Méditation avec La Fin de Monde Présent et Mystères de la Vie Future de l'Abbé Arminjon

Postez ici vos intentions de prière.
amidelamisericorde
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7ème CONFÉRENCE : DE LA BÉATITUDE ÉTERNELLE ET DE LA VISION SURNATURELLE DE DIEU

Hæc requies mea in sæculum sæculi, hic habitabo quoniam elegi eam.
C'est le lieu de mon repos dans les siècles des siècles, j'y habiterai parce que je l'ai choisi. (Ps. CXXXI, 14).


L’œil de l'homme n'a rien vu, son oreille n'a rien entendu d'analogue ni d'approchant. Et cela, parce que les biens que Dieu nous prépare, excèdent tout ce que nos sens peuvent percevoir, tout ce que notre expérience parviendra à acquérir, toutes les pensées de notre esprit, et les désirs qui s'élèveront jamais dans nos cœurs : Nec in cor hominis ascendit. Saint Bernard. Sermon 4 in vigil. Nat., dit :

«Jamais l'homme n'a vu la lumière inaccessible, jamais son oreille n'a entendu les inépuisables symphonies, ni son cœur goûté cette paix incompréhensible». «Là», ajoute saint Augustin, «brille une lumière qu'aucun lieu ne peut circonscrire, là retentissent des louanges et des chants qui ne sont limités par aucune durée. Il y a des parfums que les souffles de l'air ne dissipent pas, des saveurs qui ne s'affadissent jamais, des biens et des douceurs que ne suit aucun dégoût, ni aucune satiété.

Là, Dieu est contemplé sans intermission, il est connu sans erreur d'esprit, loué sans lassitude et sans diminution» (De spiritu et anima, cap. XXXVI). Le ciel est un royaume si beau, une béatitude si transcendante, que Dieu en a fait l'objet exclusif de Ses pensées ; Il rapporte à cette création, seule vraiment digne de Sa gloire, l'universalité de Ses œuvres ; c'est à la consommation de la vie céleste, que sont ordonnées la destinée et la succession des empires, l'Eglise catholique avec ses dogmes, ses sacrements, sa hiérarchie.

La foi nous enseigne que le secours divin de la grâce est indispensable à l'homme pour opérer la plus petite œuvre méritoire, telle qu'un signe de croix, ou la simple invocation du nom de Jésus ; à plus forte raison la vie éternelle, qui est la fin où tendent toutes les œuvres surnaturelles, mérite-t-elle d'être appelée le couronnement et la cime de toutes les grâces qui nous sont départies.

Suivant ce que dit saint Paul: «Gratia Dei vita œterna (Rom., VI, 23). La gloire éternelle est la grâce suprême». Le plan et toute l'ordonnance de l'Incarnation demandent que la béatitude, qui en est le terme et le fruit, soit d'un ordre plus parfait et au-dessus de toute la félicité naturelle qui, en dehors de l'ordre divin de la grâce, aurait été la rémunération des œuvres moralement bonnes et opérées dans le pur état d'innocence.

Lorsque, à l'époque des six jours, le Créateur voulut étendre les cieux et asseoir la terre, la parer de ce qui pouvait la rendre précieuse et agréable, Il se contenta d'une parole :

Dixit et facta sunt, mais, lorsqu'il voulut construire la cité de Dieu, il déploya tous les trésors de Sa sagesse, Il choisit Son propre Fils pour architecte, Il Lui commanda de travailler de Ses propres mains à cette œuvre importante, et de n'épargner dans Son travail ni Son sang, ni Ses sueurs, ni Ses larmes.

Il nous annonce que rien de souillé n'entrera dans le sanctuaire de toutes les justices. Il veut que les conviés aux noces éternelles se nourrissent de Sa chair, s'abreuvent de Son sang, qu'ils se transforment et élèvent les puissances et les aptitudes de leur âme, en se faisant comme une nature et un tempérament divins dès cette vie.

En un mot, dans l'édification de l'immortelle demeure, Il descend à des soins infinis, Il épuise la profondeur de Sa science, Il pousse la préparation jusqu'à l'excès. Il veut que cet incomparable séjour soit, véritablement, Sa maison, la manifestation la plus haute de Ses attributs et de Sa gloire, afin qu'au dernier des jours, lorsqu'Il contemplera Son œuvre par excellence, ce grand Dieu, si jaloux de Son honneur, puisse dire en toute vérité : «C'est bien :

J'ai conduit le plus grand de Mes desseins à sa perfection ; au-delà Je ne vois aucune royauté, aucune grandeur, qui puisse être départie à la créature que Je destine à régner avec moi les siècles des siècles. Je suis satisfait, J'ai atteint Mon idéal et obtenu Mon repos : Complevitque Deus opus suum quod fecerat, et requievit ab universo opere quod patierat (Gen., II, 2).

Source : livres-mystiques.com

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7ème CONFÉRENCE : DE LA BÉATITUDE ÉTERNELLE ET DE LA VISION SURNATURELLE DE DIEU

Hæc requies mea in sæculum sæculi, hic habitabo quoniam elegi eam.

C'est le lieu de mon repos dans les siècles des siècles, j'y habiterai parce que je l'ai choisi. (Ps. CXXXI, 14).

Le Ciel est l'idéal de Dieu, le repos de Son intelligence. Disons de plus : il est le repos de Son cœur. Le cœur va plus loin que l'esprit, il a des aspirations, des élans inconnus au génie et qui franchissent toutes les bornes de l'inspiration et de la pensée.

Ainsi, une mère voit son fils riche, honoré ; sur sa tête rayonnent les plus brillantes couronnes ; cette mère ne sait plus concevoir pour son enfant de nouvelles fortunes et de nouveaux empires. Sa science, sa raison disent : C'est assez... Mais son cœur crie : Encore : La félicité de mon fils excède tous les rêves où mon esprit peut s'égarer ; elle n'égale pas les limites et les pressentiments de mon amour, elle n'atteint pas l'ambition de mon cœur.

Comme jamais mère n'a aimé son fils le plus tendre, ainsi le Seigneur aime Ses prédestinés ; il est jaloux de Sa dignité, et, dans la lutte du dévouement et des libéralités, il ne saurait se laisser vaincre par Sa créature.

Ah ! le Seigneur ne peut oublier que les saints, lorsqu'ils vécurent jadis sur la terre, lui firent l'hommage et la donation totale de leur repos, de leur jouissance et de tout leur être ; qu'ils auraient voulu dans leurs veines un sang intarissable, pour le répandre comme un gage vivant et inépuisable de leur foi ; qu'ils eussent désiré dans leur poitrine mille cœurs pour les consumer d'inextinguibles ardeurs, posséder mille corps, afin de les livrer au martyre, comme des hosties sans cesse renaissantes.

Et le Dieu reconnaissant s'écrie : Maintenant mon tour... Au don que les saints m'ont fait d'euxmêmes, puis-Je répondre autrement qu'en Me donnant Moi-même, sans restriction et sans mesure ? Si Je mets entre
leurs mains le sceptre de la création, si Je les investis des torrents de Ma lumière, c'est beaucoup, c'est aller plus loin que se seraient jamais élevés leurs sentiments et leurs espérances.

Mais ce n'est pas le dernier effort de Mon Cœur ; Je leur dois plus que le Paradis, plus que les trésors de Ma science, Je leur dois Ma vie, Ma nature, Ma substance éternelle et infinie.

Si Je fais entrer dans Ma maison Mes serviteurs et Mes amis, si Je les console, si Je les fais tressaillir, en les pressant dans les étreintes de Ma charité, c'est étancher surabondamment leur soif et leurs désirs, et plus qu'il n'est requis pour le repos parfait de leur cœur ; mais c'est insuffisant pour le contentement de Mon Cœur divin, l'étanchement et la satisfaction parfaite de Mon amour.

Il faut que Je sois l'âme de leur âme, que Je les pénètre et les imbibe de Ma Divinité, comme le feu imbibe le fer ; que, Me montrant, à leur esprit, sans nuage, sans voile, sans l'intermédiaire des sens, Je m'unisse à eux par un face à face éternel, que Ma gloire les illumine, qu'elle transpire et rayonne par tous les pores de leur être, afin que «Me connaissant, comme Je les connais, ils deviennent des Dieux eux-mêmes».

«Ô mon Père», s'écriait Jésus-Christ, «Je Vous l'ai demandé, que là où Je suis, ceux que J'ai aimés y soient avec Moi.

Qu'ils s'abîment et se perdent dans l'océan de Vos clartés, qu'ils désirent, qu'ils possèdent, qu'ils jouissent, qu'ils possèdent et désirent encore ; qu'ils se plongent dans le sein de Votre béatitude et qu'il ne reste en quelque sorte, de leur personnalité, que la connaissance et le sentiment de leur bonheur.

Source : livres-mystiques.com

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C'est le lieu de mon repos dans les siècles des siècles, j'y habiterai parce que je l'ai choisi. (Ps. CXXXI, 14).


