Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon

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amidelamisericorde
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CHAPITRE V
De la foi de la très sainte Vierge


Comme la dévotion de la glorieuse Vierge consiste particulièrement en l'imitation de sa très sainte vie, car celui qui l'aime en vérité, dit le dévot saint Bonaventure , en devient une vivante image, le fidèle esclave doit s'appliquer sur toutes choses à l'imitation de ses vertus, d'autant plus que son saint esclavage, nous ôtant au monde, aux créatures du monde, et à nous-mêmes, pour nous donner tout à elle sans aucune réserve, pour être uniquement à Jésus seul, est un changement de toute notre vie, et un renouvellement de grâce, un état céleste où lon entre par le dépouillement du vieil homme, et dans lequel l'on est revêtu du nouveau.

Car qui dit être tout à Marie, c'est dire que l'on est tout à Jésus ; et qui est à Jésus n'est plus à soi ni à aucune chose créée. Si on considère donc l'esclavage de la Mère de Dieu, comme on la doit regarder dans son fond, ne s'arrêtant pas seulement aux pratiques extérieures ; c'est un état tout divin, dans lequel toutes les vertus sont comme dans leur règne ; c'est pourquoi le grand exercice du saint esclavage est la pratique solide des vertus, à l'imitation de la très sacrée Vierge, qui en est un parfait exemplaire, dont toutes les actions, dit saint Ambroise, doivent être continuellement devant nos yeux, pour reconnaitre ce qu'il y a en nous à corriger, ce que nous devons éviter, et ce que nous devons faire.

Or, comme la foi est le fondement de toutes les vertus, c'est cette vertu que le fidèle esclave doit premièrement imiter en sa divine maîtresse, qui est, dit Richard de Saint-Laurens au livre VI des Louanges de la Vierge, la femme fidèle, dont la foi a sauvé Adam l'homme infidèle, qui avait été trompé par l'infidélité de la première femme, et qui avait ensuite enveloppé dans ses ténèbres toute sa postérité ; ténèbres qui ont été heureusement dissipées par la lumière de la foi de notre sainte dame.

C'est pourquoi si nous pouvons dire avec sainte Élisabeth, qu'elle est bienheureuse parce qu'elle a cru, nous devons encore assurer que sa foi nous fait participer à son bonheur, et nous donne une entrée avantageuse en la communication de sa gloire.

De là vient que saint Bernard au serm. 2 de la Naissance de Notre-Seigneur, dit que le royaume des cieux est semblable à la foi de Marie, parce que les sièges des anges ont été réparés par cette vertu de la très pure Vierge. Aussi saint Cyrille d'Alexandrie, qui ne peut être jamais assez loué pour son zèle admirable envers les intérêts de la Mère de Dieu, en l'homélie 6 contre Nestorius, l'appelle le sceptre de la droite foi, parce qu'elle en a étendu les limites jusqu'aux dernières extrémités de la terre, et établi l'empire dans les nations les plus barbares, auparavant qu'elles eussent cru le mystère de l'incarnation qui se devait accomplir en elle, Dieu n'était connu qu'en la Judée, son nom n'était grand qu'en Israël ; mais son royaume depuis ces jours heureux s'est établi par toute la terre, et tous les peuples ont adoré son saint nom. (...)

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE V
De la foi de la très sainte Vierge


L'angélique docteur sur le chapitre LXIII d'Isaïe, enseigne que Notre-Seigneur fut délaissé de tous ses disciples dans le temps de sa passion, qu'il n'y eut que la très sainte Vierge qui ne le quitta pas, et qui demeura toujours constante dans la foi. Les cierges qui servent pendant les ténèbres de la semaine sainte, et que l'on éteint, marquent que la lumière de la foi fut éteinte dans l'esprit des disciples ; et celui qui demeure toujours allumé, et qui est au plus haut du chandelier, est un signe que l'Église donne, que la foi de la bienheureuse Vierge a toujours été très brillante, et n'a jamais souffert même sur le Calvaire la moindre obscurité.

C'est aussi le sentiment de saint Bernard en ce qu'il a écrit de la douleur de cette sainte mère, que la foi de l'Église demeurait en la seule Vierge pendant le temps de la passion.

Un chacun hésitait, dit ce Père, mais celle qui avait conçu par la foi, demeurait toujours constante en la foi. Marie est la seule bénie entre toutes les femmes, c'est elle seule qui, pendant le triste jour du sabbat a persisté en la foi, et c'est en elle seule que toute l'Église a été conservée pendant ce temps-là.

C'est pour ce sujet que quelques-uns estiment que le samedi a été consacré en son honneur. Albert le Grand déclare que notre sainte maîtresse a possédé la foi dans un degré souverain : et saint Ildephonse l'appelle le sceau de notre foi.

Nous devons sur toutes choses nous appliquer à l'imitation de cette vertu, sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu, quelque intention que l'on puisse avoir de lui être agréable.

C'est pourquoi les hérétiques, quelques bonnes oeuvres qu'ils paraissent faire, quand ils donneraient tous leurs biens aux pauvres, quand ils souffriraient avec patience tous les maux du monde, quant ils passeraient leur vie dans la retraite, n'ayant point la foi, ne peuvent être sauvés.

Cette vérité nous doit bien faire rentrer en nous-mêmes, pour reconnaître les obligations infinies que nous avons à la bonté de Dieu de nous avoir donné la foi, nous ayant fait naître de parents catholiques. Un esprit se perd amoureusement dans les Miséricordes de Notre-Seigneur, lorsqu'il considère d'où vient qu'entre tant de millions d'âmes qui vivent dans tous les pays étrangers, et qui sont infidèles, d'où vient que dans les pays où il a pris sa naissance, où il y a plusieurs hérétiques et qui sont ses voisins, il a plu à la Divine Miséricorde de lui donner le don de la foi. Ô mon Dieu et mon Seigneur ! Que vous avons-nous fait ? Pourquoi nous prévenir de la sorte des bénédictions de votre douceur ? Ô mon âme ! Il est bien juste de dire avec le Psalmiste : Si le Seigneur ne nous eût aidé encore un peu, nous allions avoir pour demeure l'enfer ! Si nos pieds ont été tirés des malheureuses voies qui y conduisent. C'est votre Miséricorde, ô mon Sauveur, qui nous en a délivrés. (Psal., CXXIII, 1 et seq.) (...)

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE V
De la foi de la très sainte Vierge


Mais que cela est bientôt dit, l'enfer, quoiqu'il n'y ait point de langue qui puisse nous en découvrir pleinement l'énormité des tourments. On a beau y penser, c'est ce qu'on ne peut comprendre. À jamais être infiniment malheureux, être brûlé pour un jamais, porter l'ire de Dieu pour une éternité, souffrir des tourments extrêmes pour toujours. Je me représente une âme condamnée à ce lieu de pures peines, qui, entrant en enfer, et commençant à en ressentir les effroyables tourments, connaît assurément en même temps qu'ils ne finiront jamais.

Oh ! Quelle rage ! Quels désespoirs ! et tout cela sans aucun remède, sans la moindre petite espérance de secours ; souffrir toutes sortes de peines, qui sont extrêmes dans leur grandeur, et cela pour un jamais. Voilà un abîme. Ces gens cependant qui vivaient dans ces anciens siècles de la gentilité, dont nous foulons aux pieds les cendres malheureuses, sont depuis tant de siècles dans ces peines : et comme elles sont éternelles, elles ne font pour ainsi dire, que commencer. Pourquoi ne sommes-nous pas nés dans ces temps du paganisme ?

