laissent en pleine liberté de les suivre ou les repousser


Et pour nous donner le mouvement de son pouvoir, sans empêcher celui de notre vouloir, ajustant sa puissance à sa suavité : en telle sorte que, comme en ce qui regarde le bien, sa puissance nous donne suavement le pouvoir, aussi sa suavité maintient puissamment la liberté de notre vouloir. Si tu savais le don de Dieu, dit le Sauveur à la Samaritaine, et qui est celui qui te dit: Donne moi à boire; toi-même peut-être lui eusses demande, et il teût donné de l'eau vive.

Voyez de grâce, Théotime, le trait du Sauveur, quand il parle de ses attraits. Si tu savais, veut-il dire, le don de Dieu, sans doute tu serais émue et attirée à demander l'eau de la vie éternelle, et peut-être que tu la demanderais; comme s'il disait :

tu aurais le pouvoir, et serais provoquée à demander, et néanmoins, tu ne serais pas forcée, ni nécessitée ; ains seulement peut-être tu la demanderais, car ta liberté te demeurerait pour la demander, ou ne la demander pas. Telles sont les paroles du Sauveur, selon l'édition ordinaire et selon la leçon de saint Augustin sur saint Jean.

En somme, si quelqu'un disait que notre franc-arbitre ne coopère pas, consentant à la grâce dont Dieu le prévient, ou qu'il ne peut pas rejeter la grâce, et lui refuser son consentement, il contredirait à toute l'Écriture, à tous les anciens Pères, à l'expérience, et serait excommunié par le sacré concile de Trente.

Mais quand il est dit quo nous pouvons rejeter l'inspiration céleste et les attraits divins, on n'entend pas certes qu'on puisse empêcher Dieu de nous inspirer, ni de jeter ses attraits en nos coeurs: car comme j'ai déjà dit, cela se fait en nous, et sans nous: ce sont des faveurs que Dieu nous fait, avant que nous y ayons pensé.

Il nous éveille lorsque nous dormons, et par conséquent nous nous trouvons éveillés avant qu'y avoir pensé; mais il est en nous de nous lever, ou de ne nous lever pas; et bien qu'il nous ait éveillés sans nous, il ne nous veut pas lever sans nous. Or, c'est résister au réveil, que de ne point se lever et se rendormir, puisqu'on ne nous réveille que pour nous faire lever.

Nous ne pouvons pas empêcher que l'inspiration ne nous pousse, et par conséquent ne nous ébranle; mais si, à mesure qu'eile nous pousse, nous la repoussons, pour ne point nous laisser aller à son mouvement, alors nous résistons.

Ainsi, le vent ayant saisi et enlevé nos oiseaux apodes, ils ne les portera guère loin, s'ils n'étendent leurs ailes et ne coopèrent, se guindant (se portant en haut) et volant en l'air auquel ils ont été lancés. Que si au contraire, amorcés peut-être de quelque verdure qu'ils voient en bas, ou engourdis d'avoir croupi en terre, au lieu de seconder le vent, ils tiennent leurs ailes pliées, et se jettent derechef en bas, ils ont voirement (à la vérité) reçu en effet le mouvement du vent, mais en vain, puisqu'ils ne s'en sont pas prévalus.

Théotime, les inspirations nous préviennent, et avant que nous y ayons pensé, elles se font sentir; mais après que nous les avons senties, c'est à nous d'y consentir, pour les seconder et suivre leurs attraits, on de dissentir, et les repousser. Elles se font sentir à nous sans nous, mais elle ne nous font point consentir sans nous.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XIII

Des premiers sentiments d'amour que les attraits divins font en l'âme, avant qu'elle ait la foi.


Le même vent qui relève les apodes, se prend premièrement à leurs plumes, comme parties plus légères et susceptibles de son agitation, par laquelle il donne d'abord du mouvement à leurs ailes, les étendant et dépliant, en sorte qu'elles lui servent de prise pour saisir l'oiseau et remporter en l'air.

Que si l'apode ainsi enlevé, contribue (ajoute), le mouvement de ses ailes à celui du vent, le même vent qui la poussé, l'aidera de plus en plus à voler fort aisément.

Ainsi, mon cher Théotime, quand l'inspiration, comme un vent sacré, vient pour nous pousser en l'air du saint amour, elle se prend notre volonté.

Et par le sentiment de quelque céleste délectation, elle l'émeut, étendant et dépliant l'inclination naturelle quelle a au bien, en sorte que cette inclination même lui serve de prise pour saisir notre esprit :

Et tout cela (comme j'ai dit) se fait en nous sans nous; car c'est la faveur divine qui nous prévient en cette sorte.

Que si notre esprit ainsi saintement prévenu, sentant les ailes de son inclination émues, dépliées, étendues, poussées et agitées par ce vent céleste, contribue tant soit peu son consentement :

ah ! quel bonheur, Théotime ! car la même inspiration et faveur qui nous a saisis, mêlant son action avec notre consentement, animant nos faibles mouvements de la force du sien, et vivifiant notre imbécile (faible) coopération par la puissance de son opération, elle nous aidera, conduira et accompagnera d'amour en amour, jusques à l'acte de la très sainte foi, requis pour notre conversion.

Vrai Dieu! Théotime, queue consolation de considérer la sacrée méthode, avec laquelle le Saint-Esprit répand les premiers rayons et sentiments de sa lumière et chaleur vitale dedans nos coeurs!