Ici, la langue humaine fait défaut, et l'intelligence est éblouie et succombe. Notre doctrine est-elle un mysticisme ? L'hymne et les espérances, que d'aussi sublimes perspectives suscitent au fond de nos cœurs, sont-ils une poésie et un songe, ou bien, la vision de Dieu dans les termes où nous venons de l'énoncer, est-elle une vérité et un fait certain, reposant sur un syllogisme et dont les peintures et la parole inspirée des Pères, nous ont donné le témoignage et l'irréfutable démonstration ?

Force nous est de recourir à l'argumentation théologique, et de faire trêve un instant à nos chants et à nos transports ; il est utile de raffermir les âmes ébranlées et incertaines, en traitant ce sujet selon son importance, et en combattant toutes les objections, que le naturalisme et la froide raison cherchent à soulever, afin de l'obscurcir ou de le contester.

La créature est-elle susceptible de s'unir aussi étroitement à Dieu au point de le voir face à face, facie ad faciem ? Quel sera le mode de cette vision ? En voyant Dieu tel qu'Il est, le connaîtrons-nous intégralement et sans limitation ? Trois graves questions qu'il importe de résoudre.

A juger les choses d'après les étroites données de notre raison, Dieu ne peut être vu par aucune créature. Dieu est l'être incirconscrit, sans borne. Pour qu'un objet puisse être connu, a dit magistralement saint Thomas, il faut qu'il puisse être contenu dans l'esprit de celui qui connaît, et il ne peut y être contenu que suivant les formes et la capacité de connaître que possède cet esprit (Sum., De cognit. Dei).

Ainsi, nous ne pouvons voir et connaître une pierre, qu'autant que l'image de cette pierre, transmise par la sensation, est rendue présente et comme contenue dans notre entendement.

De là, l'axiome : «Rien n'est dans l'intelligence, qui ne soit d'abord dans les sens». Saint Paul exprime la même vérité en disant : «Les choses invisibles deviennent intelligibles par le spectacle des choses visibles»
(Rom., 1, 20).

Quant à l'ange, il est doué d'une nature plus parfaite que la nôtre, il n'a pas besoin du secours des choses sensibles pour s'élever à la perception des vérités intellectuelles, il est une admirable similitude de la divinité, et il lui suffit de contempler son être et sa propre nature pour s'élever à la connaissance de l'existence de Dieu et de ses divins attributs.

Mais ce mode de connaître a toujours lieu par représentation, per speculum et in enigmate. Pour l'homme, ce sont les créatures extérieures et matérielles qui servent de miroir ; pour l'ange, c'est sa nature intelligible, et, bien que pur esprit, il n'a pas la vertu de s'élever à la connaissance de Dieu directement et sans intermédiaire, facie ad faciem.

C'est pourquoi personne n'a jamais vu Dieu. Deum nemo vidit unquam. Dieu habite «une lumière inaccessible, qu'aucun homme n'a jamais vue, ni n'a la puissance de voir» (I Tim., VI, 16). Dieu est à une distance infinie de l'homme et de l'ange, et il est invisible par lui-même...

Source : livres-mystiques.com

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Hæc requies mea in sæculum sæculi, hic habitabo quoniam elegi eam.
C'est le lieu de mon repos dans les siècles des siècles, j'y habiterai parce que je l'ai choisi. (Ps. CXXXI, 14).


Cependant, il est de foi que l'homme verra un jour Dieu tel qu'Il est dans les clartés de Son essence (I Cor., XIII). «Si quelqu'un M'aime», a dit Jésus-Christ, «Je l'aimerai et il sera aimé de Mon Père, et Je me manifesterai Moi-même à lui» (Jean, II).

Dieu dit à Abraham : «Je serai Moi-même ta grande récompense. Ego ero merces tua magna nimis». La vision de Dieu, telle qu'elle est énoncée par saint Paul, n'a cessé d'être l'objet des désirs et de l'attente de tous les patriarches et de tous les prophètes, attente que Dieu ne saurait frustrer sans déroger à Sa sagesse et à Sa justice (Jean, XIV).

«Toute âme pure de péché», dit le concile de Florence, «est aussitôt admise dans le Ciel et voit Dieu dans Sa Trinité, tel qu'il est selon la mesure de ses mérites, l'une d'une manière plus parfaite, l'autre d'une manière moins parfaite» (Ex decreto unionis). Le saint Concile ajoute : «Cette vision de Dieu ne résulte aucunement des forces de la nature».

Elle ne correspond à aucun désir et à aucune exigence de notre cœur. En dehors de la révélation, l'esprit humain n'en aurait pu concevoir aucun soupçon, nec in cor hominis ascendit. La vie éternelle est le plus haut miracle, le mystère le plus sublime, elle est la fleur épanouie ou mieux encore le fruit de la grâce, dont, par la vertu de l'Esprit Saint, le Verbe incarné a planté le germe et la racine au centre de notre humanité.

Et pour que nous puissions parvenir à la vie éternelle, il est nécessaire que Dieu imprime à notre esprit une nouvelle forme et lui surajoute une nouvelle faculté. Ajoutons, en passant, que la vision de Dieu, n'étant pas connaturelle à l'homme, la privation qui en est faite n'entraîne pas nécessairement la douleur des sens et la peine du feu.

Ainsi les enfants morts sans baptême ne seront pas admis à la vision de Dieu : néanmoins, ils jouiront de Dieu dans une certaine mesure, ils Le connaîtront à l'aide de la lumière de leur raison, et ils L'aimeront d'un amour tendre, comme l'auteur de leur être et le dispensateur de tous les biens.

La raison de cette doctrine découle de ce grand principe, que l'homme considéré en lui-même, et dans l'état de pure nature, diffère de l'homme déchu par le péché autant que celui qui est nu diffère de celui que l'on a dépouillé de ses insignes et de ses prérogatives par un châtiment et par une dégradation mérités.

Par conséquent, tout homme ayant l'usage de l'intelligence et de la liberté est prédestiné à la vie éternelle, et il possède, par le fait, les aptitudes et les moyens pour atteindre cette sublime récompense. S'il ne l'obtient pas, il en ressentira une douleur immense, ayant perdu, par sa faute, le bien qui devait être son apanage et sa couronne , mais les enfants morts sans baptême ne possèdent pas le germe de la gloire.

Ils n'ont jamais pu en entrevoir le prix ; leur esprit, que le baptême n'a pas illuminé, ne possède aucune disposition, aucune aptitude les préparant à la vision de choses surnaturelles, pas plus que l'animal n'a de capacité à être éclairé des lumières de la raison et à saisir les vérités mathématiques et spéculatives ; c'est donc une inconséquence d'admettre qu'ils souffriront de la privation d'un bien auquel par nature ils n'étaient pas destinés. Ces enfants, morts sans baptême, ne seront pas séparés de Dieu totalement :

ils Lui seront unis dans ce sens qu'ils atteindront leur fin naturelle et verront Dieu autant qu'il est possible de le voir par l'intermédiaire des êtres extérieurs, dans la mesure où il se révèle à travers les merveilles et les harmonies de la création. Précieuse doctrine, qui concilie à la fois la divine justice et la divine bonté, consolation bien douce pour les mères chrétiennes, qui pleurent leurs enfants morts par un accident de nature et sans être régénérés par le sacrement de Rédemption !

Source : livres-mystiques.com

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L'homme verra Dieu face à face ; mais par quel mode s’opérera cette vision ? Il est de foi que nous ne le verrons pas par représentation, et par une image formée dans nos esprits : il est aussi de foi que nous ne nous élèverons pas à Sa connaissance par le secours du raisonnement, et par voie de démonstration de la manière dont ici-bas nous saisissons les vérités universelles et abstraites.

Il est certain encore que nous ne le verrons pas partiellement et avec diminution, comme les objets éloignés dont nous ne découvrons pas toutes les faces, et que nous n'apercevons qu'imparfaitement et par certains côtés.

Dieu ne saurait être vu de cette sorte. Il est un être simple et n'a pas de parties. Il est tout entier dans le brin d'herbe, dans l'atome. Et quand nous disons qu'Il est présent dans tous les espaces et dans tous les lieux, notre esprit s'abuse ; Dieu n'est dans aucun lieu, mais tous les espaces et tous les lieux sont en Lui.

Il n'est dans aucun temps, mais son éternité consiste dans un instant indivisible où sont contenus tous les temps. Or nous le verrons tel qu'Il est dans Sa simplicité, dans Sa triple personnalité, et comme nous voyons le visage d'un homme ici-bas, sicuti est facie ad faciem (Suarez, de Deo, I, II, ch. XIV).

Cette vision s'effectuera par une impression immédiate de l'essence divine dans l'âme, et à l'aide d'une lumière surnaturelle, appelée la lumière de la gloire. Suarez la définit ainsi : «Une qualité créée et une vertu intellectuelle et supérieure, infuse dans l'âme, qui lui donnera l'aptitude et la puissance de voir Dieu».

Cette lumière de la gloire transformera l'homme, dit saint Denis, elle le déifiera en lui imprimant le sceau et l'effigie de la céleste beauté, et elle le rendra semblable au Père ; elle dilatera, elle agrandira la capacité qu'a l'âme de connaître à un tel point qu'elle deviendra susceptibled'appréhender le bien immense et illimité...

