Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

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amidelamisericorde
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LIVRE SECOND

HISTOIRE DE LA GENERATION ET NAISSANCE CÉLESTE DU DIVIN AMOUR.

CHAPITRE II

Qu'en Dieu il n'y a qu'un seul acte qui est sa propre divinité.


Ainsi, Théotime, la nature, comme le peintre, multiplie et diversifie ses actes à mesure que ses besognes sont différentes, et lui faut un grand temps pour faire de grands effets; mais Dieu, comme l'imprimeur, a donné l'être à toute la diversité des créatures qui ont été, sont et seront, par un seul trait de sa toute-puissante volonté, tirant de son idée, comme de dessus une planche bien taillée, cette admirable différence de personnes et d'autres choses qui s'entre-suivent ès saisons, ès âges, ès siècles, chacune en son ordre, selon quelles doivent être.

Cette souveraine unité de l'acte divin étant opposée à la confusion et au désordre, et non à la distinction ou variété qu'elle emploie au contraire, pour en composer la beauté, déduisant toutes les différences et diversités à la proportion.

Et la proportion à l'ordre, et l'ordre à l'unité du monde, qui comprend toutes choses créées tant visibles qu'invisibles, lesquelles toutes ensemble s'appellent univers, peut-être, parce que toute leur diversité se réduit en unité; comme qui dirait univers, c'est-à-dire, unique et divers, unique avec diversité, et divers avec unité.

En somme, la souveraine unité divine diversifie tout; et sa permanente éternité donne vicissitude à toutes choses, parce que la perfection de cette unité étant sur toute différence et variétés elle a de quoi fournir l'être à toute la diversité des perfections créées, et a la force de les produire.

En signe de quoi l'Écriture nous ayant rapporté que Dieu au commencement dit : Soient faits des luminaires au firmament du ciel, et qu'ils séparent le jour de la nuit, qu'ils soient en signes, en temps et jours et années. Nous voyons encore maintenant cette perpétuelle révolution et entre-suite de temps et de saisons, qui durera jusquà la fin du monde, pour nous apprendre que, comme

Un mot de ses commandement!
Suffit à tous ces mouvements.

aussi le seul éternel vouloir de sa divine Majesté étend sa force de siècle en siècle, et jusques aux siècles des siècles, pour tout ce qui a été, qui est et qui sera éternellement, sans que chose quelconque ait été que par ce seul, très unique, très simple et très éternel acte divin, auquel soit honneur et gloire. Amen.

CHAPITRE III

De la Providence divine en général.


Dieu donc, Théotime, n'a pas besoin de plusieurs actes, puisqu'un seul divin acte de sa toute-puissante volonté suffit à la production de toute la variété de ses oeuvres, à raison de son infinie perfection.

Mais nous autres mortels avons besoin d'en traiter avec la méthode et manière d'entendre à laquelle nos petits esprits peuvent arriver, selon laquelle, pour parler de la Providence divine, considérons, je vous prie, le règne du grand Salomon comme un modèle parfait de l'art de bien régner.

Source : Livres-mystiques.com

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HISTOIRE DE LA GENERATION ET NAISSANCE CÉLESTE DU DIVIN AMOUR.

CHAPITRE III

De la Providence divine en général.


Ce grand roi donc, sachant par l'inspiration céleste que la république ( l'état, le pouvoir civil) tient à la religion, comme le corps à l'âme, et la religion à la république, comme l'âme au corps, il disposa à part soi de toutes les parties requises tant à l'établissement de la religion qu'à celui de la république; et quant à la religion, il détermina qu'il fallait édifier un temple de telle et telle longueur, largeur, hauteur, tant de porches et parvis, tant de fenêtres, et ainsi de tout le reste qui appartenait au temple; puis tant de sacrificateurs, tant de chantres et autres officiers du temple.

Et quant à la chose publique, il disposa de faire une maison royale, et une cour pour sa majesté, et en idole tant de Maîtres dhôtel, de gentilshommes et autres courtisans:

Et pour Le peuple, des juges et autres magistrats qui exerçassent la justice; puis, pour l'assurance du royaume, et l'affermissement du repos public, dont il jouissait, il disposa d'avoir emmi la paix un puissant appareil de guerre, et à ces fins deux cent cinquante chefs eu diverses charges; quarante mille chevaux, et tout ce grand attelage que l'Écriture et les historiens témoignent.

Or, ayant ainsi disposé et fait état à part soi de toutes les parties principales requises à son royaume, il vint à l'acte de la providence, et fit compte en son esprit de tout ce qui était requis pour édifier le temple, pour entretenir les officiers sacrés, les ministres et les magistrats royaux, et les gens de guerre dont il avait fait le projet, et se résolut d'envoyer à Hiram pour avoir les bois nécessaires, de faire commerce au Pérou (Pérou, figure de tout paye riche; la situation d'Ophir est inconnu), en Ophi.

Et en somme de prendre tous les moyens convenables pour avoir toutes les choses requises pour l'entretènement et bonne conduite de son entreprise.

Mais, il ne s'arrêta pas là,Théotime : car après avoir fait son projet et délibéré en soi-même des moyens propres pour en venir à bout, venant à la pratique, il créa tous les officiers selon qu'il avait disposé, et par un bon gouvernement il fit faire toutes les provisions requises à leur entretènement, et à l'exécution de leurs charges; de sorte qu'ayant la connaissance de l'art de bien régner, il exécuta la disposition qu'il avait faite à part soi pour la création de divers officiers, et mit en effet sa providence par le bon gouvernement dont il usa.