O Jésus! que c'est un plaisir délicieux de voir l'amour céleste, qui est le soleil des vertus, quand petit à petit, par des progrès qui insensiblement se rendent sensibles, il va déployant sa clarté sur une âme, et ne cesse point qu'il ne l'ait toute couverte de la splendeur de sa présence, lui donnant enfin la parfaite beauté de son jour!

ô que cette aube est gaie, belle, amiable et agréable ! Mais pourtant, il est vrai que, ou l'aube n'est pas jour, ou si elle est jour, c'est un jour commençant, un jour naissant; c'est plutôt l'enfance du jour que le jour même.

Et de même, sans doute, ces mouvements d'amour, qui précèdent l'acte de la foi, requis à notre justification, ou ils ne sont pas amour proprement parler, ou ils sont un amour commençant et imparfait, ce sont les premiers bourgeons verdoyants, que l'âme échauffée du soleil céleste, comme un arbre mystique, commence à jeter au printemps, qui sont plutôt présages de fruits, que fruits.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XIII

Des premiers sentiments d'amour que les attraits divins font en l'âme, avant qu'elle ait la foi.


Saint Pacôme, lors encore tout jeune soldat et sans connaissance de Dieu, enrôlé sous les enseignes de l'armée que Constance avait dressée contra le tyran Maxence, vint, avec la troupe de laquelle il était, loger auprès d'une petite ville, non guère éloignée de Thèbes, où non seulement lui, mais toute larmée se trouva en extrême disette de vivres; ce qu'ayant entendu les habitants de la petite ville, qui par bonne rencontre étaient fidèles de Jésus-Christ, et par conséquent amis et secourables au prochain, ils pourvurent soudain à la nécessité des soldats, mais avec tant de soin, de courtoisie et d'amour, que Pacôme en fut tout ravi d'admiration, et demandant quelle nation était celle-là, si bonteuse (bonne), amiable et gracieuse, on lui dit que cétaient des chrétiens.

Et s'enquérant derechef quelle loi et manière de vivre était la leur, il apprit qu'ils croyaient en Jésus-Christ fils unique de Dieu, et faisaient bien à toutes sortes de personnes, avec ferme espérance d'en recevoir de Dieu même une ample récompense.

Hélas! Théotime, le pauvre Pacôme, quoique de bon naturel, dormait pour lors dans la couche de son infidélité; et voilà que tout à coup Dieu se trouve à la porte de son coeur, et par le bon exemple de ces chrétiens, comme par une douce voix, il l'appelle, l'éveille, et lui donne le premier sentiment de la chaleur vitale de son amour.

Car à peine eut-il ouï parler, comme je viens de dire, de l'aimable loi du Sauveur, que tout rempli d'une nouvelle lumière et consolation intérieure, se retirant à part, et ayant quelque temps pensé en soi-même, il haussa les mains au ciel, et avec un profond soupir, il se prit à dire: Seigneur Dieu, qui avez fait le ciel et la terre, si vous daignez jeter vos yeux sur ma bassesse et sur ma peine, et me donner connaissance de votre divinité, je vous promets de vous servir, et d'obéir toute ma vie à vos commandements. Depuis cette prière et promesse, l'amour du vrai bien et de la piété prit un tel accroissement en lui, qu'il ne cessait point de pratiquer mille et mille exercices de vertu.

Il m'est avis certes que je vois en cet exemple un rossignol, qui se réveillant à la prime (première) aube, commence à se secouer, s'étendra, déployer ses plumes, voleter de branche en branche dans son buisson) et petit à petit gazouiller son délicieux ramage ; car n'avez-vous pas pris garde, comme le bon exemple de ces charitables chrétiens excita et réveilla en sursaut le bienheureux Pacôme?

Certes, cet étonnement d'admiration qu'il en eut, ne fut autre chose que son réveil, auquel Dieu le toucha, comme le soleil touche la terre, avec un rayon de sa clarté qui le remplit d'un grand sentiment de plaisir spirituel. C'est pourquoi Pacôme se secoue des divertissements ( se sépare des divertissements, les chasse), pour avec plus d'attention et de facilité recueillir et savourer la grâce reçue, se retirant à part pour y penser; puis il étend son coeur et ses mains au ciel, où l'inspiration l'attire, et commençant à déployer les ailes de ses affections, voletant entre la défiance de soi-même et la confiance en Dieu, il entonne d'un air humblement amoureux le cantique de sa conversion, par lequel il témoigne d'abord que déjà il connaît un seul Dieu, créateur du ciel et de la terre mais il connaît aussi qu'il ne le connaît pas encore assez pour le bien servir, et partant il supplie qu'une plus grande connaissance lui soit donnée, afin qu"il puisse par icelle parvenir au parfait service de sa divine majesté.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XIII

Des premiers sentiments d'amour que les attraits divins font en l'âme, avant qu'elle ait la foi.


Cependant voyez, je vous prie, Théotime, comme Dieu va doucement, renfonçant peu à peu la grâce de son inspiration dedans les coeurs qui consentent, les tirant après soi comme de degré en degré sur cette échelle de Jacob.

Mais quels sont ses attraits? Le premier, par lequel il nous prévient et réveille, se fait par lui en nous, et sans nous; tous les autres se font aussi par lui, et en nous, mais non pas sans nous.