Ces personnes hérétiques que nous avons connues, avec qui nous avons vécu, sont dans ces tourments. Pourquoi avons-nous eu des parents catholiques ? Ô amour !

Ô amour de mon Dieu ! Ô Miséricordes infinies de l'adorable Jésus ! Cest vous, c'est vous qui êtes la cause de notre bonheur, et la source de toutes les grâces. Mais d'où vient que parmi les disciples nous avons reçu tant de lumières, tant d'instructions ? Pourquoi ne sommes-nous pas comme ces pauvres gens de la campagne, qui vivent presque sans lumière ? Pourquoi ne sommes-nous pas comme ces gens qui, vivant dans les villes, ne s'appliquent pas aux connaissances de l'Évangile, ou qui, les ayant reçues, les négligent ou les méprisent, ne pensant à rien moins qu'aux vérités de la foi, et s'occupant presque toujours des choses de la terre, ensevelissant la divine lumière dans l'obscurité des maximes du monde ?

Des Miséricordes si étonnantes méritent des actions de grâces continuelles ; mais au moins faut-il prendre quelques jours pour en remercier la divine bonté. Nos ingratitudes tarissent souvent le cours des plus précieuses grâces du ciel ; à peine trouve-t-on des personnes qui s'appliquent à la reconnaissance des dons de Dieu ; nous les recevons sans cesse, et nous en sommes dans un continuel oubli ; et particulièrement pour la grâce de la foi, à peine voit-on des Chrétiens qui en rendent des actions de grâces.

Il faut donc faire des communions, avoir soin qu'on offre le saint sacrifice de la messe, faire des neuvaines, donner des aumônes, pratiquer des mortifications, aller en pèlerinage pour remercier Dieu tout bon du don de la foi ; s'assembler plusieurs ensemble pour ce sujet, et pour demander à Notre-Seigneur par sa très sainte Mère et les saints anges, qu'il ne retire pas ce don de la foi de notre pays, par le mauvais usage que l'on en fait. (...)

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE V
De la foi de la très sainte Vierge


(...)La fête de l'Épiphanie, qui est la fête de la foi, doit être célébrée avec des dévotions très particulières, et c'est un jour bien propre pour s'appliquer à louer l'adorable Jésus, de la manifestation de ses divines vérités. L'on doit avoir aussi grand zèle pour procurer l'instruction des pauvres infidèles des pays étrangers, et des gens de la campagne, coopérant aux missions qui s'y font, ou de ses biens, ou de ses prières et autres dévotions que l'on peut offrir, tantôt pour le Canada, tantôt pour la Chine, quelquefois pour la conversion des hérétiques, et d'autres fois pour la destruction de l'ignorance de nos campagnes.

L'on doit aussi conserver toujours un respect extrême, une soumission très profonde, et un amour filial pour notre Saint-Père le Pape, le père et le pasteur de tous les fidèles de l'Église universelle, et le vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ en terre, et ne se départir jamais de l'union que tous les Chrétiens doivent avoir pour le Saint-Siège apostolique et l'Église romaine, la mère et maîtresse de toutes les Églises ; considérant que les démons et les hérétiques leurs suppôts combattent toujours avec rage le Saint-Siège, et tachent d'en donner tout le mépris qu'ils peuvent, en diminuant l'autorité, et en retirant de l'obéissance sincère qui lui est due ; au contraire, les saints ont des respects admirables pour la chaire de saint Pierre, où sont assis les Souverains Pontifes successeurs de ce prince des apôtres, avec un tel secours de Jésus-Christ et de sa glorieuse Mère, et des bons anges, que les portes de l'enfer n'ont jamais prévalu contre le Siège apostolique ; et quoique la foi ait manqué dans les lieux où les autres apôtres l'ont établie, cependant Rome, le siège de saint Pierre, l'a toujours conservée toute pure et en son entier avec une fidélité inviolable.

L'on doit aussi avoir haute estime pour les moindres cérémonies de l'Église, pour les indulgences, pour toutes les confréries et dévotions qui en sont approuvées, en parlant toujours avec respect, et ayant en horreur le libertinage de certaines personnes qui, se piquant d'esprits forts, raillent sur les choses les plus saintes, et pensent donner des marques de quelques lumières particulières en pointillant sur la religion ou sur les cérémonies de l'Église.

L'on doit aussi détester une profanation criminelle qui se glisse en nos jours, de la parole de Dieu, des hymnes et cantiques de l'office divin, par des impies qui se servent des termes de l'Écriture pour sujet de leurs divertissements, et les appliquent aux choses profanes, et qui composent des chansons vaines et mondaines sur l'air des cantiques sacrés.

Le démon inspire encore une curiosité dangereuse touchant les matières les plus difficiles de la théologie, comme celles de la grâce et de la prédestination, et les hommes sans études, et même les femmes, les étudient et en disputent dans les compagnies, s'élevant quelquefois par une présomption diabolique, au-dessus de l'autorité du Saint-Père et des prélats, voulant décider des difficultés dont ils ne veulent pas que le Souverain Pontife et les évêques décident.

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CHAPITRE V
De la foi de la très sainte Vierge


(...) L'esprit véritablement catholique est bien éloigné de ces manières d'agir ; car il n'a que de l'horreur pour ses propres lumières, qu'il quitte avec humilité pour se soumettre aux lumières des prélats de l'Église. Cela n'empêche pas que chacun n'ait ses sentiments, et ses vues, et son jugement ; mais la grâce de Jésus-Christ nous fait soumettre nos sentiments, nos vues et notre propre jugement.

Ce n'est donc pas une excuse légitime de dire qu'on n'entre pas dans le sentiment du Saint-Père et des évêques, parce qu'on ne peut pas empêcher les sentiments que l'on a qui y sont contraires ; autrement il n'y aurait presque plus d'obéissance ni dans l'Église ni dans les monastères, parce que l'esprit de l'homme, dans la corruption où il est, ne manque pas de prétextes, de beaux raisonnements, qui lui paraissent solides, pour se dispenser de l'obéissance ; s'il ne fallait obéir que lorsque le propre jugement dicte qu'il est raisonnable, la soumission serait bannie de la plupart des esprits, et l'on ne verrait de tous côtés que de fâcheuses rébellions.

Le véritable obéissant n'a point peine à juger que les lumières de ses supérieurs sont plus solides que les siennes propres ; ainsi, sans écouter ses pensées, il passe par-dessus tout ce qu'elles peuvent lui donner de connaissances pour sy assujettir avec humilité.

En vérité, il est difficile de comprendre comme une personne qui marche dans la vie spirituelle demeure attachée à son sentiment, sous prétexte que ses supérieurs se trompent, et les Papes et les évêques ; car c'est un orgueil trop visible de demeurer en repos, sans crainte d'être trompé, pendant que l'on pense facilement que toutes les puissances de l'Église, à qui Dieu donne l'assistance de ses lumières, sont dans l'illusion et l'erreur.

Attachons-nous à ce que l'Église nous propose, sans écouter aucun raisonnement qui parle au contraire, dans une entière docilité d'esprit, et une ingénuité toute franche et toute cordiale, sans affecter aucune vaine suffisance pour pointiller sur les choses que l'on ne peut comprendre : quoiqu'il y ait des choses qui choquent les sens et l'esprit, il faut démentir ses sens et dédire son jugement, et se vaincre soi-même, pour être pleinement assujetti en son entendement comme en sa volonté.

