Méditation : Le saint esclavage de l'admirable Mère de Dieu

Postez ici vos intentions de prière.
amidelamisericorde
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CHAPITRE XIV

La doctrine de la croix est un mystère caché


Cependant, c'est une vérité immuable dans le christianisme, que nous apprenons de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que le grain de froment tombant en terre, ne rapporte rien s'il ne pourrit.

Mais s'il pourrit, qu'il rapporte beaucoup (Joan. XII, 24, 25) : et notre divin Maître dont il est écrit (Psal. LXXVII, 2) qu'il ouvrirait sa divine bouche en parabole, s'est voulu servir de cette similitude pour nous marquer la nécessité de la croix, pour pouvoir travailler à sa gloire avec bénédiction : car enfin ces paroles sacrées ne nous font-elles pas assez voir qu'on ne peut pas attendre grand'chose d'une âme que les souffrances n'anéantissent pas, et quil faut être crucifié avec Jésus-Christ pour glorifier dignement le Père éternel avec lui.

Qu'on lise toute l'histoire ecclésiastique, et toutes les Vies des saints, et l'on verra depuis l'établissement de l'Église jusqu'à nos jours, que les grands ouvrages du Saint-Esprit ne se sont faits que par des personnes de croix, en sorte que ces personnes sont nées dans les croix, et y ont vécu, ou bien elles ont été introduites dans les états de souffrances par la privation des honneurs, des biens et plaisirs de ce monde, qu'elles ont volontairement choisie, ou qui leur est arrivée par une pure conduite de la Providence, qui quelquefois même fait des coups admirables pour les y faire venir.

Combien de fois a-t-il, pour ainsi dire, comme il a été déjà remarqué, renversé toutes choses, fermant les yeux et bouchant les esprits pour crucifier une personne, et la rendre ensuite propre à l'établissement de ses divins intérêts.

Combien de fois a-t-on eu sujet de s'étonner lorsqu'on a vu des pères et des mères s'oubliant de la nature même, tourmenter cruellement leurs enfants, des maris leurs femmes, des femmes leurs maris ; lorsqu'on a vu des personnes intimement amies se quitter inhumainement ; des personnes que l'on avait extraordinairement obligées, trahir méchamment leurs bienfaiteurs, des riches tomber tout à coup dans des pauvretés extrêmes, des personnes estimées, dans le déshonneur et l'abandonnement.

Mais ces choses n'arrivent pas sans une conduite très particulière de Dieu, qui s'en sert à ses desseins, qui vont à mettre en croix et faire mourir au monde les âmes qu'il a élues pour ses plus grands ouvrages.

Ce ne sont pas les souffrances que nous remarquons dans les personnes, qui nous doivent ôter les espérances du bien que l'on en peut attendre ; mais bien au contraire, quand elles sont dans l'honneur et l'applaudissement, l'on n'en peut pas espérer grand'chose.

Un grand cardinal, qui était prince de naissance, voulut entreprendre la réforme des chanoines réguliers de Lorraine, et il n'en put venir à bout.

Il était néanmoins très bien intentionné, il avait le pouvoir de l'Église et le secours de l'État : son autorité devait, ce semble, lever tous les empêchements qui pouvaient se présenter : cependant, cette réforme est réservée à un pauvre religieux que ses propres frères avaient voulu empoisonner plusieurs fois, qui faisait ses voyages dans des paniers de charbonnier :

Cet équipage humble fit trembler tout l'enfer ; qui ne se trouve pas ému de se voir attaqué par des pages et des carrosses !

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE XIV

La doctrine de la croix est un mystère caché

Saint Charles Borromée est choisi de Dieu pour renouveler l'esprit ecclésiastique, il faut qu'il aille par le chemin royal des croix.

Il est cardinal et un grand archevêque, et il semble que ces éminentes et très illustres qualités le doivent exempter de marcher par le chemin des souffrances : mais s'il a fallu que Jésus-Christ ait souffert pour entrer dans sa gloire (Luc. XXIV, 26), ses serviteurs n'y peuvent arriver par une autre voie.

On murmure contre ce grand homme, on lui tend des piéger pour le perdre, on fait des ligues pour le ruiner, on crie, on trouve à redire à sa conduite, on décrie même sa dévotion.

L'on parle contre ses pèlerins, l'on remontre au Pape son oncle qu'il se rendait ridicule, et qu'il ne vivait pas ni ne marchait pas en cardinal et en prélat ; que sa conduite était extraordinaire, indigne de sa condition, et qu'au reste il y avait une personne auprès de lui qui lui faisait faire toutes ces dévotions extravagantes (c'était un Père de la Compagnie de Jésus, qui s'en alla depuis aux pays étrangers), et que Sa Sainteté devait lui ordonner de se retirer.

La persécution alla si avant, qu'on prêchait contre le saint en sa présence ; et après tout on conspira contre sa vie, et l'on en vint à l'exécution, en sorte que sans un miracle le saint eût été tué d'une balle qui lui fut tirée, qui tomba par terre sans lui faire aucun mal, l'homme de Dieu demeurant dans une paix si profonde, que la chose étant arrivée durant le temps de l'oraison, il voulut qu'elle fut continuée dans la même tranquillité et sans aucune interruption, comme à l'ordinaire.

Quelles persécutions n'a pas souffertes saint Ignace, le fondateur de la Compagnie de Jésus ? N'a-t-on pas dit de lui qu'il méritait d'être brûlé ?

Combien de libelles a-t-on donnés au public contre ce grand saint ? N'a-t-il pas vu ses enfants dans les dernières des humiliations ?

N'a-t-il pas vu ses enfants dans les dernières des humiliations ? Il les a vus excommunier, et ensuite tout le clergé venir devant leur maison, chantant le psaume CVIII, qui est un psaume d'exécration contre Judas, la croix renversée, pour marquer l'horreur que l'on avait de ces Pères, la populace armée de pierres pour les assommer, des tableaux posés dans toutes les places publiques, où ils étaient dépeints entre les mains des démons qui les jetaient dans des feux et des flammes.

Ces contradictions extraordinaires rehaussaient incroyablement l'espérance de saint Ignare : et ce fut un des motifs qui engagea le bienheureux François de Borgia d'entrer dans la Compagnie de Jésus.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE XIV

La doctrine de la croix est un mystère caché


Saint Charles Borromée est choisi de Dieu pour renouveler l'esprit ecclésiastique, il faut qu'il aille par le chemin royal des croix.

Il est cardinal et un grand archevêque, et il semble que ces éminentes et très illustres qualités le doivent exempter de marcher par le chemin des souffrances : mais s'il a fallu que Jésus-Christ ait souffert pour entrer dans sa gloire (Luc. XXIV, 26), ses serviteurs n'y peuvent arriver par une autre voie.

On murmure contre ce grand homme, on lui tend des piéger pour le perdre, on fait des ligues pour le ruiner, on crie, on trouve à redire à sa conduite, on décrie même sa dévotion.

L'on parle contre ses pèlerins, l'on remontre au Pape son oncle qu'il se rendait ridicule, et qu'il ne vivait pas ni ne marchait pas en cardinal et en prélat ; que sa conduite était extraordinaire, indigne de sa condition, et qu'au reste il y avait une personne auprès de lui qui lui faisait faire toutes ces dévotions extravagantes (c'était un Père de la Compagnie de Jésus, qui s'en alla depuis aux pays étrangers), et que Sa Sainteté devait lui ordonner de se retirer.

La persécution alla si avant, qu'on prêchait contre le saint en sa présence ; et après tout on conspira contre sa vie, et l'on en vint à l'exécution, en sorte que sans un miracle le saint eût été tué d'une balle qui lui fut tirée, qui tomba par terre sans lui faire aucun mal, l'homme de Dieu demeurant dans une paix si profonde, que la chose étant arrivée durant le temps de l'oraison, il voulut qu'elle fut continuée dans la même tranquillité et sans aucune interruption, comme à l'ordinaire.

Quelles persécutions n'a pas souffertes saint Ignace, le fondateur de la Compagnie de Jésus ? N'a-t-on pas dit de lui qu'il méritait d'être brûlé ?

Combien de libelles a-t-on donnés au public contre ce grand saint ? N'a-t-il pas vu ses enfants dans les dernières des humiliations ?

N'a-t-il pas vu ses enfants dans les dernières des humiliations ? Il les a vus excommunier, et ensuite tout le clergé venir devant leur maison, chantant le psaume CVIII, qui est un psaume d'exécration contre Judas, la croix renversée, pour marquer l'horreur que l'on avait de ces Pères, la populace armée de pierres pour les assommer, des tableaux posés dans toutes les places publiques, où ils étaient dépeints entre les mains des démons qui les jetaient dans des feux et des flammes.