Tirez-moi, dit l'épouse sacrée, c'est-à-dire, commencez le premier, car je ne saurais m'éveiller de moi-même; je ne saurais m'émouvoir si vous ne mouvez .

Mais quand vous m'aurez émue, alors, ô le cher époux de mon âme! nous courrons nous deux; vous courrez devant moi en me tirant toujours plus avant et moi, je vous suivrai à la course, consentant à vos attraits; mais que personne n'estime que vous m'alliez tirant après vous comme une esclave forcée, ou comme une charrette inanimée.

Ah! non, vous me tirez à l'odeur de vos parfums. Si je vous vais suivant, ce n'est pas que vous me tramiez, c'est que vous m'alléchez: vos attraits sont puissants, mais non pas violents, puisque toute leur force consiste en leur douceur. Les parfums n'ont point d'autre pouvoir, pour attirer à leur suite, que leur suavité, et la suavité comment pourrait-elle tirer, sinon suavement et agréablement.

CHAPITRE XIV

Du sentiment de l'amour divin qui se reçoit par la foi.


Quand Dieu nous donne la foi, il entre en notre âme et parle à notre esprit, non point par manière de discours, mais par manière d'inspiration; proposant si agréablement ce quil faut croire à l'entendement, que la volonté en reçoit une grande complaisance, et telle qu'elle incite l'entendement à consentir et acquiescer à la vérité, sans doute ni défiance quelconque, et voici la merveille; car Dieu fait la proposition des mystères de la foi à notre âme parmi des obscurités et des ténèbres, en telle sorte que nous ne voyons pas les vérités, ains seulement nous les entrevoyons.

Comme il arrive quelquefois que la terre étant couverte de brouillards, nous ne pouvons voir le soleil, ains nous voyons seulement un peu plus de clarté du côté où il est; de façon que, par manière de dire, nous le voyons sans le voir, parce que d'un côté nous ne le voyons pas tant que nous puissions bonnement dire que nous le voyons et d'autre part nous ne le voyons pas si peu que nous puissions dire que nous ne le voyons point, et c'est ce que nous appelons entrevoir.

Et néanmoins cette obscure clarté de la foi étant entrée dans notre esprit, non par force de discours ni d'arguments, ains par la seule suavité de sa présence, elle se fait croire et obéir à l'entendement avec tant dautorité, que la certitude quelle nous donne de la vérité surmonte toutes les autres certitudes du monde, et assujettit tellement tout l'esprit et tous les discours d'icelui, qu'ils n'ont point de crédit en comparaison.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XIV

Du sentiment de l'amour divin qui se reçoit par la foi.


Mon Dieu! Théotime, pourrais-je bien dire ceci? La foi est la grande amie de notre esprit, et peut bien parler aux sciences humaines qui se vantent dêtre plus évidentes et claires quelle, comme l'épouse sacrée parlait aux autres bergères : Je suis brune, mais belle.

O discours humains ! ô sciences acquises ! Je suis brune, car je suis entre les obscurités des simples révélations qui sont sans aucune évidence apparente, et me font paraître noire, me rendant presque méconnaissable.

Mais je suis pourtant belle en moi-même à cause de mon infinie certitude; et si les yeux des mortels me pouvaient voir telle que je suis par nature, ils me trouveraient toute belle.

Mais ne faut-il pas qu'en effet je sois infiniment aimable, puisque les sombres ténèbres et les épais brouillards, entre lesquels je suis, non pas vue, mais seulement entrevue, ne me peuvent empêcher d'être si agréable, que l'esprit me chérissant surtout, fendant la presse de toutes autres connaissances, il me fait faire place et me reçoit comme sa reine sur le trône le plus élevé de son palais, d'où je donne la loi à toute science, et assujettis tout discours et tout sentiment humain?

Oui vraiment, Théotime, tout ainsi que les chefs de l'armée d'Israël, se dépouillant de leurs vêtements, les mirent ensemble, et en firent comme un trône royal, sur lequel ils assirent Jéhu, criant: Jéhu est roi de même à l'arrivée de la foi, l'esprit se dépouille de tout discours et arguments, et les soumettant à la foi, il l'a fait asseoir sur iceux, la reconnaissant comme reine, et crie avec une grande joie :

Vive la foi ! Les discours et arguments pieux, les miracles et autres avantages de la religion chrétienne la rendent certes extrêmement croyable et connaissable.

Mais la seule foi la rend crue et reconnue, faisant aimer la beauté de sa vérité, et croire la vérité de sa beauté, par la suavité qu'elle répand en la volonté, et la certitude qu'elle donne à l'entendement.

Les Juifs virent les miracles, et ouïrent les merveilles de notre Seigneur.

Mais étant indisposés à recevoir la foi, c'est-à-dire leur volonté nétant pas susceptible de la douceur et suavité de la foi, à cause de l'aigreur et malice dont ils étaient remplis, ils demeurèrent en leur infidélité, ils voyaient la force de l'argument, mais ils ne savouraient pas la suavité de la conclusion.

Et pour cela ils n'acquiesçaient pas à la vérité, et néanmoins l'acte de la foi consiste en cet acquiescement de notre esprit, lequel ayant reçu l'agréable lumière de la vérité, il y adhère par manière d'une douce, mais puissante et solide assurance et certitude qu'il prend eh lautorité de la révélation qui lui en est faite.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XIV
Du sentiment de l'amour divin qui se reçoit par la foi.