Mais c'est par la porte de la volonté, dit le grand saint François de Sales, qu'il nous faut sauver des pièges que le démon nous tend en l'entendement par les doutes qu'il y glisse sur les vérités de la foi.

Excellent remède à ceux qui sont tentés en cette matière, dans laquelle il faut combattre en fuyant, se donnant bien garde de raisonner, sous prétexte même de se convaincre des vérités de notre religion ; car le diable ne manquera jamais à fournir de nouveaux sujets de doutes, qui s'augmenteront infailliblement par le discours de l'entendement.

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CHAPITRE V

De la foi de la très sainte Vierge


(...) Tout ce que l'âme a à faire en cet état, est de ne s'occuper pas volontairement des pensées qui lui arrivent : je dis volontairement, car elle ne peut pas empêcher qu'il ne lui en vienne contre sa volonté ; mais elle doit les laisser anéantir d'elles-mêmes, n'envisageant pas la tentation, bien au contraire, la méprisant, et s'appliquant doucement et sans effort à quelque autre chose, ou, s'il n'est pas en son pouvoir, les souffrant avec patience, sans s'y arrêter avec des réflexions volontaires.


CHAPITRE VI

De l'espérance de la très sainte Vierge


La très-sainte Vierge avait mis si généralement toutes ses espérances en Dieu seul, et elle se confiait si amoureusement en sa divine providence, que jamais le moindre petit mouvement de défiance n'a eu aucune place dans son divin cur, qui est toujours demeuré stable et dans une fermeté inébranlable parmi toutes les tempêtes et orages de la vie présente, espérant contre l'espérance même.

C'est pourquoi saint Bonaventure enseigne que pendant les jours de sa chair, pour parler avec l'Écriture, elle avait des qualités admirables, qui avaient du rapport avec celles des bienheureux, car elle semblait impassible, dit ce saint docteur.

Ce qui lui arrivait par son entière confiance en Dieu seul, ne s'étonnant de rien et s'élevant courageusement au-dessus de toutes les afflictions qu'elle souffrait. Dans le temps de la passion de son Fils bien-aimé, les disciples voyant les ignominies de la croix, entrèrent dans le découragement ; mais cette Mère de la belle dilection, comme le remarque sainte Mechthilde au livre 1er de ses Révélations, chapitre 56, pendant que toutes les créatures étaient dans une consternation générale, elle seule demeurait immobile avec la divinité, étant très intimement unie à celui qui porte pour une de ses qualités : qu'il est le Dieu qui ne change point.

« De là vient, dit saint Ambroise, que, lorsque l'Écriture nous déclare (Joan, XIX, 25) que le monde fut ébranlé, que le soleil retira ses lumières, que la terre se vit couverte de ténèbres, elle assure que Marie, la Mère du Seigneur, était debout auprès de la croix de son Fils.

Elle pouvait donc dire que si elle était noire par la douleur extrême qu'elle portait sur le Calvaire, elle ne laissait pas d'être belle par la fermeté de son espérance. »

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CHAPITRE VI

De l'espérance de la très sainte Vierge


Cette vertu est si nécessaire qu'un ancien a dit : que l'homme qui n'espère pas en Dieu n'est pas un homme véritable, mais qu'il mérite d'être mis au rang des bêtes. Cependant, dit le même auteur, il est difficile de se confier uniquement en Dieu seul, car les choses de cette vie mortelle, qui nous environnent insensiblement, nous portent à mettre notre confiance aux hommes, aux honneurs, aux biens, aux puissances, à nos amis, à notre santé, à nos industries, et particulièrement à notre prudence.

C'est le propre d'une âme céleste, et qui ne tient plus à la terre, d'ôter de son coeur toute sorte d'appui sur la créature pour ne plus espérer qu'en Dieu seul et attendre tout de sa divine providence pour le temps et l'éternité. À proportion que l'âme est à Dieu, ses espérances sont grandes.

Ceux qui le cherchent en vérité ont une grande confiance en ses secours, mais ceux qui lui sont parfaitement unis par un dégagement absolu de tout l'être créé espèrent contre l'espérance même.

C'est ce qui fait dire au divin Paul (Philip. IV, 13 et seq.) : Qu'il est tout-puissant en celui qui lui donne force, quoique d'autre part il ne paraisse rien de plus faible, se voyant persécuté de tous côtés, et par ses ennemis du dehors, et par de faux frères, ses proches par la religion, étant exposé à toute sorte de dangers et environné d'un monde de misères.

Saint François Xavier étant sur le point de passer dans une île qui n'avait rien de considérable que la cruauté des barbares qui l'habitaient, qui, ne trouvant plus d'ennemis à manger, se dévoraient inhumainement les uns les autres.

Comme ces cruels insulaires se servaient ordinairement de poison pour faire perdre la vie à ceux dont ils voulaient manger la chair, les amis de ce grand saint lui persuadèrent, quoique avec répugnance de son côté, de porter du contrepoison pour se mettre à couvert de leur malice.

Mais à peine ce saint fut-il entré dans le bateau qui le devait passer en cette terre barbare, que, ne pouvant souffrir l'appui que sa nature pouvait prendre dans ces remèdes, il les jeta tous en la mer.

« Non, disait cette âme généreuse, il ne sera pas dit que Xavier ait mis quelque confiance, pour petite qu'elle puisse être, dans l'être créé ; Dieu seul lui suffit, et il lui suffira pour jamais.

Il ne faut point d'autres préservatifs du poison des barbares que la protection de sa seule providence. » Et de vrai, l'homme apostolique entra dans ce pays de démons, dont il changea les curs et amollit la dureté, et en sortit sans aucun mal.

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CHAPITRE VI

De l'espérance de la très sainte Vierge


C'est l'ordinaire des grands saints, de vivre dans un entier abandon à la Providence : ceux qui vivent dans une justice commune, regardant Dieu, envisage encore la créature. Les saints sont assistés du ciel en tous leurs besoins ; il n'y a point de mère qui ait des soins pour son enfant, comme Dieu en a pour eux : il proteste qu'il étendra ses ailes sur eux, ainsi qu'un aigle sur ses petits, et qu'il les portera délicatement que ses épaules (Deut., XXXII, 11).

C'est cet heureux peuple, à qui il assure qu'il n'a rien à craindre ; que le portant en ses flancs et en son sein, il ne peut jamais le mettre en oubli ; que son nom même est écrit en ses mains, et que les caractères en sont gravés en sa mémoire. Il l'appelle dans l'excès de ses tendresses, son fils honorable, son fils délicat ; il déclare que ses entrailles sont tout attendries sur lui, que sa bénédiction l'ira accompagner en la ville et aux champs, qu'elle entrera et sortira avec lui : le bonheur le suit partout, parce que l'assistance de la Providence ne lui manque jamais. (Jér., XXXI, 20).

Il le faut répéter : non, jamais rien ne manque à ce cher peuple, pourvu qu'il ne vienne à manquer de confiance ; car la confiance est celle qui suce les mamelles de cette Providence : mais c'est elle aussi qui les emplit par les sentiments qu'elle donne des bontés de son Dieu. Une personne se trouvant à Paris fort destituée des secours humains, il lui fut dit : Que crains-tu ?

Je ferai plutôt venir de cent lieues des gens pour t'assister, plutôt que je permette que les choses nécessaires te manquent. Et de vrai, à quelque temps de là un homme arriva en cette grande ville, dont le séjour ordinaire était éloigné de cent lieues, lequel prit un soin incroyable de cette personne.

