Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

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amidelamisericorde
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CHAPITRE VII

Comme le désir dexalter et magnifier Dieu nous sépare des plaisirs inférieurs,et nous rend attentifs aux perfections divines.


Donc l'amour de bienveillance nous fait désirer d'agrandir en nous de plus en plus la complaisance que nous prenons en la bonté divine; et pour faire cet agrandissement, l'âme se prive soigneusement de tout autre plaisir, pour s'exercer plus fort à se plaire en Dieu. Un religieux demanda au dévot frère Gilles, l'un des premiers et
plus saints compagnons de saint François, ce qu'il pourrait faire pour être plus agréable à Dieu; et il lui répondit en chantant: L'une à l'un, l'une à l'un.

Ce que par après expliquant, donnez toujours, dit-il, toute votre âme qui est une à Dieu seul qui est un. L'âme s'écoule par les plaisirs, et la diversité d'iceux la dissipe et l'empêche de se pouvoir appliquer attentivement à celui qu'elle doit prendre en Dieu. Le vrai amant n'a presque point de plaisir, sinon en la chose aimée. Ainsi toutes choses semblaient ordure et boue au glorieux saint Paul, en comparaison de son Sauveur.

Et l'Épouse sacrée n'est toute que pour son bien-aimé: Mon cher ami est tout à moi, et moi je suis toute à lui. Que si l'âme qui est en cette sainte affection rencontre les créatures, pour excellentes (...) voire même quand ce seraient les anges, elle ne s'arrête point avec icelles sinon autant qu'il faut pour être aidée et secourue en son désir.

Dites-moi donc, leur fait-elle, dites-moi, je vous en conjure, avez-vous point vu celui qui est l'ami de mon âme ? La glorieuse amante Magdeleine rencontra les anges au sépulcre, qui lui parlèrent sans doute angéliquement, c'est-à-dire, bien suavement, voulant apaiser l'ennui auquel elle était.

Mais au contraire toute éplorée, elle ne sut prendre aucune complaisance ni en leur douce parole, ni en la splendeur de leurs habits, ni en la grâce toute céleste de leur maintien, ni en la beauté tout aimable de leurs visages, ains toute couverte de larmes, ils m'ont enlevé mon Seigneur disait-elle, et je ne sais où ils lont mis: et se tournant, elle voit son doux Sauveur, mais en forme de jardinier, dont son coeur ne se peut contenter; car toute pleine de l'amour de la mort de son Maître, elle ne vent point de fleurs, ni par conséquent de jardinier.

Elle a dedans son coeur la croix, les clous, les épines; elle cherche son crucifié. Hé! mon cher maître jardinier, dit-elle, si vous aviez peut-être point planté mon bien-aimé Seigneur trépassé comme un lis froissé et fané entre vos fleurs, dites-le-moi vitement, et moi je l'emporterai. Mais il ne l'appelle pas plus tôt par son nom, que toute fondue en plaisir, hé! Dieu, dit-elle, mon Maître! Rien, certes, ne la peut assouvir, elle ne saurait se plaire avec les anges, non pas même avec son Sauveur, s'il ne parait en la forme en laquelle il lui avait ravi son coeur.

Les Mages ne peuvent se complaire ni en la beauté de la ville de Jérusalem, ni en la magnificence de la cour d'Hérodes, ni en la clarté de l'étoile ; leur coeur cherche la petite spélonque (grotte, en latin Spelunca.) et le petit enfant de Bethléem. La mère de belle dilection et l'époux de très saint amour ne se peuvent arrêter entre les parents et amis, ils vont toujours en douleur cherchant l'unique objet de leur complaisance.

Le désir d'agrandir la complaisance retranche tout autre plaisir pour plus fortement pratiquer celui auquel la divine bienveillance lexcite. Or, pour encore mieux magnifier ce souverain bien-aimé, l'âme va toujours cherchant la face d'icelui; c'est-à-dire, avec une attention toujours plus soigneuse et ardente, elle va remarquant toutes les particularités des beautés et perfections qui sont eu lui, faisant un progrès continuel en cette douce recherche de motifs qui la paissent perpétuellement presser de se plaire de plus en plus en l'incompréhensible bonté quelle aune.

Ainsi David cote par le menu les oeuvres et merveilles de Dieu en plusieurs de ses psaumes célestes et l'amante sacrée arrange ès cantiques divins, comme une armée bien ordonnée, toutes les perfections de son époux, l'une après l'autre, pour provoquer son âme à la très sainte complaisance, afin de magnifier plus hautement son excellence, et d'assujettir encore tous les autres esprits à l'amour de son ami tant aimable.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII

Comment la sainte bienveillance produit la louange du divin Bien-Aimé.


L'honneur, mon cher Théotime, n'est pas en celui que l'on honore, mais en celui qui honore. Car combien de fois arrive-t-il que celui que nous honorons n'en sait rien, et n'y a seulement pas pensé ! Combien de fois louons-nous ceux qui ne nous connaissent pas ou qui dorment !

Et toutefois, selon l'estime commune des hommes et leur ordinaire façon de concevoir, il semble que c'est faire du bien à quelqu'un quand on lui fait de l'honneur, et qu'on lui donne beaucoup quand on lui donne des titres et des louanges; et nous ne faisons pas difficulté de dire qu'une personne est riche d'honneur, de gloire, de réputation, de louange, encore qu'en vérité nous sachions bien que tout cela est hors de la personne honorée, et que bien souvent elle n'en reçoit aucune sorte de profit, suivant ce mot attribué au grand saint Augustin:

O pauvre Aristote; tu es loué où tu es absent, et tu es brûlé où tu es présent ! Quel bien revient-il, je vous prie, à César et Alexandre le Grand de tant de vaines paroles que plusieurs vaines âmes emploient à leur louange?