Vous avez ouï dire, Théotime, quès conciles généraux il se fait des grandes disputes et recherches de la vérité, par discours, raisons et arguments de théologie, mais la chose étant débattue, les Pères, c'est-à-dire, les évêques et spécialement le Pape qui est le chef des évêques, concluent, résolvent et déterminent, et la détermination étant prononcée, chacun s'y arrête et acquiesce pleinement, non point en considération des raisons alléguées en la dispute et recherche précédente, mais en vertu de l'autorité du Saint-Esprit, qui, présidant invisiblement ès conciles, a jugé, déterminé et conclu par la bouche de ses serviteurs qu'il a établis pasteurs du christianisme.

L'enquête donc et la dispute se fait au parvis des prêtres, entre les docteurs ; mais la résolution et l'acquiescement se fait au sanctuaire, où le Saint-Esprit qui anime le corps de l'Église, parle par les bouches des chefs d'icelle, selon que notre Seigneur l'a promis.

Ainsi l'autruche produit ses oeufs sur le sablon de Libye, mais le soleil seul en fait éclore le poussin; et les docteurs, par leurs recherches et discours., proposent la vérité, mais les seuls rayons du soleil de justice en donnent la certitude et acquiescement.

Or, enfin, Théotime, cette assurance que l'esprit humain prend ès choses révélées et mystères de la foi, commence par un sentiment amoureux de complaisance, que la volonté reçoit de la beauté et suavité de la vérité proposée; de sorte que la foi comprend un commencement d'amour que notre coeur ressent envers les choses divines.

CHAPITRE XV
Du grand sentiment d'amour que nous recevons par la sainte espérance.


Comme, étant exposés aux rayons du soleil de midi, nous ne voyons presque pas plus tôt la clarté que soudain nous sentons la chaleur.

Ainsi la lumière de la foi n'a pas plus tôt jeté la splendeur de ses vérités en notre entendement, que tout incontinent notre volonté sent la sainte chaleur de l'amour céleste. La foi nous fait connaît, par une infaillible certitude, que Dieu est, qu'il est infini en bonté, qu'il se peut communiquer à nous, et que non seulement il le peut, ains il le veut; si que, par une ineffable douceur, il nous a préparé tous les moyens requis pour parvenir au bonheur de la gloire immortelle.

Or, nous avons une inclination naturelle au souverain bien, ensuite de laquelle notre coeur a un certain intime empressement et une continuelle inquiétude, sans pouvoir en sorte quelconque s'accoiser (s'apaiser, se tenir tranquille), ni cesser de témoigner que sa parfaite satisfaction et son solide contentement lui manque.

Mais quand la sainte foi a représenté à notre esprit ce bel objet de son inclination naturelle, ô vrai Dieu ! Théotime, quelle aise ! quel plaisir ! quel tressaillement universel de notre âme! laquelle alors, comme toute surprise à l'aspect d'une si excellente beauté, s'écrie d'amour : O que vous êtes beau, mon bien-aimé que vous êtes beau!

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XV
Du grand sentiment d'amour que nous recevons par la sainte espérance.


Éliéser cherchait une épouse pour le fils de son Maître Abraham. Que savait-il s'il la trouverait belle et gracieuse comme il la désirait? Mais quand il l'eut trouvée à la fontaine, qu'il la vit si excellente en beauté et si parfaite en douceur, mais surtout quand on la lui eut accordée, il en adora Dieu, et le bénit avec des actions de grâces pleines de joie non pareille: le coeur humain tend à Dieu par son inclination naturelle, sans savoir bonnement quel il est.

Mais quand il le trouve à la fontaine de la foi, et qu'il le voit si bon, si beau, si doux, si débonnaire envers tous, et si disposé à se donner comme souverain bien à tous ceux qui le veulent, ô Dieu, que de contentements et que de sacrés mouvements en l'esprit pour s'unir à jamais à cette bonté si souverainement aimable ! J'ai enfin trouvé, dit l'âme ainsi touchée, j'ai trouvé ce que je désirais, et je suis maintenant contente.

Et comme Jacob ayant vu la belle Rachel fondait en larmes de douceur pour le bonheur qu'il ressentait d'une si désirable rencontre; de même notre pauvre coeur ayant trouvé Dieu, et reçu d'icelui le don précieux de la sainte foi, il se fond par après en suavité d'amour pour le bien infini qu'il voit d'abord en cette souveraine beauté.

Nous sentons quelquefois de certains contentements qui viennent comme à l'impourvu (imprévu, à l'improviste), sans aucun sujet apparent, et ce sont souvent des présages de quelque grande joie, dont plusieurs estiment que nos bons anges, prévoyant les biens qui nous doivent avenir, nous en donnent ainsi des pressentiments, comme au contraire ils nous donnent des craintes et frayeurs emmi les périls inconnus, afin de nous faire invoquer Dieu, et demeurer sur nos gardes.

Or, quand le bien présagé nous arrive, nos coeurs le reçoivent à bras ouverts, et se ramentevant (se rappelant) l'aise qu'ils avaient eue sans en savoir la cause, ils connaissent seulement alors que c'était comme un avant-coureur du bonheur avenu.