J'ai connu un grand serviteur de Dieu, qui était Lorrain, et qui est décédé dans une très grande vieillesse au séminaire de Saint-Sulpice de Paris, dans lequel les messieurs du séminaire l'avaient retiré avec une grande charité, qui pendant la guerre de Paris étant sorti à la campagne, et avant fait rencontre de quelques Allemands, il en fût dépouillé entièrement : étant demeuré en chemise, et s'étant rendu ensuite en sa petite chambre, qui était dans le collège de Marmontier, il me vint trouver fort tard, pour pouvoir avoir quelques hardes pour couvrir sa nudité. Il était dans une grande joie de ce qui lui était arrivé : mais je fus fort surpris le lendemain, lorsque me rapportant les habits que je lui avais prêtés, il me montra un bon habit dont il était vêtu, et qui lui était juste, qu'un homme inconnu lui avait apporté, lui disant qu'il ne se mît point en peine d'où il venait. J'adorai la providence amoureuse de notre Dieu très bon et très Miséricordieux, qui avait assisté son serviteur d'une manière si prompte et si merveilleuse : car c'est une chose assez considérable, qu'étant revenu fort tard et près de la nuit, dès le lendemain il reçut un habit qui lui était propre, de la main d'une personne qu'il ne connaissait pas.

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CHAPITRE VI

De l'espérance de la très sainte Vierge


Ce n'est pas en cette seule rencontre que cet homme de Dieu a été favorisé de la divine Providence. Ayant été réduit dans une extrême pauvreté par la misère commune de la Lorraine, il fut contraint lui, sa femme et ses enfants (car il avait été marié et était artisan), d'aller cueillir des herbes dans les prairies ; pour se nourrir lui et sa famille, n'ayant pas de pain, ce qu'il faisait non seulement avec patience, mais avec joie, se mettant à genoux avec ses enfants pour remercier la divine Providence, quand ils trouvaient quelques herbes propres pour leur pauvre nourriture : enfin il fut obligé de venir à Paris, où étant allé au collège de Clermont de la Compagnie de Jésus, et s'arrêtant à la porte, un serviteur de Dieu fut fortement inspiré de lui donner du écus, et un autre quarante livres.

Ce bon homme m'a plusieurs fois raconté qu'il avait une si grande aversion de l'argent, tout pauvre qu'il était, qu'il éloignait sa poche de lui, dans laquelle il avait mis l'argent qu'on lui avait donné, ne pouvant presque le supporter. À quelque temps de là un seigneur de marque lui donna huit cents livres pour placer une sienne fille, et l'on eut soin de procurer à sa femme un logement dans une maison religieuse. Quand la Providence commence de favoriser de ses plus particulières grâces quelqu'un, ce n'est pas sitôt fait.

On le place chez un homme de son métier, et jamais il ne fut plus surpris que lorsqu'il vit ses biens s'augmenter d'une manière surprenante et à vue d'il : il connut bientôt que c'était la bénédiction que le bon Lorrain avait apportée en sa maison, dont on ne le tira qu'à force, pour demeurer chez feu monsieur le Gauffre, très digne successeur du P. Bernard, dont la vie est en odeur de suavité à tous les fidèles. Ce fut en ce lieu que sa vie devint tout extatique, ayant ordinairement des ravissements dont je suis témoin oculaire, durant lesquels son corps devenait si léger, qu'il ne pesait presque rien.

On fut obligé de faire des dévotions pour prier Notre-Seigneur de les lui ôter, parce qu'ils lui étaient si fréquents, qu'ils lui ôtaient la liberté d'agir. Ensuite il tomba dans une maladie extraordinaire, qui avait d'autres causes que les naturelles, et qui lui fut donnée pour le faire avancer de plus en plus dans les voies du pur amour.

Il m'a dit qu'elle lui avait été prédite par le feu P. de Condé de la Compagnie de Jésus, qui demeurait pour lors au collège de Clermont, qui l'ayant appelé, lui dit ce qui se passait en son intérieur, et lui prédit ce qui lui devait arriver, à son grand étonnement : aussi ce Père le venant voir eu sa maladie, comme il en connaissait la cause, ne s'en mettait pas en peine, pendant qu'un chacun ne pensait quau lieu où il devait être enterré, sa mort étant tenue comme certaine. Il avait une vénération singulière pour ce bon Père, qu'il disait avoir vu quelquefois dans de certaines lumières surnaturelles, proche de Notre-Seigneur à la croix. (...)

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CHAPITRE VI

De l'espérance de la très sainte Vierge


(...) Comme la manière de prêcher de ce Père était fort spirituelle, il n'était pas goûté de plusieurs : mais j'ai connu des âmes appelées à la perfection, qui en étaient touchées d'une manière très puissante.

Ses paroles leur étaient comme des charbons ardents qui les mettaient tout en feu, en sorte que pendant ses sermons elles avaient bien de la peine à se contenir, et à ne pas faire paraitre au dehors le feu sacré qui les consumait intérieurement. Elles eussent voulu crier, voilà un homme admirable : et la grâce qu'elles en recevaient, était telle, que dès lors qu'il montait en chaire, et qu'il commençait à faire le signe de la croix, elles étaient toutes transportée par les impétuosités sacrées du divin amour.

« Ô mon Dieu ! Que vos conduites sont admirables ! Pendant qu'un homme n'est pas goûté de plusieurs, pour ses expressions qui paraissent trop spirituelles, vous vous en servez pour perfectionner les âmes qui vous sont les plus chères. »

Ce bon Lorrain était tourmenté visiblement des démons, qui lui apparaissaient en des figures différentes, et qui semblaient, quelquefois, renverser toute sa chambre ; quelquefois ils lui parlaient, tâchant de le décourager, lui disant qu'il n'avait rien fait pour Dieu, et, d'autres fois, ils usaient de menaces pour l'intimider.

Son oraison était presque continuelle, ce qui l'obligeait d'aller, de grand matin, dans de certaines cavernes proche Paris, et y passer toute la journée en contemplation, ne mangeant, quelquefois, qu'un peu de pain le soir. Je l'ai vu, quelquefois, lorsque nous allions à la promenade, retourner sur ses pas sans dire mot à la compagnie, en sorte que l'on était tout étonné de ne le plus voir, l'application continuelle qu'il avait à Dieu ne lui permettant pas les moindres divertissements avec les créatures.

Ce n'est pas que, dans les rencontres, il ne fût fort gai, et d'une agréable conversation. Ayant été prié en quelqu'un des jours gras d'aller manger chez un de ses meilleurs amis, et s'en étant voulu abstenir, par mortification, au retour de l'église de Notre-Dame, où il avait passé quelque temps en oraison devant la très-sainte Vierge, sa bonne mère et maîtresse, il fut grandement étonné de trouver plusieurs mets délicieux, apprêtés sur sa table et sur une nappe bien blanche, et comme il eut peur, de prime abord, que ce ne fût une illusion, il eut recours à la prière ; mais, voyant que ces viandes demeuraient toujours, il en mangea avec bénédiction, et fit un excellent repas, le reste qui accompagnait les viandes disparaissant, tant il est vrai que le Seigneur est bon à ceux qui l'aiment, ne leur donnant pas seulement le nécessaire, mais l'agréable, comme il fit dans les noces de Cana, en Galilée.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VI

De l'espérance de la très sainte Vierge


(...) L'élévation de son esprit en Dieu ne lui laissant pas l'usage libre de tous ses sens, il lui est arrivé plusieurs fois d'être renversé par terre, dans les rues, par les carrosses, qui le blessaient notablement, et, n'ayant point d'autre médecin ou chirurgien que la divine Providence, il se trouvait tout à coup guéri.

