Méditation avec Les saintes voies de la Croix du M. Henri-Marie Boudon

Postez ici vos intentions de prière.
amidelamisericorde
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CHAPITRE V

Que le bonheur du Chrétien consiste à souffrir en ce monde
Réponse à quelques difficultés que l'on objecte sur ce sujet


Disons seulement ici ce qu'assurait sainte Catherine de Gênes, sur ce sujet : Un moyen qui me plaît davantage, disait cette sainte, est quand Dieu donne à l'homme un esprit occupé en grande peine et affliction, de telle manière que la partie propre ne peut se repaître ; il est nécessaire qu'elle se consomme.

Dans les consolations, les créatures se mettent entre Dieu et nous ; dans les afflictions Dieu se met entre nous et les créatures pour nous en séparer. Notre-Seigneur a dit à une sainte âme, que les prières lui étaient plus agréables lorsqu'on les faisait dans la sécheresse, la peine, la douleur et la répugnance. Mais enfin l'Écriture ne nous dit-elle pas que saint Pierre ne savait ce qu'il disait quand il disait qu'il était bon de demeurer dans la consolation du Thabor ?

Cependant les divines lumières qui y paraissaient, les douceurs que l'on y goûtait, étaient très bonnes et très excellentes, puisque c'était un rejaillissement des lumières et des torrents de la gloire du paradis et de la gloire du Sauveur même.

Après tout, l'adorable le Jésus est le véritable exemplaire de tous les élus, et sa divine vie, la règle de la vie de tous ceux qui seront sauvés. Jetant donc les yeux sur ce modèle adorable, nous n'y verrons que croix : croit extérieures terribles, croix intérieures extrêmes.

Toute sa sainte vie s'est passée dans la douleur ; car ou il souffrait actuellement des peines extérieures, ou son esprit en était affligé par la vue très présente qu'il en avait, et cela avec tant de fidélité pour la croix que sur le Thabor même, la gloire faisant un déluge de joie de toutes ses facultés, tant inférieures que supérieures, qui portaient leurs effets jusque sur ses vêtements, au lieu d'y arrêter son esprit, il en détournait ses pensées pour ne songer qu'aux tourments de sa passion, et pour nous enseigner fortement que les joies sensibles ne sont pas propres pour cette vie :

vous diriez qu'il veut étouffer dans l'esprit de ses disciples la vue de la gloire qu'il leur avait montrée, ne les entretenant ensuite que des souffrances ignominieuses de sa croix.

Enfin cette proposition du grand Apôtre est générale : Jésus-Christ n'a point pris de satisfaction en lui-même. (Rom. XV, 3) Cette proposition est si universelle, dit le révérend P. Louis Chardon, Dominicain, en son excellent Livre de la croix de Jésus, ouvrage qui ne peut être assez loué, qu'elle comprend son entendement, son esprit, son jugement, sa mémoire, ses richesses et les trésors de la science, qui ne l'ont jamais satisfait.

Elle comprend encore la complaisance qu'il pouvait tirer de l'union ineffable de son âme sainte avec une personne divine. Quelle pensée plus pressante pour être transporté de joie. Après tout cela la joie inénarrable qu'il devait recevoir de la vision béatifique est refusée pour donner la préférence à la pensée de la confusion de la croix qui s'empare d'une partie de son esprit. Mais en mourant, remarque le même auteur, son amour pour la croix ne meurt pas.

Son côté sera ouvert par un coup de lance : il veut que la divine Eucharistie soit une représentation continuelle de sa passion ; et parce que le sacrifice doit finir avec le monde, il réserve ses plaies pour l'éternité ; plaies capables non seulement de recevoir les doigts, mais encore les mains de ses apôtres, pour nous marquer que ses inclinations à la croix ne peuvent finir.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE V

Que le bonheur du Chrétien consiste à souffrir en ce monde
Réponse à quelques difficultés que l'on objecte sur ce sujet


Je sais que quelques-uns disent qu'il était nécessaire que l'adorable Jésus fût ainsi crucifié, parce qu'il était le Sauveur des hommes, et qu'il était venu satisfaire pour leurs péchés. Mais, ô mon Dieu ! Que l'esprit de l'homme est bizarre et peu raisonnable dans ses pensées ! S'il a été nécessaire que celui qui est l'innocence même ait souffert, le criminel doit-il mener une vie délicieuse ?

Si ce Fils bien-aimé du Père éternel, tout Dieu qu'il était, pour avoir pris l'apparence du pécheur et s'être présenté en son nom à son Père, a été accablé sous les torrents de sa colère, et en a porté des déluges de souffrances, l'esclave du démon, qui ne mérite que la colère de Dieu et l'enfer, doit-il être exempt de peines ? Oh ! L'étrange et inconcevable raisonnement ! Il faut que le Maître, le Seigneur, le Fils, le Roi, et Dieu même souffre ; mais pour l'esclave, le sujet, la créature, le néant, et le pécheur qui est au-dessous du néant, ce n'est pas là son affaire : la joie et la douleur de la vie, voilà son partage.

Je demande de plus à ces personnes, si la croix n'était pas la grande grâce de la vie présente, d'où vient que le Fils de Dieu a tant souffert, et souffert jusque-là que la vie lui était à charge, comme il est rapporté en saint Marc, au chapitre XIV, puisque la moindre de ses peines était suffisante pour satisfaire pour des millions de mondes ?

Cette surabondance de croix nous est un témoignage infaillible de son amour pour les souffrances. Je leur demande encore d'où vient que la très sainte Vierge a été abîmée comme dans une mer immense de douleurs, et qu'elle a plus enduré que tous les saints. Je leur demande d'où vient que la sainte Église chante : Tous les saints, combien ont-ils souffert ? La sainte Vierge cependant qui n'a jamais contracté ni commis le moindre péché, ne pouvait souffrir pour être purifiée de ses taches, étant plus pure que le soleil et les anges.

Marque évidente que les états de peine ne sont pas seulement peur purifier, mais pour sanctifier de plus en plus les âmes. Enfin je leur demande de qui nous apprendrons les voies du ciel, si ce n'est de celui qui est la voie, la vérité et la vie !

Certainement, s'il eût trouvé, selon sa sagesse infinie, qu'il y eût eu quelque chose de meilleur en ce monde que la souffrance, il l'eût enseigné par son exemple. Cette pensée est du livre divin de l'Imitation de Jésus-Christ.Ce que tant de miracles n'avaient pu faire, il l'a fait par la croix : marque donc qu'elle renferme quelque chose de plus grand que ce qu'il y a de plus merveilleux et de plus miraculeux en cette vie.

Mais écoutons ce divin maitre, parlant à tous ses disciples : Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à soi-même et porte sa croix. (Matth. XVI, 24). Il ne dit pas : Ayez de hautes contemplations, de belles lumières, des consolations et des joies spirituelles : il ne demande que la croix, et pour prévenir la mauvaise réponse de ces personnes qui disent que cela est bon pour un temps, il ne limite point son ordre à de certains âges, conditions ou états intérieurs ; mais il prononce généralement à tous ceux de sa suite, qu'ils doivent porter la croix ; et pour ôter tout doute, un évangéliste rapporte qu'il disait qu'il fallait porter sa croix tous les jours.

Voilà une décision bien nette. Il le faut bien, puisque le même divin maître nous assure que comme son Père l'a envoyé, il nous envoie. Si donc il a été envoyé pour souffrir, nous sommes aussi en ce monde pour la peine. Que ces personnes qui renvoient les tourments à notre bon Sauveur fassent réflexion sur ce passage, qui est expliqué, comme je le fais, par les saints Pères et les auteurs spirituels.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE V

Que le bonheur du Chrétien consiste à souffrir en ce monde
Réponse à quelques difficultés que l'on objecte sur ce sujet


Enfin, sommes-nous plus sages que la Sagesse même ? Le Fils de Dieu a cru que son Père serait plus glorifié par les voies de la croix, que par les voies douces ; pourquoi ne serions-nous pas dans les mêmes sentiments ? Tout le christianisme a été établi dans cet esprit.

Toutes les réformes et les plus grands desseins de Dieu ne s'accomplissent que par ce moyen. Le salut, dans l'Écriture (Apoc. VIII, huit), est comparé à une montagne, parce qu'il faut peiner pour y monter. Sa voie est étroite, et bien étroite ; ce qui fait voir que l'on n'y marche pas sans difficulté.

La sûreté y est tout entière, mais la peine s'y trouve. C'est une parole fidèle, dit le grand Apôtre, que si nous mourons avec Jésus, nous mourrons avec lui, mais ne voyez-vous pas la condition ? C'est pourquoi il appelle tous les Chrétiens des morts.