Ces contradictions extraordinaires rehaussaient incroyablement l'espérance de saint Ignare : et ce fut un des motifs qui engagea le bienheureux François de Borgia d'entrer dans la Compagnie de Jésus.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE XV

Les grands biens des voies crucifiantes sont montrés par des exemples très remarquables


Quelles persécutions n'a pas souffertes sainte Thérèse, et cela non de personnes communes (dit le pieux évêque de Tarassone dans sa Vie), mais des plus graves et de la plus grande autorité, tant de religieux que de prélats, et d'autres signalés en crédit, aux sentiments desquels il fallait déférer, ou bien les offenser beaucoup, ne leur donnant créance.

Car les choses que l'on déposa contre la sainte Mère, les religieux et les religieuses de son ordre, et celles qu'on leur imposa furent en si grand nombre, qu'on n'épargna aucune action infâme dont on put tacher la réputation d'une vile femmelette, de laquelle celle de la sainte ne fut noircie et injurieusement souillée, puisque, en ce qui concerne l'honnêteté, on dit d'elle le dernier des opprobres que l'on puisse reprocher à une coureuse, et à une femme destituée de la crainte de Dieu. Les mémoires et les écrits diffamants couraient d'une main à l'autre ; et où ils ne pouvaient parvenir, les langues suppléaient à ce mauvais office, procurant de faire une voix commune de ce mensonge.

C'est de la sorte que parle ce grand prélat, et ensuite il rapporte comment le diable suscita quelques personnes, lesquelles avec émulation ou envie, voyant comme devant Dieu et devant les hommes que cette nouvelle réforme des Déchaussés jetait de brillants éclats de splendeur, commencèrent à semer le bruit par la ville, que c'était une femme éventée, et que par les chemins elle menait en sa compagnie des jeunes dames avec de certains muguets.

Elle fut tenue pour démoniaque, et comme telle, on la voulut conjurer. Les uns l'appelaient endiablée ; les autres, une hypocrite et une dissimulée ; les uns disant qu'elle était déçue et tombée en illusion, d'autres l'accusant d'être trompeuse, et la taxant de mensonge.

Quelques-uns l'intimidaient, la menaçant qu'on la conduirait à l'inquisition ; d'autres jugeaient qu'on avait trop tardé à la présenter devant les juges du Saint-Office, et ainsi son honneur était ainsi compromis, et sa réputation perdue, non-seulement dans les coins secrets de la ville, mais encore dans les places publiques, voire même dans les chaires (et ce qui est le plus remarquable), le tout en sa présence et celle de sa soeur.

Dans une assemblée de la ville de Médine, il se trouva un religieux qui était en estime et dans un grand crédit, néanmoins qui n'excellait pas en prudence : cet homme commença à dire publiquement beaucoup de mal de la bienheureuse mère, la comparant à Madeleine de la Croix, femme remplie de l'esprit de mensonge, renommée dans toute l'Espagne par ses tromperies, et par la communication qu'elle avait avec le diable.

Mais (ce qui fut encore pis), dans un chapitre général des Carmes mitigés, le général de l'ordre qui l'avait tant aimée, et qui lui avait ordonné de faire autant de fondations qu'elle avait de cheveux à la tête (ce sont les paroles de la sainte ), se laissa tellement préoccuper des informations qui lui avaient été données par des personnes pleines de passion et des faux témoignages bien grands dont on la chargea, qu'ému d'indignation contre elle, il lui écrivit une lettre, et lui commanda de prendre pour prison un couvent des Déchaussés : ce qu'elle fit, souffrant avec grand contentement pendant plus d'un an le déshonneur de la prison.

On déposa alors contre elle des choses très grièves, et l'affaire en vint à un tel point, que la sainte et ses religieuses furent accusées au Saint-Office, et chargées de mille mensonges et rêveries qu'on leur imposa. L'autorité des personnes qui les accusaient, et l'estime de vertu qu'elles avaient, était telle, que de la part de l'inquisition, on fit information du fait, et quoique la sainte mère et ses compagnes fussent innocentes et libres du soupçon de ces matières, néanmoins cette poursuite fut si avancée, qu'on attendait chaque jour qu'on les dût prendre et mener prisonnières à l'inquisition.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE XV

Les grands biens des voies crucifiantes sont montrés par des exemples très remarquables


Mais écoutons parler la sainte elle-même, dans le Livre de ses fondations : « Avant que je partisse de Séville, il avait été tenu un chapitre général, d'où on m'apporta un commandement du définitoire, non-seulement pour ne pas fonder davantage, mais aussi pour faire choix d'une maison où je me retirasse, avec défense d'en sortir à l'avenir pour quelque prétexte que ce fût, ce qui est une sorte de prison, parce qu'il n'y a point de religieuse que le provincial ne puisse envoyer d'un lieu dans un autre (j'entends d'un monastère dans un autre), lorsqu'il se présente quelque chose de nécessaire au bien de l'ordre.

Et le pis était que notre Père général était fâché contre moi, sans toutefois lui en avoir donné sujet.

La cause provenait de quelques informations qui lui avaient été données par des personnes passionnées. Outre cela, je fus encore chargée de deux faux témoignages, mais fort griefs.

Je vous dis cela, mes filles, afin que vous voyiez la Miséricorde de Notre-Seigneur, et comme il ne délaisse point ceux qui désirent le servir, que non-seulement ceci ne me donna pas aucune peine, niais me causa une joie accidentelle si grande, que je ne pouvais pas me contenir en moi :

de sorte que je ne m'étonne point de ce que faisait le roi David quand il sautait devant l'arche du Seigneur, d'autant plus que pour lors j'eusse voulu ne faire autre chose, tant la joie que je sentais était excessive, de manière que je ne pouvais la cacher.

Je n'en sais pas la cause, parce que dans d'autres grandes occasions de murmures et de contradictions qu'il m'a fallu souffrir, je ne sentis pas une joie semblable ; et au moins en celle-ci, l'une des deux choses qui m'étaient imposées, était très notable, parce que pour ce point de ne pas fonder, excepté le mécontentement qu'en pourrait recevoir notre révérend Père général, c'était pour moi un grand repos, et c'était une chose que j'avais souvent désirée, que de finir ma vie dans la quiétude et le calme ; quoique ceux qui ourdissaient cette trame, navaient pas cette pensée.

Mais ils croyaient par là me laisser dans un ennui extrême, bien que peut-être ils avaient d'autres intentions bonnes et droites.

Il est bien vrai que les contradictions et les propos que l'on a tenus contre moi lorsque j'étais employée dans ces fondations (dont quelques personnes le faisaient avec une bonne intention, d'autres avec d'autres fins), me donnaient quelquefois du contentement.

Mais que j'aie senti une telle allégresse comme j'en avais en cette occasion, je ne me souviens point que cela me soit jamais arrivé en aucun travail ; car j'avoue qu'en un autre temps, la moindre des trois choses dont je fus pour lors accusée tout ensemble, m'eût été une peine bien sensible.

Je crois que ma joie vint principalement de ce qu'il me sembla, puisque les créatures me payaient de la sorte, que j'avais contenté le Créateur, parce que j'ai assez appris que celui qui cherche sa satisfaction dans les choses de la terre et dans les applaudissements des humains, est grandement séduit, laissant à part le peu de fruit qu'on en retire.

Aujourd'hui ils sont d'un sentiment, demain d'un autre ; maintenant ils disent du bien d'une chose, et aussitôt ils en disent du mal : Béni soyez-vous, mon Dieu et mon Seigneur, qui êtes toujours immuable. Amen. Celui qui vous servira jusqu'à la fin, aura une vie sans fin dans l'éternité bienheureuse.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE XV

Les grands biens des voies crucifiantes sont montrés par des exemples très remarquables

Elle dit en un autre lieu, dans le même livre : Ce serait un sujet trop ambitieux, et d'une excessive longueur, si je voulais rapporter les persécutions, les travaux et les afflictions que j'avais soufferts depuis cinq ans et davantage, lesquelles peines ont été telles que Notre Seigneur seul les peut connaître.

Et en un autre endroit : Ô mon Seigneur ! Qu'il est bien certain que celui qui vous rend quelque service est bientôt payé par quelque grand travail ! En la fondation de Villeneuve de la Xare, elle écrit de la sorte :

De grandes persécutions s'élevèrent soudainement contre les Carmélites et les Carmes déchaussés, le tout ayant été fort proche d'une ruine totale. L'on peut bien voir par là le dépit qu'avait le diable d'un si saint commencement que Notre Seigneur avait planté.

Les Pères déchaussés, et spécialement les supérieurs, souffrirent beaucoup dans de faux témoignages dont ils furent chargés, et endurèrent une grande contradiction, presque de la part de tous les Pères de l'Observance mitigée, qui donnèrent de telles informations à notre révérend Père général, qu'encore qu'il fût fort saint, ils le prévinrent néanmoins de telle sorte, qu'ils firent de grands efforts pour empêcher que les monastères des Déchaussés ne passassent point plus avant.