Dieu, comblé d'une bonté qui surmonte toute louange et tout honneur, ne reçoit aucun avantage ni surcroît de bien pour toutes les bénédictions que nous lui donnons; il n'en est ni plus riche, ni plus grand, ni plus content, ni plus heureux : car son heur, son contentement, sa grandeur et ses richesses ne sont ni ne peuvent être que la divine infinité de sa bonté.

Toutefois parce que, selon notre appréhension ordinaire, l'honneur est estimé l'un des plus grands effets de notre bienveillance envers les autres, et que par icelui, non seulement nous ne présupposons point d'indigence en ceux que nous honorons, mais plutôt nous protestons qu'ils abondent en excellence; partant nous employons cette sorte de bienveillance envers Dieu, qui non seulement l'agrée, mais la requiert comme conforme à notre condition, et si propre pour témoigner l'amour respectueux que nous lui devons, que même il nous a ordonné de lui rendre et rapporter tout honneur et gloire.

Ainsi donc l'âme qui a pris une grande complaisance en l'infinie perfection de Dieu, voyant qu'elle ne peut lui souhaiter aucun agrandissement de bonté, parce qu'il en a infiniment plus qu'elle ne peut désirer ni même penser, elle désire au moins que son nom soit béni, exalté, loué, honoré et adoré de plus en plus, et commençant par son propre coeur, elle ne cesse point de le provoquer à ce saint exercice :

et, comme une avette (abeille) sacrée, elle va voletant çà et là sur les fleurs des oeuvres et excellences divines, recueillant d'icelle une douce variété de complaisances; desquelles elle fait naître et compose le miel céleste de bénédictions, louanges et confessions honorables, par lesquelles, autant qu'elle peut, elle magnifie et glorifie le nom de son bien-aimé, à l'imitation du grand Psalmiste, qui ayant environné et comme parcouru en esprit les merveilles de la divine bonté, immolait sur l'autel de son coeur l'hostie mystique des élans de sa voix par cantiques et psaumes d'admiration et bénédiction : Mon coeur volant çà et là

Des ailes de sa pensée,
Ravi d'admiration,
D'une voix haut élancée.
Un sacrifice immola,
Sur la harpe bien sonnée
Chantant bénédiction
Au Seigneur Dieu de Sion.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII

Comment la sainte bienveillance produit la louange du divin Bien-Aimé.


Mais ce désir de louer Dieu que la sainte bienveillance excite en nos coeurs, Théotime, est insatiable; car l'âme qui en est touchée, voudrait avoir des louanges infinies pour les donner à son bien-aimé, parce qu'elle voit que ses perfections sont plus qu'infinies, si que se trouvant bien éloignée de pouvoir satisfaire son souhait, elle fait des extrêmes efforts d'affection pour en quelque sorte louer cette bonté toute louable, et ces efforts de bienveillance s'agrandissent admirablement par la complaisance car à mesure que l'âme trouve Dieu bon, savourant de plus en plus la suavité d'icelui, et se complaisant en son infinie beauté, elle voudrait aussi relever plus hautement les louanges et bénédictions qu'elle lui donne.

Or, à mesure aussi que l'âme s'échauffe à louer la douceur incompréhensible de Dieu, elle agrandit et dilate la complaisance qu'elle prend en icelle, et par cet agrandissement elle s'anime de plus fort à la louange. De sorte que l'affection de complaisance et celle de louange, par ces réciproques poussements (poussées, efforts) et mutuelles inclinations qu'elles font l'une à lautre, s'entre-donnent des grands et continuels accroissements.

Ainsi les rossignols se complaisent tant en leur chant, au rapport de Pline, que pour cette complaisance quinze jours et quinze nuits durant ils ne cessent jamais de gazouiller, s'efforçant de toujours mieux chanter à l'envi les uns des autres; de sorte que lorsqu'ils se dégoisent (tirent des sons du gosier, gazouillent) le mieux, ils y ont plus de complaisance, et cet accroissement de complaisance les porte à faire de plus grands efforts de mieux gringotter (fredonner), augmentant tellement leur complaisance par leur chant, et leur chant par leur complaisance, que maintes fois on les voit mourir, et leur gosier éclater à force de chanter; oiseaux dignes du beau nom de Philomèle, puisqu'ils meurent ainsi en l'amour et pour l'amour de la mélodie.

O Dieu ! mon Théotime, que le coeur ardemment pressé de l'affection de louer son Dieu reçoit une douleur grandement délicieuse et une douceur grandement douloureuse, quand après mille efforts de louange il se trouve si court! Hélas! il voudrait, ce pauvre rossignol, toujours plus hautement lancer ses accents et perfectionner sa mélodie, pour mieux chanter les bénédictions de son cher bien-aimé.

A mesure qu'il loue, il se plaît à louer, et à mesure qu'il se plaît à louer, il se déplaît de ne pouvoir encore mieux louer; et pour se contenter au mieux qu'il peut en cette passion, il fait toute sorte d'efforts entre lesquels il tombe en langueur, comme il advenait au très glorieux saint François, qui emmi les plaisirs qu'il prenait à louer Dieu et chanter ses cantiques d'amour, jetait une grande affluence de larmes, et laissait souvent tomber de faiblesse ce que pour lors il tenait eu main, demeurant comme un sacré Philomèle à coeur failli (en défaillance, évanoui), et perdant souvent le respirer à force d'aspirer aux louanges de celui quil ne pouvait jamais assez louer.

Mais oyez une similitude agréable sur ce sujet, tirée du nom que ce saint amoureux donnait à ses religieux, car il les appelait cigales, à raison des louanges qu'ils rendaient à Dieu emmi la nuit. Les cigales, Théotime, ont leurs poitrines pleines de tuyaux, comme si elles étaient des orgues naturelles, et pour mieux chanter elles ne vivent que de la rosée, laquelle elles ne tirent pas par la bouche, car elles n'en ont point, ains la sucent par une petite languette qu'elles ont au milieu de l'estomac, par laquelle elles jettent aussi tous leurs sons avec tant de bruit qu'elles semblent n'être que voix.