Il faut donc conclure par ces paroles que le Fils de Dieu adressait à sainte Thérèse : « Le bien de ce monde ne consiste pas à jouir de moi, mais à me servir, à travailler pour ma gloire, et à souffrir à mon imitation. » Ne vous étonnez pas ensuite si cette grande sainte avait pris pour maxime, Ou souffrir, ou mourir, comme si elle eût voulu dire :

Dès que lon ne souffre plus en ce monde, il faut le quitter, la croix y étant notre grande affaire. Ne nous étonnons pas si sainte Catherine de Sienne choisit la couronne d'épines, et la préféra à toutes les autres.

CHAPITRE VI

Les croix sont une marque de prédestinationet d'une haute prédestination


Ô éternité ! Ô éternité, que tu entres peu dans l'esprit des hommes ! Leur aveuglement est si déplorable qu'ils sont tous plongés dans la pensée de ce qui ne fait que passer, et ils ne s'occupent de rien moins que de ce qui est éternel. Il est bien vrai encore que l'éternité entre peu dans les âmes qui en sont même les plus pénétrées, parce que tous les hommes ne peuvent la comprendre ; mais en même temps il est aussi vrai qu'elle comprendra tous les hommes.

Ô éternité, tous les hommes entreront, pour n'en sortir jamais, dans les abîmes dont la profondeur n'a point de fin. Mon âme, voilà de grandes vérités qui nous regardent, dont nous aurons l'expérience, et dans peu. Bientôt nous allons entrer dans cette éternité, après quelques années qui nous restent, s'il nous en reste encore. Sera-ce dans l'éternité bienheureuse ou malheureuse ! C'est ce que nous ne savons pas.

Ô incertitude épouvantable : j'aperçois les colonnes du ciel qui en tremblent : je vois que ceux qui doivent juger le monde en pâlissent d'effroi. Cependant, tremblons tant quil nous plaira, faisons de nos yeux des sources intarissables de larmes, il en faut passer par là. Ô mon âme, dans peu, encore une fois, nous y allons passer.

C'est donc en ce sujet qu'il faut prendre des mesures bien justes : s'y tromper, c'est se perdre sans ressource. Hélas ! Ô pensée terrible ! c'est une damnation assurée. Les docteurs se présentent, et les saints Pères, qui nous donnent des signes de prédestination, c'est-à-dire, des marques pour connaître si l'on possédera la bienheureuse éternité. Ils en apportent plusieurs qui demandent de profonds respects, qui sont bien capables de consoler. Mais écoutons celui qui ne peut se tromper et qui ne peut tromper, le Saint-Esprit, l'Esprit de vérité. Assurément les choses qu'il révèle sont infaillibles.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE VI

Les croix sont une marque de prédestination et d'une haute prédestination


J'entends donc qu'il dit dans 1'Écriture : Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec leurs vies et leurs convoitises. (Galat. V, 24)

Ô mon âme, il faut donc être crucifiée pour être à Jésus-Christ. J'entends qu'il dit que celui qui hait son âme en ce monde la garde pour la vie éternelle. (Joan. XII, 25)

Voilà qui nous apprend qu'il faut se haïr pour être sauvé ; et si certainement, qu'il assure, pour ôter tout doute, que celui qui s'aime se perdra.

J'entends qu'il dit, que les élus sont des gens que le Père éternel a prédestinés pour être conformes à l'image de son Fils.

Donc la véritable marque de la prédestination se trouve dans la ressemblance que l'on a avec ce Fils bien-aimé. Arrêtons, arrêtons donc nos yeux sur ce divin original, pour en devenir de véritables copies ; et de temps en temps regardons-nous pour voir si nous lui ressemblons. C'est ce qui doit faire notre règle en matière de salut !

Vous qui lisez ceci, prenez-y garde. Êtes-vous semblable à Jésus-Christ ? Ô mon âme, nous qui écrivons ces vérités, lui sommes-nous semblables ! On entendit, dit l'Écriture, une voix des cieux, qui disait : Vous êtes mon Fils bien-aimé (Matth. XVII, 15) : et incontinent l'esprit le chassa dans le désert, et il y était avec les bêtes, comme le rapporte saint Marc. Aussitôt que le ciel déclare que l'adorable Jésus est Fils bien-aimé du Père éternel, aussitôt le voilà dans la souffrance.

Mais hélas ! toute sa vie n'a été qu'une continuelle croix. Si l'on demande au Fils de Dieu que son favori, saint Jean l'Évangéliste, soit assis auprès de lui en son royaume, il demande s'il peut boire son calice. Voilà la condition nécessaire dont les favoris ne sont pas exempts.

Benjamin, dans l'ancienne loi, était la figure des prédestinés ; aussi la coupe ou calice lui est donnée ; présent, dit saint Ambroise, qui ne se fait qu'à l'un de tous les enfants de Jacob.

On donne bien du blé à tous ; mais le calice est réservé pour un seul. Enfin, notre grand docteur du salut, l'adorable Jésus, nous enseigne que ses disciples pleureront, et que le monde se réjouira, ce monde qui ne connaît pas Dieu et qui est son ennemi.

On ne peut donner des marques plus visibles du salut. Les pleurs et les larmes, selon la doctrine d'un Dieu-Homme, sont le partage des prédestinés.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE VI

Les croix sont une marque de prédestination et d'une haute prédestination


Mais ces marques sont-elles si certaines et si générales qu'elles conviennent à tous les élus ! Il n'y a point à douter, puisque le Saint-Esprit nous assure très clairement, en l'épître des Hébreux, que Dieu reprend et châtie tous ses enfants. Qui dit tous n'en excepte pas un.

Et afin de ne laisser aucun subterfuge à l'esprit humain, il appelle ceux qui ne sont pas châtiés des illégitimes, et non pas de véritables enfants. L'Écriture peut-elle parler plus clairement ?

C'est pourquoi saint Augustin ne fait pas difficulté de dire que celui qui n'est pas au nombre des personnes qui souffrent n'est pas au nombre des enfants de Dieu : qu'il ne faut pas espérer l'héritage du salut, sans participer à la croix ; que c'est bien se tromper que de vouloir s'exempter des peines en cette vie, aucun des élus n'en ayant pas été exempt. Voulez-vous l'entendre, dit ce Père ?

Dieu n'a qu'un Fils naturel, qui est l'innocence même, et qui est impeccable, et cependant il ne l'a pas exempté de la loi des souffrances. Un saint évêque, bien pénétré de cette vérité, ayant rencontré un homme qui lui dit qu'il avait toujours été dans l'honneur et dans l'aise, jouissant d'une bonne santé, au milieu d'une abondance de biens, et d'une famille qui était toute dans la prospérité :

Hélas ! s'écria ce prélat, voilà de grands signes de la colère de Dieu ; fuyons bien vite d'une maison où il ne paraît aucune croix. À peine était-il sorti que la colère de Dieu tomba sur cet homme et sur sa famille, qui furent tous accablés sous les ruines de leur maison.

Il faut dire de plus que les croix non seulement sont les marques de la prédestination, mais d'une haute prédestination : cela se voit manifestement en la personne de Notre-Seigneur, de la très-sainte Vierge, et des plus grands saints, qui ayant été élevés à une plus haute sainteté, ont été chargés de plus pesantes croix.

Ces pierres vives, dont le Tout-Puissant bâtit la Jérusalem céleste, sont, comme le chante l'Église, polies par le coup des afflictions. Or, dans cette grande cité de la Jérusalem céleste, tous les prédestinés y ont chacun une demeure particulière, qui, à proportion qu'elle doit être ample et élevée, demande plus ou moins de travail. Le peu de travail que l'on fait pour commencer et achever est une marque bien évidente que ce n'est pas grand-chose.

Courage donc, ô mon âme qui souffrez : toutes vos peines ne servent qu'à l'accroissement de votre gloire. Voyez-vous tous ces gens qui s'unissent pour vous faire souffrir ; ces démons qui vous attaquent avec rage ; ces hommes méchants qui vous font des persécutions si injustes, ces bons qui sy mêlent, pensant bien faire ; ces amis qui vous laissent, ces proches qui vous rebutent ?

Ce sont autant d'ouvriers qui travaillent à vous faire de glorieuses couronnes. Ô les bons ouvriers ! Et qu'ils sont aimables, si vous les connaissez bien, et si vous les regardez par les yeux de la foi, et non par les yeux de la chair ? Oh ! Que bienheureux sont ceux qui pleurent !

Demeurons-en aux sentiments d'un Dieu, quoi qu'en pensent les créatures. Ô mon âme, les heureuses nouvelles ! Nous régnerons, nous régnerons avec le grand Roi Jésus, si nous souffrons avec lui.

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CHAPITRE VII

Les croix élèvent à une gloire incomparable


Oh ! Que les ambitieux du siècle n'entendent-ils bien cette vérité ! Quils changeraient bientôt d'humeur et d'inclination, foulant aux pieds tout ce qui éclate davantage dans le monde, pour ne plus soupirer qu'après la gloire de la croix !

Oui, nous soutenons, avec les saints les plus éclairés, qu'elle est incomparable. Mais cette vérité éclate d'une manière admirable en la bouche d'or de l'éloquent saint Jean Chrysostome.