Qu'il est donc vrai que nous avons un Dieu bon et admirable en ses bontés ! Oh ! Quil est magnifique en ses promesses, fidèle aux effets, et constant à bien faire ! Oh ! si tous les hommes savaient, dit un dévot personnage de nos jours, ce que c'est d'être serviteur de Dieu, ils feraient mourir en eux tous autres désirs, pour n'avoir que celui d'être du nombre de ceux qui le servent !

Il est écrit des justes : Fiez-vous au Seigneur, vous qui le voyez, et vous ne serez point frustré de vos attentes ; considérez que nul n'a jamais espéré au Seigneur qui n'ait recueilli les effets de son espérance : rien n'est refusé au juste, qui est tout à Dieu, de tout ce qu'il lui demande au nom de son Fils.

En effet, lorsqu'il se met en prières, il sent son coeur qui s'enfle d'une généreuse espérance et ses yeux grossissent de larmes ; il sent une certaine confiance que ses prières seront reçues, encore que Dieu en diffère l'effet : mais si, en de certaines occasions, il souffre quelque nécessité pour son bien éternel, son coeur est si plein de contentement et de satisfaction, qu'il pourrait donner de l'envie aux rois plutôt que d'en porter à leur condition.

Mais, au contraire, dit encore ce serviteur de Dieu, que nous devons de louer, maudit soit l'homme qui se repose sur un bras de chair et d'os, qui retire son coeur du Seigneur : il sera comme un misérable sauvageon, planté en terre stérile et ingrate, demeurera en sécheresse sans porter fruit, et Dieu le perdra en sa fureur, et ses espérances seront renversées.

Les méchants ont des peines extrêmes à prier Dieu, et plus encore à accompagner leurs prières de confiance, comment se peuvent-ils reposer dans les bras de celui à qui ils font une cruelle guerre ; comment peuvent-ils s'appuyer sur ce doux nom de père, parlant à Dieu, eux qui seraient contents qu'il ne fût point leur père, pourvu qu'il se déportât d'être leur juge ?

Où donc pourront-ils trouver consolation et allègement en leurs maux, parmi les divers accidents de cette vie ; et, s'ils font un effort pour prier Dieu, seront-ils exaucés de celui qui proteste tout haut qu'il se rira de leurs prières, et se moquera de leurs larmes ? Mais les yeux du Seigneur sont sur les justes, et celui qui les garde veille continuellement sur tous leurs besoins : il renverserait plutôt toute la nature qu'ils ne fussent secourus en leurs nécessités ; il n'épargne pas même les miracles quand il s'agit de les secourir.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VI

De l'espérance de la très sainte Vierge


Toutes les histoires des saints sont remplies des témoignages de cette vérité, qui a éclaté sensiblement dans tous les commencements des ordres religieux, qui, ne s'attachant qu'à Dieu seul, dans l'éloignement de toutes les créatures, ne regardant que ses seuls intérêts, et, perdant de vue toute considération humaine, méritaient des secours extraordinaires de la divine Providence.

Saint Etienne de Grandmont prenait plaisir de placer les couvents de son ordre dans des lieux solitaires, non seulement pour y converser plus à l'aise avec le ciel, mais aussi pour y vivre dans une plus grande privation du secours des créatures, et un plus entier abandon à la pure conduite de la divine Providence, qui était si parfait, qu'ayant établi des maisons dans une extrême pauvreté, sans aucune rente ou possessions, il voulait que ses religieux y demeurassent sans faire aucune quête, leur ayant ordonné de ne demander aucune aumône qu'après avoir été trois jours sans manger, et en ce cas il leur permettait d'exposer leurs besoins

Mais à condition que les religieux envoyés pour mendier en cette rencontre, seraient choisis du nombre de ceux qui se porteraient le mieux, de peur de donner trop de lieu à la nature qui se laisse facilement toucher à la vue des personnes, dont la faiblesse et les infirmités marquent assez les besoins.

Le bienheureux Gaëtan, fondateur des Théatins, a aussi fondé la congrégation sur une rigoureuse pauvreté, sans aucuns biens, ni en particulier ni en commun, prescrivant aux clercs religieux de son ordre de ne demander l'aumône ni par eux ni par d'autres, dans la seule attente de la divine Providence : et il fut si constant à maintenir cet institut (dont chacun jugeait l'observance impossible) qu'il ne voulut jamais consentir au moindre relâchement : d'où vient que se trouvant à Naples, le comte d'Oppido lui ayant offert de grands revenus, et le bienheureux les ayant refusés, le comte l'en fit presser par d'autres religieux, à qui ce saint répondit : Mes Pères, comment êtes-vous assurés de vos revenus ?

Ils répartirent : Nous en avons les titres, en vertu desquels nous pouvons contraindre ceux qui nous doivent. Mais moi, dit le bienheureux Gaétan, j'ai des Écritures plus authentiques en ces termes : Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données. (Matth., VI, 33)

Leur rapportant l'expérience qu'il en avait faite durant plusieurs années à Venise en un temps de cherté, ou sans mendier ils n'avaient jamais manqué de ce qui leur était nécessaire. Le comte lui répondit : Venise est autre chose que Naples. Et le saint lui répliqua avec une grande véhémence d'esprit, qu'il croyait que le Dieu de Venise était aussi le Dieu de Naples. (...)

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VI

De l'espérance de la très sainte Vierge


(...) Mais le comte n'étant pas persuadé de cela, tâchait de vaincre la constance de Gaëtan, envoyant aux Pères de grandes aumônes. Gaëtan n'en prenait que ce qui lui était nécessaire, rendant le surplus. Enfin, ne pouvant plus résister aux importunes caresses du comte, il commanda un matin à tous les Pères, qu'avec leur habit et leurs bréviaires ils eussent à le suivre : et ayant fait fermer l'église et la maison, il envoya les clefs au comte, lui faisant dire qu'il s'en allait avec ses religieux, pour éprouver si le Dieu de Venise était aussi le Dieu de Naples.

Dieu fait quantité de grâces spirituelles et temporelles aux dévots de ce bienheureux, spécialement à ceux qui font des neuvaines à son honneur. On fait la glorieuse mémoire de sa précieuse mort le 7 d'aout : et il doit être spécialement honoré par les personnes qui sont abandonnées à la divine Providence.

Lorsque ces ordres ont commencé à se relâcher, le ciel en a retiré son assistance : quand ils n'ont eu rien, ils ont été dans l'abondance, Dieu, qui tient tous les curs en ses mains, leur donnant de charitables mouvements pour leur porter des biens : et quand ils ont abondé en richesses, ils ont souffert de la disette, et les maisons ont commencé à se ruiner, parce qu'ils se reposaient sur leurs biens et leurs amis.

Ceux qui se confient uniquement en Dieu seul, et nullement sur la créature, auront Dieu seul pour leur protecteur, qui vaut mieux que tout le monde et que mille mondes ensemble : ceux qui se confient en Dieu en partie, et en partie sur la créature, ne ressentiront aussi qu'en partie l'assistance de la divine Providence, et seront laissés en plusieurs choses au pouvoir des hommes, qui n'est qu'une pure faiblesse : ceux qui mettent toutes leurs espérances en leurs industries, en leur politique, en leur prudence, en leurs intrigues, en la force de leur esprit, en leurs richesses, en leurs amis, en la faveur des grands, au crédit des hommes qui les soutiennent, et qui s'appuient peu, ou presque point du tout sur Dieu, seront maudits et délaissés, toute leur prudence confondue, toute leur sagesse détruite, tous leurs desseins anéantis, et toutes leurs ligues renversées.