Et par ainsi son art de régner, qui consistait en la disposition, et en la providence ou prévoyance, fut pratiqué par la création des officiers, et par le gouvernement et bonne conduite.

Mais d'autant que la disposition est inutile sans la création ou levée des officiers, et que la création est vaine sans la providence qui regarde à ce qui est requis pour la conservation des officiers créés ou érigés

Et qu'enfin cette conservation qui se fait par le bon gouvernement, n'est autre chose que la providence effectuée, partant non seulement la disposition, mais aussi la création et le bon gouvernement de Salomon furent appelés du nom de providence. Aussi ne disons-nous pas qu'un homme ait de la providence, sinon quand il gouverne bien.

Source : Livres-mystiques.com

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HISTOIRE DE LA GENERATION ET NAISSANCE CÉLESTE DU DIVIN AMOUR.

CHAPITRE III

De la Providence divine en général.


Or, maintenant, Théotime, parlant des choses divines selon limpression que nous avons prise, en la considération des choses humaines, nous disons que Dieu ayant eu une éternelle et très parfaite connaissance de l'art de faire le monde pour sa gloire, il disposa, avant toutes choses, en Son divin entendement toutes les pièces principales de l'univers qui pouvaient lui rendre de l'honneur, c'est-à-dire, la nature angélique et la nature humaine.

Et en la nature angélique, la variété des hiérarchies et des ordres que l'Écriture sainte et les sacrés docteurs nous enseignent: comme aussi entre les hommes il disposa qu'il y aurait cette grande diversité que nous y voyons.

Puis en cette même éternité il prévit et fit état à part soi de tous les moyens requis aux hommes et aux anges pour parvenir à la fin à laquelle il les avait destinés, et fit ainsi l'acte de sa providence; et sans s'arrêter là, pour effectuer sa disposition, il a réellement créé les anges et les hommes Et pour effectuer sa providence il a fourni, et fournit par son gouvernement tout ce qui est nécessaire aux créatures raisonnables pour parvenir à la gloire ; si que, pour le dire en un mot, la providence souveraine n'est autre chose que l'acte par lequel Dieu veut fournir aux hommes et aux anges les moyens nécessaires ou utiles pour parvenir à leur fin.

Mais parce que ces moyens sont de diverses sortes, nous diversifions aussi le nom de la providence, et disons qu'il y a une providence naturelle, une autre surnaturelle; et celle-ci, qu'elle est, ou générale, ou spéciale et particulière.

Et parce que ci-après je vous exhorterai, Théotime, à joindre votre volonté à la providence divine, tandis que je suis sur le discours dicelle, je vous veux dire un mot de la providence naturelle.

Dieu donc voulant pourvoir l'homme des moyens naturels qui lui sont requis pour rendre gloire à sa divine bonté, il a produit en faveur dicelui tous les autres animaux et les plantes; et pour pourvoir aux autres animaux et aux plantes, il a produit variété de terroirs, de saisons, de fontaines, de vents, de pluie. Et tant pour l'homme que pour les autres choses qui lui appartiennent, il a créé les éléments, le ciel et les astres, établissant par un ordre admirable que presque toutes les créatures servent les unes aux autres réciproquement: les chevaux nous portent, et nous les pansons ; les brebis nous nourrissent et vêtent, et nous les paissons; la terre envoie des vapeurs à l'air, et l'air des pluies à la terre ; la main sert an pied, et le pied porte la main.

Oh! qui verrait ce commerce et trafic général que les créatures font ensemble avec une si grande correspondance, de combien de passions amoureuses serait-il ému envers cette souveraine sagesse, pour sécrier.

Votre providence, ô grand Père éternel, gouverne tontes choses ! Saint Basile et saint Ambroise, en leurs Examerons, le bon Louis de Grenade en son Introduction au Symbole, et Louis Richeomme (jésuite, mort en 1625, auteur des Écrits ascétiques.) en plusieurs de ses beaux opuscules, donneront beaucoup de motifs aux âmes bien nées pour profiter en ce sujet.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III

De la Providence divine en général.


Ainsi, cher Théotime, cette providence touche tout, règne sur tout, et réduit tout à sa gloire. Il y a toutefois certes des cas fortuits et des accidents inopinés; mais ils ne sont ni fortuits, ni inopinés qu'à nous ; et sont, sans doute, très certains à la providence céleste, qui les prévoit et les destine au bien public de l'univers.

Or, ces cas fortuits se font par la concurrence de plusieurs causes, lesquelles n'ayant point de naturelle alliance les unes aux autres, produisent une chacune son effet particulier, en telle sorte néanmoins que de leur rencontre réussit un effet d'autre nature, auquel, sans qu'on l'ait pu prévoir, toutes ces causes différentes ont contribué.

Il était, par exemple, raisonnable de châtier la curiosité du poète Aeschylus, lequel ayant appris d'un devin qu'il mourrait accablé de la chute de quelque maison, se tint tout ce jour-là en une rase campagne, pour éviter le destin.

Et demeurant ferme, tête nue, un faucon qui tenait entre ses serres une tortue en l'air, voyant ce chef chauve, et cuidant (Cuidant, supposant.) que ce fût la pointe d'un rocher, lâcha la tortue droit sur icelui; et voilà qu'Aeschylus meurt sur-le-champ, accablé de la maison et écaille d'une tortue.