Vous diriez que le ciel verse dans l'esprit de ce grand prélat de Constantinople toutes les plus riches lumières de la croix, parce qu'il le destine aux plus pénibles souffrances.

Tous les mystères les plus cachés de la croix lui sont manifestés. On le fait pénétrer dans l'intime de ses plus divins secrets, parce qu'il doit passer dans les voies les plus rigoureuses et servir d'un modèle achevé de patience à toute la postérité. Voici les sentiments de cet homme divin sur la gloire incomparable des souffrances.

Premièrement, si dans les honneurs les plus relevés du siècle, il n'y a rien de plus brillant que les couronnes des monarques, il assure que souffrir est quelque chose de plus brillant que l'empire de l'univers, et que tous ceux qui souffrent chrétiennement sont de grands rois.

Secondement, si les qualités d'apôtres et d'évangélistes sont les premières dignités de l'état de Jésus-Christ, il proteste que la gloire de l'apostolat et de l'écrivain sacré doit céder à celle des souffrances ; qu'il est plus illustre d'être chargé de chaînes pour Jésus-Christ, que de porter la qualité d'évangéliste ou celle de docteur du monde.

En troisième lieu, il déclare qu'il quitterait volontiers le ciel, s'il était à son choix, pour endurer pour le Dieu du ciel ; qu'il préfèrerait les cachots aux premières places de l'empyrée ; que la gloire des séraphins ne lui donne pas tant d'envie, que celle des plus pénibles croix.

C'est pourquoi il estime saint Paul plus heureux d'avoir été emprisonné, que d'avoir été ravi au troisième ciel ; et il préfère l'ignominie du prince des apôtres, chargé de fers, à la félicité de l'esprit bienheureux qui le délivre. En quatrième lieu, il poursuit, et ne fait pas difficulté de dire qu'il aime mieux être maltraité de Jésus-Christ, par sa participation de sa croix, que d'être honoré de ce Roi du ciel et de la terre.

En cinquième lieu, comme il remarque que le don des miracles attire la vénération de tous les peuples, il enseigne que commander aux démons, donner le branle et le mouvement à tous les éléments, arrêter le soleil, sont de moindres choses que l'honneur des souffrances.

Et de vrai, le grand saint Augustin considère dignement que l'Évangile nous dit que le Saint-Esprit n'était pas donné, parce que Jésus n'était pas glorifié, et cela dans le temps qu'il faisait des miracles admirables.

Chose étrange ! dit ce Père ; Jésus n'était pas glorifié lorsqu'il commandait à la mort par la résurrection de plusieurs à qui il redonnait la vie ; il est glorifié, lorsque la mort lui commande et lui fait perdre la sienne.

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CHAPITRE VII

Les croix élèvent à une gloire incomparable


N'est-ce pas à raison des ignominies et des abjections de cette mort douloureuse de notre divin Maitre, que son Père l'a exalté et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, en sorte qu'au nom de Jésus toutes les créatures du ciel, de la terre et de l'enfer, fléchissent le genou ? N'est-ce pas pour cela qu'il appelle l'heure de sa mort, l'heure de sa gloire ? Après cela cessons de nous étonner si les saints mettent le dernier point d'honneur de la vie présente dans les derniers abaissements.

Saint Paul prend pour une de ses plus honorables qualités, celle de Paul le captif ou l'enchaîné, (Philem. 1) et met sa grande gloire dans l'infamie du gibet souffert pour le nom de son maître. Je vous demande, à vous qui lisez ces vérités, ce que vous faites. Vous venez de voir ce que le roi des saints et ses plus grands saints ont fait ; mais que voyez-vous en vous-même ?

Examinez un peu devant Dieu vos sentiments sur ces croix : vous y considérez-vous comme un grand roi, comme une personne dont les souffrances sont plus estimées des apôtres et des évangélistes que leurs qualités, qui les rendent les premiers de l'Église ? Vous y regarderez-vous comme celui dont l'état donnerait de l'envie aux séraphins, s'ils en étaient capables, et qui vous rend plus glorieux que si vous ressuscitiez les morts ?

Car si cela est, pourquoi êtes-vous triste ? Pourquoi vous impatientez-vous quand vous souffrez ? Êtes-vous d'humeur à murmurer de ce que l'on vous met le sceptre en main et la couronne en tête, et que l'on vous fait des honneurs que les monarques mêmes ne prétendent pas ?

Ô pauvre affligé, rebuté, délaissé, qui es traité comme l'ordure du monde, réjouis-toi, console-toi. Réjouis-toi, ô pauvre, qui n'as pas un morceau de pain : encore un peu, un peu de patience, et aux yeux de tous les hommes de la terre, et à tes propres yeux, qui, en ce monde, sont souvent fermés à ces divines lumières, tu te verras élevé à une gloire incomparable. De quoi donc avez-vous peur, dit saint Ambroise ? Ceux qui craignent d'être tentés et affligés craignent d'être couronnés.

CHAPITRE VIII

Les croix sont le paradis de la terre


On a bien recherché en quel lieu du monde est le paradis terrestre, et fort inutilement. Sans tant de recherches, le voilà tout trouvé. Il ne faut pas aller loin pour faire une si heureuse découverte. Avez-vous trouvé à souffrir, vous avez trouvé le paradis de la terre. Cette proposition peut-être semblera de prime abord surprenante, mais elle n'en est pas moins assurée.

Il n'y a personne qui puisse nier qu'il n'y a point d'autre véritable paradis que Dieu seul, et que c'est dans sa seule union que l'âme trouve sa parfaite félicité. C'est une vérité constante pour le ciel et pour la terre, avec néanmoins cette différence, que l'union avec Dieu dans le ciel est dans son terme ; qu'elle n'augmente plus et est exempte de toute peine ; et, qu'au contraire, l'union avec Dieu en cette vie peut augmenter et croître de plus en plus ; ce qui ne se fait pas sans difficulté, à raison des obstacles que nous y avons.

Or, comme les croix sont le grand moyen qui éloigne de nous les empêchements à l'union divine, nous retirant de l'être créé pour nous unir à l'incréé, on peut bien dire qu'elles sont le paradis de ce monde, puisque, par elles, nous sommes unis à Dieu seul, notre centre et notre fin.

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CHAPITRE VIII

Les croix sont le paradis de la terre


C'est pourquoi nous disons que la félicité de la vie présente consiste dans les souffrances, puisqu'elles nous font jouir de Dieu seul d'une manière plus pure et plus parfaite.

Il est vrai que souvent la douceur de ce bonheur n'est pas goûtée dans les sens, ni connue dans la partie inférieure raisonnable, de peur que l'amour-propre et la propre satisfaction ne s'y mêlent ; mais ce bien ne laisse pas d'être véritablement dans l'âme, qui jouit de son véritable bonheur quand elle est dans son centre, c'est-à-dire dans l'union avec son Dieu.

Elle le voit bien, quand il plaît à son Souverain de le lui manifester ; ce qu'il fait quelquefois avec des douceurs sensibles si charmantes, ou, si les sens n'y ont pas de part, avec des lumières si vives et si certaines, qu'il lui semble être dans les avant-goûts de la joie des bienheureux, parmi les croix les plus pénibles à la nature.

Mais enfin ces douceurs sensibles et ces lumières aperçues ne sont que de petits rejaillissements de la grâce sur la partie sensitive, ou quelque connaissance réfléchie du bien que l'on possède, qui est l'union avec Dieu seul.

Or cette union, en ce monde, est d'autant plus pure et plus parfaite, quelle est moins connue. Pourvu que l'on soit très uni à son centre, on possède la félicité dont on peut jouir. On peut ici remarquer la raison par laquelle de saintes âmes se sont trouvées dans une grande tristesse, lorsque les croix qui les affligeaient étaient sur le point de finir.

Quelquefois même elles étaient tout étonnées d'où leur pouvait provenir une tristesse si extraordinaire ; car, ordinairement, on sent de la joie dans la délivrance des peines. C'est que ces âmes ayant rencontré leur bonheur dans l'union avec Dieu seul par le moyen des croix, et connaissant qu'elles allaient perdre ce moyen, se trouvaient dans la peine, appréhendant, dans sa privation, de ne pas jouir de leur centre parfaitement.

Nous disons ensuite qu'il est plus doux de souffrir que de penser à la souffrance. Cela peut encore paraître surprenant, et cependant cela est très vrai. La raison est que la pensée de la souffrance ne nous unit pas à Dieu seul comme la souffrance actuelle.

Le chemin qui mène au lieu où l'on va est le moyen nécessaire pour y arriver ; mais il y a bien de la différence de la pensée de se mettre en chemin, ou bien de le prendre. Vous voyez bien que la pensée d'aller au lieu ne nous y conduit pas ; de même les sentiments, les vues ou pensées des croix ne nous conduisent pas à l'union avec Dieu seul, comme les croix mêmes, et par conséquent ne nous font pas jouir du bonheur qui se rencontre dans cette union comme les souffrances actuelles.