Or, l'amant sacré est comme cela, car toutes les facultés de son âme sont autant de tuyaux qu'il y a eu sa poitrine pour résonner ( et plus bas: retentisse les louanges, sont pris pour: faire résonner, retentir.) les cantiques et louanges du bien-aimé:

sa dévotion au milieu de toutes est la langue de son coeur, selon saint Bernard, par laquelle il reçoit la rosée des perfections divines, les suçant et attirant à soi comme son aliment par la très sainte complaisance qu'il y prend, et par cette même langue de dévotion il fait toutes ses voix d'oraison, de louange, de cantiques, de psaumes, de bénédiction, selon le témoignage d'une des plus insignes cigales spirituelles qui ait jamais été ouïe, laquelle chantait ainsi:

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE VIII

Comment la sainte bienveillance produit la louange du divin Bien-Aimé.


Bénis Dieu, saintement poussée,
mon âme ! et vous, mes esprits,
Que je n'aie aucune pensée
Ni force au dedans ramassée,
Qui du Seigneur taise le prix.

Car n'est-ce pas comme s'il eût dit: je suis une cigale mystique? Mon âme, mes esprits, mes pensées et toutes les facultés qui sont ramassées au dedans de moi sont orgues.

O qu'à jamais tout cela bénisse le nom et retentisse les louanges de mon Dieu!

Ma bouche à jamais sera pleine
Du bruit de sa gloire hautaine,
Et n'aura bien qu'à le chanter;
La troupe d'ennuis oppressée.
Humble de coeur et de pensée
Prendra plaisir à m'écouler.

CHAPITRE IX

Comme la bienveillance nous fait appeler toutes les créatures à la louange de Dieu.


Le coeur atteint et pressé de désir de louer plus qu'il ne peut la divine bonté, après divers efforts, sort maintes fois de soi-même pour convier toutes les créatures à le secourir en son dessein. Comme nous voyons avoir fait les trois enfants en la fournaise, en cet admirable cantique de bénédictions, par lequel ils excitent tout ce qui est au ciel, en la terre et sous terre, à rendre grâce à Dieu éternel en le louant et bénissant souverainement.

Ainsi le glorieux Psalmiste, tout ému de la passion saintement déréglée qui le portait à louer Dieu, va sans ordre sautant du ciel à la terre et de la terre au ciel, appelant pêle-mêle les anges, les poissons, les monts, les eaux, les dragons, les oiseaux, les serpents, le feu, la grêle, les brouillards, assemblant par ses souhaits toutes les créatures, afin que toutes ensemble s'accordent à magnifier pieusement leur Créateur, les unes célébrant elles-mêmes les divines louanges, et les autres donnant le sujet de le louer par les merveilles de leurs différentes propriétés, lesquelles manifestent la grandeur de leur facteur, si que ce divin psalmiste royal ayant composé une grande quantité de psaumes avec cette inscription:

Louez Dieu; après avoir discouru parmi toutes les créatures pour leur faire les saintes semonces de bénir la majesté céleste, et parcouru une grande variété de moyens et instruments propres à la célébration des louanges de cette éternelle bonté; enfin, comme tombant en défaillance d'haleine, il conclut toute sa sacrée psalmodie par cet élan :

Tout esprit loue le Seigneur, c'est-à-dire, tout ce qui a vie ne vive ni ne respire que pour le Créateur, selon l'encouragement qu'il avait donné ailleurs:

Sus donc, d'une bouche animée,
Célébrons tous la renommée
De l'Eternel, à qui mieux, mieux:
Notre voix ensemble mêlée,
Bien haut sur la voûte étoilée,
Elève son nom glorieux.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE IX

Comme la bienveillance nous fait appeler toutes les créatures à la louange de Dieu.


Ainsi le grand saint François chanta le cantique dix soleil et cent autres excellentes bénédictions, pour invoquer les créatures à venir aider son coeur tant alangouri, de quoi il ne pouvait à son gré louer Je cher Sauveur de son âme. Ainsi la céleste épouse se sentant presque évanouie entre les violents essais qu'elle faisait de bénir et magnifier le bien-aimé roi de son coeur :

Eh! criait-elle à ses compagnes, ce divin époux m'a menée par la contemplation en ses celliers à vin, me faisant savourer les délices incomparables des perfections de son excellence, et je me suis tellement détrempée et saintement enivrée par la complaisance que j'ai prise en cet abîme de beauté, que mon âme va languissante, blessée d'un désir amoureusement mortel, qui nie presse de louer à jamais une si éminente bonté.

Hélas! venez, je vous supplie, au secours de mon pauvre coeur qui va tout maintenant définir (finir), soutenez-le de grâce, et l'appuyez de toutes fleurs; confortez-le, et l'environnez de pommes; autrement il tombe pâmé.

La complaisance tire les suavités divines dedans le coeur, lequel se remplit si ardemment qu'il en est tout éperdu. Mais l'amour de la bienveillance fait sortir notre coeur de soi-même, et le fait exhaler en vapeurs de parfums délicieux, c'est-à-dire, en toutes sortes de saintes louanges, et n'en pouvant néanmoins tant pousser comme il désirerait :

O, dit-il, que toutes les créatures viennent contribuer les fleurs de leurs bénédictions, les pommes de leurs actions de grâces, de leurs honneurs et de leurs adorations, afin que de toutes parts on sente les odeurs répandues à la gloire de Celui duquel linfinie douceur surpasse tout honneur, et que nous ne pouvons jamais bien dignement magnifier.