Ce fut, sans doute, un accident fortuit; car cet homme n'alla pas au champ pour mourir, ains pour éviter la mort; ni le faucon ne cuida pas écraser la tête d'un poète, ains le test (Test ou tét, partie dure d'une coquille.) et l'écaille de la tortue, pour par après en dévorer la chair.

Et néanmoins il arriva au contraire car la tortue demeura sauve, et le pauvre Aeschylus mort. Selon nous, ce cas fut inopiné; mais, au regard de la Providence qui regardait de plus haut, et voyait la concurrence des causes, ce fut un exploit de justice par lequel la superstition de cet homme fut punie.

Les aventures de l'ancien Joseph furent admirables en variétés et en passages d'une extrémité à l'autre. Ses frères qui l'avaient vendu pour la perdre, furent tout étonnés de le voir devenu vice-roi, et appréhendaient infiniment quil ne se ressentit du tort qu'ils lui avaient fait; mais non, leur dit-il : ce nest pas tant par vos menées que je suis envoyé ici, comme parla Providence divine:

Vous avez eu des mauvais desseins sur moi, mais Dieu les a réduits à bien. Voyez-vous, Théotime, le monde eût appelé fortune, ou événement fortuit ce que Joseph dit être un projet de la Providence souveraine qui range et réduit toutes choses à son service.

Et il est ainsi de tout ce qui se passe au monde, et même des monstres, la naissance desquels rend les oeuvres accomplies et parfaites plus estimables, produit de l'admiration, et provoque à philosopher et faire plusieurs bonnes pensées: et en somme ils tiennent lieu en l'univers comme les ombres ès tableaux, qui donnent grâce, et semblent relever la peinture.

CHAPITRE IV

De la providence surnaturelle que Dieu exerce envers les créatures raisonnables.


Tout ce que Dieu a fait est destiné au salut des hommes et des anges; mais voici l'ordre de sa providence pour ce regard (Pour ce regard, à ce sujet.), selon que par l'attention aux saintes Écritures et à la doctrine des anciens, nous le pouvons découvrir, et que notre faiblesse nous permet d'en parler.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE IV

De la providence surnaturelle que Dieu exerce envers les créatures raisonnables.


Mais parce que cette suprême sagesse avait délibéré de tellement mêler cet amour originel avec la volonté de ses créatures, que l'amour ne forçât point la volonté, ains lui laissât sa liberté, il prévit quune partie, mais la moindre de la nature angélique, quittant volontairement le saint amour, perdrait par conséquent la gloire.

Et parce que la nature angélique ne pourrait faire ce péché que par une malice expresse sans tentation ni motif quelconque qui le pût excuser, et que d'ailleurs une beaucoup plus grande partie de cette même nature demeurerait ferme au service du Sauveur, partant. Dieu, qui avait si amplement glorifié sa Miséricorde au dessein de la création des anges, voulut aussi magnifier (élever, exalter) sa justice, et en la fureur de son indignation résolut d'abandonner pour jamais cette triste et malheureuse troupe de perfides, qui en la furie de leur rébellion l'avaient si vilainement abandonné.

Il prévit bien aussi que le premier homme abuserait de sa liberté, et quittant la grâce il perdrait la gloire; mais il ne voulut pas traiter si rigoureusement la nature humaine comma il délibéra de traiter l'angélique. C'était la nature humaine de laquelle il avait résolu de prendre une pièce bienheureuse, pour l'unir à sa divinité.

Il vit que c'était une nature imbécille, un vent qui va et qui ne revient pas, c'est-à-dire qui se dissipe en allant.

Il eut égard à la surprise que le malin et pervers Satan avait faite au premier homme, et à la grandeur de la tentation qui le ruina, Il vit que toute la race des hommes périssait par la faute d'un seul; si que par ces raisons il regarda bien notre nature en pitié, et se résolut de la prendre à merci.

Mais afin que la douceur de sa Miséricorde fût ornée de la beauté de sa justice, il délibéra de sauver l'homme par voie de rédemption rigoureuse; laquelle ne se pouvant bien faire que par son Fils, il établit quicelui rachèterait les hommes, non seulement par une de ses actions amoureuses qui eût été plus que très suffisante à racheter mille millions de mondes, mais encore par toutes les innumérables actions amoureuses et passions douloureuses quil ferait et souffrirait jusques à la mort, et la mort de la croix à laquelle il le destina, voulant qu'ainsi il se rendit compagnon de nos misères, pour nous rendre par après compagnons de sa gloire, montrant en cette sorte les richesses de sa bonté, par cette rédemption copieuse, abondante, surabondante, magnifique et excessive, laquelle nous a acquis et comme reconquis toue les moyens nécessaires pour parvenir et arriver à la gloire, de sorte que personne ne puisse jamais se douloir (se plaindre), comme si la Miséricorde divine manquait à quelqu'un.

CHAPITRE V

Que la Providence céleste a pourvu aux hommes une rédemption très abondante.


Or disant, Théotime, qu'a Dieu avait vu et voulu une chose premièrement, et puis secondement une autre, observant ordre entra ses volontés, je l'ai entendu selon qu'il a été déclaré ci-devant, à savoir, qu'encore que tout cela s'est passé en un très seul et très simple acte; néanmoins par icelui, l'ordre, la distinction, et la dépendance des choses n'a pas été mains observée, que s'il y eût en plusieurs actes en l'entendement et volonté de Dieu.