Ô âme chrétienne, fais ce que tu voudras, tourne-toi de quel côté que tu pourras ; quand tu jouirais de tous les honneurs, plaisirs et richesses du monde, tu ne trouveras ton repos qu'en Dieu seul : Dieu seul est ton principe, ta fin et ton centre. Voyez-vous cet homme qui, par quelques faux pas, s'est disloqué un os ; il souffre de grandes douleurs, et crie.

Mais si on lui disait : Eh ! pauvre homme, pourquoi cries-tu ? Tu n'as rien de rompu ; l'os de ta jambe ou de ton pied est en son entier. Hélas ! vous dirait-il, il est bien vrai ; mais c'est assez, pour me faire bien de la douleur, qu'il soit hors de sa place.

Si un os hors de son lieu ordinaire est capable de donner tant de peine, ô mon Dieu ! que doit-on penser d'une âme qui est hors de l'union avec Dieu ? Mais quel bien est-ce que la croix, puisqu'elle nous y conduit si avantageusement, nous y conserve si sûrement, nous en fait jouir de plus en plus si saintement ?

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Les croix sont le paradis de la terre

J'ai connu une personne qui, étant malade, se trouvait soulagée du mal de tête, que la fièvre lui donnait, en s'entretenant du bonheur des croix ; et voici comme elle y pensait. Elle se représentait un grand délaissement des créatures, un grand nombre de persécutions, la perte de son honneur et de ce que l'on a de plus cher au monde.

Elle se considérait comme abandonnée de ses amis, décriée parmi les gens de bien et les serviteurs de Dieu, ne trouvant qu'oppositions partout, regardée comme la malédiction du monde. Ensuite elle se voyait dans un tel abandon de toutes les créatures, que, réduite dans une dernière extrémité de maladie, elle ne pût pas trouver une table pour se retirer, pas un verre d'eau pour sa nécessité, pas une seule personne pour l'assister ; mais qu'elle fût obligée de mourir en pleine rue, dans un ruisseau, comme un pauvre chien. S'entretenant de la sorte, elle se trouvait bien soulagée, et elle disait :

Cet état est le paradis de la terre. S'il y a quelque bonheur au monde, c'est celui-là. Dans la suite des temps, cette personne a éprouvé une grande partie de ce qu'elle pensait pour lors, et je lui ai ouï dire, dans l'épreuve, qu'elle était bien éloignée de changer de sentiment, mais qu'elle découvrait cent mille fois mieux que la félicité de la vie présente consiste à y souffrir beaucoup. Ô Dieu seul : Dieu seul ! Dieu seul !

ORAISON A LA TRÈS SAINTE VIERGE

La reine de toutes les plus saintes lumières de la grâce


Sainte Vierge, vous êtes comme une divine aurore dans le point du jour de votre conception immaculée, toute pure et toute sainte ; vous êtes comme une belle lune dans le progrès de votre vie admirable ; vous êtes encore choisie comme soleil, non seulement parce que vous êtes toute couverte du soleil de justice et que vous êtes toute pénétrée des lumières de la grâce et des ardeurs ineffables de son pur amour, mais encore parce que, comme c'est le soleil visible qui donne le jour au monde sublunaire, de même c'est pour vous que le soleil visible communique ses clartés à tout le monde de la grâce.

Ô sainte Vierge, obtenez donc à mon esprit, et à ceux qui liront ce petit ouvrage, qui est tout à vous, aussi bien que tout le reste que je puis avoir, quelque participation spéciale aux lumières de votre Fils bien-aimé, qui nous fasse concevoir toujours une très haute estime de la croix, pour avoir ensuite un véritable amour qui nous serve à nous unir à la très sainte Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, Dieu seul. Ainsi soit-il.

LIVRE DEUXIÈME

CHAPITRE PREMIER

Les voies de la croix sont différentes


Quoiqu'il soit vrai que les véritables disciples du Fils de Dieu portent tous leur croix à l'imitation et la suite de leur divin Maître, il est néanmoins assuré qu'ils ne la portent pas également. Tous marchent par la voie de la croix, mais d'une manière bien différente. Les uns y sont conduits par des peines extérieures, les autres par des peines intérieures. Vous en voyez qui sont exercés par des maladies corporelles ; vous en voyez qui sont affligés par la perte de leurs plus belles lumières, et même de leur esprit, comme il est arrivé à des premiers hommes du monde et à d'autres serviteurs de Dieu.

Il y en a qui sont réduits à une grande pauvreté ; soit par la perte d'un procès ou d'autres fâcheux événements, soit par la misère de leur naissance. Il y en a qui gémissent par la privation de leurs honneurs, de leurs charges et de leurs emplois. Quelques-uns sont persécutés des hommes ; ils ne trouvent de tous côtés que contradictions, et des bons aussi bien que des méchants ; leur réputation est déchirée, on leur suscite des calomnies de toutes parts.

Quelques autres sont rudement tourmentés par les démons. Il s'en trouve d'étrangement crucifiés par des peines intérieures qui sont très différentes, selon la disposition de la divine Providence. Vous en remarquerez dans un grand abandonnement de personnes qu'ils ont obligées, de leurs amis, de leurs parents et même des plus proches. Une femme souffrira beaucoup d'un mari, un mari d'une femme, un père d'un enfant.

Source : livres-mystiques.com

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LIVRE DEUXIÈME

CHAPITRE PREMIER

Les voies de la croix sont différentes


Or, il y a de ces personnes crucifiées qui portent plusieurs de ces croix ensemble. Il y en a qui sont tourmentées de tous côtés, du ciel et de la terre, des hommes, et des démons, extérieurement et intérieurement. Il y a des croix qui, quoique légères en elles-mêmes, sont très pesantes et font beaucoup souffrir ceux qui les ont. Il y en a qui de soi sont très lourdes et qui deviennent fort légères par la facilité que la grâce y donne.

On rencontre des personnes qui font pitié par les maux épouvantables qu'elles endurent : et, au dedans, ces gens surabondent de joie, ce qui fait qu'ils souffrent presque sans souffrir.

On en verra d'autres dont les peines sont si légères que leurs meilleurs amis n'en font que rire ; personne ne croit les devoir plaindre ; cependant leurs souffrances sont extrêmes. Après tout, quoiqu'il soit vrai que le Chrétien a toujours la croix à porter durant le cours de cette vie, puisqu'il a toujours à combattre et qu'il peut toujours pécher (quand même il serait confirmé en grâce, ce don n'exemptant pas de péchés véniels), cependant il y a des conduites de Dieu qui sont mêlées de beaucoup de consolations.

Il y a des âmes à qui la peine ne fait presque plus de peine. Dans toutes ces voies différentes, il faut adorer, aimer, bénir, louer et remercier avec une soumission totale la disposition de la divine Providence, se donnant bien de garde de vouloir éplucher et examiner pourquoi Dieu conduit les uns d'une manière, et les autres d'une autre.

L'esprit créé se perdrait dans cet abîme. Dieu est le maître absolu ; c'est à la créature à se tenir dans une entière dépendance de ses ordres, à les adorer et aimer, à garder un profond silence dans un dernier respect, et n'être pas si insolemment téméraire que de lui demander : Pourquoi le faites-vous ? À bas l'esprit humain, à bas le raisonnement humain devant Dieu !

Autrement, c'est se faire une voie pour aller en enfer, pour y être damné éternellement avec les esprits diaboliques qui y sont pour leur superbe. Je ne dis pas que l'on puisse empêcher quantité de pensées qui viennent involontairement, mais il ne s'y faut pas arrêter avec détermination de la volonté.

Au reste, il y a des crucifiés que Dieu tire de l'opprobre de ce monde, et dont il justifie l'innocence sans épargner même les miracles pour ce sujet. Mais il y en a dont l'innocence demeure toujours opprimée, qui vivent et meurent dans leurs croix, qui même sont persécutés après leur mort.

Cela se voit en plusieurs saints, qui ont porté des peines intérieures durant toute leur vie, ou qui ont toujours été dans la calomnie, leur mémoire étant même combattue après leur mort.

L'on peut dire à tout cela, que ceux-là sont plus heureux qui ont plus de conformité à Notre-Seigneur qui a toujours été dans la douleur, dans la pauvreté, dans le mépris, qui, étant l'innocence même, n'a pas été justifié, mais sur les accusations que l'on faisait de sa divine personne, a été jugé et condamné à toutes sortes de tribunaux ecclésiastiques et laïques, par les rois, par les gouverneurs de provinces, par le grand-prêtre, par les pontifes et les docteurs de la loi ; qui n'a voulu faire aucun miracle en la croix pour se justifier, quoiqu'on lui dit qu'on croirait en lui, s'il en faisait ; qui n'en a point voulu faire pour tirer sa très sainte Mère, et saint Joseph, de leurs pauvreté et afflictions.