C'est cette divine passion qui fait tant faire de prédications, qui fait passer entre tant de hasards les Xavier, les Berzée, les Antoine ( saint François Xavier, Berzée, Antoine Possevin, jésuites prédicateurs et auteurs des premiers temps de l'institut.), cette multitude de jésuites, de capucins, et de religieux et autres ecclésiastiques de toutes sortes, ès Indes, au Japon, en Maragnan (partie du fleuve des Amazones. (Amérique méridionale.)), afin de faire connaît, reconnaît et adorer le nom sacré de Jésus emmi ces grands peuples.

C'est cette passion sainte qui fait tant écrire de livres de piété, tant fonder d'églises, d'autels, de maisons pieuses, et en somme qui fait veiller, travailler et mourir tant de serviteurs de Dieu entre les flammes du zèle qui les consume et dévore.

CHAPITRE X

Comme le désir de louer Dieu nous fait aspirer au ciel.

L'âme amoureuse voyant qu'elle ne peut assouvir le désir qu'elle a de louer son bien-aimé, tandis qu'elle vit entre les misères de ce monde, et sachant que les louanges qu'on rend au ciel à la divine bonté se chantent d'un air incomparablement plus agréable

O Dieu! dit-elle, que les louanges répandues par ces bienheureux esprits devant le trône de mon Roi céleste sont louables! que leurs bénédictions sont dignes d'être bénites!

O que de bonheur d'ouïr cette mélodie de la très sainte éternité, en laquelle par une très souefve (suave) rencontre de voix dissemblables et de tons dispareils, se font ces admirables accords esquels toutes les parties avançant les unes sur les autres par une suite continuelle et incompréhensible liaison de chasses (poursuites, reprises), on entend de toutes parts retentir les perpétuels alleluia!

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CHAPITRE X

Comme le désir de louer Dieu nous fait aspirer au ciel.


Voix, pour leur éclat, comparées aux tonnerres, aux trompettes, au bruit des vagues de la mer agitée; mais voix qui aussi, pour leur incomparable douceur et suavité, sont comparées à la mélodie des harpes délicatement et délicieusement sonnées par la main des plus excellents joueurs; et voix qui toutes s'accordent à dire le joyeux cantique pascal alleluia, louez Dieu, amen, louez Dieu. Car sachez Théotime, qu'une voix sort du trône divin, qui ne cesse de crier aux heureux habitants de la glorieuse Jérusalem céleste : Dites à Dieu louange, ô vous qui êtes ses serviteurs et qui le craignez, grands et petits; à quoi toute cette multitude innombrable des saints, les choeurs des anges et les choeurs des hommes assemblés, répond chantant de toute sa force, alleluia, louez Dieu.

Mais quelle est cette voix admirable qui sortant du trône divin, annonce les alleluia aux élus, sinon la très sainte complaisance, laquelle étant reçue dedans l'esprit, leur fait ressentir la douceur des perfections divines, ensuite de laquelle naît en eux l'amoureuse bienveillance, source vive des louanges sacrées? Ainsi, par effet (en réalité), la complaisance procédant du trône, vient intimer les grandeurs de Dieu aux bienheureux, et la bienveillance les excite à répandre réciproquement devant le trône les parfums de louange. C'est pourquoi, par manière de réponse, ils chantent éternellement alleluia, c'est-à-dire: louez Dieu. La complaisance vient du trône dans le coeur, et la bienveillance va du coeur au trône.

O que ce temple est aimable où tout retentit en louange! Que de douceur à ceux qui vivent en ce sacré séjour où tant de philomèles et rossignols célestes chantent avec cette sainte contention d'amour les cantiques d'éternelle suavité !

Le coeur donc qui ne peut en ce monde ni chanter, ni ouïr les louanges divines à son gré, entre en des désirs non pareils d'être délivré des liens de cette vie pour aller en l'antre où on loue si parfaitement le bien-aimé céleste, et ces désirs s'étant emparés du coeur, se rendent quelquefois si puissants et pressants dans la poitrine des amants sacrés, que bannissant tous autres désirs, ils mettent en dégoût toutes choses terrestres, et rendent l'âme tout alangourie et malade d'amour, voire même cette sainte passion passe aucunes fois si avant, que, si Dieu le permet, on en meurt.

Ainsi ce glorieux et séraphique amant saint François ayant longuement été travaillé de cette forte affection de louer Dieu, enfin en ses dernières années, après qu'il eut assurance, par une très spéciale révélation, de son salut éternel, il ne pouvait contenir sa joie, et. s'allait de jour en jour consumant, comme si sa vie et son âme se fût évaporée, ainsi que l'encens, sur le feu des ardents désirs qu'il avait de voir son maître pour le louer incessamment; en sorte que ces ardeurs prenant tous les jours de nouveaux accroissements, son âme sortit de son corps par un élan qu'elle fit vers le ciel : car la divine Providence voulut qu'il mourût en prononçant ces sacrées paroles Hé ! tirez hors de cette prison mon âme, ô Seigneur, afin que je bénisse votre nom; !es justes m'attendent jusqu'à ce que vous me rendiez la tranquillité désirée.

Théotime, voyez de grâce cet esprit, qui comme un céleste rossignol enfermé dans la cage de son corps, dans laquelle il ne peut chanter à souhait les bénédictions de son éternel amour, sait qu'il gazouillerait et pratiquerait mieux son beau ramage s'il pouvait gagner l'air pour jouir de sa liberté et de la société des autres philomèles entre les gaies et florissantes collines de la contrée bienheureuse.

C'est pourquoi il exclame hélas! ô Seigneur de ma vie, hé! par votre bonté toute douce, délivrez-moi, pauvre que je suis, de la cage de mon corps, retirez-moi de cette petite prison, afin qu'affranchi de cet esclavage, je puisse voler où mes chers compagnons m'attendent là-haut au ciel, pour me joindre à leurs choeurs et m'environner de leur joie. Là, Seigneur, alliant ma voix aux leurs, je ferai avec eux une douce harmonie d'air et d'accents délicieux, chantant, louant et bénissant votre Miséricorde. Cet admirable saint, comme un orateur qui veut finir et conclure tout ce qu'il a dit par quelque courte sentence, mit cette heureuse fin à tous ses souhaits et désirs, desquels ces dernières paroles furent l'abrégé, paroles auxquelles il attacha si fortement son âme, qu'il expira en les soupirant. Mon Dieu! Théotime, quelle douce et chère mort fut celle-ci, mort heureusement amoureuse, amour saintement mortel!