Ainsi, mon cher Théotime, notre coeur ayant eu si longuement inclination à son souverain bien, il ne savait à quoi ce mouvement tendait; mais sitôt que la foi le lui a montré, alors il voit bien que c'était cela que son âme requérait, que son esprit cherchait, et que son inclination regardait.

Certes, ou que nous voulions, ou que nous ne voulions pas, notre esprit tend au souverain bien. Mais qui est ce souverain bien? Nous ressemblons à ces bons Athéniens qui faisaient sacrifice au vrai Dieu, lequel néanmoins leur était inconnu, jusques à ce que le grand saint Paul leur en annonça la connaissance; car ainsi notre coeur, par un profond et secret instinct, tend en toutes ses actions, et prétend à la félicité, et la va cherchant çà et là, comme à tâtons; sans savoir toutefois ni où elle réside, ni en quoi elle consiste, jusques à ce que la foi la lui montre et lui en décrit les merveilles inutiles; et lors ayant trouvé le trésor qu'il cherchait, hélas! quel contentement à ce pauvre coeur humain, quelle joie, quelle complaisance d'amour!

Hé ! je l'ai rencontré celui que mon âme cherchait sans le connaître ! ô que ne savais-je à quoi tendaient mes prétentions, quand rien de tout ce que je prétendais ne me contentait, parce que je ne savais pas ce qu'en effet je prétendais! Je prétendais d'aimer, et ne connaissais pas ce qu'il fallait aimer, et partant ma prétention ne trouvant pas son véritable amour, mon amour était toujours en une véritable, mais inconnue prétention; j'avais bien assez de pressentiment d'auteur pour me faire prétendre ; mais je n'avais pas assez de sentiment de la bonté qu'il fallait aimer pour exercer l'amour.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XVI
Comme l'amour se pratique en l'espérance


L'entendement humain étant donc convenablement appliqué à considérer ce que la foi lui représente de son souverain bien, soudain la volonté conçoit une extrême complaisance en ce divin objet, lequel, pour lors absent, fait naître un désir très ardent de sa présence, dont l'âme s'écrie saintement: Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche.

C'est à Dieu que je soupire,
C'est Dieu que mon coeur désire.

Et comme l'oiseau auquel le fauconnier ôte le chaperon, ayant la proie en vue, s'élance soudain au vol, et s'il est retenu par les longes, se débat sur le poing avec une ardeur extrême ; de même la foi nous ayant ôté le voile de l'ignorance, et fait voir notre souverain bien, lequel néanmoins nous ne pouvons encore posséder, retenus par la condition de cette vie mortelle, hélas ! Théotime, nous le désirons alors; de sorte que,

Les cerfs longtemps pourchassés,
Fuyant pantois (haletants, respirant avec peine) et lassés,
Si fort les eaux ne désirent,
Que nos coeurs d'ennuis presses
Seigneur, après toi soupirent,
Nos âmes en languissant
D'un désir toujours croissant
Crient: Hélas ! quand sera-ce,
O Seigneur Dieu tout-puissant,
Que nos yeux verront ta face?

Ce désir est juste, Théotime, car qui ne désirerait un bien si désirable? Mais ce serait un désir inutile, ains qui ne servirait que d'un continuel martyre à notre coeur, si nous n'avions assurance de le pouvoir un jour assouvir.

Celui qui pour le retardement de ce bonheur protestait que ses larmes lui étaient un pain ordinaire nuit et jour , tandis que son Dieu lui était absent, et que ses adversaires l'enquéraient (lui demandaient): où est ton Dieu? hélas! qu'eût-il fait, s'il neût eu quelque sorte d'espérance de pouvoir une fois jouir de ce bien, après lequel il soupirait?

Et la divine épouse va tout éplorée et alangourie (défaillante) d'amour de quoi elle ne trouve pas sitôt le bien-aimé qu'elle cherche l'amour du bien-aimé avait créé en elle le désir le désir avait fait naître l'ardeur du pourchas (reherche passionnée), et cette ardeur lui causait la langueur, qui eût anéanti et consumé son pauvre coeur, si elle n'eût eu quelque espérance de rencontrer enfin ce qu'elle pourchassait.

Ainsi donc ques afin que l'inquiétude et la douloureuse langueur, que les efforts de l'amour désirant causeraient en nos esprits, ne nous portât à quelque défaillance de courage, et ne nous réduisît au désespoir ; le même bien souverain qui nous incite à le désirer si fortement, nous assure aussi que nous le pourrons obtenir fort aisément, par mille et mille promesses qu'il nous a faites en sa parole, et par ses inspirations; pourvu que nous voulions employer les moyens qu'il nous a préparés et qu'il nous offre pour cela.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XVI

Comme l'amour se pratique en l'espérance


Or, ces promesses et assurances divines, par une merveille particulière, accroissent la cause de notre inquiétude, et à mesure quelles augmentent la cause, elles ruinent et détruisent les effets.

Oui certes, Théotime, l'assurance que Dieu nous donne que le paradis est pour nous, fortifie infiniment le désir que nous avions d'en jouir, et néanmoins affaiblit, ains anéantit tout à fait le trouble et l'inquiétude que ce désir nous apportait; de sorte que nos coeurs par les promesses sacrées que la divine bonté nous a faites, demeurent tout à fait accoisés, et cet accoisement est la racine de la très sainte vertu que nous appelons espérance.