À la vérité, il en fait plusieurs pour le soulagement de quantité de saints : mais il n'en a pas usé de la sorte à l'égard de sa divine personne, de celle de sa sainte Mère, de saint Joseph, de saint Jean-Baptiste, qu'il a laissés dans une conduite ordinaire pour les biens de la vie. Il a de plus voulu, ce Dieu-Homme, après sa mort, et au milieu de ses triomphes, souffrir encore par les péchés des Chrétiens, par l'erreur des hérétiques, par l'infidélité des Turcs et des païens :

il a exposé son corps à des ignominies effroyables dans le très saint sacrement, n'y faisant voir aux sens autre chose qu'une apparence du pain ; il souffre d'être blasphémé tous les jours, méprisé, contredit, rebuté, chassé de l'esprit, du coeur, et extérieurement de tant de provinces et royaumes, dont l'hérésie a banni la divine Eucharistie.

Après cela, doit-on s'étonner s'il a des élus qu'il destine à des souffrances durant toute leur vie, et même après leur mort ? Le jour du grand jugement général, à la fin des siècles, est réservé pour mettre en évidence toutes choses, et pour récompenser ou punir publiquement, et devant tous les peuples de la terre, le vice ou la vertu.

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LIVRE DEUXIÈME

CHAPITRE II

Que chacun doit porter sa croix et de quelle manière il faut la porter


Après avoir parlé de tant de croix différentes, que nous reste-t-il, sinon de prendre la nôtre, celle qu'il plaît à la divine Providence de nous donner ? Mais que notre Maitre s'explique clairement sur ce sujet, lorsqu'il dit : Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il porte sa croix ! (Matth. XVI, 24) Car il ne dit pas qu'il porte la croix, mais sa croix. C'est donc une vérité certaine, qu'il faut que chacun porte la sienne.

Ô mon âme, vois-tu ce divin Roi des prédestinés, à la tête de tous ses élus, chargé de la plus lourde croix qui fut jamais, et qui renferme toutes les croix des saints ? Si tu prends bien garde à toute sa suite, tu ne verras aucun de ceux qui sont à lui, depuis le commencement du monde jusqu'à la fin des siècles, qui ne porte la sienne.

Résolument, il faut donc aussi porter la nôtre : et comment faire autrement ? Serions-nous assez perdus d'esprit pour penser qu'il y aurait une exception pour nous seuls, de la vie générale de tous les prédestinés ? Non, non, il n'y a point à hésiter sur ce qui est sûr de la dernière certitude. Chacun doit porter sa croix.

Nous parlerons amplement, dans le quatrième livre de ce petit ouvrage, de la manière de la bien porter. Mais nous dirons ici quelque chose de ce qu'il y a à éviter ou à faire. Disons donc, pour commencer, qu'il faut se donner de garde de trois choses.La première, de ne se les pas procurer par ses fautes ou par son imagination, se formant des états de peines, parce qu'on les a lus ou entendus, ou parce qu'on y a trop rêvé.

Quand les fautes sont faites, ayez-en regret, mais ne vous inquiétez pas ; et, pour l'imagination, tâchez doucement d'y apporter du remède, la divertissant de son application, et agissant selon les avis que les personnes expérimentées vous donneront.

Après cela, donnez-vous du repos, et sachez une bonne fois que les effets qui viennent de vos péchés ou de votre imagination, et qui ne sont plus volontaires en vous, sont des croix que Dieu veut que vous portiez.

Ne vous abattez donc pas sous vos peines, parce que vous vous les êtes procurées : courage, consolez-vous. Dieu, qui n'a pas voulu la cause, en veut l'effet. Nous l'avons déjà dit, et peut-être le répéterons-nous encore : les peines du purgatoire ont-elles une autre cause que le péché ? Faites comme ces bonnes âmes qui y souffrent. Endurez avec paix avec douceur, et tranquillité d'âme.

La seconde chose que l'on doit éviter, est de ne pas s'amuser à désirer d'autres croix que celles que nous avons. Vous verrez de certaines personnes qui ne font que penser à ce qu'elles n'ont pas, et ne pense jamais bien à ce qu'elles ont.

Elles s'occupent des peines des autres, elles s'imaginent qu'elles leur seraient plus propres ; et elles ne veulent pas, à ce qu'elles disent, ne pas porter la croix : hélas ! non, mais elles voudraient bien d'autres croix que celles dont elles sont chargées.

Pour ce sujet, elles se figurent qu'elles en feraient un tout autre usage, et qu'elles ne s'y laisseraient pas aller dans les fautes où elles tombent. Tout cela n'est qu'amour-propre et présomption. Pensons-nous être plus sages que la Sagesse éternelle, et savoir mieux les croix qui nous sont propres que Dieu même ?

Ô quelle folie, quelle imprudence ! Croyez-moi, nous n'y entendons rien. Si on nous laissait faire, nous ferions des croix qui nous seraient ou trop longues ou trop courtes, ou trop pesantes ou trop légères. Il n'appartient qu'à Jésus seul de nous les tailler toutes justes.

Tenez pour certain que celle que vous avez, quoi qu'en disent vos sens et votre esprit, est celle qui vous est juste. Demeurez-en là ; songez à en faire un bon usage. Le démon vous donne le change, de peur qu'elle ne vous soit utile, il vous fait penser à d'autres dont il ne s'agit pas, et vous fait oublier celle que vous avez. Après tout, ne perdez-vous pas le temps ? Et de quoi cela vous sert-il ?

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LIVRE DEUXIÈME

CHAPITRE II

Que chacun doit porter sa croix et de quelle manière il faut la porter


La troisième chose que l'on doit fuir, est une subtilité de l'amour-propre qui suggère qu'il est bien juste de porter sa croix ; mais qu'il serait à désirer qu'on l'eût à porter d'une autre manière. On veut bien le mal que l'on a, mais on serait bien aise de l'avoir d'une autre façon.

Tout cela n'est qu'une pure tromperie. Il faut porter sa croix, et la porter en la manière que Dieu la donne. C'est la volonté de Dieu qu'il y faut envisager, et non pas précisément la croix, puisque c'est sa divine volonté que nous y devons faire, et non la nôtre. Souvenez-vous que la croix de Notre Seigneur, je veux dire celle que l'on porte chrétiennement, ne consiste pas précisément à beaucoup jeûner, à veiller et à souffrir, puisque les diables ne mangent et ne dorment jamais, et qu'ils souffrent des peines indicibles.

Elle ne consiste pas précisément à se priver de son bien pour le donner aux pauvres, et vivre en pauvreté, puisque le grand Apôtre assure que cela peut se faire inutilement et sans le véritable amour de Dieu. (I Cor. XIII, 3)

Elle ne consiste pas dans la solitude ; car combien de bergers méchants, qui y passent leur vie ! Elle est donc dans la souffrance portée par l'esprit de Jésus-Christ, parce qu'il le veut de la sorte. Or cela ne se peut pas faire, si on ne souffre en la manière qu'il ordonne.

Ensuite, ménagez bien toutes vos croix. Oh ! Quil est bon en cette matière d'être un grand ménager ! Ce solitaire en était un merveilleux, qui, voyant les vers tomber de sa chair à demi-pourrie, les recueillait tous avec grand soin, pour se les appliquer à d'autres endroits de son corps.

avait grand peur d'en perdre le moindre. Ne perdez donc pas la moindre occasion de souffrir, ne laissez pas écouler le moindre de ces moments heureux ; devenez saintement avare en cette rencontre. Voyez-vous cet homme attaché au bien ?

C'est lui arracher le cur que de lui faire perdre une pistole. Ô quelle joie pour lui, si on lui présentait un trésor, où on lui donnât la liberté de puiser un jour entier, et de prendre à pleines mains de l'or et de l'argent ! Je vous assure qu'il n'en perdrait pas un moment ; serait bien habile, qui le divertirait à d'autres choses.

Mais savez-vous que le trésor des souffrances renferme des richesses immenses pour la gloire ? Si vous aviez un morceau de la vraie croix, et qu'il vous en échappât quelques parcelles qui tombassent à terre, aussitôt vous vous jetteriez à genoux pour les recueillir.

Vous regarderiez partout, de peur d'en perdre la moindre partie ; vous appelleriez vos enfants pour vous aider à les chercher. Hélas ! les croix que vous portez sont encore l'accomplissement de la croix de notre bon Sauveur. Prenez-y bien garde, n'en laissez rien échapper.

Pour tout cela, encore une fois, regardez bien la divine volonté dans vos croix. Voyez-y Dieu : ne regardez pas la tentation comme suggérée par le malin esprit, mais venant de la part de Dieu pour votre propre bien ; faites de même en tout ce qui vous arrive de la part des hommes ou des causes naturelles, soit pour les maladies, pertes, ou autres accidents.

Ne faites pas comme les chiens qui courent après la pierre qu'on leur jette, sans regarder ceux dont elle vient : cet exemple est familier et ordinaire, mais il est utile ; faites-en l'application. Ô mon Dieu, verrons-nous toujours les causes secondes, sans envisager la première ?