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CHAPITRE XI

Comme nous pratiquons l'amour de bienveillance ès louanges que notre Rédempteur et sa Mère donnent à Dieu.


Nous allons donc montant en ce saint exercice de degré en degré, par les créatures que nous invitons à louer Dieu, passant des insensibles aux raisonnables et intellectuelles, et de l'Église militante à la triomphante, en laquelle nous nous relevons entre les anges et les saints, jusqu'à ce qu'au-dessus de toits nous ayons rencontré la très sainte Vierge, laquelle d'un air incomparable loue et magnifie la Divinité plus hautement, plus saintement et plus délicieusement que tout le reste des créatures ensemble ne saurait jamais faire.

Étant, il y a deux ans (1614), à Milan, où la vénération des récentes mémoires du grand archevêque saint Charles m'avait attiré avec quelques-uns de nos ecclésiastiques, nous ouïmes en diverses églises plusieurs sortes de musique.

Mais en un monastère de filles nous ouïmes une religieuse de laquelle la voix était si admirablement délicieuse, qu'elle seule répandait incomparablement plus de suavité dans nos esprits que ne fit tout le reste ensemble, qui, quoique excellent, semblait néanmoins n'être fait que pour donner le lustre et rehausser la perfection et l'éclat de cette voix unique.

Ainsi, Théotime, entre tous les coeurs des hommes et tous les coeurs des anges on entend cette voix hautaine de la très sainte Vierge, qui, relevée au-dessus de tout, rend plus de louange à Dieu que tout le reste des créatures. Aussi le Roi céleste la convie tout particulièrement à chanter :

Montre-moi ta face, dit-il, ô ma bien-aimée : que ta voix sonne à mes oreilles; car ta voix est toute douce, et ta face toute belle.

Mais ces louanges que cette Mère dhonneur et de belle dilection, avec toutes les créatures ensemble, donne à la Divinité, quoique excellentes et admirables, sont néanmoins si infiniment inférieures au mérite infini de la bonté de Dieu, qu'elles n'ont aucune proportion avec icelui; et partant, quoiqu'elles contentent grandement la sacrée bienveillance que le coeur amant a pour son bien-aimé, si est-ce quelles ne l'assouvissent pas.

Il passe donc plus avant, et invite le Sauveur de louer et glorifier son Père éternel de toutes les bénédictions que son amour filial lui peut fournir.

Et lors, Théotime, l'esprit arrive en un lieu de silence; car nous ne savons plus faire autre chose qu'admirer. O quel cantique du Fils pour le Père ! ô que ce cher bien-aimé est beau entre tous les enfants des hommes!

Ô que sa voix est douce, comme procédante des lèvres sur lesquelles la plénitude de la grâce est répandue. Tous les autres sont parfumés, mais lui il est le parfum même; les autres sont embaumés, mais lui il est le baume répandu. Le Père éternel reçoit les louanges des autres comme senteurs de fleurs particulières; mais au sentir des bénédictions que le Sauveur lui donne, il s'écrie sans doute :

O voici l'odeur des louanges de mon Fils comme l'odeur d'un champ plein de fleurs que j'ai bénit. Oui, mon cher Théotime, toutes les bénédictions que l'Église militante et triomphante donne à Dieu, sont bénédictions angéliques et humaines: car si bien elles s'adressent au Créateur, toutefois elles procèdent de la créature; niais celles du Fils, elles sont divines, car elles ne regardent pas seulement Dieu comme les autres, ains elles proviennent de Dieu.

Le Rédempteur est vrai Dieu; elles sont divines, non seulement quant à leur fin, mais quant à leur origine; divines, parce qu'elles tendent à Dieu; divines, parce qu'elles procèdent de Dieu, Dieu provoque l'âme, et donne la grâce requise pour la production des autres louanges mais celles du Rédempteur, lui qui est Dieu, les produit lui-même, c'est pourquoi elles sont infinies.

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CHAPITRE XI

Comme nous pratiquons l'amour de bienveillance ès louanges que notre Rédempteur et sa Mère donnent à Dieu.


Celui qui le matin ayant ouï assez longuement entre les bocages voisins un gazouillement agréable d'une grande quantité de serins, linottes, chardonnerets et autres tels menus oiseaux, entendrait enfin un maître rossignol, qui en parfaite mélodie remplirait l'air et l'oreille de son admirable voix, sans doute qu'il préférerait ce seul chantre bocager à toute la troupe des autres.

Ainsi, après avoir ouï toutes les louanges que tant de différentes créatures, à l'envi les unes des autres, rendent unaniment à leur créateur; quand enfin on écoute celle du Sauveur, on y trouve une certaine infinité de mérites de valeur, de suavité qui surmonte toute espérance et attente du coeur; et l'âme alors, comme réveillée d'un profond sommeil, est tout à coup ravie par l'extrémité de la douceur de telle mélodie.

Eh ! je l'entends, ô la voix, la voix de mon bien-aimé ! voix reine de toutes les voix, voix au prix de laquelle les autres voix ne sont qu'un muet et morne silence. Voyez comme ce cher ami s'élance, le voici qui vient tressaillant ès plus hautes montagnes, outrepassant les collines.