Étant donc ainsi que toute volonté bien disposée, qui se détermine de vouloir plusieurs objets également présents, aime mieux, et avant tous, celui qui est le plus aimable ; il s'ensuit que la souveraine Providence faisant son éternel projet et dessein de tout ce qu'elle produirait, elle voulut premièrement et aima, par une préférence d'excellence, le plus aimable objet de son amour, qui est notre Sauveur; et puis, par ordre, les autres créatures, selon que plus on moins elles appartiennent au service, honneur et gloire dicelui.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE V

Que la Providence céleste a pourvu aux hommes une rédemption très abondante.


Or disant, Théotime, qu'a Dieu avait vu et voulu une chose premièrement, et puis secondement une autre, observant ordre entra ses volontés, je l'ai entendu selon qu'il a été déclaré ci-devant, à savoir, qu'encore que tout cela s'est passé en un très seul et très simple acte; néanmoins par icelui, l'ordre, la distinction, et la dépendance des choses n'a pas été mains observée, que s'il y eût en plusieurs actes en l'entendement et volonté de Dieu.

Étant donc ainsi que toute volonté bien disposée, qui se détermine de vouloir plusieurs objets également présents, aime mieux, et avant tous, celui qui est le plus aimable ; il s'ensuit que la souveraine Providence faisant son éternel projet et dessein de tout ce qu'elle produirait, elle voulut premièrement et aima, par une préférence d'excellence, le plus aimable objet de son amour, qui est notre Sauveur; et puis, par ordre, les autres créatures, selon que plus on moins elles appartiennent au service, honneur et gloire d'icelui.

Ainsi tout a été fait pour ce divin homme, qui pour cela est appelé Ainé de toute créature; possédé par la divine majesté au commencement des voies d'icelle, avant quelle fit chose quelconque, créé au commencement avant les siècles car en lui toutes choses sont faites, et il est avant tout, et toutes choses sont établies en lui, et il est chef de toute l'Église, tenant en tout et partout la primauté.

On ne plante principalement la vigne que pour le fruit; et partant le fruit est le premier désiré et prétendu, quoique les feuilles et les fleurs précèdent en la production.

Ainsi, le grand Sauveur fut en premier en l'intention divine, et en ce projet éternel que la divine Providence fit de la production des créatures, et en contemplation de ce fruit désirable fut plantée la vigne de l'univers, et établie la succession de plusieurs générations, qui, à guise de feuilles et de fleurs, le devaient précéder, comme avant-coureurs et préparatifs convenables à la production de ce raisin, que l'épouse sacrée loua tant ès Cantiques, et la liqueur duquel réjouit Dieu et les hommes.

Or donc maintenant, mon Théotime, qui doutera de l'abondance des moyens du salut, puisque nous avons un si grand Sauveur, en considération duquel nous avons été faits et par les mérites duquel nous avons été rachetés?

Car il est mort pour tous, parce que tous étaient morts, et sa Miséricorde a été plus salutaire pour racheter la race des hommes, que la misère d'Adam n'avait été vénéneuse pour la perdre.

Et tant s'en faut que le:péché d'Adam ait surmonté la débonnaireté divine, que tout au contraire il la excitée et provoquée; si que par une suave et très amoureuse antipéristase (action de deux qualités contraires qui s'aident mutuellement) et contention elle s'est révigorée à la présence de son adversaire; et comme ramassant ses forces pour vaincre, elle a fait surabonder la grâce où l'iniquité avait abondé; de sorte que la sainte Église, par un saint excès d'admiration, s'écrie la veille de Pâques

O péché d'Adam, à la vérité nécessaire, qui a été effacé par la mort de Jésus-Christ ! ô coulpe bienheureuse, qui a mérité d'avoir un tel et si grand Rédempteur!

Certes, Théotime, nous pouvons dire comme cet ancien: Nous étions perdus, si nous neussions été perdus; c'est-à-dire, notre perte nous a été à profit, puisqu'en effet la nature humaine a reçu plus de grâce par la rédemption de son Sauveur, qu'elle n'en eût jamais reçu par l'innocence d'Adam, s'il eût persévéré en icelle.

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CHAPITRE V

Que la Providence céleste a pourvu aux hommes une rédemption très abondante
.

Car encore que la divine Providence ait laissé en l'homme de grandes marques de sa sévérité parmi la grâce même de sa Miséricorde, comme, par exemple, la nécessité de mourir, les maladies, les travaux, la rébellion de la sensualité.

Si est-ce que la faveur céleste, surnageant à tout cela, prend plaisir de convertir toutes ces misères au plus grand profit de ceux qui l'aiment, faisant naître la patience sur les travaux, le mépris du monde sur la nécessité de mourir, et mille victoires sur la concupiscence; et comme l'arc-en-ciel touchant lépine aspalathus ( Antipéristase, action de deux qualités contraires qui saident mutuellement) la rend plus odorante que les lis, aussi la rédemption de notre Seigneur touchant nos misères, elle les rend plus utiles et aimables que n'eût jamais été l'innocence originelle.

Les anges ont plus de joie au ciel, dit le Sauveur, sur un pécheur pénitent, que sur quatre- vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence. Et de même, l'état de la rédemption vaut cent fois mieux que celui de l'innocence.