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CHAPITRE III

Suite du même discours


Nous demandons à Dieu, dit sainte Thérèse, que sa volonté soit faite, et quand il nous envoie des travaux qui sont un effet de sa volonté, nous n'en voulons plus.

Il faut donc être fidèle dans l'acceptation des croix ; mais ce n'est pas assez de les accepter, il y faut entrer avec un grand courage, ne point s'amuser à délibérer, à consulter, à écouter ses répugnances.

Pourquoi, dit un auteur spirituel, tant marchander à faire l'ouvrage de Dieu ? Il faut, dit le même, se fier à tous les desseins de Dieu, même sans les connaître ; être bien aise de les ignorer, c'est assez qu'il le veut ; être content de ne voir goutte dans ses états.

L'âme non-seulement ne doit pas savoir ce qu'elle est, mais elle ne doit être rien devant l'être suradorable de Dieu. Pour ce sujet, 1'on doit éviter les réflexions volontaires et les raisonnements, à quoi les femmes particulièrement sont plus sujettes.

Le diable s'y mêle, et puis la contention avec laquelle on veut reconnaître son état, ou résister au mal, remplit tellement l'imagination des images de la tentation, que l'on dira que l'on s'y accoutume.

On ne manque pas de prétexte ; car l'on dira que l'on réfléchit pour voir si l'on a consenti à la tentation, ou non. Mais dans les âmes peinées, c'est ordinairement une ruse de l'amour-propre, et un mouvement de curiosité, comme aussi la réitération des confessions générales.

Pour toutes choses, il faut s'en rapporter à un directeur expérimenté, et se souvenir que, pour persévérer dans le bien, deux choses sont très nécessaires : le faire, quoique l'on y ait de l'opposition ; le faire au milieu de toutes les ténèbres imaginables.

Après cela, l'on doit détourner doucement son imagination de l'application à ses peines, et en éviter l'examen ; comme aussi une certaine tendresse sur soi-même, ou une vaine tromperie de l'esprit, qui nous fait croire que nous sommes les personnes les plus misérables du monde, et qu'il y en a peu qui souffrent comme nous.

Vous voyez de ces gens qui ne se lassent jamais de parler de leurs croix, qui se les approprient (car c'est une chose merveilleuse que l'amour-propre s'y glisse quelquefois), qui s'en élèvent et s'en font accroire ; qui s'y regardent, et pensent faire quelque chose.

Hélas ! nous en sommes indignes, et dans les voies les plus pénible, nous avons tout sujet de nous humilier grandement, de craindre et de bien connaître notre misère et notre néant.

Un des grands secrets, pour bien porter sa croix, est d'en ôter l'inquiétude, et de rendre la peine tranquille par une totale conformité à la divine volonté.

On ne peut jamais assez le dire, l'inquiétude ne vaut rien, non plus que le découragement et l'abattement. Humiliez-vous bien, car c'est le dessein de Dieu ; ne vous inquiétez pas, car c'est ce que le démon prétend.

Il faut de plus, dit un grand prélat, ne pas tant craindre : le premier pas, pour arriver à la victoire, est de s'assurer ; et puis je vous dirai une ruse de guerre : c'est que le démon, tout faible et tout damné qu'il est, n'a rien rabattu de son orgueil ; de sorte qu'il ne peut supporter le mépris, et qu'il s'éloigne de ceux qui le combattent de cette façon.

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CHAPITRE III

Suite du même discours


Surtout, il faut bien prendre garde que la patience ne consiste pas à ne souffrir aucune agitation, à n'avoir pas de répugnance, à ne pas sentir de l'ennui, du chagrin involontaire, à ne pas avoir de l'opposition pour le bien, mais bien à vouloir souffrir dans son fond tout ce que Dieu veut, et en la manière qu'il le veut, malgré tout ce que l'on peut ressentir au contraire.

Bien des gens donc se trompent, qui vous disent qu'ils ne veulent pas souffrir, parce qu'ils ont de grandes aversions et des répugnances sensibles aux souffrances ; puisque, si vous les examinez bien dans leur fond, ils ne voudraient pas autre chose que ce que Dieu veut.

L'exemple de Notre-Seigneur est bien consolant dans ce sujet. Il témoigne de la tristesse et de l'ennui ; l'on peut donc bien se plaindre. Il prie deux ou trois fois son Père, que ce calice s'éloigne de lui : marque que la sensibilité de la partie inférieure n'empêche pas l'entière conformité aux ordres de Dieu.

Il y a de grandes âmes que les douleurs sensibles faisaient crier à haute voix, et dont toutefois la volonté ne laissait pas d'être totalement perdue en celle de Dieu ; et notre Maître n'a-t-il pas crié hautement sur la croix dans son grand délaissement de son Père ?

Remarquez que souvent les efforts que l'on fait pour se délivrer de la croix que lon porte, sont très inutiles. Il y a des personnes peinées, dit Taulère, qui, lorsqu'elles apportent plus de diligence et font plus d'efforts, deviennent plus sèches au dedans, et dures comme des pierres, si bien qu'à grande peine souffrent-elles quelquefois patiemment, et sont de plus en plus tourmentées et abattues de courage, outre qu'il s'y rencontre une secrète présomption qui fait agir, comme si l'on pouvait venir à bout des tentations par ses efforts ; et c'est le moyen de les augmenter, car l'orgueil croît ; et elles sont données pour l'ôter.

L'abandon total et sans réserve est donc nécessaire pour une entière indifférence à toutes sortes de souffrances, et pour leur qualité, et pour leur quantité, et pour leur durée.

Quelquefois Dieu ne fait qu'attendre cet abandon parfait, pour soulager la personne qui souffre, comme il se lit du vénérable frère Alphonse Rodriguez, de la compagnie de Jésus. La propre volonté est la grande cause de nos peines : si elle était anéantie, souvent elles cesseraient ; mais il ne faut pas s'étonner si, la cause durant toujours, les effets en arrivent.

Vos peines vous sont données pour vous purifier, et pour vous détacher : au moins c'est l'une des principales causes. Vous demeurez toujours attaché à vouloir ou ceci ou cela dans vos croix ; comment voulez-vous donc qu'elles cessent ?

Ne voyez-vous pas que vos propres désirs sont toujours de nouvelles matières de souffrances ? Ah ! que Dieu sait bien mieux ce qu'il nous faut que nous-mêmes ! Pesez bien ces vérités. Il voit ce qui nous arrive, il nous aime plus que nous ne nous aimons ; il peut l'empêcher, et ne l'empêche pas. Il faut donc nécessairement, et sans aucun doute, que la chose nous soit plus avantageuse.

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CHAPITRE III

Suite du même discours


Un peu de patience donc, de courage, de recours à la grâce de Notre-Seigneur ; et quand tout serait désespéré selon la prudence humaine, il nous rendra victorieux.

Dieu ne manque jamais de donner la grâce pour souffrir ; si nous succombons, c'est notre faute. Voici comme en parle l'illustre prélat du Bellay, dans sa Lutte spirituelle, au chap. 17 :

« Cette vérité étant indubitable, que Dieu, qui est fidèle en ses promesses, ne permet jamais que nous soyons tentés au-dessus de nos forces, on tire de là un argument nécessaire, que ceux qui succombent n'ont pas fait tout ce qu'ils pouvaient pour y résister.

Et quand ils cherchent dans leurs faiblesses des excuses à leur péché, on peut leur fermer la bouche en leur disant : que l'iniquité ment à elle-même. Comme ces méchants qui disent, chez le Sage, que le Soleil de justice ne les a pas éclairés.

Dieu ayant fait à la vigne de leur intérieur toutes les façons nécessaires, c'est leur seule méchanceté qui rend des ronces au lieu de raisins. Combien de saints, avec de moindres grâces, ont vaincu de plus grandes tentations ! Non, non, jamais Dieu ne dénie son assistance à celui qui fait ce qu'il doit. »

Mettez donc votre confiance au secours du Seigneur, et ne vous amusez pas à considérer vos forces, qui ne sont qu'une pure faiblesse.

Avec Jésus, nous pourrons tout, nous pourrons surmonter tout ce qui est le plus capable de nous faire peur. Ne vous étonnez pas si vous sentez si peu de vigueur pour combattre ces tentations que vous prévoyez, ou pour souffrir ces tourments qui pourront vous arriver.

Comme il n'est pas encore temps ni de combattre ni de souffrir, ces grands secours, qui ne vous manqueront pas du côté de Dieu, ne vous sont pas encore donnés : quand vous les aurez dans leur temps, les croix actuelles que vous porterez vous feront moins de peur que la simple pensée que vous en avez.

Quand vous serez dans l'occasion, tenez ferme dans le sacrifice, supportez-vous dans les répugnances que vous y aurez, et même dans les fautes que vous y ferez.