Cependant ces gens dans leur aveuglement ne peuvent souffrir qu'avec peine les personnes abandonnées à la divine Providence, dont ils tâchent de faire passer la conduite pour ridicule.

Comme ils tiennent tout à la terre, ils ne peuvent souffrir qu'on la quitte : parce qu'ils sont plongés dans la créature, ils ne peuvent voir qu'on la laisse. Les élévations des âmes saintes vers Dieu seul font mal à leurs yeux qui, n'étant pas accoutumés à la pureté des lumières de ce divin soleil, ne prennent plaisir que parmi les obscurités du siècle. Il se rencontre même plusieurs gens de bien qui désapprouvent ces voies d'un parfait abandon, les voulant mesurer à celles où ils se trouvent. J'avoue que pour l'ordinaire il faut faire deux choses.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VI

De l'espérance de la très sainte Vierge


(...)La première, attendre tout de Dieu seul, comme si l'on ne faisait rien ; la seconde, agir et faire tout de son côté, selon les règles de la prudence et dans l'ordre de Dieu.

Mais il y a des âmes dont Dieu seul veut prendre le soin, leur pensée doit être uniquement en lui, et il leur donnera amoureusement tous leurs besoins : elles pensent à Dieu, et Dieu pense à elles : elles s'oublient de tous leurs intérêts, et Dieu veille sur toutes leurs affaires : elles ne sont occupées que de son service, et il est attentif à tout ce qui les touche, elles ne se mettent point en peine de l'avenir, et Dieu y songe pour elles : elles ne se voient jamais, et Dieu les regarde toujours : elles ne recherchent pas l'appui des créatures dont elles ont horreur, et Dieu est leur force, leur refuge et leur protection : leurs armes dans leurs persécutions sont les larmes et les prières : dans les soulèvements des hommes et des diables, de la terre et de l'enfer, et tout leur recours est à Dieu seul, et en sa vertu elles triomphent du monde et des démons : elles ne craignent rien, parce qu'elles ne craignent que Dieu : leur grande maxime est de ne rien espérer de la créature, et d'espérer tout de Dieu seul : et c'est ce qui les met dans une tranquillité que rien ne peut troubler : elles verraient renverser tout le monde, sans perdre un moment de leur paix : paix qui est, selon le témoignage de l'Écriture, comme une puissante rivière, et abondante comme les eaux de la mer.

Ces âmes doivent bien prendre garde du moindre petit appui sur quelque chose de créé, non pas même pour un seul moment et doivent se souvenir que Dieu punira en elles ce qu'il permet dans la conduite ordinaire des autres. Enfin, il faut se persuader qu'où il y a moins de sujet d'espérer en la créature, c'est où il y a plus de sujet d'espérer en Dieu : que dans les états où il y a plus de difficultés, c'est où l'on doit prendre plus de confiance : moins du monde, plus de Dieu. Nous sommes semblables à ces gens qui tombent dans quelque précipice, et qui se prennent à tout ce qu'ils rencontrent : il faut qu'ils ne trouvent rien à s'arrêter, pour se laisser aller dans l'abîme.

Or Dieu est l'heureux abîme de nos âmes, où sa divine grâce nous attire : notre misère nous fait attacher aux créatures que nous trouvons en nos voies : il faut tout perdre, pour s'y perdre. C'est donc une Miséricorde infinie, que la privation des choses créées. La pauvreté, les mépris, les douleurs, les calomnies, les opprobres, les ignominies, les persécutions ne doivent pas abattre nos espérances, mais les relever hautement.

Le Psalmiste nous enseigne fortement ces vérités, lorsqu'il dit qu'une armée tout entière de ses ennemis n'est pas capable de lui donner de la frayeur au coeur : mais il dit plus, lorsqu'il assure que si cette armée venait aux mains pour le combattre, que c'est en cela qu'il rehausserait ses espérances. Dieu seul, Dieu seul, Dieu seul.

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CHAPITRE VII

De la charité incomparable de la très sainte Vierge


Cependant l'on peut dire que la grâce de la divine Marie est un miracle de la grâce : premièrement en sa grandeur, parce qu'elle a été dans un degré suprême, et qu'elle a surpassé toutes les grâces prises ensemble de tous les anges et de tous les hommes.

Secondement, en sa perfection spécifique, ayant été d'une autre espèce, d'un ordre et d'une excellence plus sublimes. En troisième lieu, parce que c'était une grâce qui la disposait à la maternité de Dieu, qui renferme une dignité presque infinie, qui est au-dessus de l'ordre commun de la grâce, et qui appartient à l'ordre de l'union hypostatique.

Cest ici, dit saint Thomas de Villeneuve, que toutes les langues doivent garder le silence, la grandeur de l'amour de Marie surpassant tout ce que l'on peut dire, et même tout ce que l'on peut en penser.

Cet amour incomparable l'ayant unie très intimement avec le Dieu de charité, nous ne pouvons douter qu'elle n'ait été animée du même zèle du salut des âmes, qui consumait le coeur de Jésus-Christ. Notre Seigneur nous l'ayant donnée avec une si douce bonté pour mère, à même temps il lui a donné un coeur vraiment maternel, qui a lui seul plus de tendresses que tous les coeurs des mères qui ont été, qui sont, et qui seront jamais : coeur le plus doux et le plus obligeant de tous les coeurs, après celui de l'aimable Jésus : coeur le nonpareil et tout de charité, toujours ouvert à tous, et jamais fermé à personne : car où est le misérable qui n'en ait été assisté en ses misères ?

Où est la personne persécutée qui n'y ait rencontré un asile favorable ? Où est la personne affligée qui n'y ait trouvé sa consolation ? Où est la personne délaissée qui n'en reçu de charitables secours ? Qui jamais a espéré en ce coeur tout d'amour, et a été confus ? Qui jamais a eu recours à son amoureuse bonté, sans en avoir des effets d'une Miséricorde incomparable ? Qui l'a invoqué sans en être écouté ? Qui l'a prié sans en être exaucé ? Non, jamais il n'a été dit ni ouï dans tous les siècles qu'aucun se soit adressé à ce coeur amoureux, et en ait été délaissé. Les plus abandonnés y trouvent un accès favorable, il est l'espérance des plus désespérés, la douceur des esprits les plus peinés, et la vie dans la mort même.

C'est le grand secours des Chrétiens, et la lumière des ténèbres des infidèles. Oh ! Que de choses glorieuses l'on raconte de cette cité de Dieu ! La tout aimable Marie aime ceux qui l'aiment, elle marche dans les voies de la justice, pour enrichir les âmes de ses dévots de tous les biens du paradis, et les combler de toutes sortes de bénédictions. Oh ! Que si les hommes savaient ce que c'est que d'être aimé de cette reine du ciel !
(...)
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CHAPITRE VII

De la charité incomparable de la très sainte Vierge


Elle donne sa protection d'une manière très spéciale à tous les Chrétiens ; mais son amour ne s'en arrête pas là, elle cherche ceux qui la fuient, elle bénit ceux qui la maudissent, elle prie pour ceux qui la blasphèment, elle n'a que des bontés ineffables pour ses plus cruels ennemis, faisant éclater ses Miséricordes sur les injustes aussi bien que sur les justes, sur les fidèles et infidèles, sur les catholiques et hérétiques, répandant ses grâces depuis un bout du monde jusqu'à l'autre, et toute la terre étant remplie de ses libérales faveurs. Oh ! Combien de peuples qui marchaient dans les ténèbres ont vu une grande lumière ! Combien de pays hérétiques convertis à la foi ?