Et parce que j'aidais à ceci, ils l'irritèrent contre moi : ce qui a été le plus grand travail que j'aie souffert dans ces fondations, quoique j'en aie eu plusieurs, parce que, de ne point contribuer ou de ne point seconder une œuvre où je voyais clairement que Notre-Seigneur était, et que notre ordre augmentait (des personnes très doctes, à qui je me confessais, n'y consentaient point), et d'aller contre ce que mon supérieur voulait, ce m'était une mort.

En ce temps-là mourut un nonce du Pape qui était un homme de sainte vie, et qui favorisait beaucoup la vertu, d'où vient qu'il estimait les Pères Déchaussés.

Mais il en vint un autre qui ne lui succéda pas en cette affection, semblant avoir été envoyé de Dieu pour nous faire exercer la patience.

Conformément à l'information que les Pères de l'Observance mitigée lui donnèrent de nous, il se persuada et persista opiniâtrement dans la créance qu'il n'était pas convenable de laisser passer outre ces commencements ; et ainsi le mit-il en exécution avec une très grande rigueur, condamnant, emprisonnant et bannissant ceux qu'il pensait lui pouvoir résister.

Ceux qui pâtirent le plus, furent le P. Antoine de Jésus et le P. Jérôme Gracian, contre lequel ce nonce était grandement aigri, et contre le P. Marian de Saint-Benoît.

Il donna aussi des pénitences à d'autres religieux des plus graves de l'ordre ; mais à ceux-ci il ordonna, sous la peine de plusieurs censures, de ne plus traiter d'aucune affaire.

L'on voyait bien que tout cela venait de la part de Dieu, et sa majesté permettait cet orage, afin que la vertu de ces Pères fût mieux connue.

Quelques-unes d'entre les religieuses ont beaucoup souffert dans de faux témoignages dont elles furent chargées. Pour moi, j'en ressentais beaucoup plus d'affliction que de ce que j'endurais en mon particulier, parce que cela, au contraire, me donnait du contentement.

Celles qui viendront après nous verront combien elles sont obligées d'acquérir et de maintenir la perfection, ayant tant coûté à celles qui sont maintenant vivantes.

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Les grands biens des voies crucifiantes sont montrés par des exemples très remarquables


Mais n'a-t-on pas vu de notre temps le saint homme P. Ivan arrêté prisonnier, accusé des plus horribles crimes, cet homme qui a paru en nos jours comme la merveilles de notre siècle par sa rare sainteté, par ses pénitences et austérités épouvantables, par un entier et absolu dégagement de toute la nature, et par une singulière dévotion à la très sainte Mère de Dieu, ayant fondé en son honneur un ordre considérable de religieuses, qui sont en édification aux fidèles des lieux où elles sont établies ?

Le feu P. de Condren, général de l'Oratoire, homme tout céleste et tout divin, n'a-t-il pas été accusé par une de ses filles spirituelles de l'avoir voulu violer ?

Le P. Coton, de la Compagnie de Jésus, personne tout angélique en pureté (aussi les anges conversaient visiblement et familièrement avec lui, et ç'a été l'un des grands dévots aux anges de notre siècle, après avoir été favorisé, de ces célestes esprits, du don précieux de la virginité, lui ayant ceint les reins pour marque de la grâce extraordinaire de pureté qui lui était accordée), fut accusé devant Henri IV, par une demoiselle, de l'avoir voulu corrompre.

On fit contre lui un libelle diffamatoire, intitulé l'Anticoton, dans lequel on l'accusait d'avoir rendu mère une fille, marquant la ville et le lieu où l'on prétendait que l'action s'était passée. Un écrivit contre lui, des pays étrangers, au roi, lui donnant avis qu'il se donnât de garde de cet homme, qui avait de mauvais desseins contre sa personne.

On conspira contre sa vie, et il reçut un coup de couteau dans le carrosse de Mlle Acarie (depuis appelée en religion la sur Marie de l'Incarnation), qui, après avoir mené une très sainte vie dans l'ordre de Notre-Dame du mont Carmel, ayant achevé sa bienheureuse course par une mort précieuse, a été honorée de plusieurs miracles, et a laissé une sainte odeur de vie à tous les peuples de ce royaume.

La très sainte Mère de Dieu (comme il fut révélé à une âme d'une exquise vertu) empêcha, par sa protection toute puissante, que ce coup de couteau ne fût mortel. Mais la rage des démons, envieux du bien que faisait ce serviteur de Dieu, ne s'en arrêta pas là : ils suscitèrent des magiciens qui firent tous leurs efforts pour le perdre par leurs maléfices.

Toutes ces grandes croix ont-elles été des marques que Dieu ne se voulait pas servir de ces saints, de ces saintes, de ces personnes éminentes en vertu ?

Mais, plutôt, n'est-il pas visible qu'ils n'ont souffert toutes ces persécutions que parce que Notre-Seigneur les destinait à de grandes choses pour sa gloire ? Dom Barthélemy des Martyrs, archevêque de Brague, a été un des plus excellents prélats du siècle dernier : aussi a-t-il été l'un des plus persécutés, depuis particulièrement son retour de Trente.

Car, comme il avait dessein de faire garder exactement toutes les ordonnances du concile, et de travailler au rétablissement de la discipline et à la réformation des murs, il vit presque tout le monde se soulever contre lui et travailler à détruire l'estime et la réputation que sa vertu lui avait acquise dans l'esprit du peuple.

Le grand différend qu'il eut avec son chapitre arma contre lui les langues d'un grand nombre d'ecclésiastiques, qui s'efforcèrent de le décrier durant plusieurs années, et dans le Portugal, et dans Rome une grande partie de son peuple, et particulièrement les personnes riches, favorisaient les faux bruits et les calomnies que l'on publiait contre lui, et ils s'efforçaient de faire passer pour un excès et pour une rigueur insupportable, la charité vraiment paternelle qui le portait à travailler sérieusement à la guérison de leurs âmes.

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CHAPITRE XV

Les grands biens des voies crucifiantes sont montrés par des exemples très remarquables


L'on en vit quelques-uns même qu'il avait repris selon l'ordre de l'Église, s'emporter dans une telle fureur, qu'ils le déchirèrent publiquement par toutes sortes d'injures, jusqu'à l'appeler luthérien et hérétique.

Il se trouva encore exposé à mille peines, et quelquefois même en danger de souffrir des violences en sa personne.

Il a été calomnié dans Rome, ses propres ecclésiastiques ont proposé au Pape des chefs d'accusation contre lui, ses calomniateurs étaient favorisés par un grand nombre de personnes, qui souhaitaient que sa conduite, étant rendue suspecte, devînt inutile, et qu'on lui ôtât le moyen de tenir les choses dans un règlement qui leur paraissait insupportable.

On disait publiquement dans les rues contre lui des injures sanglantes, que la pudeur défend de rapporter, et cela après avoir fait d'abord un grand bruit avec divers instruments, pour attirer le monde aux fenêtres, afin d'avoir plus de témoins de l'insulte qu'ils lui voulaient faire.

On fit des libelles diffamatoires contre ce grand homme, et dans toutes ces rencontres pénibles dont sa vie a été diversement agitée durant près de vingt-quatre ans qu'il a demeuré dans les fonctions épiscopales, il s'est soutenu par les mêmes consolations qu'il donne aux autres dans son Livre, après les avoir apprises des plus grands saints.

Saint Grégoire, dit-il écrivant à Colombe évêque, qui se plaignait d'avoir beaucoup de persécuteurs et dennemis, lui répond : « Vous devez être persuadé, mon cher Frère, que les bons seront toujours haïs et persécutés par les méchants, et qu'il suffit d'agir selon Dieu pour être tourmenté en ce monde, et déchiré par les calomnies des hommes.

Si vous êtes moins persécuté, c'est une marque que vous avez moins de piété que vous ne devriez. » L'Apôtre dit aux Thessaloniciens (1 Thess. II, 1) : Vous savez, mes frères, que notre entrée n'a pas été inutile parmi vous ; mais que nous avons auparavant beaucoup souffert, et qu'on nous a chargé d'outrages et d'injures.

N'admirez-vous point que ce grand Apôtre parle comme s'il eût cru que son entrée parmi eux eût été inutile, si elle n'eût été accompagnée d'afflictions et d'outrages ?

Un Chrétien et encore plus un évêque devient plus ferme dans les oppositions qu'on lui fait, et plus courageux dans l'adversité, et c'est lorsqu'il agit avec plus de résolution et de vigueur. Ce saint prélat a été tellement possédé de ces sentiments des saints, qu'il répondit à ses amis qui étaient vivement touchés de ses persécutions.

Que les calomnies et les persécutions avaient été et seraient toujours le partage des évêques : qu'ils succédaient en cela au traitement comme à la dignité des apôtres : et qu'ils ne se devaient pas croire plus saints que leur Maître, qui étant la sainteté même, n'avait pas laissé d'être accusé et déshonoré comme un séditieux et un scélérat. Tout ceci est tiré de l'histoire de sa vie.