De même qu'à la faveur de la lumière du soleil, l’œil voit la variété des choses sensibles, et peut pour ainsi dire embrasser de son regard l'étendue de l'univers ; de même qu'à l'aide de la lumière de la raison, il connaît sa raison elle-même et les vérités intellectuelles, ainsi plongé dans la lumière de la gloire, il aura l'infini
pour domaine et embrassera en un sens Dieu Lui-même...

L’Écriture nous apprend que la lumière de la gloire est la lumière de Dieu : In lumine tuo videbimus lumen.

Par elle, notre âme sera tellement imbibée des clartés de la présence divine, qu'on pourra dire en un sens avec saint Augustin, qu'elle connaît non plus de sa connaissance à elle, mais de la connaissance de Dieu même, qu'elle voit non plus de sa vue si faible et si bornée, mais de la vue de Dieu même :

Erit intellectui plenitudo lucis. Les transports que la vision divine suscitera dans les élus feront surabonder leur cœur des joies les plus inénarrables ; ce sera un torrent de délices et de voluptés, la vie dans son inépuisable fécondité, et la source même de tout bien et de toute vie (Ps. XXXV, 19).

Ce sera, ainsi que parle encore saint Augustin, comme une communication que Dieu nous fera de Son propre Cœur, afin que nous puissions aimer et jouir avec toute l'énergie de l'amour et des
joies de Dieu même : Erit voluntati plenitudo pacis.

Source : livres-mystiques.com

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La vie éternelle, dit saint Paul, est comme un poids, un accablement de toutes les délices, de toutes les ivresses, de tous les transports : æternum gloriæ pondus ; poids qui, ranimant l'homme au lieu de l'anéantir, renouvellera inépuisablement sa jeunesse et sa vigueur.

Elle est une source, source à jamais féconde, où l'âme boira à longs traits la substance et la vie. Elle est une noce, noce où l'âme enlacera son Créateur d'un embrassement éternel, sans que jamais elle sente s'affaiblir le saisissement de ce jour, où la première fois elle s'unit à lui et le pressa contre son sein.

Et cependant, les élus qui verront Dieu n'en auront pas la compréhension ; car, enseigne le concile de Latran, «Dieu est incompréhensible pour tout esprit créé». Nous verrons Dieu tel qu'Il est, les uns plus, les autres moins, suivant nos dispositions et nos mérites. Et cependant nous ne pourrions enseigner théologiquement que la Vierge immaculée ellemême qui voit Dieu plus clairement et plus parfaitement que tous les anges et tous les saints réunis, puisse parvenir à Le voir et à Le connaître dans une mesure adéquate.

Dieu est infini et tout ce que l'on peut dire, c'est que la créature le voit, le voit tel qu'Il est, sicuti est, tout entier, in integro, et cependant elle ne Le voit pas, en ce sens que ce qu'elle parvient à découvrir de Ses perfections, n'est rien auprès de ce que l’Être éternel contemple Lui-même dans la splendeur de Son Verbe et en union de Son amour avec l'Esprit-Saint.

S'il nous était permis de nous servir d'une image grossière et incomplète, car il ne faut pas l'oublier, toutes les similitudes empruntées aux choses sensibles, perdent toute proportion et toute analogie, lorsqu'on les transporte dans le domaine de la vie incréée, nous dirions que, par rapport à Dieu, les élus sont comme un voyageur, debout sur les rives de l'Océan ; le voyageur sait ce que c'est que l'Océan, il voit de ses yeux l'Océan qui s'étend et se déroule dans l'immensité, il dit : J'ai vu l'Océan ; et cependant il y a des récifs, des îles éloignées qu'il ne découvre pas, il n'a pas embrassé toutes les rives et tous les contours de l'Océan.

Ainsi, la contemplation de Dieu ne sera pas l'immobilité, mais elle sera surtout l'activité, une marche toujours ascendante, où se trouveront concentrés par une ineffable alliance, le mouvement et le repos. Pour mieux comprendre ceci, figurons-nous un savant, à qui la nature aurait donné des ailes , il aurait la puissance de parcourir toutes les régions des astres et des firmaments ; il lui serait donné d'explorer toutes les merveilles cachées dans le groupe innombrable des constellations ; ce savant irait de sphère en sphère, de planète en planète.

A mesure qu'il pénétrerait plus avant dans l'immensité, il irait de surprise en surprise, de tressaillements en tressaillements, voyant sans cesse apparaître des spectacles plus riches, et s’entrouvrir à ses regards des horizons plus vastes et plus radieux.

Et cependant, viendrait un moment où il toucherait la borne... Mais l'infini n'a ni borne, ni fond, ni rivage. Les heureux mariniers de ce séjour fortuné, voguant dans un abîme incommensurable de lumière et d'amour, ne crieront jamais comme Christophe Colomb : «Terre ! terre !» Ils diront :

«Dieu, Dieu toujours, Dieu encore…» Éternellement ce seront de nouvelles perfections, qu'ils chercheront à saisir ; éternellement des délices plus pures et plus enivrantes qu'ils aspireront à goûter. Ils iront de gloire en gloire, de joie en joie ; car, dit saint Grégoire de Nysse, «le Bien infini n'a pas de bornes, le désir qu'il provoque est sans mesure» (de Vita monast).

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La vision et la connaissance de Dieu suffisent à l'homme pour sa béatitude, complète et consommée la connaissance qu'il aura des êtres contingents et de la nature extérieure et visible, sont l'accessoire et la partie accidentelle de sa félicité. Saint Thomas nous explique cette vérité avec sa vigueur incomparable d'argumentation : «Toute connaissance», dit-il, par laquelle l'esprit créé est perfectionné, est ordonné à la connaissance de Dieu comme à sa fin.

D'où il suit que celui qui voit l'essence de Dieu, a son esprit élevé à la plus haute perfection, et il ne devient pas plus parfait en voyant les objets qui ne sont pas Dieu ; à moins toutefois que les objets ne concourent à lui faire voir Dieu plus pleinement.

Sur ce même sujet, saint Augustin dit au livre de ses Confessions, lib. V : «Malheureux est l'homme qui sait toutes les choses créées et qui Vous ignore, Vous, ô Vérité suprême.

Heureux au contraire celui qui Vous connaît, serait-il dans l'ignorance de toutes les choses créées. Celui qui connaît à la fois Vous et tous les êtres qui sont dans l'univers, n'est pas plus heureux pour autant mais il est heureux, uniquement parce qu'il Vous connaît…» (Sum. Quæst. XCII, Art. III).

Toutefois la vue de l'essence divine n'absorbera pas les saints au point de leur faire oublier les merveilles extérieures du monde visible, et d'interdire leurs relations avec les autres élus.

En cette vie, une de nos facultés, lorsque nous l'appliquons fortement à un objet, laisse nos autres facultés sans force et sans action ; mais la vision de Dieu, loin de paralyser l'exercice de nos puissances intellectuelles et sensitives, en centuplera l'énergie et la pénétration.

Ainsi, le Dieu fait homme voyait clairement l'essence divine, et cependant Il conversait familièrement avec les hommes, Il s'asseyait à leur table, Il se prêtait librement à tous les usages de la vie commune.

Les anges confirmés en grâce jouissent d'une parfaite béatitude, et ils voient sans cesse la face de leur Père qui est au Ciel ; néanmoins ils disposent et coordonnent les éléments matériels, ils président au assistent de leurs soins durant notre pèlerinage ou qu'ils nous éclairent de leurs inspirations (R. P. Blot : Au ciel on se reconnaît.

Il est encore de foi, qu'il n'y a pas d'espace de temps appréhensible entre le moment de la mort et celui de l'exécution du jugement, et, à la seconde même où l'âme juste est délivrée des liens de son corps, elle est introduite dans les célestes récompenses, comme aussi, à la même seconde, l'âme réprouvée est conduite au lieu de ses éternels tourments (Job. XXI, 13).

Figurez-vous maintenant un homme, dont l’œil intérieur, soigneusement épuré par la grâce divine, ne s'est jamais laissé flétrir par le souffle empoisonné d'aucune passion.

Cet homme n'était peut-être qu'un villageois illettré et sans culture, à qui suffisait l'humble enseignement qu'il recevait avec soumission des lèvres de l'Eglise. Il ferme ses yeux corporels à la lumière ténébreuse de cette terre, et semblable à un captif, qui, sortant du noir royaume des ombres, verrait pour la première fois les rayons dorés de l'astre du jour, cet homme affranchi des liens de son corps, est inondé d'une lumière éblouissante et inconnue ; il est mis au foyer de toutes les sciences et de toutes les splendeurs.

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C'est le lieu de mon repos dans les siècles des siècles, j'y habiterai parce que je l'ai choisi. (Ps. CXXXI, 14).


Toutes ces figures imparfaites qui l'empêchent de contempler la vérité à découvert, sont consumées au feu des clartés divines. Les saintes obscurités de la foi s'évanouissent : le ciel, la nature, Dieu, n'ont plus d'énigmes pour ce roi de gloire.