Combien de terres d'infidèles soumises à l'Évangile par ses soins ineffables ? Son nom est grand dans toutes les nations, il donne de la joie aux anges et à tous les bienheureux, de la sainteté aux âmes parfaites, accroissement de grâces aux justes, le pardon des crimes aux pécheurs, le soulagement dans les peines aux âmes du purgatoire, et jette la terreur dans l'enfer. C'est la liberté des esclaves, le refuge des pécheurs, la santé des malades, la force des faibles, l'élévation des âmes les plus humiliées, les richesses des pauvres, l'honneur des plus méprisés, le plaisir des âmes crucifiées, la défense de ceux qui sont sans secours, et enfin la gloire et l'ornement de tout le christianisme.

Disons donc que la divine Marie est une lune qui éclaire Miséricordieusement les pécheurs qui errent parmi les obscurités d'une nuit fâcheuse, où leurs péchés les engagent si misérablement. Disons qu'elle est une aurore qui, dans le point du jour qui commence à paraitre aux âmes nouvellement converties, les assiste de ses agréables clartés, pour leur faire connaitre les voies de la justice. Disons qu'elle est un soleil qui, dans son plein midi, découvre toutes les beautés du monde de la grâce aux âmes parfaites, et les consume délicieusement dans les ardeurs du pur amour.

Disons qu'elle est toute à tous, dans toutes sortes d'états et de conditions, pour toutes sortes de besoins et de nécessités, en toutes sortes de lieux, d'occasions et de temps ; et que toujours ses Miséricordes sont incompréhensibles. Comme notre mère, elle est portée à nous bien faire ; comme bonne, elle le veut ; comme puissante, elle le peut. Que pourrait refuser son Fils, qui est Dieu, à une telle Mère ? Mais que ne demandera pas une si charitable Mère pour ses enfants ? Richard de Saint-Laurens méditant sur ces paroles du Psalmiste : Votre oreille, ô mon Dieu ! a écouté la préparation du coeur des pauvres (Psal. X, 17), recherche quelle est cette oreille du Seigneur si attentive aux besoins des misérables, que non-seulement elle en écoute les désirs, mais encore la disposition de leur coeur ; et il estime que c'est la glorieuse Mère de Dieu. La bienheureuse Vierge, dit ce grand homme, est votre oreille, ô mon Dieu ! parce que c'est par elle que vous écoutez les pauvres, comme nous entendons par nos oreilles. (...)

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De la charité incomparable de la très sainte Vierge


Elle donne sa protection d'une manière très spéciale à tous les Chrétiens ; mais son amour ne s'en arrête pas là, elle cherche ceux qui la fuient, elle bénit ceux qui la maudissent, elle prie pour ceux qui la blasphèment, elle n'a que des bontés ineffables pour ses plus cruels ennemis, faisant éclater ses Miséricordes sur les injustes aussi bien que sur les justes, sur les fidèles et infidèles, sur les catholiques et hérétiques, répandant ses grâces depuis un bout du monde jusqu'à l'autre, et toute la terre étant remplie de ses libérales faveurs. Oh ! Combien de peuples qui marchaient dans les ténèbres ont vu une grande lumière ! Combien de pays hérétiques convertis à la foi ?

Combien de terres d'infidèles soumises à l'Évangile par ses soins ineffables ? Son nom est grand dans toutes les nations, il donne de la joie aux anges et à tous les bienheureux, de la sainteté aux âmes parfaites, accroissement de grâces aux justes, le pardon des crimes aux pécheurs, le soulagement dans les peines aux âmes du purgatoire, et jette la terreur dans l'enfer. C'est la liberté des esclaves, le refuge des pécheurs, la santé des malades, la force des faibles, l'élévation des âmes les plus humiliées, les richesses des pauvres, l'honneur des plus méprisés, le plaisir des âmes crucifiées, la défense de ceux qui sont sans secours, et enfin la gloire et l'ornement de tout le christianisme.

Disons donc que la divine Marie est une lune qui éclaire Miséricordieusement les pécheurs qui errent parmi les obscurités d'une nuit fâcheuse, où leurs péchés les engagent si misérablement. Disons qu'elle est une aurore qui, dans le point du jour qui commence à paraitre aux âmes nouvellement converties, les assiste de ses agréables clartés, pour leur faire connaitre les voies de la justice. Disons qu'elle est un soleil qui, dans son plein midi, découvre toutes les beautés du monde de la grâce aux âmes parfaites, et les consume délicieusement dans les ardeurs du pur amour.

Disons qu'elle est toute à tous, dans toutes sortes d'états et de conditions, pour toutes sortes de besoins et de nécessités, en toutes sortes de lieux, d'occasions et de temps ; et que toujours ses Miséricordes sont incompréhensibles. Comme notre mère, elle est portée à nous bien faire ; comme bonne, elle le veut ; comme puissante, elle le peut. Que pourrait refuser son Fils, qui est Dieu, à une telle Mère ? Mais que ne demandera pas une si charitable Mère pour ses enfants ? Richard de Saint-Laurens méditant sur ces paroles du Psalmiste : Votre oreille, ô mon Dieu ! a écouté la préparation du coeur des pauvres (Psal. X, 17), recherche quelle est cette oreille du Seigneur si attentive aux besoins des misérables, que non-seulement elle en écoute les désirs, mais encore la disposition de leur coeur ; et il estime que c'est la glorieuse Mère de Dieu. La bienheureuse Vierge, dit ce grand homme, est votre oreille, ô mon Dieu ! parce que c'est par elle que vous écoutez les pauvres, comme nous entendons par nos oreilles. (...)

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CHAPITRE VII

De la charité incomparable de la très sainte Vierge


(...) L'amour, dit saint François de Sales, ne se paye que par l'amour ; ainsi les bontés incomparables du très-saint coeur de notre glorieuse maîtresse demandent de nos coeurs toutes les tendresses possibles ; mais elles ne peuvent être des marques d'une véritable affection, si nous ne prenons soin de lui plaire ; ce que nous ne ferons jamais bien que par limitation de son amour envers Dieu et envers le prochain.

Il faut donc aimer Dieu ; et premièrement il le faut aimer souverainement, faisant plus d'état de son amitié que de tout le monde et de toutes les choses du monde, et étant en la disposition de perdre plutôt tout son honneur, tous ses biens, ses charges, ses amis et sa vie même, et de souffrir toutes sortes d'injures et de peines, que de l'offenser par un seul péché mortel.

Sans cette disposition il n'y a point de salut, et il faut être damné. Davantage, il faut tâcher à ne commettre jamais aucun péché véniel avec une entière advertance : l'âme qui sait un peu ce que c'est que le pur amour aimerait mieux mourir de mille morts que de commettre la moindre imperfection volontairement.

Secondement, il le faut aimer généralement, l'aimant en tout ce que l'on aime, ne cherchant que ses intérêts dans nos intérêts et dans les intérêts de toutes les créatures. Quelque part donc que l'on aille, c'est à Dieu qu'il faut aller ; quelque chose que l'on fasse, c'est pour Dieu qu'on la doit faire ; tout ce que l'on dit doit être dit pour la gloire de Dieu : il faut porter toutes les peines pour son amour, et dans toutes les affaires n'avoir qu'une seule affaire, qui est d'exécuter sa sainte volonté.