Sa voix retentit au-dessus des séraphins et de toute créature; il a la vue de chevreuil pour pénétrer plus avant que nul autre en la beauté de l'objet sacré qu'il veut louer; il aime la mélodie de la gloire et louange de son Père plus que tous; c'est pourquoi il fait des tressaillements, des louanges et bénédictions au-dessus de tous. Tenez, le voilà ce divin amour du bien-aimé, comme il est derrière le paroi de son humanité; voyez qu'il se fait entrevoir par les plaies de son corps et l'ouverture de son flanc, comme par des fenêtres et comme par un treillis au travers duquel il nous regarde.

Oui, certes, Théotime, l'amour divin assis sur le coeur du Sauveur comme sur son trône royal, regarde par la fente de son côté percé tous les coeurs des enfants des hommes. Car ce coeur étant le roi des coeurs, tient toujours ses yeux sur les coeurs. Mais comme ceux qui regardent au travers des treillis voient et ne sont qu'entrevus, ainsi le divin amour de ce coeur, ou plutôt ce coeur du divin amour voit toujours clairement les nôtres et les regarde des yeux de sa dilection, mais nous ne le voyons pas pourtant, seulement nous l'entrevoyons.

Car, ô Dieu ! si nous le voyions ainsi qu'il est, nous mourrions d'amour pour lui, puisque nous sommes mortels, comme lui-même mourut pour nous, tandis qu'il était mortel, et comme il en mourrait encore, si maintenant il n'était immortel.

O si nous oyions ce divin coeur comme il chante d'une voix d'infinie douceur le cantique de louange à la divinité ! Quelle joie, Théotime, quels efforts de nos coeurs pour se lancer afin de le toujours ouïr ! Il nous y semond (excite), certes, ce cher ami de nos âmes : Sus, lève-toi, dit-il, sors de toi-même, prends le vol devers moi, ma colombe, ma trés belle, en ce céleste séjour où toutes choses sont joie, et ne respirent que louanges et bénédictions.

Tout y fleurit, tout y répand de la douceur et du parfum: les tourterelles, qui sont les plus sombres de tous les oiseaux, y résonnent néanmoins leur ramage: viens, ma bien-aimée toute chère; et pour me voir plus clairement, viens ès mêmes fenêtres par lesquelles je te regarde :

viens considérer mon coeur en la caverne de l'ouverture de mon flanc, qui fut faite lorsque mon corps, comme une maison réduite en masure, fut si piteusement démoli sur l'arbre de la croix, viens et me montre ta face. Eh! je la vois maintenant sans que tu me la montres; mais alors et je la verrai et tu me la montreras, car tu verras que je te vois: fais que j'écoute ta voix, car je la veux allier avec la mienne, ainsi ta face sera belle, et ta voix très agréable. O quelle suavité à nos coeurs, quand nos voix unies et mêlées avec celle du Sauveur participeront à l'infinie douceur des louanges que ce Fils bien-aimé rend à son Père éternel!

Source : Livres-mystiques.com

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Neuvaine de l'Assomption du 6 (7) au 14 (15)août

CHAPITRE XII

De la souveraine louange que Dieu se donne à soi-même,
et de l'exercice de bienveillance que nous faisons en icelle.


Toutes les actions humaines de notre Sauveur sont infinies eu valeur et mérite, à raison de la personne qui les produit, qui est un même Dieu avec le Père et le Saint-Esprit. Mais elles ne sont pas pourtant de nature et essence infinie.

Car tout ainsi qu'étant en une chambre nous ne recevons pas la lumière selon la grandeur de la clarté du soleil qui la répand, mais selon la grandeur de la fenêtre par laquelle il la communique; de même les actions humaines du Sauveur ne sont pas infinies, bien qu'elles soient dinfinie valeur; d'autant qu'encore que la personne divine les fasse, elle ne les fait pas toutefois selon l'étendue de son infinité, mais selon la grandeur finie de son humanité par laquelle elle les fait.

De sorte que comme les actions humaines de notre doux Sauveur sont infinies en comparaison des nôtres, aussi sont-elles finies en comparaison de l'essentielle infinité de la Divinité; elles sont d'infinie valeur, estime et dignité, parce qu'elles procèdent d'une personne qui est Dieu; mais elles sont d'essence et nature finie, parce que Dieu les fait selon sa nature et substance humaine, qui est finie.

La louange donc qui part du Sauveur, en tant qu'il est homme, n'étant pas de tout point infinie, elle ne peut correspondre de toutes parts à la grandeur infinie de la Divinité à laquelle elle est destinée.

C'est pourquoi après le premier ravissement d'admiration qui nous saisit quand nous avons rencontré une louange si glorieuse, comme est celle que le Sauveur donne à son Père, nous ne laissons pas de reconnaît que la Divinité est encore infiniment plus louable, qu'elle ne peut être louée ni par toutes les créatures, ni par l'humanité même du Fils éternel.

Si quelqu'un louait le soleil à cause de sa lumière, plus il s'élèverait vers icelui pour le louer, plus il le trouverait louable, parce qu'il y verrait toujours plus de splendeur.

Que si c'est cette beauté de la lumière qui provoque les alouettes à chanter, comme il est fort probable, ce n'est pas merveille si elles chantent plus clairement à mesure qu'elles volent plus hautement, s'élevant également en chant et en vol jusqu'à tant que ne pouvant presque plus chanter, elles commencent à descendre de ton et de corps, rabaissant petit à petit leur vol comme leur voix.

Ainsi, mon Théotime, à mesure que nous montons par bienveillance vers la Divinité pour entonner et ouïr ses louanges, nous voyons qu'il est toujours au-dessus de toute louange; et finalement nous connaissons qu'il ne peut être loué selon qu'il mérite, sinon par lui-même qui seul peut dignement égaler sa souveraine bonté par une souveraine louange.