En un clin d’œil il saisit l'ensemble et les détails de ce palais de la création, devenu son héritage et son domaine ; d'un simple regard, il en embrasse l'immensité. Il pénètre les propriétés des éléments, leurs secrets et leurs forces intimes, il visite d'un seul trait desa pensée, ces globes énormes du firmament, qui par leur éloignement, échappent à nos connaissances et à nos calculs.

L'arbre de la science étale devant lui la riche collection de ses fruits, il se nourrit, il s'abreuve à cette source à jamais féconde. Il n'éprouve plus aucune soif de connaître, il n'y a plus pour lui de nuit, plus de doute, plus de curiosités, ni de recherches. Ah ! combien les savants de ce monde, qui passent leur temps à élaborer de vains systèmes, et oublient Dieu afin de se livrer à des spéculations et à d'inutiles recherches, porteront alors envie à ce juste, qui a aimé Dieu et s'est attaché à la sagesse véritable !

Le moindre reflet de ses connaissances effacera toutes les découvertes et toutes les conquêtes de l'humanité, depuis le commencement des âges. En cette vie nous succomberions sous une diffusion de lumière aussi abondante, l'économie de notre organisation serait détruite, et nos fonctions vitales suspendues.
Et cependant ; cette connaissance des êtres créés est moins qu'une goutte d'eau, auprès d'une science d'un ordre supérieur.

L'esprit des élus entre en communication avec le monde des esprits ; ils voient la beauté des âmes bienheureuses, illuminées de la ressemblance divine, parées de la charité et du cortège des vertus, comme d'une robe nuptiale , ils voient les chérubins enflammés de leurs ardeurs, les principautés et les dominations avec leurs forces, les séraphins munis des ailes immatérielles dont ils se couvrent devant la majesté de l'Agneau ; sans le secours de sons et de la parole sensible, ils s'entretiennent avec eux d'une conversation ineffable.

Leur corps lumineux, subtil, impassible, n'oppose aucune entrave à l'activité de l'intelligence et à l'exercice de ses facultés. Alors, nous Vous comprendrons, mystère caché de l'Incarnation, et nous verrons clairement comment la nature divine, unie substantiellement à la nature humaine, dans la personne du Verbe, a couronné celle-ci de la plénitude de ses prérogatives et de ses splendeurs, l'a exaltée au-dessus de tous les anges et de toutes les hiérarchies.

Alors, elle cessera d'être incompréhensible pour nous, votre maternité auguste, ô Vierge Marie, et unis aux chœurs des anges, nous vous proclamerons bienheureuse, bénissant les trésors de sanctification de votre cœur immaculé.

Qu'il sera doux de contempler d'une seule vue et d'un seul trait toutes les merveilles du Dieu Très Haut, dans l'ordre de la nature, comme dans l'ordre de la grâce et de la gloire. C'est alors que dans leurs ravissements, les élus uniront leurs chants et s'écrieront en chœur :

Que vous êtes admirable dans Vos œuvres, ô mon Dieu ! Maintenant l'univers est devenu un temple, où se trouvent retracées, en caractères éclatants et indélébiles, l'excellence et la sublimité de Votre Nom.

Bénédiction, honneur, sagesse et force à notre Dieu dans les siècles des siècles !

Source : livres-mystiques.com

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7ème CONFÉRENCE : DE LA BÉATITUDE ÉTERNELLE ET DE LA VISION SURNATURELLE DE DIEU

Hæc requies mea in sæculum sæculi, hic habitabo quoniam elegi eam.
C'est le lieu de mon repos dans les siècles des siècles, j'y habiterai parce que je l'ai choisi. (Ps. CXXXI, 14).


Le Ciel est le repos de l'intelligence de l'homme ; il est le repos de sa volonté et de ses affections. Nous aimerons Dieu, avons-nous dit, nous L'aimerons de cet amour dont Il s'aime Lui-même.

Mais ce qui nous épouvante souvent en cette vie, ce qui nous fait repousser le Ciel avec une sorte d'aversion et d'angoisse, c'est que nous nous figurons que, dans ce séjour, tous les attachements naturels de notre cœur disparaîtront, qu'ils seront comme anéantis et invinciblement éteints par l'exubérance victorieuse de l'amour dont nous serons enflammés pour le Créateur...

Ah ! tout le Christianisme proteste contre cette erreur. Et comment la religion de Jésus-Christ condamnant d'une voix si sévère, nos ingratitudes, nos égoïsmes, nos insensibilités, mettrait-elle pour condition aux célestes récompenses, l'extinction de toutes les amitiés nobles et légitimes ?

Comment l'amour mutuel de l'époux pour son épouse, du père pour son fils, dont Dieu nous fait en cette vie un devoir, serait-il exclu des éléments de notre éternelle couronne ?

Cette Église du Ciel où tous nos sentiments seront épurés, où toutes nos tendances et nos aspirations naturelles seront portées au degré le plus surhumain de perfection, serait fondée sur la ruine de tous nos engagements de cœur, de tous nos souvenirs et de toutes nos relations de famille ?

A Dieu ne plaise ! Ce que nous enseignons comme certain, c'est qu'au Ciel l'on se verra et l'on se reconnaîtra. Tel est le témoignage et le cri constant de la tradition. En Afrique, saint Cyprien, né dans le paganisme, et élevé, après sa conversion, au siège de Carthage, se sentant destiné au martyre, encourage les fidèles à braver comme lui la mort, et la leur signale comme un don et une bénédiction du Ciel.

«Hâtons-nous donc, dit-il, et courons pour voir notre Patrie et saluer nos frères, nous sommes attendus par un grand nombre de personnes qui nous sont chères ; nous sommes désirés par une foule de parents, de frères et d'enfants, qui désormais assurés de leur immortalité, conservent encore de la sollicitude pour notre salut. Allons les voir, allons les embrasser...

Et quelle joie, tout ensemble, pour eux et pour moi !» Chez les Grecs, à Constantinople, Théodore Studite, illustre confesseur de la foi, consola souvent des familles affligées ; il écrivait à un père dont tous les fils étaient morts :

«Vos enfants, ne sont pas perdus, mais ils demeurent sains et saufs pour vous, et dès que vous serez parvenu au terme de cette vie temporelle, vous les reverrez joyeux et pleins d'allégresse». Il écrivait à un homme qui venait de perdre sa femme :

«C'est auprès de Dieu que vous avez envoyé avant vous une si digne épouse. Et, qu'est-ce que vous devez chercher, maintenant ? Vous devez tâcher de la retrouver au Ciel, au moment voulu par la Providence... Sans doute, au Ciel, les époux venus de la terre, seront eux-mêmes comme des anges, et n'aspireront plus aux voluptés des sens (Mt, XXII, 30).

Mais ils goûteront les plaisirs toujours purs de l'esprit, et, comme durant leur exil terrestre ils furent une seule chair, ainsi dans la gloire ils seront un seul cœur et une seule âme, dans les délices d'une union renouvelée qui n'aura pas de fin» (RP Blot : Au ciel on se reconnaît, Quatrième lettre)

Source : livres-mystiques.com

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7ème CONFÉRENCE : DE LA BÉATITUDE ÉTERNELLE ET DE LA VISION SURNATURELLE DE DIEU

Hæc requies mea in sæculum sæculi, hic habitabo quoniam elegi eam.
C'est le lieu de mon repos dans les siècles des siècles, j'y habiterai parce que je l'ai choisi. (Ps. CXXXI, 14).


Dans le Ciel, on se verra et on se reconnaîtra; dans le Ciel on s'aimera. Il est vrai que dans ce séjour fortuné, la foi s'évanouira au soleil des grandes réalités ; les habitants de la Jérusalem céleste, en possession de leur terme, n'auront plus besoin d'être soutenus par les ailes de l'espérance; mais la charité dans son plein épanouissement, rayonnera comme une grande reine, dans sa puissance et dans toute sa perfection
(Cor., XIII, 8 ; Cor., XIII, 13).

Tous les objets et toutes les causes qui charment ici-bas nos cœurs et y suscitent l'amour, agiront avec une intensité mille fois plus grande, et sans rencontrer aucun obstacle, sur le cœur des élus.

Ainsi, en cette vie, nos cœurs sont captivés par la beauté, par les attraits sensibles, par les qualités éminentes de l'esprit et du cœur ; la vivacité du sentiment qui nous pousse à nous unir à un être adoré, va en s'affaiblissant, lorsque nous découvrons en lui des imperfections et des défauts...

Mais, dans le Ciel nous retrouverons nos amis sans défaut, leurs traits seront plus radieux que le ciel le plus pur ; ils seront doués d'une aménité et d'une grâce qui attireront nos cœurs forcément et pour toujours.

Dans cette vie, l'amour est encore l'effet de la gratitude, et nos cœurs s'enflamment au souvenir des bienfaits et des services rendus. Mais, c'est seulement dans le Ciel, que nous connaîtrons l'étendue et le prix des grâces de toute nature dont nos bienfaiteurs nous ont comblés.