Certes, en l'arrosement du sang de notre Seigneur fait par l'hysope de la croix, nous avons été remis en une blancheur incomparablement plus excellente que celle de la neige de l'innocence, sortant, comme Naaman, du fleuve de salut plus purs et nets que si jamais nous n'eussions été ladres, afin que la divine Majesté, ainsi quelle nous l'a ordonné de faire, ne fût pas vaincue par le mal, ains vainquit le mal par le bien; que sa Miséricorde, comme une huile sacrée, se tint au-dessus du jugement, et que ses misérations surmontassent toutes ses oeuvres.

CHAPITRE VI

De quelques faveurs spéciales exercées en la rédemption des hommes par la divine Providence.


Dieu certes montre admirablement la richesse incompréhensible de son pouvoir en cette si grande variété de choses que nous voyons en la nature; mais il fait encore plus magnifiquement paraître les trésors infinis de sa bonté en la différence nonpareille des biens que nous reconnaissons en la grâce; car, Théotime, il ne s'est pas contenté, en l'excès sacré de sa Miséricorde, d'envoyer à son peuple, c'est-à-dire au genre humain, une rédemption générale et universelle, par laquelle un chacun peut être sauvé; mais il la diversifiée en tant de manières, que sa libéralité reluisant eu toute cette variété, cette variété réciproquement embellit aussi sa libéralité.

Ainsi il destina premièrement pour sa très sainte mère une faveur digne de l'amour d'un fils, qui étant tout sage, tout-puissant et tout bon, se devait préparer une mère à son gré, et partant il voulut que sa rédemption lui fût appliquée par manière de remède préservatif, afin que le péché, qui s'écoulait de génération en génération, ne parvint point à elle; de sorte quelle fut rachetée si excellemment, qu'encore que par après le torrent de l'iniquité originelle vint rouler ses ondes infortunées sur la conception de cette sacrée Dame avec autant d'impétuosité comme il eût fait sur celte des autres filles dAdam, si est-ce qu'étant arrivé là il ne passa point outre, ains s'arrêta court, comme fit anciennement le Jourdain du temps de Josué, et pour le même respect; car ce fleuve retint son cours en révérence du passage de l'arche de l'alliance, et le péché originel retira ses eaux, révérant et redoutant la présence du vrai tabernacle de l'éternelle alliance.

Source : livres-mystiques.com

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CHAPITRE VI

De quelques faveurs spéciales exercées en la rédemption des hommes par la divine Providence.


De cette manière donc Dieu détourna de sa glorieuse mère toute captivité, lui donnant le bonheur des deux états de la nature humaine, puisquelle eut l'innocence que le premier Adam avait perdue, et jouit excellemment de la rédemption que le second lui acquit; au suite de quoi, comme un jardin d'élite, qui devait porter le fruit de vie, elle fut rendue florissante en toutes sortes de perfections.

Ce fils de l'amour éternel, ayant ainsi paré sa mère de robe d'or recamée (Recamée, brodée, de litalien ricamata) en belles variétés, afin qu'elle fût la reine de sa dextre, cest-à-dire la première de tous les élus qui jouiraient des délices de la dextre divine.

Si que cette mère sacrée, comme toute réservée à son fils, fut par lui rachetée, non seulement de la damnation, mais aussi de tout péril de la damnation, lui assurant la grâce et la perfection de la grâce, en sorte qu'elle marchât comme une belle aube, qui, commençant à poindre, va continuellement croissant en clarté jusqu'au plein jour.

Rédemption admirable chef-doeuvre du Rédempteur, et la première de toutes les rédemptions par laquelle le fils d'un coeur vraiment filial, prévenant sa mère ès bénédictions de douceur, il la préserve, non seulement du péché comme les anges, mais aussi de tout péril de péché, et de tous les éloignements et retardements de l'exercice du saint amour.

Aussi, proteste-t-il qu'entre toutes les créatures raisonnables qu'il a choisies, cette mère est « son unique colombe, sa toute parfaite, sa toute chère bien-aimée, hors de tout parangon ( Parangon, modèle) et de tonte comparaison. »

Dieu disposa aussi d'autres faveurs pour un petit nombre de rares créatures qu'il voulait mettre hors du danger de la damnation; comme il est certain de saint Jean-Baptiste, et très probable de Jérémie, et de quelques autres que la divine Providence alla saisir dans le ventre de leurs mères, et dès lors les établit en la perpétuité de sa grâce, afin qu'ils demeurassent fermes en son amour, bien que sujets aux retardements et péchés véniels, qui sont contraires à la perfection de l'amour, et non à l'amour même: et ces âmes, en comparaison des antres, sont comme des reines, toujours couronnées de charité, qui tiennent le rang principal en l'amour du Sauveur après sa mère, laquelle est la reine des reines.

Reine, non seulement couronnée d'amour, mais de la perfection de l'amour, et qui plus est, couronnée de son fils propre, qui est le souverain objet de l'amour, puisque les enfants sont la couronne de leurs pères et mères.

Il y a encore d'autres âmes lesquelles Dieu disposa de laisser pour un temps exposées, non au péril de perdre le salut, mais bien au péril de perdre son amour; ains il permit qu'elles le perdissent en effet, ne leur assurant point l'amour pour toute leur vie, ains seulement pour la fin d'icelle, et pour certain temps précédent.