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CHAPITRE XVI

Suite du sujet précédent


Si nous remontons dans les premiers siècles, nous y verrons un saint Jean Chrysostome le persécuté de son temps, parce qu'il était l'apôtre de son siècle. Que Dieu n'a-t-il point fait par cet homme apostolique ? Mais que n'a pas souffert l'homme de Dieu et le miracle de la patience chrétienne ?

Les vastes temples de la grande ville d'Antioche, dans lesquels il prêchait, n'étant encore que prêtre, se trouvaient trop étroits dans toute leur étendue, pour renfermer la foule des peuples qui y accouraient de toutes parts ; et en effet (dit l'histoire de sa Vie donnée depuis peu au public) le saint faisait état que cent mille hommes s'assemblaient tous les jours dans le lieu où il prêchait.

Les livres qu'il a composés ont éclairé heureusement toute l'Église ; et saint Isidore de Damiète parlant de celui Du sacerdoce, assure qu'il n'y a jamais eu de coeur, qui après l'avoir lu n'ait été blessé des traits de l'amour divin.

Étant élevé à la dignité patriarcale, avec quelle force a-t-il travaillé à la réformation du clergé, soit en détruisant toutes les occasions de l'impureté, soit en combattant l'avarice ou la bonne chère des ecclésiastiques de son Église ?

Quel ordre n'apporta-t-il pas pour le bon usage des biens de l'Église ? Quel soin n'a-t-il pas pris des pauvres ? N'a-t-il pas été la protection des vierges, la consolation des veuves, l'appui et le secours des orphelins, et l'asile de tous les misérables ?

Il établit les prières de la nuit non-seulement pour les hommes ou les femmes, mais encore pour les enfants, et cela au milieu de la cour de l'empereur, « L'Église de Dieu, disait ce grand archevêque, se lève tous les jours à minuit, levez-vous aussi avec elle.

Quelque délicat que vous soyez, vous n'êtes pas plus délicat que David qui était un grand roi ; et quelque riche que vous soyez vous n'êtes pas plus riche : et cependant ce prince dit lui-même, qu'il se levait au milieu de la nuit pour louer Dieu de la souveraine justice de ses ordonnances. »

L'on entendit par les soins de ce saint les boutiques des artisans retentir du chant des psaumes et cantiques, et l'on vit les maisons séculières changées en monastères par ce pieux exercice. Il leur avait enseigné que comme les diables viennent en foule dans l'âme de ceux qui chantent des chansons impures, au contraire la grâce du Saint-Esprit descend sur ceux qui récitent des cantiques spirituels, et sanctifie leur âme et leur bouche.

Les villes pleines de débauche se convertissaient à Dieu par les sermons efficaces de cet homme apostolique, son zèle tout divin ne pouvait avoir de bornes ; et ne pouvant être renfermé dans la ville de Constantinople, il se répandit dans toute la Thrace, qui est divisée en six provinces, et dans toute l'Asie qui dépend de onze métropolitains.

Il prit encore soin de toute l'Église du Pont, laquelle compte autant de métropolitains que celle d'Afrique, et il devint l'apôtre de vingt-huit provinces tout entières. Il fit brûler les idoles des Phéniciens, et s'appliqua à la conversion des Goths qui étaient tombés dans l'hérésie, non-seulement par quantité de prêtres, de diacres et de lecteurs qu'il ordonna pour instruire ces peuples, parce qu'ils savaient parler leur langue, et étaient remplis de zèle.

Mais il alla lui-même en cette église, et se servant de truchement pour conférer avec ces barbares, il leur enseigna la véritable doctrine catholique. De plus, ayant appris qu'il y avait le long du Danube des peuples de Scythie, appelés nomades, qui n'avaient personne pour les instruire, il leur envoya des ouvriers apostoliques pour travailler à leur conversion.

Il s'employa avec le même zèle à la destruction de l'hérésie des marcionites ; et ayant soutenu les droits de l'Église avec une générosité non pareille, sans avoir aucun respect humain, il a rempli toute la terre de sa doctrine céleste, et a été la lumière du monde.

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Ces grands desseins de Jésus-Christ sur cet incomparable prélat devraient être soutenus de l'esprit qui a toujours animé toute l'Église, qui n'est autre que l'esprit de la croix. Les grandes choses que Dieu avait résolu de faire par ce saint, devaient avoir pour fondement des croix extraordinaires : aussi jamais personne n'a souffert des persécutions plus violentes.

Ce saint agissant dans l'esprit et dans la vertu d'Elie, ayant repris avec force les mauvais ecclésiastiques, s'étant appliqué avec un zèle incroyable à la réformation de leurs murs, il s'attira leur aversion, et de leur part ils conspirèrent contre lui, et ils le chargèrent de calomnies pour le décrier dans l'esprit du peuple. Mais c'était, dit l'histoire de sa Vie, une puissante consolation à saint Chrysostome de se voir traité comme son Maitre :

car il savait que Jésus-Christ n'eut pas plutôt ouvert la bouche, qu'il excita le murmure des pharisiens et des docteurs de la loi : et comme la contradiction des pharisiens n'empêchait pas le Fils de Dieu de parler fortement contre leurs désordres, quoique cette liberté lui dût coûter la vie.

Ainsi l'opposition du clergé n'empêchait pas ce parfait imitateur de Jésus-Christ de leur représenter leurs plus étroites obligations, quoique cette sévérité épiscopale dût être suivie de la perte de son siège, de sa liberté et de sa vie.

Mais l'ennemi de notre salut ayant entrepris de troubler l'Église de Constantinople en la personne de son archevêque, ne perdait nulle occasion de lui susciter des ennemis, et se servait des moindres choses pour le brouiller avec tout le monde.

Acace évêque, le menaçant en présence de quelques ecclésiastiques, ne put s'empêcher de dire : « Je lui apprête son bouillon. »

Depuis ce temps-là il fit une ligue secrète avec Sévérien, évêque des Gabales, et ces évêques avec quelques moines s'étant unis entre eux par un esprit de faction, traitèrent des moyens de s'armer contre saint Jean Chrysostome.

Le premier expédient dont ils s'avisèrent pour perdre ce saint prélat, fut d'envoyer à Antioche pour faire une exacte recherche de sa vie.

Ensuite ils envoyèrent à Alexandrie vers Théophile dont ils connaissaient l'esprit artificieux, qui prit résolution de venir à Constantinople, pour détruire celui qu'il considérait comme son ennemi.

Toutes choses étaient disposées en cette grande ville à la brouillerie, quelques-uns du clergé qui ne souffraient qu'avec beaucoup d'impatience la sévérité et le zèle de leur archevêque, semblaient d'eux-mêmes tendre les bras à ses plus grands persécuteurs.

Les grands de la cour et les riches de la ville souhaitaient avec passion d'être défaits d'un si sévère censeur : les dames mondaines ne le pouvaient plus supporter :

Et sur ce que le saint se faisait à lui-même cette objection que l'on pourrait bien par une si sévère conduite s'engager dans un mauvais parti, il répond qu'il ne s'en mettra pas en peine ; que ceux qui s'offensaient de sa conduite, ne le défendraient pas devant le tribunal de Jésus-Christ lorsqu'il serait jugé ; qu'on pouvait user jusqu'à deux ou trois fois de condescendance.

Mais qu'on n'était pas toujours obligé de se relâcher de la vigueur ecclésiastique par un esprit d'accommodement.

Source : livres-mystiques.com

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La ville de Constantinople étant dans cette disposition à l'égard de saint Jean Chrysostome, ces évêques qui avaient juré sa ruine, voulurent que Jean son archidiacre le chargeât de vingt-neuf chefs d'accusations, et le moine Isaac de dix-sept.

On ne saurait lire sans frémir des accusations si atroces, ou si ridicules ; et il fallait que les yeux de ces prélats et de ces diacres fussent horriblement troublés, puisqu'ils voulaient faire passer le zèle de ce grand saint pour cruauté, son abstinence pour gourmandise, sa retraite pour orgueil.

Mais la plus insolente effronterie devait rougir de vouloir donner atteinte à la chasteté d'un homme qui avait la pureté des anges : ce que l'on faisait l'accusant d'avoir reçu des femmes en sa maison, et d'être demeuré seul avec elles, après en avoir fait sortir tout le monde.

L'un des chefs de ces accusations portait d'avoir dit contre les ecclésiastiques plusieurs paroles injurieuses ; et un autre d'avoir composé un livre plein de calomnies contre le clergé.

On l'accusait encore d'avoir été à l'église sans prier Dieu, ni en entrant ni en sortant : d'avoir fait plusieurs ordinations sans se mettre en peine de tirer d'attestations touchant les personnes qu'il ordonnait ; qu'il n'avait pas laissé d'offrir les saints mystères après une grande violence de manger seul, et de mener en particulier une vie de gourmand et de cyclope.