Alors, l'enfant lira tous les trésors de grâce, de sollicitude, de tendresse, renfermés dans le cœur de sa mère. Il saura qu'après Dieu, c'est aux larmes, aux prières et aux soupirs de cette mère qu'il doit son salut...

«O mamère», s'écriera-t-il, «je vous aimais autrefois parce que vous m'aviez donné une vie terrestre, dispensé l'aliment et les soins de l'enfance ; maintenant, je vous aime d'un amour mille fois plus tendre, à cause de la vie éternelle que j'ai reçue et sans laquelle la première eût été pour moi un présent funeste, une source de calamités et de tortures».

Nouvelles et heureuses Monique, combien grands seront vos triomphes et vos joies, lorsque vous vous verrez entourées de toute une couronne d'enfants, auxquels vous aurez procuré la gloire, après leur avoir donné l'existence !

Alors, pères chrétiens, on n'ignorera plus vos sacrifices, votre courage, votre héroïque constance pour affermir votre fils par d'utiles exemples, l'élever par de nobles et laborieuses cultures.

Alors, ô ami, on apprendra vos industries, vos pieuses ruses pour détacher un ami du vice et de l'irréligion, surprendre par des appâts innocents une âme objet de vos saintes convoitises.

Alors, nous vous bénirons, nous ranimerons la vivacité de nos souvenirs par d'ardentes effusions, nous acquitterons la dette de nos cœurs par une gratulation éternelle.

Source : livres-mystiques.com

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Hæc requies mea in sæculum sæculi, hic habitabo quoniam elegi eam.
C'est le lieu de mon repos dans les siècles des siècles, j'y habiterai parce que je l'ai choisi. (Ps. CXXXI, 14).


Enfin, l'amour qu'éveille dans nos cœurs le souvenir des bienfaits ou l'attrait sympathique des qualités naturelles, a coutume de se soutenir et de se retremper par la familiarité et l'échange mutuel des impressions et des pensées.

Or, comment vous dire le commerce ineffable où les élus se raconteront leur propre cœur, cette conversation fraternelle et intime, où à tous les instants avec leur langage céleste, ils se communiqueront les émotions enivrantes de leur cœur ?

En cette vie, lorsque nous entendons converser des esprits supérieurs, mûris et élevés par l'expérience et par de hautes méditations, nous perdons le sentiment de la fuite des heures, sous l'enchantement et la fascination de leurs paroles.

Assis à notre foyer, durant les longues veillées d'hiver, lorsque la neige tombe, que le vent souffle et mugit, suspendus, l’œil attentif, nous écoutons, sans nous lasser, le navigateur revenu des côtes lointaines, ou le guerrier qui nous redit les périls d'un long siège, et les mille figures de la mort qui s'offrirent à lui dans le hasard des batailles.

Avec combien plus de charme, assis au grand foyer de notre Père céleste, nous entendrons le récit que nous feront nos frères, de leurs tentations si séduisantes et si multipliées, des assauts que leur livra l'Enfer et dont ils triomphèrent ; nous ne nous lasserons pas d'apprendre ces victoires remportées sous le regard de Dieu seul, plus glorieuses que celles de conquérants ; ces luttes soutenues dans le silence contre les défaillances de la chair et le tumulte des pensées propres.

Nous admirerons leurs efforts, leur générosité héroïque; nous saurons par combien de péripéties et de chances incertaines, la grâce de l'esprit de Dieu, par une impulsion forte et douce, les a conduits au port du repos, et a fait servir jusqu'à leurs égarements et leurs chutes, au développement de leur incorruptible couronne.

Ah ! ce seront là d'inépuisables sujets à des entretiens dont l'intérêt et le charme ne s'épuiseront jamais ! Il est vrai que la gloire et la félicité des élus sera graduée suivant leurs mérites, et qu'ils différeront en beauté et en grandeur, comme les étoiles du ciel diffèrent elles-mêmes en dimension, et en clarté (Jean., XIV, 2 ; I Cor., XV, 14).

Mais, l'union, la paix, l'accord ne régneront pas moins, dans ces innombrables phalanges, où les rangs inférieurs coopèrent, comme les rangs les plus élevés, au repos et à l'harmonie de tout l'ensemble. Les élus n'auront plus entre eux qu'un seul cœur. Ce ne sera plus la force, ni l'intérêt, mais la charité, qui sera leur unique lien. Formant un seul corps, dont Jésus-Christ sera le chef, devenus les pierres vivantes d'un même édifice, ils participeront tous au banquet d'une même jouissance et d'un même amour. Chacun sera riche de la richesse de toits, chacun tressaillira du bonheur de tous.

Source : livres-mystiques.com

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Hæc requies mea in sæculum sæculi, hic habitabo quoniam elegi eam.
C'est le lieu de mon repos dans les siècles des siècles, j'y habiterai parce que je l'ai choisi. (Ps. CXXXI, 14).


Et de même que la création d'un nouveau soleil doublerait les feux qui embrasent l'air, ainsi chaque nouveau soleil de la cité de Dieu agrandira de toute sa félicité et de toute sa gloire la mesure de notre propre béatitude.

Et de même encore que des miroirs, mis en regard les uns des autres, ne s'appauvrissent pas par l'émission mutuelle de leurs rayons, mais les images se multiplient et chacun de ces miroirs réfléchit à son foyer la lumière et les objets dépeints au foyer de tous ; ainsi chaque élu réfléchira sur tous les autres le rayonnement de ses clartés.

L'apôtre réfléchira sur l'ange la grâce de la parole qu'il a reçue, et l'ange réfléchira sur l'apôtre sa science et les trésors de ses illuminations plus vives. Le prophète réfléchira sur le martyr la grâce de ses visions, et le martyr couronnera le prophète de ses palmes et de ses trophées.

Les beautés et les grâces immaculées de la vierge se réfléchiront sur le visage du pénitent et del'anachorète, meurtri etdévasté par les jeûnes et les macérations, et le pécheur converti fera ressortir avec plus d'éclat le mérite et les prérogatives de l'innocence conservée dans son intégrité. Il n'y aura plus lieu aux compétitions ni à l'envie.

Chacun des élus recevra le complément de son bien personnel du bien de ses frères : nous lirons dans leur âme, aussi clairement que dans la nôtre. «Heureux Ciel», s'écrie à ce propos saint Augustin, «où il y aura autant de paradis que de citoyens, où la gloire nous parviendra par autant de canaux qu'il y aura de cœurs pour s'intéresser à nous et nous chérir, où nous posséderons autant de royaumes qu'il y aura de monarques associés à nos récompenses.

«Quot socii, tot gaudia !» Telles sont les joies du Ciel. Disons qu'elles sont des joies pures. Dans le Ciel, le péché est à jamais exclu. Les élus ne sont plus susceptibles de commettre l'ombre d'une faute ou d'une imperfection.

Dans la sainte Écriture, la vie éternelle est appelée inflétrissable, incorruptible, æterna, immarcessibilis, incorruptibilis. Ces expressions seraient inexactes, si les saints pouvaient déchoir, et cette seule perspective suffirait pour altérer leur bonheur (Fulgent, de Fide ad Patr., n° 64).

Dans notre condition mortelle, il est rare que nos joies les plus pures et les plus saintes ne renferment un mélange de complaisance et de satisfactions égoïstes. L'âme qui se sent heureuse se replie au-dedans d'elle-même pour mieux jouir: Elle éprouve une sensation plus vive et plus condensée de la vie, elle se distrait plus ou moins de la pensée de Dieu, qui seule devrait la posséder et la remplir.

Pour cette raison, les saints éprouvaient une sorte d'inquiétude et de trouble au milieu des prospérités ; ils savaient qu'en cette vie, les plaisirs les plus honnêtes, les joies les plus légitimes et les plus douces, ont toujours, pour l'âme chrétienne, quelque chose d'énervant et de corrupteur...

Mais, dans le Ciel, les délices de la gloire, loin d'humaniser les âmes, les élèvent et les spiritualisent. - L’impression de la félicité n'est pas distincte en elles de l'impression de Dieu. Les harmonies qu'elles entendent, la lumière qui les inonde, les parfums qu'elles respirent, ne sont autre que la vertu de Dieu se faisant sentir efficacement à leur odorat à leur ouïe, à leur vue...

Source : livres-mystiques.com

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C'est le lieu de mon repos dans les siècles des siècles, j'y habiterai parce que je l'ai choisi. (Ps. CXXXI, 14).


Et au lieu de se replier, par un sentiment trop personnel dans les puissances inférieures de leur nature, elles s'élancent en haut, pour se porter plus vivement vers ce Dieu, qui les imbibe de sa plénitude par tous leurs sens et dans tous les pores de leur être. Le cri du bonheur se confond sur leurs lèvres avec le cri de l'adoration et de la reconnaissance. Elles ne disent plus avec les disciples charnels : «Il fait bon être ici : bonum est hic nos esse» ; mais elles s'écrient : Saint, saint, saint est le Dieu tout puissant...