Tels furent David, les apôtres, la Magdeleine et plusieurs autres, qui pour un temps demeurèrent hors de l'amour de Dieu; mais enfin, étant une bonne fois convertis, ils furent confirmés en la grâce jusqu'à la mort, de sorte que dès lors demeurant voirement (voirement, même) sujets à quelques imperfections, ils furent toutefois exempts de tout péché mortel, et par conséquent du péril de perdre le divin amour, et furent comme des amantes sacrées de l'époux céleste, parées voirement de la robe nuptiale de son très saint amour, mais non pas pourtant couronnées, parce que la couronne est un ornement de la tête, c'est-à-dire de la première partie de la personne.

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CHAPITRE VI

De quelques faveurs spéciales exercées en la rédemption des hommes par la divine Providence.


Or la première partie de la vie des âmes de ce rang ayant été sujette à l'amour des choses terrestres, elles ne peuvent porter la couronne de l'amour céleste, ains leur suffit d'en porter la robe, qui les rend capables du lit nuptial de l'époux divin, et d'être éternellement bienheureuses avec lui.

CHAPITRE VII

Combien la Providence sacrée est admirable en la diversité des grâces qu'elle distribue aux hommes.


Il y eut donc en la Providence éternelle une faveur incomparable pour la reine des reines, mère de très belle dilection et toute très uniquement parfaite.

Il y en eut aussi des spéciales pour des autres. Mais après cela cette souveraine bonté répandit une abondance de grâces et bénédictions sur toute la race des hommes, et la nature des anges, de laquelle tous ont été arrosés comme d'une pluie qui tombe sur les bons et les mauvais; tous ont été éclairés, comme d'une lumière qui illumine tout homme tenant en ce monde.

Tous ont reçu leur part, comme d'une semence qui tombe non seulement sur la bonne terre, mais emmi les chemins, entre les épines et sur les pierres; afin que tous fussent inexcusables devant le Rédempteur, s'ils n'emploient cette très abondante rédemption pour leur salut.

Mais pourtant, Théotime, quoique cette très abondante suffisance de grâces soit ainsi versée sur toute la nature humaine, et qu'en cela nous soyons tous égaux, et qu'une riche abondance de bénédictions nous soit offerte à tous; si est-ce néanmoins que la variété de ces faveurs est si grande, qu'on ne peut dire qui est plus admirable, ou la grandeur de toutes les grâces en une si grande diversité, ou la diversité en tant de grandeurs.

Qui ne voit qu'entre les chrétiens, les moyens du salut sont plus grands et plus puissants qu'entre les barbares, et que parmi les chrétiens, il y a des peuples et des villes dont les pasteurs sont plus fructueux et capables?

Or, de nier que ces moyens extérieurs ne soient pas des faveurs de la Providence divine, ou de révoquer en doute qu'ils ne contribuent pas au salut et à la perfection des âmes, ce serait être ingrat envers la Bonté céleste, et démentir la véritable expérience qui nous fait voir que, pour l'ordinaire, où ses moyens extérieurs abondent, les intérieurs eut plus d'effet, et réussissent mieux.

Certes, comme nous voyons qu'il ne se trouve jamais deux hommes parfaitement semblables ès dons naturels, aussi ne s'en trouve-t-il jamais de parfaitement égaux ès surnaturels.

Les anges (comme le grand saint Augustin et saint Thomas assurent) reçurent la grâce selon la variété de leurs conditions naturelles.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VII

Combien la Providence sacrée est admirable en la diversité des grâces qu'elle distribue aux hommes.


Or ils sont tous, ou de différente espèce, ou au moins de diverses conditions, puisqu'ils sont distingués les uns des autres; autant qu'il y a d'anges, il y a aussi de grâces différentes, et bien que quant aux hommes la grâce ne soit pas donnée selon leurs conditions naturelles, toutefois la divine douceur, prenant plaisir et, par manière de dire, s'égayant en la production des grâces, elle les diversifie en infinies façons, afin que de cette variété se fasse le bel émail de sa rédemption et Miséricorde, dont l'Eglise chante, en la fête de chaque confesseur évêque :

Il ne s'en est point trouvé de semblable à lui. Et comme au ciel nul ne sait le nom nouveau, sinon celui qui le reçoit, parce que chacun des bienheureux a le sien particuliers selon l'être nouveau de la gloire qu'il acquiert.

Ainsi en terre chacun reçoit une grâce si particulière, que toutes sont diverses. Aussi notre Sauveur compare sa grâce aux perles, lesquelles, comme dit Pline, s'appellent autrement unions, parce qu'elles sont tellement uniques, une chacune en ses qualités, qu'il ne s'en trouve jamais deux qui soient parfaitement pareilles.

Et comme une étoile est différente de l'autre en clarté , ainsi seront différents les hommes des uns des autres en gloire, signe évident qu'ils l'auront été en la grâce.

Or, cette variété en la grâce, ou cette grâce en la variété, fait une très sacrée beauté et très suave harmonie, qui réjouit toute la sainte cité de Jérusalem la céleste.

Mais il se faut bien garder de jamais rechercher pourquoi la suprême Sagesse a départi une grâce à l'un plutôt qu'à l'autre, ni pourquoi elle fait abonder ses faveurs en un endroit plutôt qu'en l'autre. Non, Théotime, n'entrez jamais en cette curiosité; car ayant tous suffisamment, ainsi abondamment ce qui est requis pour le salut, quelle raison peut avoir homme du monde de se plaindre, s'il plait à Dieu de départir ses grâces plus largement aux uns qu'aux autres?