De s'être vanté dans l'excès de son amour, et d'avoir usé de ces termes : « J'aime avec une extrême passion, l'amour qui me transporte est furieux. »

Qu'il faisait des entreprises sur les provinces des autres prélats. Qu'il affligeait le clergé d'une manière inouïe, et lui faisait souffrir des outrages tout à fait extraordinaires. Qu'il donnait les Ordres sans assembler le clergé, et sans prendre son avis. Enfin, ils lui reprochaient une rigueur excessive et une condescendance pleine de mollesse.

Le saint au milieu d'une si horrible tempête demeurait inébranlable et prêchant avec plus de force que jamais, il faisait assez paraître que la grandeur de son courage ne savait ce que c'était que de craindre. « En effet, disait-il à son peuple, que pourrions-nous craindre ?

Serait-ce la mort ; vous savez que Jésus-Christ est ma vie, et que ce m'est un gain et un avantage de mourir. Serait-ce l'exil ?

Mais toute la terre et toute son étendue est au Seigneur. Serait-ce la perte de mes biens ? Nous n'avons rien apporté en ce monde, et il est certain que nous n'en remporterons rien.

Ainsi, toutes les choses du monde les plus terribles sont l'objet de mon mépris, et je me ris des biens et des avantages que les autres souhaitent avec passion.

Je ne crains pas la pauvreté, je ne souhaite pas les richesses ; je n'appréhende pas la mort, et si je désire de vivre, c'est seulement pour travailler à votre avancement spirituel.

Vous savez, dit-il ensuite, mes bien-aimés, quel est le sujet pour lequel on me veut perdre :

C'est que je n'ai point fait tendre devant moi de riches et précieuses tapisseries ; c'est que je n'ai jamais voulu me vêtir d'habits d'or et de soie. »

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Il prêchait ces sortes de vérités durant l'assemblée des évêques factieux, à qui ayant député trois évêques de sa part, ces trois prélats furent traités outrageusement de ceux de la faction ; car ils frappèrent cruellement le premier de ces évêques, ils déchirèrent les habits du second, et ils mirent au cou du troisième nue chaîne en fer qu'ils avaient préparée pour le saint, dans le dessein qu'ils avaient de le faire entrer par force dans un vaisseau, et de l'envoyer en des pays inconnus.

Ensuite ils condamnèrent ce saint patriarche et le déposèrent de son siège patriarcal, et l'empereur le bannit de Constantinople. Il fut condamné de la sorte sur des mémoires et avec une grande précipitation ; car les ouvrages de cabales sont ordinairement suivis d'impatience.

Un des prélats même du conciliabule qui avait déposé le saint, prêcha dans Constantinople, que quand Jean serait innocent d'ailleurs, son orgueil extrême justifierait sa déposition, puisque Dieu, qui pardonne les autres péchés, résiste aux superbes. (Jac IV, 6)

Cependant, étant survenu un grand tremblement de terre la nuit que l'homme de Dieu fut enlevé, l'impératrice épouvantée le fit rappeler, et il rentra comme en triomphe en sa ville patriarcale.

Mais son zèle le portant toujours à condamner avec une sainte liberté les murs corrompues de cette grande ville, et ayant prêché contre des jeux qui se faisaient devant la statue de l'impératrice, il se mit mal tout de nouveau avec cette princesse, qui ayant mandé des évêques pour cabaler contre lui, ils arrivèrent de tous côtés à Constantinople.

Aussitôt ils firent tous leurs efforts pour faire bannir le saint, et se servant du voisinage du temps de Pâques, ils exhortèrent l'empereur Arcade de donner ordre qu'on chassât de l'Église le saint archevêque, comme étant convaincu des choses dont on l'avait accusé.

Le respect que portait Arcade à l'épiscopat, lui fit croire que des évêques dont la fonction est de prêcher la vérité, n'étaient pas capables de lui assurer une fausseté, et il ne fit pas de réflexion sur l'exemple du grand Constantin, qui n'aurait jamais banni saint Athanase s'il n'eût été trop crédule aux calomnies de quelques évêques.

Il fit donc expédier cet ordre inique qui lui était dicté par ces prélats, et commanda à son archevêque de sortir de son Église.

Le saint eût beaucoup obligé ses ennemis s'il se fût rendu capable de relâcher quelque chose de la grandeur de son courage, et de se retirer de lui-même en se soumettant à cet ordre par une obéissance aveugle ; mais sa générosité lui fournit cette réponse :

« Comme je n'ai entrepris la conduite de cette Église, qu'après y avoir été appelé de Dieu pour y travailler avec soin au salut du peuple, aussi ne puis-je l'abandonner de moi-même. »

Arcade qui avait plus de faiblesse que de malice, se trouva embarrassé de cette réponse, et ce prince qui ressentait des secrets remords dans le fond de sa conscience, attendait que le jugement de Dieu éclatât en cette rencontre par quelque événement extraordinaire, étant résolu d'apaiser la colère de Dieu par le rétablissement de ce grand saint, s'il arrivait quelque disgrâce à ses ennemis ou à lui-même ; comme il avait formé le dessein d'aller plus avant en sa persécution si la chose lui succédait impunément.

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Dans cette agitation de son esprit, il fit venir deux évêques, et, dès qu'ils furent entrés dans son palais, il leur découvrit l'inquiétude de sa conscience :

« Que faisons-nous ?, leur dit-il. Prenez garde que vous ne m'ayez peut-être pas donné un bon conseil. »

Mais ces évêques l'affermirent en sa première résolution et lui protestèrent en termes exprès qu'ils voulaient bien porter sur leurs têtes la déposition de Jean.

Pendant ce temps, les prêtres de son Église qui craignaient Dieu n'avaient pas laissé d'assembler le peuple pour célébrer la fête de Pâques et en avaient commencé la sainte veille par la lecture des livres saints et le baptême des catéchumènes.

Les évêques factieux, ayant appris cette nouvelle, demandèrent main forte aux officiers de l'empereur pour empêcher cette assemblée.

Le général des armées de l'empereur résista de prime abord à cette demande ; mais ces évêques, à qui les conseils toujours plus violents paraissaient les meilleurs, répliquèrent quil était à craindre que l'empereur ne remarquât l'affection que le peuple conservait toujours pour son archevêque, vu principalement qu'ils lui avaient dit que Jean n'avait plus aucun ami de reste, et qu'il était abandonné de tout le monde comme séducteur.

Enfin ce général leur ayant donné un colonel païen pour l'exécution de leur dessein, comme les veilles des grandes fêtes de Constantinople étaient célébrées dans la même ville jusqu'au premier chant du coq, ce fut durant ce temps de la nuit que ce colonel, assisté de quatre cents soldats et des ecclésiastiques de la faction, se jeta sur le troupeau de Jésus-Christ avec une fureur inouïe.

Il renversa les saints et adorables mystères que le diacre tenait entre ses mains, c'est-à-dire qu'il profana par un horrible sacrilège la très auguste eucharistie ; il donna tant de coups de bâton sur la tête des prêtres, qu'il remplit de leur sang la piscine sacrée.

On entendait de toutes parts les cris des femmes et les gémissements et les larmes des petits enfants, les plaintes des prêtres et des ministres de l'Église que l'on chargeait d'une infinité de coups.

Ces excès se commirent dans l'obscurité de la nuit, par l'entremise des évêques, qui marchaient eux-mêmes à la tête des soldats.

Le jour étant arrivé, on voyait d'heure en heure de nouveaux édits que l'on affichait en plusieurs endroits, et qui contenaient une intimité de menaces contre ceux qui ne voudraient pas abjurer la communion de Jean.

Toutes les prisons se trouvèrent remplies de personnes qui soutenaient le saint, et il y eut des femmes d'illustre condition qui furent traitées outrageusement.

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On suborna des assassins pour le tuer, et le valet d'un prêtre, qui s'était armé de trois poignards pour un dessein si exécrable, ayant blessé sept hommes l'un après l'autre, qu'il avait cru servir d'obstacles au coup damnable qu'il voulait faire, sortit des mains du magistrat sans aucune punition, quoique de ces sept hommes blessés, il y en eût quatre qui furent tués et enterrés sur-le-champ, et les autres languirent longtemps après.

La protection que Dieu rendit à ce saint le sauva de cette conjuration, pour lui faire remporter la couronne d'un plus long martyre. Cinq jours après la Pentecôte, qui était arrivée cette année-là le cinquième jour de juin, les évêques firent le dernier effort pour le chasser, et s'adressant à l'empereur, ils lui remontrèrent qu'il ne prétendit pas être plus doux que des prêtres et plus saint que des évêques ; qu'il cessât donc de vouloir pardonner à seul homme pour les perdre tous.

Ces paroles obligèrent Arcade à donner les mains à ce conseil d'iniquité, et saint Jean Chrysostome reconnut par son propre exemple qu'on ne doit jamais s'appuyer sur les témoignages d'estime et d'affection que les grands donnent, puisqu'Arcade, qui avait autrefois usé d'artifice pour l'enlever d'Antioche à Constantinople, employa six ans après son autorité pour l'en arracher.