Alors nous exclamons : Gloire soit au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit! Et afin qu'on sache que ce n'est pas la gloire des louanges créées que nous souhaitons à Dieu par cet élan, aine la gloire essentielle et éternelle qu'il a en lui-même, par lui-même, de lui-même, et qui est lui-même, nous ajoutons : Ainsi qu'il lavait au commencement, et maintenant et toujours ès siècles des siècles. Amen.

Comme si nous disions par souhait:

Qu'à jamais Dieu soit glorifié de la gloire qu'il avait avant toute créature en son infinie éternité et éternelle infinité! Pour cela nous ajoutons ce verset de gloire à chaque psaume et cantique, selon la coutume ancienne de l'Eglise orientale que le grand saint Jérôme supplia saint Damase pape de vouloir établir de deçà en Occident, pour protester que toutes les louanges humaines et angéliques sont trop basses pour dignement louer la divine bonté, et qu'afin quelle soit dignement louée, il faut quelle soit sa gloire, sa louange et sa bénédiction elle-même.

Source : Livres-mystiques.com


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CHAPITRE XII

De la souveraine louange que Dieu se donne à soi-même, et de l'exercice de bienveillance que nous faisons en icelle.


Dieu, quelle complaisance, quelle joie à l'âme qui aime, de voir son désir assouvi, puisque son bien-aimé se loue, bénit et magnifie infiniment soi-même !

Mais en cette complaisance naît derechef un nouveau désir de louer; car le coeur voudrait louer cette si digne louange que Dieu se donne à soi-même, l'en remerciant profondément, et rappelant derechef toutes choses à son secours pour venir avec lui glorifier la gloire de Dieu, bénir sa bénédiction infinie, et louer sa louange éternelle, si que par ce retour et répétition de louange sur louange il s'engage entre la complaisance et la bienveillance en un très heureux labyrinthe d'amour, tout abîmé en cette immense douceur, louant souverainement la Divinité de quoi elle ne peut être assez louée que par elle-même.

Et bien qu'au commencement l'âme amoureuse eût eu quelque sorte de désir de pouvoir assez louer son Dieu, si est-ce que revenant à soi elle proteste qu'elle ne voudrait pas le pouvoir assez louer, ains demeure en une très humble complaisance de voir que la divine bonté est si très infiniment louable, qu'elle ne peut être suffisamment louée que par sa propre infinité. En cet endroit, le coeur ravi en admiration chante le cantique du silence sacré:

A votre divine excellence
On dédie dans Sion
L'Hymne d'admiration,
Qui ne se chante qu'en silence.

Car ainsi les séraphins d'Isaïe adorant Dieu et le louant, voilent leurs faces et leurs pieds pour confesser qu'ils n'ont nulle suffisance de le bien considérer ni de re bien servir; car les pieds sur lesquels on va, représentent le service; mais pourtant ils volent de deux ailes par le continuel mouvement de la complaisance et de la bienveillance, et leur amour prend son repos en cette douce inquiétude.

Le coeur de l'homme n'est jamais tant inquiété que quand on empêche le mouvement par lequel il s'étend et resserre continuellement, et jamais si tranquille que quand il a ses mouvements libres; de sorte que sa tranquillité est en son mouvement.

Or, c'en est de même de l'amour de tous les séraphins et de tous les hommes séraphiques, car il eu son repos en son continuel mouvement de complaisance par lequel il tire Dieu en soi, comme le resserrant, et de bienveillance par lequel il s'étend et jette tout en Dieu.

Cet amour donc voudrait bien voir les merveilles de l'infinie bonté de Dieu, mais il replie les ailes de ce désir sur son visage, confessant qu'il n'y peut réussir. Il voudrait aussi rendre quelque digne service, mais il replie le désir sur ses pieds, avouant qu'il n'en a pas le pouvoir, et ne lui reste que les deux ailes de complaisance et bienveillance avec lesquelles il vole et s'élance vers Dieu.

FIN DU LIVRE CINQUIÈME

LIVRE VI

CHAPITRE PREMIER.

Description de la théologie mystique, qui n'est autre chose que l'oraison.


Nous avons deux principaux exercices de notre amour envers Dieu: l'un affectif, et l'autre effectif, ou, comme dit saint Bernard, actif.

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LIVRE VI
CHAPITRE PREMIER.

Description de la théologie mystique, qui n'est autre chose que l'oraison.


Par celui-là nous affectionnons Dieu, et ce qu'il affectionne ; par celui-ci nous servons Dieu, et faisons ce qu'il ordonne.

Celui-là nous joint à la bonté de Dieu ; celui-ci nous fait exécuter ses volontés. L'un nous remplit de complaisance, de bienveillance, d'élans, de souhaits, de soupirs et d'ardeurs spirituelles, nous taisant pratiquer les sacrées infusions et mélanges de notre esprit avec celui de Dieu; l'autre répand en nous la solide résolution, la fermeté de courage et l'inviolable obéissance requise pour effectuer les ordonnances de la volonté de Dieu, et pour souffrir, agréer, approuver et embrasser tout ce qui provient de son bon plaisir.

L'un nous fait plaire en Dieu, l'autre nous fait plaire à Dieu. Par l'un nous concevons, par l'autre nous produisons. Par l'un nous mettons Dieu sur notre coeur, comme un étendard d'amour auquel toutes nos affections se rangent; par l'autre nous le mettons sur nos bras, comme une épée de dilection par laquelle nous faisons tous les exploits des vertus.

Or, le premier exercice consiste principalement en l'oraison, en laquelle se passent tant de divers mouvements intérieurs, qu'il est impossible de les exprimer tous, non seulement à cause de leur quantité. Mais aussi à raison de leur nature et qualité, laquelle étant spirituelle ne peut être que grandement déliée et presque imperceptible à nos entendements.