Si quelqu'un s'enquérait pourquoi Dieu a fait les melons plus gros que les fraises, ou les lis plus grands que les violettes; pourquoi le romarin n'est pas une rose, ou pourquoi l'oeillet n'est pas un souci.

Pourquoi le paon est plus beau qu'une chauve-souris, ou pourquoi la figue est douce, et le citron aigrelet; on se moquerait de ses demandes, et on lui dirait:

Pauvre homme, puisque le beauté du monde requiert la variété, il faut qu'il y ait des différentes et inégales perfections ès choses, et que l'une ne soit pas l'autre; c'est pourquoi les unes sont petites, les autres grandes, les unes aigres, les autres douces, les unes plus et les autres moins belles. Or, c'en est de même ès choses surnaturelles: chaque personne a son don; un ainsi, et l'autre ainsi dit le Saint-Esprit.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VII

Combien la Providence sacrée est admirable en la diversité des grâces qu'elle distribue aux hommes.


C'est donc une impertinence de vouloir rechercher pourquoi saint Paul n'a pas eu la grâce de saint Pierre; ni saint Pierre celle de saint Paul pourquoi saint Antoine n'a pas été saint Athanase, ni saint Athanase saint Jérôme; car on répondrait à ces demandes, que l'Eglise est un jardin diapré de fleurs infinies.

Il y en faut donc de diverses grandeurs, de diverses couleurs, de diverses odeurs, et en somme de différentes perfections. Toutes ont leurs prix, leur grâce et leur émail, et toutes, en l'assemblage de leur variété, font une très agréable perfection de beauté.

CHAPITRE VIII

Combien Dieu désire que nous l'aimions.


Bien que la rédemption du Sauveur nous soit appliquée en autant de différentes façons comme il y a d'âmes; si est-ce néanmoins que l'amour est le moyen universel de notre salut, qui se mêle partout, et sans lequel rien n'est salutaire, ainsi que nous dirons ailleurs.

Aussi le chérubin fut mis à la porte du paradis terrestre avec son épée flamboyante, pour nous apprendre que nul n'entrera au paradis céleste, quil ne soit transpercé du glaive de l'amour.

Pour cela, Théotime, le doux Jésus, qui nous a rachetés par son sang, désire infiniment que nous l'aimions, afin que nous soyons éternellement sauvés, et désire que nous soyons sauvés, afin que nous l'aimions éternellement, son amour tendant à notre salut, et notre salut à son amour.

Hé! dit-il, je suis venu pour mettre le feu au monde; que prétends-je sinon qu'il tarde ?

Mais pour déclarer plus vivement l'ardeur de ce désir, il nous commande cet amour en termes admirables: Tu aimeras, dit-il, le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toutes tes forces : c'est le premier et le plus grand commandement.

Vrai Dieu, Théotime, que le coeur divin est amoureux de notre amour! Ne suffisait-il, pas qu'il eût publié une permission par laquelle il nous eût donné congé de l'aimer, comme Laban permit à Jacob d'aimer sa belle Rachel, et de la gagner par ses services?

Mais non, il déclare plus avant sa passion amoureuse envers nous, et nous commande de l'aimer de tout notre pouvoir, afin que la considération de sa majesté et de notre misère, qui font une tant infinie disparité et inégalité de lui à nous, ni autre prétexte quelconque ne nous divertit de l'aimer.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII

Combien Dieu désire que nous l'aimions.


Comme Laban permit à Jacob d'aimer sa belle Rachel, et de la gagner par ses services? Mais non, il déclare plus avant sa passion amoureuse envers flous, et nous commande de l'aimer de tout notre pouvoir, afin que la considération de sa majesté et de notre misère, qui font une tant infinie disparité et inégalité de lui à nous, ni autre prétexte quelconque ne nous divertit (Divertit, détournât) de l'aimer.

En quoi il témoigne bien, Théotime, qu'il ne nous a pas laissé linclination naturelle de l'aimer pour néant; car afin qu'elle ne soit oiseuse, il nous presse de l'employer par ce commandement général, et afin que ce commandement puisse être pratiqué, il ne laisse homme qui vive auquel il ne fournisse abondamment tous les moyens requis à cet effet.

Le soleil visible touche tout de sa chaleur vivifiante, et comme l'amoureux universel des choses inférieures, il leur donne la vigueur requise pour faire leurs productions, et de même la bonté divine anime toutes les âmes, et encourage tous les coeurs à son amour, sans qu'homme quelconque soit caché à sa chaleur.

La sapience éternelle, dit Salomon, prêche tout en public, elle fait retentir sa voix emmi les places, elle crie et recrie devant les peuples, elle prononce ses paroles és portes des villes, elle dit :

Jusques à quand sera-ce, ô petits enfants, que vous aimerez l'enfance, et jusques à quand sera-ce que les forcenés désireront les choses nuisibles, et que les imprudents haïront la science ?

Convertissez-vous, revenez à moi sur cet avertissement; hé ! voici que je vous offre mon esprit, et je vous montrerai ma parole.

Et cette même sapience poursuit en Ézéchiel, disant : Que personne ne dise: Je suis emmi les péchés, et comment pourrai-je revivre?

Ah non! car voici que Dieu dit: Je suis vivant, et aussi vrai que je vis, je ne veux point la mort de l'impie, mais qu'il se convertisse de sa voie et qu'il vive. Or, vivre, selon Dieu, c'est aimer, et qui n'aime pas, il demeure en la mort. Voyez donc, Théotime, si Dieu désire que nous l'aimions.