Chose surprenante, le Ciel est en quelque manière le contre-pied de la terre ! Ici-bas, l'homme se restaure, il se retrempe en dignité et en valeur morale dans la souffrance et par le sacrifice ; dans le Ciel, c'est l'inverse : il se perfectionne et se déifie au torrent des voluptés qui l'abreuvent. Les joies du Ciel sont des joies pures, elles sont des joies durables. Figurez-vous sur la terre un homme comme Salomon, dont tous les désirs seraient satisfaits ; il a la fortune, la jeunesse, la santé ; son cœur trouve le contentement et le repos dans la présence et la compagnie d'êtres sensibles et adorés. Tous les enchantements se réunissent pour combler la félicité de cet homme.

Et cependant il y a des heures, où son âme est navrée par la tristesse et torturée par des craintes ... Il se dit à lui-même : Ma félicité est fugitive. Chaque jour qui s'écoule en emporte un lambeau, bientôt elle ne sera plus... Mais, dans le Ciel, la félicité est stable ; les élus confirmés en gloire sont inaccessibles à la crainte. Les siècles succéderont aux siècles sans diminuer leur félicité, sans répandre sur leurs fronts un seul nuage de tristesse.

La certitude de posséder éternellement les biens qui leur sont chers, en centuple la douceur. Quel sujet de jubilation, lorsque après des milliers de siècles écoutés, considérant dans le lointain du passé le jour où ils firent leur ascension triomphante, ils diront : Rien n'est encore passé, c'est aujourd'hui que je règne, aujourd'hui que je suis en possession de mon bonheur, et je le posséderai tant que Dieu sera Dieu, c'est-à-dire : toujours, toujours !...

Les joies du Ciel sont des joies durables, elles ne sont soumises à aucune succession.
Les élus dans le Ciel ne sont plus captifs du temps : leur vie nouvelle n'est plus emportée par des heures mensurables. Il n'y a plus pour eux de passé, plus d'avenir : mais, vivants de la vie de Dieu, ils sont fixés dans un perpétuel présent. Sur cette terre, nos joies sont successives, les plaisirs et les impressions que nous ressentîmes hier, ne sont pas ceux que nous ressentons aujourd'hui.

Le bonheur ne nous vient que goutte à goutte. - Il n'est donné à aucun homme de recueillir, d'accumuler en un instant les félicités d'un jour, moins encore celles de toute une vie. Mais dans le Ciel, Dieune se donne pas avec mesure, Il se livre tout entier dans l'immuable et indivisible simplicité de Son essence. Dès le premier instant de leur incorporation à la vie divine, la félicité des saints est parfaite et consommée.

De même que l'avenir n'en amènera aucune diminution, ainsi ils ne regrettent rien du passé... Dans le Verbe de Dieu, illuminés des infinies clartés ils voient les événements qui s'accompliront dans mille ans, aussi nettement que ceux qui se sont accomplis il y a mille siècles. A chaque instant, dit saint Augustin, ils éprouvent comme un sentiment de joie infinie.

A chaque instant, ils absorbent autant qu'il est permis à des êtres créés, la capacité de la vertu divine. A chaque instant, l’Éternité leur fait sentir le poids accumulé de ses ivresses, de ses délectations, de ses gloires. Deus totus simul delectat, Deus erit memoriæ plenitudo aeternitatis.

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C'est le lieu de mon repos dans les siècles des siècles, j'y habiterai parce que je l'ai choisi. (Ps. CXXXI, 14).


Un jour, saint Augustin retraçait à son peuple d'Hippone les merveilles de la cité de Dieu : il le faisait d'une voix pénétrée et émue, avec cette éloquence d'or nourrie à la source des Ecritures, et qui faisait croire que c'était un ange qui parlait et non un habitant de la terre.

L'assemblée était impressionnée et ravie, elle se sentait comme transportée à ces fêtes de l’Éternité dont on lui traçait une si saisissante peinture, elle avait comme une vision de ce jour où le Seigneur ornerait les fronts fidèles d'un laurier inflétrissable.

Tout à coup, son émotion fut si forte, qu'elle éclata en gémissements,en cris d'admiration, en larmes qui coulèrent de tous les yeux. On oublia le respect dû à la majesté de l'enceinte sacrée, le silence commandé par la présence de l'orateur, et chacun appelait tout haut ce jour où, loin de toute affliction, il boiraità longs traits aux eaux de la vérité et de la vie.

Chacun tremblait que, vaincu par sa faiblesse, égaré par les séductions, il ne vînt à être frustré de la vision bienheureuse ; de toute part dans le lieu saint retentissaient ces paroles : O beau Ciel, quand te verrai-je ? Serai-je assez insensé pour te préférer des plaisirs et une fortune d'un jour ? Qui ne consentirait à t'acheter au prix des sacrifices et des travaux les plus durs ?

Augustin interrompu par ces exclamations et ces soupirs, étonné de l'effet produit par ses paroles, n'était pas moins ému que l'assemblée... ; il voulait poursuivre, continuer le tableau qu'il avait entrepris de la Jérusalem céleste, mais les sanglots de son auditoire, son propre attendrissement étouffèrent sa voix, et ses larmes, mêlées à celles de son peuple, formèrent comme un fleuve pour pleurer les tristesses de l'exil et l'éloignement de la patrie bien-aimée.

O saint Pontife, que je voudrais avoir sur mes lèvres vos pathétiques accents ! Qui nous donnera de vous faire revivre, âges d'or de la primitive Église, où l'appât des biens invisibles, les promesses de la vie future, exerçaient une si vive impression sur les âmes !

Si nos paroles n'ont pas la vertu d'ouvrir la source des pleurs, que votre espérance, que votre souvenir, cité de Dieu, élèvent du moins nos désirs , qu'ils mettent un frein et servent de contre poids à nos aspirations grossières, à l'attrait de ces milles cupidités inférieures qui nous corrompent !

Ah ! nous aimons la puissance et la gloire, nous voudrions être présents et commander en tous lieux, pourquoi donc déroger à la noblesse de nos destinées et abdiquer l'empire immortel que Dieu nous prépare ?

Nous aimons le plaisir et la joie; nous avouons que la vie nous est intolérable, si les affections et la joie n'en tempèrent les disgrâces et l'amertume ; et pourquoi alors dédaigner l'unique vrai bonheur, vouloir que la source de tout plaisir et de toute joie se tarisse pour nous avec la vie présente ?

Que les hommes dont toutes les espérances sont tournées aux choses de la terre, demandent à la nature le tribut illimité de ses dons ; qu'ils cherchent leurs jouissances et leurs gloires dans les perfectionnements indéfinis de la matière, qu'ils s'estiment heureux, parce que mille mains sont en travail pour les servir, que
mille machines et mille instruments sont en jeu pour traduire et exécuter leurs conceptions et leurs fantaisies.

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«Ces biens», dit saint Grégoire le Grand, «s'amoindrissent, ces objets perdent leur illusion et deviennent méprisables, lorsque l'on considère la nature et l'immensité des récompenses qui nous sont promises : les biens terrestres, mis en proportion avec la félicité d'en haut, cessent de paraître un avantage, ils ne sont plus qu'un poids et une douloureuse servitude.

La vie temporelle, auprès de la vie éternelle, ne mérite pas le nom de vie, mais celui de mort» (S. Gregori., Papa., Homil. 37 in Evangelia). Mais, habiter la cité supérieure, être mêlé au chœur des anges, assister de concert avec les anges l’Éternel sur son trône, être entouré d'une lumière qui n'est pas elle-même circonscrite, posséder une chair spirituelle et incorruptible, ce n'est plus l'infirmité, c'est la royauté, l'abondance de la vie.

Ah ! si notre esprit s'enflamme à la pensée de tant de richesses et de magnificences, s'il aspire à s'envoler dans les lieux où le bonheur est sans bornes, souvenons-nous que de grandes récompenses ne s'acquièrent que par de grands combats, et que nul ne sera couronné, s'il n'a vaillamment combattu (Tim., II, 5).

Réjouissons-nous donc, avec le prophète, de ce qu'une parole nous a été dite : J'irai dans la maison du Seigneur , Lætatus sum in his quæ dicta sunt mihi, in domum Domini ibimus ; mais que nos cœurs ne se laissent point attacher à la glu des choses sensibles, que nos pieds soient toujours debout, dans l'attente de vos célestes parvis, ô Jérusalem :

stantes erant pedes nostri in atriis tuis Jerusalem (Ps. 121) Jérusalem qui êtes bâtie comme une ville, quand assisterons-nous à vos solennités pompeuses, quand serons-nous réunis à cette pierre angulaire, qui est le fondement, la force et le lien de notre édifice ?

Jerusalem quæ ædificatur ut civitas. Déjà des tribus innombrables, des légions d'apôtres, de prophètes, de martyrs et de vierges, des justes de toute condition et de tout état, ont franchi les parvis de votre enceinte.
Que leur sort est désirable, ils sont délivrés de nos tentations, de nos embarras et de nos misères !