Le saint, ayant dit adieu aux évêques de sa communion, fit venir ses filles spirituelles, la généreuse et charitable Olympiade, qui devait avoir la meilleure part aux croix de son archevêque, Pentadie, veuve du consul Timase, et Procule. Il manda aussi Salvine, veuve de Nébride, pour leur dire ses dernières paroles. Les gémissements et les cris de ces saintes femmes furent presque toute la réponse qu'elles firent à un discours si affligeant.

Elles se jetèrent avec larmes aux pieds de ce cher Père, qu'elles ne devaient plus revoir. Le voilà donc encore pour la seconde fois banni de son siège, pour n'y retourner jamais.

Et comme cette affliction était plus sensible à sainte Olympiade qu'à pas une autre, il prit un soin particulier de la fortifier sur ce sujet ; et, parce qu'elle était privée de ses prédications, et qu'elle souffrait de cette famine dont Dieu menace les Juifs, quand il dit qu'il fera souffrir une faim et une soif pressantes, non pas par la disette du pain et de l'eau, mais en les privant de sa parole (Amos, VIII, 11), il la console en lui promettant de lui écrire autant de fois qu'il trouverait des voies pour lui faire tenir de ses lettres.

Il ne cessait point de consoler ceux qui souffraient pour sa cause, il composait des livres merveilleux pour prouver que personne n'est blessé que par soi-même. Il recevait des lettres de toutes parts, et il y répondait exactement.

Dieu lui suscitait des amis qui s'animaient d'une sainte émulation pour l'assister dans sa disgrâce. Il en recevait de fréquentes visites, et ceux qui lui avaient fermé la bouche en le bannissant de Constantinople, ne pouvaient empêcher, par toutes leurs violences, qu'on ne le consultât comme un oracle ; et la même envie qui avait porté ses ennemis à le déposer leur fit regarder avec une profonde douleur l'éclat de sa réputation, qui s'augmentait toujours au milieu de son exil, qui lui avait procuré l'occasion de se répandre par tout le monde, ou en publiant ses ouvrages, ou en y envoyant ses lettres.

Porphyre, Severien et les autres évêques de cette cabale étaient rongés d'envie lorsqu'ils voyaient des événements si contraires à leurs desseins. Comme sa prospérité leur avait été odieuse, son affliction même leur était insupportable ; ils ne pouvaient souffrir nulle part sa haute réputation, et cette haute réputation le suivait partout.

L'honneur de notre saint leur paraissait comme une espèce de miracle qui était plutôt capable de les endurcir que de leur changer le coeur. C'était une chose étonnante que des prélats qui avaient pour eux des puissances séculières, et qui étaient revêtus des richesses de l'Église, avec toute leur autorité, eussent tant de peur d'un évêque qui était seul et sans appui, d'un homme qu'ils avaient eux-mêmes chassé de son siège, qui était si faible de corps, et que, tout banni qu'il était, il les fit trembler et pâlir de crainte.

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La proscription du saint ne le rendait que plus vénérable à ses disciples, et il recevait de leur part autant de soumission que les adversaires lui faisaient d'outrages.

Plusieurs personnes, de l'un et de l'autre sexe, firent divers voyages à Rome pour la défense de sa cause.

Ses amis et les dames qui étaient sous sa conduite exerçaient à son égard de si grandes et de si extraordinaires libéralités, qu'il se voyait souvent obligé de leur renvoyer leurs présent.

Et c'est ainsi qu'il en usa, particulièrement envers Carterie, qui lui avait envoyé Libanius, que le saint appelle son très cher frère, et qui l'avait prié instamment, à la fin de sa lettre, de faire voir qu'il avait confiance en elle , et qu'il voulait se servir avec liberté de ce qui lui appartenait, comme si c'était son bien propre.

Il lui fait de grandes excuses de ce qu'il lui renvoie son argent, et lui promet de le lui redemander librement quand il en aurait besoin.

Sainte Olympiade lui fournissait quantité d'argent, et Pean, qui était un grand seigneur, lui rendait des services très considérables.

Il était capable lui seul de réjouir tous les autres par sa présence dans Constantinople, d'affermir ceux qui étaient chancelants et de remettre dans la bonne voie ceux que la crainte en avait fait sortir.

Le saint apprit avec joie son retour dans cette ville impériale, et il le loua de tenir ferme, quoiqu'il fût seul et que personne ne l'assistât dans ce combat de charité, parce que, de tous ses autres amis, les uns avaient pris la fuite, les autres étaient bannis et les autres s'étaient cachés.

Le zèle de ce généreux officier n'était pas borné dans la seule ville de Constantinople. Il ne se contentait pas d'empêcher de toutes ses forces qu'il n'y eût aucun déserteur du parti de notre saint, mais il prenait un soin tout particulier de lui gagner tous les jours, par sa douceur, plusieurs de ceux qui s'étaient trouvés engagés dans la faction de ses ennemis.

On le conduisit de ville en ville et de désert en désert, dans les provinces les plus éloignées, avec tant de rigueur et de cruauté que ce fut une espèce de miracle de voir qu'il ait pu vivre si longtemps dans un exil si pénible, étant accablé de fièvres et de faiblesses de corps.

Tout cela ne l'empêchait pas de composer, dans ses maladies continuelles, des livres remplis de consolation pour ceux qui n'étaient qu'affligés de ses disgrâces ; car, s'il était charitable pour ses ennemis les plus cruels, il était plein de tendresse pour ses disciples et de reconnaissance pour ses amis.

Mais une des plus grandes consolations qu'il reçut, en arrivant à la ville de Cucuse, fut d'y voir, le jour même, la généreuse Sabinienne qui y était venue de Constantinople dans la résolution d'aller jusqu'en Scythie pour y suivre le saint si on l'y eût mené.

Et dès qu'elle eut la consolation de le voir, elle forma le dessein de ne retourner jamais à Constantinople, et de passer le reste de sa vie dans le lieu où il serait, quel qu'il pût être.

Les ministres de l'église de Cucuse la reçurent avec tout l'honneur et toute l'affection que méritait une si grande vertu.

Ils la considérèrent comme la gloire de son sexe, et ils n'eurent que de la vénération pour une action si généreuse et si héroïque. L'amour spirituel et divin de cette femme ne pouvait aller plus avant, et il était malaisé que le saint reçût une plus grande consolation que celle-là.

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Les amis du saint furent enveloppés dans sa persécution, et il serait bien difficile de raconter les supplices dont furent tourmentés la plupart de ceux qui lui étaient demeurés fidèles. On arracha les côtes au lecteur Eutrope, on lui déchira les joues à coups d'ongles de fer, de bâtons et de nerfs de buf, on brûla tout son corps avec des torches ardentes, et il souffrit toutes ces choses, quoiqu'il fût jeune et délicat.

Plutôt que de dire un mensonge contre son saint archevêque, il aima mieux en perdre la vie, ce qui lui arriva peu de temps après. On entendit une musique céleste à sa précieuse mort, et il est reconnu pour un saint et pour un martyr par toute l'Église. Son nom se lit avec honneur dans le Martyrologe romain, le douzième jour de janvier.

Ni l'innocence, ni la haute condition de la généreuse Olympiade ne l'exemptèrent pas de la persécution. Le magistrat lui dit, aussi bien qu'à quelques autres dames de sa compagnie, qu'elles étaient tout à lait à plaindre de fuir avec plus d'opiniâtreté la communion de l'évêque Arsace (c'était l'ennemi de saint Jean Chrysostome), puisque ce serait le moyen de sortir entièrement d'embarras et d'éviter tous les maux dont elles étaient entièrement menacées.

Quelques-unes de ces dames, selon le rapport de Sozomène, se laissèrent épouvanter et suivirent le mauvais conseil de ce magistrat. La généreuse Olympiade demeura invincible. Elle fut condamnée à une grosse amende, mais la perte de son argent ne fut pas capable de la toucher, et elle aurait versé son sang pour une cause si juste. Elle fut donc inébranlable au milieu des menaces de ses ennemis, et le jugement inique de ce magistrat ne lui ôta rien de sa constance.

Le bruit de cette action si généreuse s'étant répandu partout, saint Chrysostome en reçut la nouvelle avec plaisir au milieu de son bannissement, et ce lui fut une puissante consolation d'apprendre tout à la fois le courage et l'humilité de sa chère fille.

Il ne put s'empêcher de lui témoigner sa joie par une lettre dans laquelle il lui écrit qu'il y a plus de différences entre ce qu'elle a fait et les louanges qu'on lui en donne, qu'il n'y en a entre les morts et les vivants. Ensuite la violence de ses persécutions l'obligea à se retirer à Cyzique, ayant été chassée de son pays, de sa maison, de la compagnie de ses amis et de ses parents.Sainte Nicarète se retira aussi de Constantinople, pour l'absence de celui qui en était le véritable pasteur.