Car la volonté, assurée par la foi quelle pourra jouir de son souverain bien, usant des moyens à ce destinés, elle fait deux grands actes de vertu: par l'un, elle attend de Dieu la jouissance de sa souveraine bonté, et par l'autre elle aspire à cette sainte jouissance.

Et de vrai, Théotime, entre espérer et aspirer, il y a seulement cette différence, que nous espérons les choses que nous attendons par le moyen d'autrui; et nous aspirons aux choses que nous prétendons par nos propres moyens, de nous-mêmes; et d'autant que nous parvenons à la jouissance de notre souverain bien, qui est Dieu, premièrement et principalement par sa faveur, grâce et Miséricorde.

Et que néanmoins cette même Miséricorde veut que nous coopérions-à sa faveur, mesurant la faiblesse de notre consentement à la force de sa grâce; partant notre espérance est aucunement (à certains égards, quelquefois) mêlée d'aspirement (aspiration), si que nous nespérons pas tout à fait sans aspirer, et n'aspirons jamais sans tout à fait espérer, en quoi l'espérance tient toujours le rang principal, comme fondée sur la grâce divine, sans laquelle tout ainsi que nous ne pouvons pas seulement penser à notre souverain bien, selon qu'il convient pour y parvenir, aussi ne pouvons-nous jamais sans icelle y aspirer comme il faut pour l'obtenir.

L'aspirement donc est un rejeton de l'espérance, comme notre coopération l'est de la grâce : et tout ainsi que ceux qui veulent espérer sans aspirer, seront rejetés comme couards (lâchés) et négligents, de même ceux qui veulent aspirer sans espérer, sont téméraires, insolents et présomptueux.

Mais quand l'espérance est suivie de l'aspirement, et que espérant nous aspirons, et aspirant nous espérons, alors, cher Théotime, l'espérance se convertit en un courageux dessein par l'aspirement, et l'aspirement se convertit en une humble prétention par l'espérance, espérant et aspirant (Opposition des mots aspirer et espérer qui sent l'afféterie de langage du temps) selon que Dieu nous inspire.

Mais cependant et l'un et l'autre se fait par cet amour désirant qui tend à notre souverain bien, lequel, à mesure qu'il est plus assurément espéré, est aussi toujours plus aimé.

Ainsi l'espérance n'est autre chose que l'amoureuse complaisance que nous avons en l'attente et prétention de notre souverain bien : tout y est d'amour, Théotime. Soudain que la foi ma montré mon souverain bien,

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XVI

Comme l'amour se pratique en l'espérance


Je l'ai aimé, et parce qu'il m'était absent, je l'ai désiré, et d'autant que j'ai su qu'il se voulait donner à moi, je l'ai derechef plus ardemment aimé et désiré; car aussi sa bonté est d'autant plus aimable et désirable, quelle est disposée à se communiquer.

Or, par ce progrès, l'amour a converti son désir en espérance, prétention et attente, si que l'espérance est un amour attendant et prétendant. Et parce que le bien souverain que l'espérance attend, c'est Dieu, et qu'elle ne l'attend aussi que de Dieu même auquel et par lequel elle espère et aspire, cette sainte vertu despérance, aboutissant de toutes parts à Dieu, est par conséquent une vertu divine ou théologique.

CHAPITRE XVII

Que l'amour d'espérance est fort bon, quoique imparfait


L'amour que nous pratiquons en l'espérance, Théotime, va certes à Dieu, ruais il retourne, à nous; il a son regard (son but, son objet) en la divine bonté, mais il a de l'égard à notre utilité; il tend à cette suprême perfection, mais il prétend notre satisfaction, c'est-à-dire, il ne nous porte pas en Dieu, parce que Dieu est souverainement bon eu soi-même, mais parce qu'il est souverainement bon envers nous-mêmes, où, comme vous voyez, il y a du nôtre et de nous-mêmes.

Et partant, cet amour est voirement (à la vérité) amour, mais amour de convoitise et intéressé. Je ne dis pas toutefois qu'il revienne tellement à nous, qu'il nous fasse aimer Dieu seulement pour l'amour de nous. O Dieu, nenni car l'âme qui n'aimerait Dieu que pour l'amour d'elle-même, établissant la fin de l'amour qu'elle porte à Dieu en sa propre commodité, hélas! elle commettrait un extrême sacrilège.

Si une femme n'aimait son mari que pour l'amour de son valet, elle aimerait son mari en valet, et son valet en mari, L'âme aussi qui n'aime Dieu que pour l'amour delle-même, elle s'aime comme elle devrait aimer Dieu, et elle aime Dieu comme elle se devrait aimer elle-même.

Mais il y a bien de la différence entre cette parole: J'aime Dieu pour le bien que j'en attends, et celle-ci : Je n'aime Dieu que pour le bien que j'en attends.