Mais il ne se contente pas d'annoncer ainsi son extrême désir d'être aimé en public, en sorte que chacun puisse avoir part à son aimable semonce; ains il va de porte en porte heurtant et frappant, protestant que si quelqu'un ouvre, il entrera chez lui, et soupera avec lui , c'est-à-dire, il lui témoignera toute sorte de bienveillance.

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Combien Dieu désire que nous l'aimions


Or, qu'est-ce à dire tout cela, Théotime? sinon que Dieu ne nous donne pas seulement une simple suffisance de moyens pour l'aimer, et en l'aimant nous sauver; mais que c'est une suffisance riche, ample, magnifique, et telle qu'elle doit être attendue d'une si grande bonté, comme est la sienne.

Le grand Apôtre, parlant au pécheur obstiné : Méprises-tu (dit-il) les richesses de la bonté, patience et longanimité de Dieu ?

Ignores-tu que la bénignité de Dieu l'amène à pénitence ? Mais toi, selon ta dureté, et ton coeur impénitent tu te fais un trésor d'ire au jour de l'ire.

Mon cher Théotime, Dieu n'exerce pas donc une simple quantité de remèdes pour convertir les obstinés, mais emploie à cela les richesses de sa bonté.

L' Apôtre, comme vous voyez, oppose les richesses de la bonté de Dieu aux trésors de la malice du coeur impénitent, et dit que le coeur malicieux est si riche en iniquité, que même il méprise les richesses de la débonnaireté, par laquelle Dieu l'attire à pénitence, et notez que ce ne sont pas simplement les richesses de la bonté divine que l'obstiné méprise, mais les richesses attrayantes à pénitence; richesses qu'on ne peul bonnement ignorer.

Certes, celle riche, comble et abondante suffisance de moyens, que Dieu élargit aux pécheurs pour l'aimer, parait presque partout en l'Écriture ; car voyez ce divin amant à la porte.

Il ne bat pas simplement, il s'arrête à battre, il appelle l'âme : Sus lève-toi, ma bien-aimée, dépêche-toi; et met sa main dans la serrure, pour voir s'il ne pourrait point ouvrir.

S'il prêche emmi les places, il ne prêche pas simplement, mais il va criant, c'est-à-dire, il continue à crier. S'il exclame qu'on se convertisse, il semble qu'il ne l'a jamais assez répété:

Convertissez-vous, convertissez-vous, faites pénitence, retournez à moi; vivez; pourquoi mourrez-vous, maison d'Israël ?

En somme, ce divin Sauveur n'oublie rien pour montrer que ses misérations sont sur toutes oeuvres ; que sa Miséricorde surpasse son jugement, que sa rédemption est copieuse, que son amour est infini; et, comme dit l'Apôtre, qu'il est riche en Miséricorde; et que par conséquent, il voudrait que tous les hommes fussent sauvés , et qu'aucun ne périt.

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Combien Dieu désire que nous l'aimions.


Comme Laban permit à Jacob d'aimer sa belle Rachel, et de la gagner par ses services? Mais non, il déclare plus avant sa passion amoureuse envers flous, et nous commande de l'aimer de tout notre pouvoir, afin que la considération de sa majesté et de notre misère, qui font une tant infinie disparité et inégalité de lui à nous, ni autre prétexte quelconque ne nous divertit (Divertit, détournât) de l'aimer.

En quoi il témoigne bien, Théotime, qu'il ne nous a pas laissé linclination naturelle de l'aimer pour néant; car afin qu'elle ne soit oiseuse, il nous presse de l'employer par ce commandement général, et afin que ce commandement puisse être pratiqué, il ne laisse homme qui vive auquel il ne fournisse abondamment tous les moyens requis à cet effet.

Le soleil visible touche tout de sa chaleur vivifiante, et comme l'amoureux universel des choses inférieures, il leur donne la vigueur requise pour faire leurs productions, et de même la bonté divine anime toutes les âmes, et encourage tous les coeurs à son amour, sans qu'homme quelconque soit caché à sa chaleur.

La sapience éternelle, dit Salomon, prêche tout en public, elle fait retentir sa voix emmi les places, elle crie et recrie devant les peuples, elle prononce ses paroles és portes des villes, elle dit :

Jusques à quand sera-ce, ô petits enfants, que vous aimerez l'enfance, et jusques à quand sera-ce que les forcenés désireront les choses nuisibles, et que les imprudents haïront la science ?

Convertissez-vous, revenez à moi sur cet avertissement; hé ! voici que je vous offre mon esprit, et je vous montrerai ma parole.

Et cette même sapience poursuit en Ézéchiel, disant : Que personne ne dise: Je suis emmi les péchés, et comment pourrai-je revivre?

Ah non! car voici que Dieu dit: Je suis vivant, et aussi vrai que je vis, je ne veux point la mort de l'impie, mais qu'il se convertisse de sa voie et qu'il vive. Or, vivre, selon Dieu, c'est aimer, et qui n'aime pas, il demeure en la mort. Voyez donc, Théotime, si Dieu désire que nous l'aimions.

Mais il ne se contente pas d'annoncer ainsi son extrême désir d'être aimé en public, en sorte que chacun puisse avoir part à son aimable semonce; ains il va de porte en porte heurtant et frappant, protestant que si quelqu'un ouvre, il entrera chez lui, et soupera avec lui , c'est-à-dire, il lui témoignera toute sorte de bienveillance.

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