En troisième lieu, il le faut aimer uniquement. Oh ! Que trop est avare à qui il ne suffit ! Il ne faut donc pas aimer avec lui des choses qu'il n'aime pas, comme l'imperfection et les bagatelles du monde, il ne faut aimer que ce qu'il aime, et comme il veut qu'on l'aime.

Un enfant aime son père, une femme son mari, et Dieu le veut ; non pas par nature, mais par grâce ; et en aimant ce que Dieu veut qu'on aime, et comme il le veut, c'est lui seul qui doit être uniquement aimé en tous les objets aimés.

O Dieu seul, Dieu seul, Dieu seul, et toujours Dieu seul ! Quand l'âme est arrivée à ne plus aimer que Dieu seul, elle entre dans une parfaite indifférence pour toutes choses, ne voulant plus rien autre chose que ce Dieu seul. Elle ne se soucie plus d'intérêts, elle ne se voit plus, elle ne pense plus à elle, elle ne s'attriste ou ne se réjouit que de ce qui déplaît à Dieu, ou de ce qui lui est agréable. Dieu seul est son tout, et tout le reste ne lui est rien ; elle est dans le monde comme s'il n'y avait que Dieu seul et elle, et elle n'est touchée d'autre chose.

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CHAPITRE VII

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(...) Ces pêchés obligent à la restitution, à quoi plusieurs médisants ne pensent guère ; obligation très étroite, qui sera la cause de la damnation de plusieurs confesseurs qui donnent l'absolution sans l'imposer, et passent assez légèrement par-dessus un crime, « lequel, s'il était ôté, dit encore le glorieux évêque de Genève, la plupart des péchés seraient ôtés. »

Vous verrez, dit l'angélique Docteur, des personnes qui, étant exemptes presque de tous les péchés, tomberont dans celui-ci. Le cardinal Tolet l'appelait « une maladie dont tout le monde est malade. » Il est d'autant plus dangereux que l'horreur s'en fait moins connaître : car souvent on traite de galanterie et de bon mot une parole dite au désavantage du prochain ; et celui qui l'a dite n'en passe pas pour moins honnête homme.

Cela est cause que ce vice devient très ordinaire, qu'il y a peu de compagnies où il ne se glisse. En venant de la communion, on y récidive ; et quelquefois même au lit de la mort, une personne qui aura liberté de parler le commettra facilement dans l'entretien qu'elle aura avec ceux qui la visitent.

Si l'on jurait, si l'on se mettait en colère, chacun y prendrait garde ; mais une médisance se glisse imperceptiblement dans le discours, et très peu de personnes réparent le tort qu'elles font : c'est pourquoi il y a peu d'espérance de salut pour les médisants. Il faut aussi se donner de garde des jugements téméraires, des envies, qui sont encore un mal dangereux qui ronge malheureusement le coeur de plusieurs ; des querelles, des dissensions, des rapports que l'on fait de ce que l'on entend aux personnes qui sont offensées, leur déclarant ceux qui les ont blessées, et ce qui met l'inimitié entre eux.

Ces gens sont en horreur à Dieu, et il les a en abomination, et ils sont obligés à rétablir la paix qu'ils ont ôtée. Dieu hait aussi extrêmement un esprit moqueur, et qui raille aux dépens d'autrui. Jamais il ne faut rien dire ou faire qui puisse blesser le cher prochain, soit qu'on le fasse en riant ou d'une autre manière ; mais il faut avoir un coeur tout de charité pour tout le monde, estimant un chacun, en parlant toujours avec respect, se prévenant d'honneur les uns les autres, évitant tout ce qui lui peut être désagréable, lui condescendant en toutes choses licites, se donnant de garde d'un esprit pointilleux qui trouve à redire à tout, qui dispute sur toutes choses, qui contrarie à ce que les autres veulent, qui a toujours des sentiments particuliers, qui s'opiniâtre dans le soutien de ses pensées ; mais tâchant de faire plutôt la volonté d'autrui que la nôtre.

La charité demande encore que l'on assiste libéralement les personnes qui sont dans le besoin : car si elle est véritable, elle n'a rien à elle, mais tout ce qu'elle a est pour les autres. Un coeur attaché au bien ne sait guère ce que c'est que la véritable charité. (...)

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De la charité incomparable de la très sainte Vierge


(...) Enfin, il faut même aimer ceux qui nous haïssent, les bénissant lorsqu'ils nous maudissent, les obligeant lorsqu'ils nous désobligent, priant pour eux d'un cœur sincère, les pénétrant dans les témoignages de toute sorte d'amitié, cherchant les occasions de les servir : ce qu'il faut faire avec joie lorsque ces bienheureuses occasions se présentent, les ménageant avec action de grâce, comme des moments précieux qui nous donnent lieu de témoigner à notre Maître et notre Dieu que c'est en vérité que nous l'aimons.

Cette pensée est étrangement forte à l'âme qui a de l'amour pour son Dieu : car que ne voudrait-elle pas faire pour lui en donner des marques ? Il est vrai qu'il est dur à la nature d'obliger et de bien faire à ses ennemis; mais il est doux de surmonter la nature pour l'amour de son Dieu.

Ce sentiment remplissait de mouvements de charité les cœurs des saints, qui non-seulement faisaient du bien à ceux qui leur faisaient du mal, mais ils s'appliquaient à les obliger et à leur rendre les services les plus notables que l'on peut faire à ses meilleurs amis. Saint Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus, avait été très maltraité d'un certain homme qui demeurait avec lui à Paris, et qui avait même emporté le peu de chose qu'il avait, vivant pour lors dans une grande pauvreté : ce qui était une grande perfidie aussi bien qu'une extrême malice.

Ce misérable s'étant retiré à Rouen, et saint Ignace ayant appris qu'il y était demeuré malade, fit à pied le chemin qu'il y a de Paris à Rouen, qui est de vingt-huit lieues, et sans prendre aucune nourriture, pour aller le secourir.

C'est ce que font les saints, parce que les saints aiment Dieu. Aussi quand on voulait parler d'un Chrétien dans la primitive Église, l'on disait que c'était un homme qui aimait ceux qui le haïssaient. C'est en cela que nous montrerons à la très sainte Vierge, notre douce et très bonne mère, que nous sommes ses véritables enfants.

CHAPITRE VIII
De l'humilité de la très sainte Vierge


Si à proportion qu'un édifice doit être élevé, les fondements doivent en être jetés plus avant en terre, que devons-nous penser de l'humilité de la très sacrée Vierge, qui a été le fondement de toutes ses vertus et de la gloire immense dont son Fils bien-aimé l'a couronnée. Tout est grand en la divine Marie, tout y est admirable, tout y est surprenant : mais il n'y a point d'esprit qui ne se doive perdre dans la profondeur incroyable de son humilité. Que celui-là qui nous peut faire connaitre ses grandeurs presque infinies, nous découvre l'abîme de son humilité.

« Elle est élevée, dit saint Bernard, à la dignité de Mère de Dieu, et elle s'en appelle la servante » : elle porte un Dieu dans ses entrailles, dont elle est la Mère, et elle fait un voyage pénible pour aller rendre visite à sa cousine sainte Élisabeth, de même pour la servir en sa maison. (...)

Source : Livres-mystiques.com

Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
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