Souffrez par l'amour de Dieu seul, sans espérance d'aucune consolation. Souffrez avec amour, avec joie, avec action de grâces, avec étonnement de l'honneur que l'on vous fait de participer à la croix du Fils de Dieu.

Aimez avec courage la justice de Dieu, qui est Dieu même, aussi bien que sa Divine Miséricorde et sa bonté. Si vous avez un peu de l'amour pur, vous l'aimerez, cette justice, quoi qu'il vous en coûte, et ensuite vous serez ravi que vos fautes en soient châtiées, sans chercher la diminution de la peine.

Un excellent directeur, voyant une âme qui était dans de grands tourments, lui disait : Dieu le veut, c'est assez ; si, en détournant une épingle, je pouvais vous les ôter, je ne le ferais pas.

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CHAPITRE III

Suite du même discours


Enfin le démon, ne pouvant faire manquer une âme dans la voie des souffrances, se plait au moins à la détraquer de devoirs. Ne quittez donc pas vos exercices spirituels, ni aucune occupation qui regarde votre vocation, pour quelque ennui, tristesse, inquiétude ou peine que vous puissiez avoir. Faites, dit un grand prélat, comme ces malades qui mangent plus par raison que par appétit. Soyez ensuite plus assidu à l'usage des sacrements, quoique vous pratiquiez toutes choses sans goût, sans sentiment et, comme il vous semble, sans ferveur ; au contraire, avec aversion, répugnance, contrecur et violence d'esprit.

CHAPITRE IV

Des croix corporelles

Réjouissez-vous, vous qui êtes affligés de maladies. Sainte Thérèse bénissait Dieu de ce que, n'étant pas d'une forte complexion, cela lui donnait la fièvre dans ses voyages et augmentait ses peines. Elle assurait qu'une âme cultivée par les travaux et par les maladies n'est jamais sèche, mais toujours imbibée de l'esprit de Dieu.

Réjouissez-vous, vous qui avez quelques défauts corporels, soit que vous les ayez dès votre naissance, soit qu'ils vous soient arrivés par quelque accident : vous n'en serez pas si agréables aux créatures, qui, ne s'attachant pas à vous, vous donneront lieu de vous en détacher, pour vous unir à Dieu seul.

Oh ! Quelle heureuse grâce, que ces disgrâces de la nature ! Que ne voudrions-nous pas avoir donné en l'autre vie, pour les moyens qui, nous séparant de l'être créé, nous unissent au Créateur ! Oh ! combien, oh ! combien, oh ! combien d'âmes gémissent dans les enfers, pour avoir eu des corps bien faits et de beaux talents naturels !

Oh ! Si vous les pouviez entendre maudire ce que le monde aime tant, ces beautés, ces grâces naturelles ! Combien d'âmes sont sauvées, parce que, déplaisant aux créatures, elles se sont attachées à Dieu ; ou parce que, ayant un corps infirme et sujet aux maladies, elles n'ont pu s'engager dans les vaines voies du siècle ! J'en ai connu qui m'ont dit qu'elles seraient perdues sans leurs maladies.

Cependant, le saint livre de l'Imitation de Jésus-Christ dit que peu de personnes deviennent meilleures par les infirmités des maladies. C'est qu'elles n'en font pas un usage chrétien. Faites-en donc un bon usage ; et pour cela apprenez que la grâce des maladies est bien grande.

Dieu, dit sainte Catherine de Gênes, fait un purgatoire en ce monde des corps des personnes malades. Apprenez que c'est une grâce si grande, qu'elle suffit pour arriver à une haute sainteté, comme nous lisons de plusieurs saints, qui ont passé toute leur vie dans des maladies continuelles.

Que faisaient ces personnes éminentes en sainteté ? Visitaient-elles les pauvres ? Prêchaient-elles ? Quels étaient leurs exercices et leurs emplois, sinon d'être malades ? Tâchez d'avoir recours au ciel, pour en obtenir une grande patience :

elle est très nécessaire dans les maladies qui ont des douleurs aiguës ou qui sont de longue durée. Souvenez-vous que les maladies qui durent longtemps doivent être soigneusement ménagées pour l'éternité : c'est l'emploi que la divine Providence donne à ces personnes pour gagner le ciel. Qu'elles y prennent bien garde, pour en faire un fidèle usage : ordinairement la durée, quand elle est longue, les rend ennuyeuses.

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CHAPITRE IV

Des croix corporelles


Ensuite veillez sur les ruses de l'amour-propre qui se mêle partout : il ne manquera pas de vous fournir ici quantité de prétextes, colorés même de la gloire de Dieu, pour vous donner de l'ennui dans vos maladies : il vous mettra en l'esprit que vos infirmités sont à charge à ceux avec qui vous êtes :

mais Dieu, qui veut ces infirmités, en veut toutes les suites. Il faut donc les vouloir, et se tenir en repos, quoique l'on soit à charge et incommode aux autres.

Il vous fera voir que vous êtes inutile au monde ; et particulièrement si vous vivez dans quelque communauté ; il tâchera de vous attrister par cette vue : mais sachez que les malades véritablement Chrétiens ne sont pas inutiles, comme se l'imaginent ceux qui n'envisagent les choses que par des yeux de chair.

Oh ! Que ces gens de souffrances attirent de douces Miséricordes du ciel sur les maisons où ils sont, et qu'ils y font incomparablement plus de bien, que ces personnes qui ont tant d'aptitudes, tant d'intrigues, tant d'industries naturelles, et qui sont communément regardées comme les soutiens des communautés !

Ô mon Dieu, que vos yeux divins regardent bien les choses d'une autre manière que les yeux des hommes prudents de la sagesse humaine !

Jamais les communautés n'ont été mieux, et pour l'assistance temporelle aussi bien que pour la spirituelle, que lorsqu'elles ont été plus remplies de véritables crucifiés.

Entendez bien cette vérité, ô supérieurs ! Et souvenez-vous que vos maisons ne peuvent être plus fortement appuyées que sur la croix.

L'amour-propre prétextera encore que les maladies privent des exercices spirituels, des pratiques de la communauté ou de sa vocation ; comme, par exemple, un prédicateur, de la prédication ; un supérieur, des fonctions de sa charge ; un artisan, de l'exercice de son métier.

Mais que ces prétextes sont grossiers dans leur subtilité ! Je vous demande pourquoi vous voulez tous ces exercices, si ce n'est parce que Dieu les veut ?

Dès lors donc que Dieu ne les veut plus, pourquoi les voudriez-vous, si ce n'est par votre propre volonté, qui est un grand dérèglement ?

Mais cela empêche beaucoup de bien, me direz-vous. Voilà encore un détour de votre amour-propre. Est-ce à nous à faire le bien que Dieu ne veut pas que nous fassions ?

Cela est bon, répliquerez-vous encore : mais c'est que je suis religieux, prédicateur, ou artisan. L'amour-prophttps://2img.net/h/www.livres-mystiques.com/partieTEXTES/b ... oies.jpgre est une étrange bête, que l'on ne tue pas facilement, et même qui renaît toujours.

Est-ce que Dieu ne sait pas que vous êtes religieux, prédicateur, artisan ? Il le sait bien, mais puisqu'il vous envoie les infirmités que vous souffrez, il en veut toutes les privations et peines qui en arrivent.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE IV

Des croix corporelles

On dira encore que tout cela est bon, mais qu'il en arrive de bonnes humiliations : on est regardé de mauvais oeil, dans une maison ; on est méprisé, on est rebuté ; on s'ennuie, dans la longueur du temps, de vous servir et assister.

Tant de charité qu'il vous plaira dans une forte maladie, si les incommodités durent longtemps, particulièrement quand elles ne sont pas si notables, on manque souvent de plusieurs besoins.

Hélas ! vous plaignez-vous du trop de grâces que le ciel vous fait ? Si vos croix sont plus grandes, vous en êtes plus heureux devant Dieu.

J'oubliais de vous dire que Dieu laisse quelquefois des personnes de grande vertu si sensibles à leurs maux, qu'à moins d'un grand discernement, vous croiriez qu'elles sont fort impatientes quoique dans leur fond elles soient admirablement résignées à la divine volonté.

Les douleurs de sainte Catherine de Gènes lui faisaient quelquefois faire des cris jusqu'au ciel, dit l'histoire de sa vie. J'ai connu des âmes d'une vertu extraordinaire, à qui la même chose est arrivée.

Cela sert à humilier, et à couvrir des vertus qui raviraient si elles étaient aperçues. Certainement le miroir de patience, le bienheureux Henri de Suso, pleurait et criait à hauts cris, et quelquefois dans les rues, au milieu de ses souffrances.

Les impatients ne doivent pas de là prendre un sujet d'excuse à leur peu de résignation ; mais les personnes véritablement résignées, peuvent se consoler par ces exemples, si leur partie inférieure est vivement touchée, et jusqu'aux larmes ; cela n'empêche pas l'entière conformité de la volonté avec la volonté de Dieu.