Elle était d'une des plus illustres maisons de Nicomédie. La virginité dont elle avait toujours fait profession, et la sainteté de sa vie, la rendaient encore plus illustre. Pantadie, veuve du consul Timase, se signala aussi dans cette persécution par de très glorieux combats.

Le saint, ayant appris la fermeté de cette dame, en reçut une consolation sensible, et lui témoigna que sa charité sincère était le meilleur remède qu'il pût recevoir au milieu de ses maladies.

Dans une des lettres qu'il lui écrivit pendant son exil, il remarque qu'on l'avait fait venir au barreau, elle qui ne connaissait point d'autres lieux que l'église et sa chambre ; que du barreau on l'avait menée devant le tribunal des juges, et du tribunal dans la prison ; qu'ils avaient aiguisé contre elle les langues de faux témoins ; qu'ils avaient forgé une insolente calomnie, commis des meurtres, fait couler des ruisseaux de sang, employé le fer et la flamme pour persécuter de jeunes enfants, jusqu'à les faire mourir dans les tourments ; qu'ils avaient fait souffrir une infinité de supplices et fait de très grandes plaies à plusieurs hommes de mérite et de considération ; qu'enfin ils avaient tenté toutes choses pour la contraindre par la peur à parler contre son sentiment.

Mais sa constance admirable l'ayant élevée au-dessus de tous leurs efforts artificieux, fut une grande édification pour tous les fidèles défenseurs de notre saint. On n'épargna pas encore ses autres filles spirituelles, et entre les autres il relève particulièrement dans ses lettres Amprucle ou Procule, Bassiane, Chalcidie, Asyncritie, et ses compagnes.

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Il y eut des évêques même et des prêtres emprisonnés pour son sujet, et le saint, dans une de ses lettres, les appelle heureux et trois fois heureux, et qu'ils le sont encore plus qu'il ne leur peut exprimer à cause de leur prison, de leurs liens et de leurs chaînes ; qu'ils ont gagné l'affection de toute la terre, qu'ils se font aimer avec passion par les peuples les plus éloignés, que la terre et la mer retentissent de toutes parts de leurs généreuses actions ; que l'on publie partout leur constance, leur fermeté inébranlable, leur sage et inflexible résolution, qui n'a rien de lâche et de servile.

Cependant les persécuteurs du saint ne purent éviter la juste colère de Dieu. Car il n'y a rien de plus véritable que ce qui a été remarqué par ce même saint après le Psalmiste, que les personnes affligées sont comme des flèches entre les mains d'un homme puissant ; et en n'opposant que sa patience à leurs atteintes, il les perce sans y penser de mille coups invisibles ; que la force des personnes opprimées consiste dans leur oppression même ; que ce n'est ni la bonne vie ni la vertu, mais la seule souffrance des maux qui excite Dieu à la vengeance ; que l'affliction est la plus forte défense dont l'on puisse se couvrir.

C'est ce qui attire le secours du ciel sur les personnes affligées ; que ceux qui oppriment les personnes faibles doivent trembler, puisque, s'ils ont de leur côté la puissance, les richesses, l'argent et la bienveillance des juges, ces personnes opprimées ont pour elles des armes bien plus fortes, qui sont les pleurs, les gémissements et les injures qu'elles souffrent, et qui attirent sur elles les grâces du ciel ; que les gémissements de ces personnes accablées sont des armes qui renversent les maisons, qui en ruinent les fondements et qui détruisent les nations tout entières.

Dieu punit l'impératrice Endoxie d'une mort terrible, et en plusieurs différentes manières miraculeuses les autres persécuteurs, tout cela n'étant pas capable d'éteindre le feu de la persécution qui s'allumait tous les jours de plus en plus, ce qui faisait dire à ce saint patriarche :

« Mes amis ont renoncé à mon amitié, mes proches se sont éloignés de moi, et ceux qui en sont éloignés me chargent de calomnies. »

Ceux qui furent constants en sa défense souffrirent mille maux. Quatre évêques d'Orient, ses meilleurs amis, furent bannis et leurs gardes les traitèrent, sur le chemin, avec une horrible cruauté.

Et l'envie de ses ennemis s'augmentant toujours, ils obtinrent un rescrit de l'empereur pour le faire transporter vers le Pont-Euxin, ses gardes, dans un voyage de trois mois, le traitant avec une cruauté toute barbare :

Il mourut en son exil, en prononçant les mêmes paroles qu'il avait dites une infinité de fois, les disant d'une voix intelligible à tous les assistants :

Que Dieu soit glorifié en tout. La trop grande facilité d'Arcade ne demeura pas longtemps impunie, car il ne vécut que cinq mois et demi après notre saint, et mourut à l'âge de trente-un ans.

Ses persécuteurs continuèrent leur violence après sa mort. Théophile, patriarche d'Alexandrie, composa même un livre sanglant contre le saint.

Toutes ces persécutions furent l'unique récompense de ses travaux. Tout ceci est tiré de l'histoire de sa Vie, qui a été donnée au public depuis peu, qui fait voir bien clairement que les grandes croix sont les plus signalées marques des plus grands desseins de Notre-Seigneur sur les personnes qu'il destine aux plus illustres emplois de son Église.

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CHAPITRE XVI

Suite du sujet précédent


Saint Jérôme a été choisi de Jésus-Christ pour être l'un des docteurs et Pères de l'Église ; que n'a-t-il point souffert par la médisance et la calomnie ? De quels crimes ne l'a-t-on pas voulu accuser ? De quelles hérésies ne l'a-t-on pas voulu rendre coupable ?

On a déposé contre lui qu'il avait de l'amour impur pour sainte Paule. Il était haï de toutes sortes de personnes. Les hérétiques le haïssaient, dit Sévère Sulpice, parce qu'il ne cessait de les combattre ; les ecclésiastiques le haïssaient, parce qu'il reprenait leur vie et leurs crimes.

Saint Athanase a été l'un des plus zélés défenseurs de la foi catholique ; aussi a-t-il été un des plus persécutés. On le noircit des plus infâmes calomnies ; il fut accusé de sacrilèges, de meurtres, de magie, d'adultère, et enfin cinq évêques déposèrent contre lui ; ce qui fut cause que l'empereur Constantin l'exila, ce bon prince, trop crédule, ayant ajouté foi à la déposition de ces évêques qui paraissaient d'une vie fort sainte et qui avaient été amis du saint, et qu'il avait amenés même avec lui à Tyr.

CHAPITRE XVII

Le discours des avantages des croix est continué


Mais y a-t-il rien de plus convaincant en cette matière que l'exemple du grand Apôtre ? Le Fils de Dieu dit de lui (Act. IX, 15) qu'il est un vaisseau d'élection pour porter son nom devant les rois et les nations, et en même temps il l'assure qu'il lui montrera combien il faut qu'il souffre pour son nom ; car il semble que ce soit la même chose d'être un apôtre et de beaucoup souffrir.

Aussi cet homme tout divin estime ne pouvoir donner des marques plus assurées de son apostolat que les souffrances. Il savait que son Maitre avait dit à ses disciples (Joan, XX, 21), qu'il les envoyait comme son Père l'avait envoyé, c'est-à-dire non pas aux honneurs, aux richesses ou aux plaisirs de ce monde, mais aux croix.

C'est ce qui fait qu'il s'écrie (Galat. VI, 14) : Qu'à Dieu ne plaise qu'il se glorifie en autre chose qu'en la croix, que le monde lui est un crucifié, et qu'il est crucifié au monde ! (Ibid.)

Nous avons été faits, dit-il encore, un spectacle au monde, aux anges et aux hommes. Nous sommes fous pour Jésus-Christ, nous sommes faibles, nous sommes de peu de considération, l'on nous maudit, nous souffrons persécution, l'on nous blasphème et nous sommes comme les ordures du monde. (I Cor. IV, 10-13.)

Se peut-on imaginer un état plus crucifiant et plus ignominieux que d'être comme les ordures d'un lieu que l'on balaye et que l'on jette au vent ?

Si l'humiliation et les mépris rendaient inhabiles aux fonctions apostoliques, jamais homme n'aurait été plus inutile que saint Paul.

Si les persécutions obligeaient à la retraite, jamais personne n'a été plus obligé de se retirer que cet apôtre, puisqu'il souffrait de toutes sortes de personnes, et des infidèles et de ceux de sa nation, et même des faux frères, qui se disaient domestiques de la foi ; en toutes sortes de lieux, dans les solitudes aussi bien que dans les villes, sur la mer aussi bien que sur la terre. (II Cor. XI, 26)

Mais il savait bien, ce qui depuis a été enseigné par saint Grégoire, que l'opposition que l'on forme contre les bons desseins n'est qu'une épreuve et un exercice de la vertu, et non pas une marque que Dieu rejette celui qui souffre.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE XVII

Le discours des avantages des croix est continué


Dom Barthélemy des Martyrs a écrit que cette parole de Job est propre à celui qui est dans l'apostolat : J'ai été le frère des dragons et le compagnon des autruches. (Job XXX, 29) Il rapporte que saint Augustin disait, de son temps : « Si un homme fait quelque mal, qu'un évêque le reprenne, on le blâme, on dit, voilà un mauvais évêque ; qu'il ne le reprenne point, on le loue, et on dit : voilà un bon évêque.