Comme aussi c'est chose bien diverse de dire: J'aime Dieu pour moi, et dire: J'aime Dieu pour l'amour de moi; quand je dis: J'aime Dieu pour moi, c'est comme si je disais:J'aime avoir Dieu, j'aime que Dieu soit à moi, qu'il soit mon souverain bien, qui est une sainte affection de l'épouse céleste, laquelle cent fois proteste par excès de complaisance :

Mon bien-aimé est tout mien, et moi je suis toute sienne, il est à moi, et je suis à lui. Mais dire : J'aime Dieu pour l'amour de moi-même, c'est comme qui dirait : L'amour que je me porte est la fin pour laquelle j'aime Dieu, en sorte que l'amour de Dieu soit dépendant, subalterne et inférieur à l'amour propre que nous avons envers nous-mêmes, qui est une impiété non pareille.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XVII

Que l'amour d'espérance est fort bon, quoique imparfait


Cet amour donc que nous appelons espérance, est un amour de coavoitise, mais d'une sainte et bien ordonnée convoitise, par laquelle nous ne tirons pas Dieu à nous, ni à notre utilité, mais nous nous joignons à lui comme à notre finale félicité.

Nous nous aimons ensemblement avec Dieu par cet amour, mais non pas nous préférant ou égalant à lui en cet amour: l'amour de sous-mêmes est mêlé avec celui de Dieu, mais celui de Dieu surnage ; notre amour-propre y entre voirement, mais comme simple motif, et non comme fin principale; notre intérêt y tient quelque lieu, mais Dieu tient le rang principal.

Oui, sans doute, Théotime ; car quand nous aimons Dieu comme notre souverain bien, nous l'aimons pour une qualité par laquelle nous ne le rapportons pas à nous, mais nous à lui; nous ne sommes pas sa fin, sa prétention, ni sa perfection, ains il est la nôtre; il ne nous appartient pas, mais nous lui appartenons.

Il ne dépend point de nous, mais nous de lui; et en somme, par la qualité de souverain bien, pour laquelle nous l'aimons, il ne reçoit rien de nous, ains nous recevons de lui, il exerce envers nous son affluence et bonté, et nous pratiquons notre indigence et disette; de sorte qu'aimer Dieu en titre de souverain bien, c'est l'aimer en titre honorable et respectueux, par lequel nous l'avouons être notre perfection, notre repos et notre fin, en la jouissance de laquelle consiste notre bonheur.

Il y a des biens desquels nous nous servons en les employant, comme sont nos esclaves, nos serviteurs, nos chevaux, nos habits; et l'amour que nous leur portons, est un amour de pure convoitise; car nous ne les aimons que pour notre profit.

Il y a des biens desquels nous jouissons, mais d'une réciproque et mutuellement égale jouissance, comme nous faisons de nos amis; car l'amour que nous leur portons en tant qu'ils nous rendent du contentement, est voirement amour de convoitise, mais convoitise honnête, par laquelle ils sont à nous, et nous également à eux; ils nous appartiennent, et nous pareillement leur appartenons.

Mais il y a des biens dont nous jouissons d'une jouissance de dépendance, participation, et sujétion, comme nous faisons de la bienveillance de nos pasteurs, princes, pères, mères, ou de leur présence et faveur; car l'amour que nous leur portons est aussi certes amour de convoitise quand nous les aimons, en tant qu'ils sont nos princes, nos pasteurs, nos pères, nos mères; puisque ce n'est pas la qualité de pasteur, ni de prince, ni de père, ni de mère, qui nous les fait aimer, aine parce qu'ils sont tels en notre endroit et à notre regard.

Mais cette convoitise est un amour de respect, de révérence, d'honneur: car nous aimons, par exemple, nos pères, non parce qu'ils sont nôtres, mais parce que nous sommes à eux: et c'est ainsi que nous aimons et convoitons Dieu par l'espérance: non afin qu'il soit notre bien, mais parce qu'il l'est; non afin qu'il soit nôtre, mais parce que nous sommes siens; non comme s'il était pour nous, mais d'autant que nous sommes pour lui.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricord
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XVII

Que l'amour d'espérance est fort bon, quoique imparfait


Et notez, Théotime, qu'en cet amour ici, la raison pour laquelle nous aimons, c'est-à-dire, pour laquelle nous appliquons notre coeur à l'amour du bien que nous convoitons, c'est parce que c'est notre bien; mais la raison de la mesure et quantité de cet amour dépend de l'excellence et dignité du bien que nous aimons.

Nous aimons nos bienfaiteurs, parce qu'ils sont tels envers nous, mais nous les aimons plus ou moins, selon qu'ils sont ou plus grands, ou moindres bienfaiteurs.

Pourquoi donc aimons-nous Dieu, Théotime, de cet amour de convoitise? Parce qu'il est notre bien. Mais pourquoi laimons-nous souverainement? Parce qu'il est notre bien souverain.

Or, quand je dis que nous aimons souverainement Dieu, je ne dis pas que nous l'aimions pour cela du souverain amour; car le souverain amour n'est qu'en la charité.

Mais en l'espérance l'amour est imparfait, parce qu'il ne tend pas à sa bonté infinie en tant quelle est telle en elle-même, aine seulement en tant qu'elle nous est telle; et néanmoins parce qu'en cette sorte damour il n'y a point de plus excellent motif que celui qui provient de la considération du souverain bien, nous disons que par icelui nous aimons souverainement, quoiqu'en vérité nul par ce seul amour ne puisse ni observer les commandements de Dieu, ni avoir la vie éternelle, parce que c'est un amour qui donne plus d'affection que d'effet quand il n'est pas accompagné de la charité.

CHAPITRE XVIII.

Que l'amour se pratique en la pénitence, et premièrement qu'il y a diverses sortes de pénitences.