Illuc enim ascenderunt tribus, tribus Domini. - Assis sur des trônes qu'ils se sont eux-mêmes dressés, ils ont bâti sur la vérité et sur la justice. Fidèles et dévoués à leur chef jusqu'à mourir, ils ont mérité de partager avec Lui l'héritage de la maison de David.

Quia illic sederunt, sedes in judicio, sedes super domum David. Voilà la seule ambition qui nous soit permise : tout ce qui n'est pas Jérusalem est indigne de nous, ne demandons que les biens et la paix qu'elle renferme : Rogate quæ ad pacem sunt Jerusalem. Ne songeons qu'au Ciel, ne cherchons que le Ciel, n'amassons que pour le Ciel, ne vivons que dans le Ciel.

Propter Domum Domini Dei nostri quæsivi bona tibi. Encore quelques instants et tout ce qui doit finir ne sera plus ; encore quelques efforts, et nous serons au terme ; encore quelques combats et nous toucherons à la couronne ; encore quelques sacrifices, et nous serons dans Jérusalem, où l'amour est toujours nouveau, et où il n'y aura d'autre sacrifice que la louange et la joie. Ainsi soit-il.

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HUITIEME CONFÉRENCE : LE SACRIFICE CHRÉTIEN, MOYEN DE RÉDEMPTION

Caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est potus.
Ma chair est véritablement une nourriture, et Mon sang est véritablement un breuvage. (Jean, I, 56.)


Notre cœur est un autel : la victime placée sur cet autel, ce sont nos mauvaises inclinations. Le glaive destiné àabattre cette victime, c'est l'esprit de sacrifice et d'immolation ; le feu sacré qui nuit et jour doit brûler sur l'autel de notre cœur, c'est l'amour de Jésus-Christ ; le souffle vivifiant et fécond qui inspire et entretient ce feu sacré de l'amour, c'est l'Eucharistie.

L'Eucharistie est un sacrement des vivants. En tant que Sacrement des vivants, elle confère la vie surnaturelle et la grâce sanctifiante.

Outre cette propriété commune avec les autres sacrements, l'Eucharistie a une vertu propre et spéciale, c'est celle qui nous est marquée par ces paroles de Jésus-Christ :

«Ma chair est véritablement une nourriture et mon sang véritablement un breuvage». Paroles qu'explique le concile de Trente en disant : «Tous les effets que la nourriture opère matériellement dans nos corps, l’Eucharistie les opère spirituellement dans nos âmes».

Ainsi la nourriture fortifie nos corps et les fait croître jusqu'à un âge déterminé ; l'Eucharistie donne des forces contre les tentations et fait grandir l'âme en justice et en vertu.

La nourriture matérielle est d'autant plus agréable qu'elle est plus exquise, et que lepalais et le sens du goût sont mieux disposés ; l'Eucharistie est d'autant plus suave, que le cœur est plus pur et l'esprit mieux préparé.

C'est par l'Eucharistie que le Dieu de gloire inaugure sa béatitude au centre de notre misère, elle est la
source de tout dévouement, de toute grandeur et de toute sainteté. L'Eucharistie a une double institution ; elle est d'abord un des sept sacrements de la loi nouvelle, où Jésus-Christ, présent sous les espèces du pain et du vin, est offert à nos adorations et s'offre Lui-même en nourriture.

Elle est de plus un sacrifice, où l'Agneau sans tache renouvelle le souvenir de Sa passion et de Sa mort, où Il est réellement immolé.

Cette conférence se rattachant aux précédentes, nous ne traiterons de l'Eucharistie qu'en tant qu'elle constitue le sacrifice de la Loi nouvelle.

Afin d'établir, à ce point de vue, la vraie nature de l'oblation Eucharistique, son excellence et son efficacité, il est indispensable de définir le sacrifice en général, et d'en expliquer la réelle notion.

I

Le sacrifice est un acte public, solennel, destiné à honorer l'être de Dieu. Saint Thomas définit le sacrifice : «une action extérieure, publique, solennelle, opérée par le ministère d'un homme spécialement député dans le but d'offrir, au Dieu Très Haut, une chose quelconque animée ou matérielle, mais de telle sorte que cette chose, détruite et transformée, soit affectée au culte et à l'honneur de Dieu» (Suarez, Quest. LXXXIII).

Source : livres-mystiques.com

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Caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est potus.
Ma chair est véritablement une nourriture, et Mon sang est véritablement un breuvage. (Jean, I, 56.)

I

Il résulte de cette définition : premièrement, que le sacrifice est l'essence, l'âme même du culte, l'expression adéquate des rapports entre Dieu et l'homme.

A ce titre, le sacrifice est offert au nom de tout le peuple. Il n'est nullement un acte privé, que tout individu puisse accomplir à son gré, il ne peut être offert que par des hommes spécialement choisis et consacrés, soit que ces hommes aient reçu une investiture directe et immédiate de Dieu, soit que les chefs légitimes des sociétés religieuse et civile les aient préposés pour cette fin (Suarez, id., p. 460), Nec quisquam, sumit sibi honorem, sed qui vocatur a Deo tamquam Aaron.

Et ailleurs, dit saint Paul, I ad Cor. v. Omnis Pontifex, ex hominibus assumptus, pro hominibus constituitur in iis quæ sunt ad Deum. Ainsi, sous la loi de nature, le chef de famille était pontife et roi, sous la loi mosaïque, la tribu d'Aaron avait, exclusivement, le droit de célébrer à l'Autel, et sous la loi de grâce, il n'y a que les Évêques et les prêtres validement ordonnés, qui peuvent célébrer et consacrer le corps de Jésus-Christ.

Secondement, le sacrifice consiste dans l'oblation d'une chose extérieure, sensible, permanente. Ainsi, l'offrande que l'homme fait à Dieu, de ses désirs, de ses affections , les rites et les cérémonies, tels que les prostrations et les pratiques expiatoires, en usage dans les cultes divers, ne sont appelés sacrifices que par analogie et par extension.

Pour que le sacrifice ait lieu, il faut que l'objet offert soit détruit, ou du moins qu'il subisse un changement,
une altération qui le rende inhabile à tout service profane, et l'affecte exclusivement à l'honneur et au culte de Dieu. Il s'en suit que cette destruction, cette altération qui constituent l'essence même du sacrifice, ne sauraient être applicables aux actes intérieurs ou extérieurs de l'homme, qui sont de leur nature accidentels et transitoires

Il est indispensable que la matière du sacrifice soit une chose étrangère à l'homme et subsistante par elle-même, car le sacrifice est fondé sur le principe de substitution. Dans les temps anciens, si l'homme offrait, à sa place, un animal, cet animal était tué ; si c'était de la farine ou du pain, cette farine et ce pain étaient cuits et consommés ; si c'était un liquide, ce liquide était répandu en libation.

Troisièmement, il résulte de la définition de saint Thomas que le sacrifice a cela de commun avec le sacrement qu'il est comme lui un signe extérieur et visible destiné à exprimer et à opérer une chose sacrée. Mais il diffère du sacrement en ce sens que le sacrement a pour effet immédiat la sanctification de l’homme, et la transmission de certaines grâces ou aptitudes surnaturelles, suivant un ordre déterminé, au lieu que le sacrifice a pour objet immédiat, l'honneur dû à la majesté divine et la reconnaissance de son infinie souveraineté.

L'homme, composé d'un corps et d'une âme, est tenu d'honorer Dieu en Lui faisant hommage de tous ses biens extérieurs. Ainsi, dans tous les temps et dans tous les lieux les hommes ont cru ne pouvoir donner à Dieu, un signe plus expressif et plus énergique de leur adoration, de leur reconnaissance, qu'en détruisant ou altérant, au profit de Sa gloire, un des objets les plus rares et les plus utiles à leur vie.

Ils ont constamment eu recours à ce moyen, afin de témoigner au Dieu Très Haut qu'ils étaient soumis à Sa puissance et Le reconnaissaient pour l'auteur absolu de la vie et de la mort.

Source : livres-mystiques.com

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Caro mea vere est cibus, et sanguis meus vere est potus.
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I

Pour cette raison, dans l'Ancien Testament, il était prescrit au sacrificateur d'étendre et de croiser les mains sur la victime avant de la frapper.

Cette cérémonie avait pour but de témoigner que, n'ayant pas la faculté de se détruire, l'homme s'identifiait avec la victime et autant qu'il en avait pouvoir, il se détruisait lui-même, non pas réellement mais par représentation et par image.

Il se nourrissait aussi de la chair de la victime, afin d'exprimer la volonté que le sacrifice lui devînt inhérent et lui fût en quelque sorte incorporé... car, comme dit saint Thomas, exterius sacrificium signum est interioris sacrificii.

Il suit de ces considérations, que le sacrifice, pris en lui-même, renferme un culte d'adoration et de latrie, et ne peut être offert qu'au Dieu suprême et unique.

Un fait digne d'observation, c'est qu'au temps du paganisme et chez les peuples idolâtres, les démons se sont constamment montrés avides de sacrifices, persuadés qu'en se les faisant décerner, il s'adjugeaient, par le fait, le rang et les honneurs dus au vrai Dieu.