CHAPITRE V

De la perte de l'honneur


Quoi que l'homme puisse faire par ses austérités, aumônes, catéchismes, prédications, oraisons, s'il n'arrive au mépris de l'honneur, il ne parviendra jamais à l'entière union avec Notre-Seigneur, parce que c'est ce qu'il a le plus aimé et chéri en ce monde, et l'état dans lequel il est né et est mort.

Chose étrange ! Nous ne voulons point ce qu'un Dieu-Homme a toujours recherché ; ou si nous en voulons, nous nous lassons bientôt de ce qu'il a aimé jusqu'au dernier moment de sa vie divine.

Que deviendra ici la prudence humaine de certains spirituels, qui estiment et assurent qu'il est nécessaire, pour faire le bien, d'avoir du crédit et d'être en honneur parmi les hommes ?

La grande sainte Thérèse regarde cette maxime, non seulement comme insupportable, mais comme très pernicieuse.

Redisons encore ce qui a été dit autre part : Sommes-nous plus sages que la Sagesse éternelle, pour trouver des voies plus propres à faire le bien, que celles qu'elle a prises ? Ô mon âme, arrêtons nos yeux sur cet exemplaire parfait, et ne les en détournons pas.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE V

De la perte de l'honneur


Considérons qu'il a une horreur si extrême pour l'honneur du monde, qu'en sa naissance il paraît dans une chétive étable, au milieu de deux vils animaux, sur un peu de paille. Ne voilà-t-il pas une étrange abjection pour la naissance du Roi des rois ?

Un peu après il s'enfuit honteusement devant ceux qui le poursuivent : il passe son enfance dans une terre étrangère, dans une grande misère : ensuite il demeure caché dans la boutique d'un pauvre charpentier, jusqu'à l'âge de trente ans.

Ô misérable point d'honneur, te voilà bien foulé aux pieds par le Dieu de toute gloire ! Que vos conduites, mon Dieu, sont éloignées de celles des hommes ! Est-il possible que la famille sainte de Jésus, Marie, et Joseph, famille sans éclat, dans la privation des biens de la vie, sans valet si servante, famille d'un pauvre artisan que l'on ne connaît point, soit pour être à la tête de tous les bienheureux dans la gloire éternelle ? Il est vrai que l'adorable Jésus parait en public mais, ô mon Dieu, hélas !

Ce n'est que pour se voir chargé de confusion et rassasié d'opprobres. Si ses sermons font éclat, il trouvera des gens qui s'en moquent ; et même il y aura de ses proches qui le regarderont comme s'il avait perdu le jugement, et qui le voudront arrêter comme un furieux.

Cependant, les peuples se partagent dans leurs opinions : les uns disant que c'était un bon personnage, et les autres soutenant que c'était un trompeur et un hypocrite. Peut-être que quelques-uns suspendaient leur jugement dans cette variété d'opinions, disant qu'il fallait attendre, et voir ce qui arriverait.

Ô Père éternel, ne justifierez-vous point l'innocence de votre Fils bien-aimé ? Non, le ciel n'est pas si éloigné de la terre, que les voies de Dieu le sont de celles des hommes. Enfin, dans cette attente de ceux qui humainement paraissaient les plus judicieux, disant qu'il ne se fallait pas hâter, voilà le procès que l'on instruit de ce divin Sauveur.

De prime abord, ne vous semble-t-il pas que ses affaires peuvent mieux aller ? Tôt ou tard, on reconnaît l'innocence. Sans doute que celui qui n'est pas coupable de la moindre faute, sera déchargé. Et comment faire autrement ? Le voilà donc saisi ; il est accusé.

Ô bonté infinie ! ô Miséricorde, ô charité excessive ! vous souffrez que plusieurs témoins déposent contre vous : ce sont, à la vérité, de faux témoins mais toujours ce sont des témoins. Ce débonnaire Seigneur est accusé de crimes contre lui-même, et des crimes des plus atroces, comme de lèse-majesté divine et humaine, d'affectation pour la divinité, et dusurpation de la monarchie de la terre.

L'on crie qu'il est un séducteur des peuples, perturbateur du repos public ; que c'est un buveur de vin, et qu'il a une alliance secrète avec les démons ; qu'il en est même possédé. Il est conduit au tribunal ecclésiastique : sans doute que les pontifes, les prêtres, seront favorables à son innocence, que les docteurs ne se laisseront pas surprendre.

Hélas ! ce sont ces gens qui le condamneront avec plus de passion, et le grand pontife déchirant ses habits, marque assez l'horreur qu'il en conçoit. Il est mené devant le gouverneur de la province, devant le roi Hérode, et partout il est condamné.

Quelle plus grande infamie que celle-là ? Car le monde ne manquait pas de dire : Il est condamné par les pontifes, par les rois, et autres juges ; on le trouve coupable dans toutes sortes de tribunaux, ecclésiastiques et séculiers ; il y a des preuves par les témoins qui déposent.

On voit bien à présent que toute la sainteté qui paraissait en cet homme, n'était qu'hypocrisie, et ses miracles qu'illusion ; on avait bien raison de dire que c'était un trompeur, un séducteur de peuples qui se laissaient séduire par ce personnage ; voilà toutes choses à découvert, fait et parfait, et son arrêt prononcé.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE V

De la perte de l'honneur


Ce qui faisait encore beaucoup, pour donner vogue à ces discours, était la conduite de ses disciples. Voyez-vous, disait-on, ce ne sont pas seulement des gens qui lui sont opposés, qui agissent contre lui : l'un de ses propres disciples l'a livré à nos pontifes, marque de la connaissance qu'il en avait.

Celui qui paraissait le plus zélé d'entre eux, a trouvé sa vie si honteuse, qu'il n'a pas même osé dire devant une simple servante qu'il le connaissait, et a mieux aimé se parjurer que de dire qu'il était de sa suite. Tous les autres l'ont abandonné :

ce qui est un signe visible de la vérité des choses dont il est accusé. Il est vrai qu'il y a trois ou quatre femmelettes qui le suivent encore ; mais ce sont des femmes qui se laissent emporter à la passion, plutôt qu'à la conduite d'une droite raison.

Après tout, il faut que ce soit un étrange homme, puisqu'on lui préfère des voleurs et des homicides, et que ce sont gens craignant Dieu qui sollicitent contre lui : car ces gens s'exerçaient aux oeuvres de la Miséricorde, demandant la délivrance d'un prisonnier, et étaient si religieux, qu'ils ne voulaient pas transgresser la loi en entrant dans le prétoire, où ils eussent contracté une souillure légale.

On ajoutait de plus que Dieu, qui est protecteur des innocents, l'ayant lui-même abandonné, quoiqu'il l'appelât hautement, après tant de choses, il n'y avait plus à douter de ses prévarications ; enfin, qu'il était mort sur la croix, ce qui était une malédiction déclarée, non-seulement par l'opinion du vulgaire, mais par l'autorité des divines Écritures.

Voilà, ô prudence humaine, la conduite d'un Dieu-Homme ! Voilà, ô sages spirituels, comme un Dieu s'y est pris pour faire le plus grand bien qui ait jamais été fait.

Mais au moins, dira quelqu'un, il n'a pas voulu être accusé, et être suspect en matière de pureté. Il suffit que la Vierge des vierges, sa très pure Mère, ait été soupçonnée d'adultère, pour faire voir que l'on doit être prêt à souffrir à son honneur en toutes manières.

Aussi ce divin Maître, pour obvier à ces objections, après avoir dit à ses disciples : Vous serez bienheureux lorsqu'on parlera mal de vous, ajouta, et non pas sans dessein, lors même qu'on en dira toute sorte de mal (Matth. V, 11) Voyez-vous comme il n'excepte rien ? Combien de ses saints ont été noircis au sujet de la pureté !

Est-il possible, s'écriait sainte Thérèse, que je désire, ô mon Dieu ! que l'on ait quelque bonne opinion de moi, après que l'on a dit tant de mal de vous ?

Cest pour cela que l'Apôtre proteste que le monde lui est crucifié, et quil est crucifié au monde, c'est-à-dire que le monde et son honneur lui étaient en la même horreur qu'est aux yeux d'un passant la rencontre d'un homme attaché au plus infâme gibet, et qu'il était réciproquement en horreur au monde, voyant qu'il chérissait ce qu'il abhorrait, les mépris et les infamies ;

et c'est pour cela que cet homme apostolique assure qu'il était regardé comme un insensé. Oh ! que saint Ignace, le fondateur de la compagnie de Jésus, avait bien raison de dire aux siens, qui sont destinés pour faire de très grands biens par leurs emplois, que tout état dans lequel on est moqué et méprisé des hommes, et même tenu pour méchant et insensé, est un état précieux dans la vie spirituelle !

Je voudrais, dit la sainte que nous venons de citer, que l'étude de la pénitence fût dans l'amour des mépris et calomnies : en cela il n'est pas besoin de forces corporelles.

Source : livres-mystiques.com

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