Et lorsqu'il demeure ferme et constant à reprendre ce qui est répréhensible, on cherche des accusations fausses qu'on lui impute pour le rendre suspect. On dit de lui qu'il ne fait pas ce qu'il dit, ou on l'accuse de faire des choses qu'il ne fait point en effet. »

Il cite saint Bernard, qui enseigne qu'un ancien a dit, qu'un homme n'est pas vraiment courageux, s'il ne sent croitre son courage parmi les difficultés et les obstacles qui se présentent, et qui assure qu'un homme qui vit de la foi, ne doit jamais avoir tant de confiance et de fermeté que lorsque Dieu le châtie par l'affliction.

Ce grand prélat du dernier siècle cite encore ces paroles de la divine Sagesse : Faisons tomber le juste dans nos pièges, parce qu'il nous est inutile, et qu'il est contraire à nos desseins et à nos oeuvres.

Il nous reproche la violence de la loi, et il décrie les égarements de notre conduite, sa vue seule nous est insupportable, parce que sa vie est dissemblable de celle des autres, et que sa voix n'est point celle qui est commune et ordinaire.

Il nous considère comme des gens qui s'amusent à des niaiseries, et il s'abstient de notre conduite comme étant impure et corrompue, et profère ce qui doit enfin arriver aux justes. (Sap. II, 12, 15, 16)

Enfin, au-dessus de tous ces exemples, nous avons l'exemple de Jésus-Christ, dont la conduite doit être au-dessus de toutes les conduites ; qui parlant du temps de sa Passion, l'appelle l'heure de sa gloire. (Joan. XII, 23)

Ce qui a fait remarquer à saint Augustin, que notre divin Sauveur a été glorifié selon ses paroles adorables, lorsque Judas l'a trahi, et qu'il a été proche de sa croix ; et que pendant qu'il faisait des miracles, saint Jean a dit que le Saint-Esprit n'était pas donné, parce que Jésus n'était pas encore glorifié. (Joan. VII, 39) .

Il n'est pas glorifié, dit ce Père, « selon l'Écriture, lorsqu'il ressuscite les morts ; mais il est glorifié lorsqu'on le mène à la mort. »

C'est une conduite de l'Esprit de Dieu qu'il faut adorer et nous y soumettre, contre tout ce que la prudence humaine, et la sagesse même de quelques gens de bien peuvent objecter. Jésus-Christ na établi la gloire de son Père que par la pauvreté, le mépris et la douleur par les persécutions et les croix.

Il ne faut donc pas prétendre prendre d'autres voies : et de vrai, c'est par ces voies toutes saintes, quoique terribles à la nature, que tous les saints ont marché et ont accompli les grands desseins de Dieu sur eux.

Il faut que la prudence de l'homme meure, et soit anéantie aux pieds de Jésus, mort et anéanti, comme parle l'Apôtre. (Philip. II, 7) Jamais l'homme, s'il avait agit selon les lumières de sa sagesse, aurait-il pris des moyens en apparence si contraires aux desseins de Dieu pour le salut des hommes ?

Ne semble-t-il pas que la haute condition appuie fortement les desseins d'une personne, que la naissance, les richesses, les honneurs rendent plus considérable ce qu'elle dit et fait ; que l'estime est nécessaire pour introduire dans les esprits ce que l'on veut y insinuer ; qu'il faut gagner les affections des peuples, pour obtenir ce que l'on en désire ; qu'il est à propos de se faire des amis pour en être soutenu, qu'il faut prendre garde à ne pas rebuter les esprits par une doctrine sévère ; qu'il se faut conserver une réputation glorieuse, particulièrement parmi les grands, dont la faveur semble nécessaire pour réussir ; qu'il faut mener une vie qui ait de l'éclat dans le monde, et qui nous y fasse honorer ?

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE XVII

Le discours des avantages des croix est continué


Sans doute que ces considérations auraient eu lieu dans l'esprit de l'homme agissant en homme, et elles n'en ont que trop encore aujourd'hui parmi les Chrétiens, qui sont des gens morts, ou qui le doivent être aux maximes du siècle. Hélas ! Si l'admirable Jésus eût pris avis des docteurs, des savants et des politiques, ne lui auraient-ils pas conseillé toutes ces choses ?

Ne lui auraient-ils pas donné avis de naitre de la fille de quelque puissant roi, d'amasser de grands trésors, d'avoir auprès de soi des armées nombreuses et des plus savants hommes du monde, de vivre dans l'honneur et dans l'éclat, et établir une réputation glorieuse depuis un bout du monde jusqu'à l'autre, de faciliter tous les moyens qui pourraient engager les hommes à recevoir sa doctrine ; car toutes ces choses ne sont-elles pas les belles voies de faire réussir de grands desseins ?

Mais que les voies de Dieu sont éloignées des voies des hommes ! Il se fait pauvre, il vient au monde dans un lieu pauvre et d'une mère pauvre, il choisit pour son père putatif un pauvre charpentier, et il passe la meilleure partie de sa vie à travailler avec lui, comme un malheureux artisan. Ceux qui l'approchent de plus près sont de pauvres pécheurs, gens sans science, sans argent, sans éloquence, sans crédit.

La doctrine qu'il enseigne est si contraire aux sens, et si élevée au-dessus de la raison, et ce semble si peu propre à un peuple très grossier, que l'on s'en moque, comme il est remarqué en l'Écriture, que ses amis voulurent le lier, pensant qu'il eût perdu l'esprit, qu'on le voulut précipiter du haut d'une montagne en bas. (Luc. IV, 29)

Il est tellement éloigné de l'honneur, que les peuples courant en foule pour le faire leur roi, il prend la fuite dans des lieux écartés, et se retire sur des montagnes. S'il fait voir quelque éclat de sa gloire sur le Thabor, il commande à ses plus chers disciples de n'en jamais dire un seul mot pendant sa vie. Pour le mépris, c'est tout ce qu'il recherche, il va à la croix avec des désirs inexplicables, ses divines ardeurs pour les plus humiliantes confusions ne se peuvent imaginer.

On l'appelle un endiablé, un séducteur, un buveur de vin, il est accusé de crimes, il se trouve des témoins qui en déposent, les juges le condamnent, il est trainé de tribunal en tribunal comme le dernier des hommes, on lui fait souffrir des tourments inouïs, son corps virginal est déchiré de tous côtés, on lui décharge de cinq à six mille coups de fouets, on le couvre de grandes et profondes plaies, on lui perce la tête d'épines, on lui met un roseau en main comme un insensé, et on le fait mourir tout nu sur une croix.Voilà une étrange conduite d'un Homme-Dieu, pour établir une loi qu'il vient publier aux hommes.

Il faut de l'honneur et de l'estime, disent les hommes, il en est privé ; il faut des créatures, il en est délaissé ; son plus fidèle ami le renie avec jurement, un de ses disciples le trahit, les autres s'enfuient, on n'oserait pas dire qu'on le connait, l'on demeure caché.

Il faut faire de beaux sermons qui plaisent, ceux qu'il fait le font passer pour ridicule ; l'amitié des peuples est nécessaire, ils crient qu'il soit crucifié ; il faut de l'estime, on lui préfère un larron ; on doit être considéré, il passe pour fou à la cour.

Il est dans un état d'abjection si épouvantable, qu'il dit de lui-même qu'il est plutôt un ver de terre qu'un homme, ou s'il est un homme, qu'il n'en est que l'opprobre et l'abjection même. (Psal. XXI, 7) Aussi l'Apôtre dit nettement que sa conduite est un scandale aux Juifs et une folie aux gentils.

Cependant, c'est la conduite d'un Dieu qui doit l'emporter par-dessus celle que les hommes et les Chrétiens peu éclairés pourraient prétendre ; et si c'est une vérité de foi qu'il a fallu que ce Dieu-Homme ait souffert pour entrer en sa gloire (Luc. XXIV, 26), ses disciples penseront ils y arriver par une autre voie ?

Nos paroles donc et nos pensées doivent être des paroles et des pensées de croix ; notre Maitre ne pouvait s'en oublier. Il en parlait à tout le monde, dit l'Écriture, il s'en entretenait même sur le Thabor au milieu de sa gloire, et il appelle Satan le prince des apôtres lorsqu'il l'en veut détourner. (Matth. XVI, 23) Ce qui nous marque que nous devons regarder nos meilleurs amis, lorsqu'ils nous conseillent d'autres voies que celles de la Croix, comme des tentateurs : nous les devons appeler des Satans.

Pour être véritablement de la suite de Jésus-Christ, il faut nécessairement porter sa croix avec lui ; et si notre faiblesse nous donne de la crainte, il faut avoir recours à la protection de notre sainte maitresse.

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