Dæmones enim, non cadaverinis nidoribus, sed divinis honoribus gaudent (Aug. 10, De civitat Dei, cap. XIX). Sans sacrifice, l’homme ne peut honorer Dieu comme il le doit ; il n'a pas de moyen plus puissant pour obtenir Sa Miséricorde, fléchir Sa justice, donner à sa prière toute son efficacité.

Dans l'ancienne loi les sacrifices n'avaient qu'une valeur imparfaite et figurative. De quel prix en effet pouvait être, aux yeux du Maître de toutes choses, l'offrande des béliers et des génisses ? Et lors même que le Dieu Très Haut aurait agréé des hosties si peu dignes de Sa gloire, quelles mains se seraient trouvées assez pures pour les Lui offrir ?

C'est pourquoi le Prophète disait : Sacrificium et oblationem noluisti (Ps. XXXIX ), et ailleurs : Holocaustis non delectaberis. Aussi, dès que le sacrifice de la croix, cette oblation infinie en elle-même, et plus que
surabondante dans son application et dans ses effets, eut été offert une fois sur le Calvaire, les sacrifices sanglants cessèrent aussitôt sur toute l'étendue de la terre.

On ne les retrouve ni chez les juifs, ni chez les musulmans : ils ne sont plus en vigueur que chez les peuples placés en dehors de la civilisation et de l'histoire. Un prêtre qui apparaîtrait de nos jours, le couteau à la main et exhalant l'odeur des viandes immolées exciterait le rire et le dégoût.

L’Eucharistie est un sacrifice parfait. Tous les attributs de Dieu s'y manifestent avec éclat : Sa sagesse, Sa toutepuissance, Sa Miséricorde.

L'Eucharistie est salutaire dans ses fruits : car comment toute vertu ne jaillirait-elle pas des plaies de l'Homme Dieu et du calice de Son sang ? Elle est digne de la majesté souveraine : c'est en effet la personne elle-même du Verbe, qui s'anéantit pour donner à Son Père une gloire adéquate à Sa perfection souveraine

Source : livres-mystiques.com

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L'Eucharistie renferme toutes les conditions requises pour un sacrifice parfait et consommé. Il y a d'abord un prêtre principal, qui est Jésus-Christ : le prêtre secondaire, c'est le ministre spécialement consacré pour cette fin.

Il y a une hostie offerte, qui n'est autre encore que Jésus-Christ caché sous les espèces du pain et du vin. Il y a le Dieu Très Haut à qui cette hostie est offerte.

A la vérité, l'oblation s'offre également à Jésus-Christ, non seulement en tant qu'Il est Dieu, mais aussi en tant qu'Il est homme, Jésus-Christ est victime offerte et immolée, selon la parole de saint André : Immaculatum agnum quotidie in altari sacrifico.

Il y a dans le sacrifice un sujet au profit duquel la victime est offerte ; ce sujet c'est l'Eglise et les fidèles, qui pro vobis et pro multis effundetur. Comme l'observe saint Thomas, l'excellence du sacrifice est supérieure à celle du sacrement.

Le sacrement ne profite qu'à celui à qui il est administré, le sacrifice est salutaire pour tous. - Enfin, à la messe, il y a un autel : Quid est altare, nisi sedes corporis et sanguinis Domini (Optat lib. VI, contra Parmen)

L'acte sacrificatoire et la signification du mystère sont efficacement exprimés par l'offrande, la consécration, la consommation des saintes Espèces. Ajoutons qu'il est de l'excellence et de la dignité du sacrifice, que l'homme offre à Dieu ce qu'il a de meilleur. Abel offrait les prémices de ses fruits, les patriarches, des agneaux et des génisses sans tache.

Or, qu'y a-t-il de meilleur, que Celui par qui tout a été fait et qui est Lui-même l'auteur et la source de tout bien ? Quels n'auraient pas été l'ardeur de notre piété, les transports de notre amour et de notre reconnaissance, si nous avions assisté à la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ ?

si, en compagnie de saint Jean et des saintes femmes, il nous avait été donné de fixer nos yeux sur les plaies de l'Homme Dieu, de recueillir les prémices de ce sang divin offert pour notre Rédemption ?

Or, le sacrifice de la messe, dit le Concile de Trente, a la même valeur que le sacrifice de la croix : Tantum valet sacrificium missæ, quantum oblatio Christi in cruce.

C'est le même prêtre qui offre, c'est la même victime qui est offerte, et la même immolation qui est renouvelée. In divino sacrifio, quod in missa peragitur, idem ille Christus continetur et incruente immolatur, qui in ara crucis ; semetipsum cruente obtulit (Conc. Trid., sess. XXII, cap. II).

D'abord, à l'autel et à la croix, c'est le même prêtre qui offre. Les ministres sacrés qui apparaissent couverts des habits sacerdotaux, ne sont que les délégués et les ministres de Jésus-Christ, prêtre principal et éternel selon l'ordre de Melchisédech (Suarez, Dist. LXXXVI).

En d'autres termes, nous avons à l'autel un caractère représentatif, nous figurons la personne de Jésus-Christ et nous la figurons en maintes manières, multifariam et multis modis, dans nos vêtements, dans les mystères que nous retraçons, dans les paroles que nous faisons entendre.

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La messe, nous sortons de la sacristie, portant sur nos épaules cette chasuble mystérieuse, image de la croix que Notre-Seigneur Jésus-Christ portait sur les siennes. L'aube dont nous sommes couverts représente cette robe blanche, dont le Fils de Dieu fut affublé à la cour d'Hérode, mais que Son innocence transformait en un vêtement d'une éclatante blancheur.Nous portons, suspendu à nos bras, ce manipule de larmes destiné à essuyer les sueurs de notre front et à ranimer notre être de ses défaillances. Nous montons, après nous être inclinés, les degrés de l'autel, comme Notre-Seigneur Jésus-Christ gravit les degrés du Golgotha.

Nous élevons les mains, lorsque nous disons oremus, comme Jésus-Christ priait les mains élevées vers Son Père. Au Canon, nous ne parlons plus qu'à voix basse, semblables à Jésus-Christ qui, au Jardin des Olives, s'éloigna de Ses disciples de la distance d'un jet de pierre, pour entrer dans le silence du recueillement et de la prière.

A l’Élévation, nous prenons l’Hostie dans nos mains, comme Jésus-Christ à la dernière Cène prit le pain et le vin dans Ses mains saintes et vénérables. Alors notre parole se tait, notre personnalité s'efface, la voix de Jésus-Christ se substitue à celle de Son ministre. Ce n'est plus nous qui parlons, plus nous qui vivons: le corps du prêtre est devenu le corps même de Dieu.Penchés sur l'Hostie, nous ne disons pas : Ceci est le corps de Jésus-Christ, ceci est le sang de Jésus-Christ, mais : Ceci est Mon corps, ceci est Mon sang. «C'est un grand mystère, une sublime dignité que celle du Prêtre, auquel est donnée une faculté que n'ont pas les anges.

Seuls les prêtres régulièrement ordonnés, ont le pouvoir de célébrer et de consacrer le corps de Jésus-Christ» (Imit., lib. IV). A l'autel, nous ne sommes que de simples instruments ; mais d'autre part notre dignité est la plus haute qui puisse se concevoir. «Prêtres du Seigneur», s'écriait saint Jean Chrysostome «tout ce qu'il y a de plus grand, parmi les hommes m'apparaît dépouillé de toute gloire, lorsque je considère celle que vous avez reçue.

Votre ministère, à la vérité, s'opère parmi les hommes ; mais il prend rang parmi les célestes hiérarchies, c'est le Paraclet qui est l'auteur des mystères que vous accomplissez ; vous êtes plus grands que le prophète Elie ; vous portez dans vos mains, non pas le feu, mais l'Esprit Saint, Le priant de répandre Ses grâces sur tous les fidèles.

Nul doute, ajoute-t-il, «prêtres du Seigneur, que vous ne soyez plus grands que les rois». Le roi commande à des sujets, vous commandez à Dieu. Les jugements du roi n'ont d'effet que sur les choses du temps, vos sentences subsisteront l'éternité entière. Vous n'avez pas besoin des largesses et des trésors du roi, mais le roi a besoin de vos bénédictions et de vos prières.

Nul doute que vous ne soyez plus grands que les Thaumaturges : les Thaumaturges font des miracles sur les éléments, vous en faites sur les âmes. Les Thaumaturges font subir des transformations à la nature matérielle, vous transformez tous les jours le pain et le vin à la chair et au sang de Jésus-Christ.

Nul doute qu'en un sens vous ne soyez plus grands que la Vierge Marie elle-même. La Vierge Marie décida, par son assentiment, l'Incarnation du Verbe : elle prononça ce bienheureux fiat qui fit descendre le Fils de Dieu dans son sein immaculé ; ce fiat elle ne le prononça qu'une fois, vous le prononcez tous les jours. Marie enfanta JésusChrist à une vie mortelle, vous l'enfantez à une vie de tous les siècles. Marie se fit obéir de Jésus-Christ passible, vous vous faites obéir de Jésus-Christ impassible et glorieux.

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