La pénitence, à parler généralement, est une repentance par laquelle on rejette et déteste le péché qu'on a commis, avec résolution de réparer, autant qu'on le peut, l'offense et l'injure faite à celui contre lequel on a péché :

et j'ai enclos en la pénitence le propos de réparer l'offense; parce que la repentance ne déteste pas assez le mal quand elle laisse volontairement subsister son principal effet, qui est l'offense et l'injure; or, elle le laisse subsister, tandis que le pouvant on quelque sorte réparer, elle ne le fait pas.

Je laisse à part maintenant la pénitence de plusieurs païens, lesquels, comme Tertullien témoigne, en avaient entre eux quelque apparence, mais si vaine et inutile, que même, quelquefois, ils faisaient pénitence d'avoir bien fait. Car je ne parle que de la pénitence vertueuse, laquelle, selon les différents motifs desquels elle provient, est aussi de diverses espèces.

Il y en a certes une qui est purement morale et humaine, comme fut celle dAlexandre le Grand, lequel ayant tué son cher Clitus, cuida (pensa) se laisser mourir de faim, tant la force de la pénitence fut grande, dit Cicéron.Et celle dAlcibiades, qui, convaincu par Socrate de n'être pas sage, se prit à pleurer amèrement, triste et affligé de n'être pas ce qu'il devait être, dit saint Augustin. Aussi Aristote reconnaissant cette sorte de pénitence, assure que l'intempérant, lequel de propos délibéré s'adonne aux voluptés, est tout à fait incorrigible, parce qu'il ne se saurait repentir; et celui qui est sans pénitence est incurable.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
amidelamisericorde
Messages : 12090
Enregistré le : 09 décembre 2009, 11:08
Contact :

Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message par amidelamisericorde »

Image

CHAPITRE XVIII.

Que l'amour se pratique en la pénitence, et premièrement qu'il y a diverses sortes de pénitences.


Certes, Sénèque, Plutarque, et les Pythagoriciens, qui recommandent tant l'examen de la conscience, et surtout le premier, qui parle si vivement du trouble que le remords intérieur excite en l'âme, ont entendu sans doute qu'il y avait une repentance; et quant au sage Épictète, il décrit si bien la répréhension que nous devons pratiquer envers nous-mêmes, qu'on ne saurait presque mieux dire.

Il y a encore une autre pénitence qui est voirement morale, mais religieuse pourtant, et en certaine façon divine, d'autant qu'elle procède de la connaissance naturelle que l'on a davoir offensé Dieu en péchant.

Car, en vérité, plusieurs philosophes ont su qu'on faisait chose agréable à la Divinité de vivre vertueusement, et que par conséquent on l'offensait en vivant vicieusement. Le bon homme Épictète fait un souhait de mourir en vrai chrétien (comme il est fort probable qu'aussi il fit), et entre autres choses il dit qu'il serait content s'il pouvait, en mourant, élever ses mains à Dieu et lui dire :

Je ne vous ai point, quant à ma part, fait de déshonneur. Et de plus, il veut que son philosophe fasse un serment admirable à Dieu, de ne jamais désobéir à sa divine majesté, ni blâmer ou accuser chose quelconque qui arrive de sa part, ni de s'en plaindre en façon que ce soit : et ailleurs il enseigne que Dieu et notre bon ange sont présents à nos actions. Vous voyez donc bien, Théotime, que ce philosophe, lors encore païen, connaissait que le péché offensait Dieu, comme la vertu l'honorait; et que par conséquent il voulait qu'on s'en repentit, puisque même il ordonnait que l'on fît l'examen de conscience au soir, en faveur duquel, avec Pythagore, il fait cet avertissement :

Si vous avez mal fait, tancez-vous aigrement
Si vous avez bien fait, ayez contentement.

Or, cette sorte de repentance attachée à la science et dilection de Dieu que la nature peut fournir, était une dépendance de la religion morale. Mais comme la raison naturelle a donné plus de connaissance que d'amour aux philosophes, qui ne l'ont pas glorifié à proportion de la notice qu'ils en avaient; aussi la nature a fourni plus de lumière pour faire entendre combien Dieu était offensé par le péché, que de chaleur pour exciter le repentir requis à la réparation de l'offense.

Néanmoins bien que la pénitence religieuse ait, en quelque façon, été reconnue par quelques-uns des philosophes; si est-ce que ça été si rarement et faiblement, que ceux qui ont eu la réputation d'être les plus vertueux d'entre eux, c'est-à-dire les Stoïciens, ont assuré que l'homme sage ne s'attristait jamais; de quoi ils eut fait une maxime autant contraire à la raison, que la proposition sur laquelle ils la fondaient était contraire à l'expérience, à savoir que l'homme sage ne péchait point.

Nous pouvons doue bien dire, mon cher Théotime, que la pénitence est une vertu toute chrétienne; puisque d'un côté elle a été si peu connue entre les païens, et de l'autre, elle est tellement reconnue parmi les vrais chrétiens, qu'en icelle consiste une grande partie de la philosophie évangélique, selon laquelle quiconque dit qu'il ne pèche point, est insensé; et quiconque croit de remédier à son péché sans pénitence, il est forcené; car c'est l'exhortation des exhortations de notre Seigneur : Faites pénitence. Or, voici une briève description du progrès de cette vertu.

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Répondre