Les chiens les plus sages et mieux dressés tombent souvent en défaut, perdant la piste et le sentiment pour la variété des ruses dont les cerfs usent, faisant les horvaris (Ce mot, qui désigne certain cri des chasseurs pour ramener les chiens en défaut, se dit, par extension, des ruses des animaux chassés.), donnant le change et pratiquant mille malices pour s'échapper devant la meute, et nous perdons souvent de vue et de connaissance notre propre coeur en linfinie diversité des mouvements par lesquels il se tourne en tant de façons et avec une si grande promptitude qu'on ne peut discerner ses erres (errements, détours).

Dieu seul est celui qui, par son infinie science, voit, sonde et pénètre tous les tours et contours de nos esprits ; il entend nos pensées de loin, il trouve tous nos sentiers, faufilans et détours :

sa science est admirable, elle prévaut au-dessus de notre capacité, et nous n'y pouvons atteindre. Certes, si nos esprits voulaient faire retour sur eux-mêmes par les réfléchissements (réfexions) et replis de leurs actions, ils entreraient en des labyrinthes esquels ils perdraient sans doute lissue, et ce serait une attention insupportable de penser quelles sont nos pensées, considérer nos considérations, voir toutes nos vues spirituelles, discerner que nous discernons, nous ressouvenir que nous nous ressouvenons :

ce seraient des entortillements que nous ne pourrions défaire. Ce traité est donc difficile, surtout à qui n'est pas homme de grande oraison.

Nous ne prenons pas ici le mot d'oraison pour la seule prière ou demande de quelque bien, répandue devant Dieu par les fidèles, comme saint Basile la nomme, mais comme saint Bonaventure, quand il dit que l'oraison, à parler généralement, comprend tous les actes de contemplation ; ou comme saint Grégoire Nyssène (De Nysse), quand il enseignait que L'oraison est un entretien et conversation de l'âme avec Dieu ; ou bien comme saint Chrysostome, quand il assure que l'oraison est un devis avec la divine majesté; ou enfin comme saint Augustin et saint Damascène, quand ils disent que l'oraison est une montée on élèvement de l'esprit en Dieu.

Que si l'oraison est un colloque, un devis, ou une conversation de l'âme avec Dieu, par icelle donc nous parlons à Dieu, et Dieu réciproquement parle à nous; nous aspirons à lui et respirons en lui; et mutuellement il inspire en nous et respire sur nous.

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CHAPITRE PREMIER.

Description de la théologie mystique, qui n'est autre chose que l'oraison.


Mais de quoi devisons-nous en l'oraison? quel est le sujet de notre entretien ? Théotime, on n'y parle que de Dieu; car de qui pourrait deviser et s'entretenir l'amour, que du bien-aimé?

Et pour cela l'oraison et la théologie mystique ne sont qu'une même chose. Elle s'appelle théologie, parce que comme la théologie spéculative a Dieu pour son objet, celle-ci aussi ne parle que de Dieu, avec trois différences :

car, 1° celle-là traite de Dieu en tant qu'il est Dieu, et celle-ci en parle en tant quil est souverainement aimable, c'est-à-dire, celle-là regarde la divinité de la suprême bonté, et celle-ci la suprême bonté de la divinité;

2° la spéculative traite de Dieu avec les hommes et entre les hommes, la mystique parle de Dieu avec Dieu et en Dieu même;

3° la spéculative tend à la connaissance de Dieu, et la mystique à l'amour de Dieu, de sorte que celle-là rend ses écoliers savants, doctes et théologiens; mais celle-ci rend les siens ardents, affectionnés, amateurs de Dieu, et Philothées ou Théophiles.

Or, elle s'appelle mystique, parce que la conversation y est toute secrète, et ne se dit rien en icelle entre Dieu et l'âme que de coeur à coeur par une communication incommunicable à tout autre qu'à ceux qui la font.

Le langage des amants est si particulier que nul ne l'entend qu'eux-mêmes. Je dors, disait l'amante sacrée, et mon coeur veille, eh ! voilà que mon bien-aimé me parle.

Qui eût pu deviner que cette épouse étant endormie eût néanmoins devisé avec son époux? Mais où l'amour règne, on n'a point besoin du bruit des paroles extérieures, ni de l'usage des sens pour s'entretenir et s'entrouïr l'un lautre.

En somme l'oraison et théologie mystique n'est autre chose qu'une conversation par laquelle l'âme s'entretient amoureusement avec Dieu de sa très aimable bonté, pour s'unir et joindre à icelle.

L'oraison est une manne, pour l'infinité des goûts amoureux et des précieuses suavités qu'elle donne à ceux qui en usent; mais elle est secrète, parce qu'elle tombe avant la clarté d'aucune science, en la solitude mentale où l'âme traite seule à seule avec son Dieu.

Qui est celle-ci, peut-on dire d'elle, qui monte par le désert comme une nuée de parfums, de myrrhe, d'encens, et de toutes les poudres du parfumeur ? Aussi le désir du secret l'avait incitée de faire cette supplication à son époux :

Venez, mon bien-aimé, sortons aux champs, séjournons és villages; pour cela l'amante céleste est appelée tourterelle, oiseau qui se plait ès lieux ombrageux et solitaires, esquels elle ne se sert de son ramage que pour son unique patron, ou le flattant tandis qu'il est en vie, ou le regrettant après sa mort.

Pour cela au Cantique l'époux divin et l'épouse céleste représentent leurs amours par un continuel devis, que si leurs amis et amies parlent parfois emmi leur entretien, ce n'est qu'à la dérobée, et de sorte qu'ils ne troublent point le colloque.

Pour cela la bienheureuse mère Térèse de Jésus trouvait plus de profit au commencement ès mystères où notre Seigneur fut plus seul, comme au jardin des Olives, et lorsqu'il fut attendant la Samaritaine, car il lui était advis qu'étant seul il la devait plus tôt admettre auprès de lui.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE PREMIER.
Description de la théologie mystique, qui n'est autre chose que l'oraison.


L'amour désire le secret, et quoique les amants n'aient rien à dire de secret, ils se plaisent toutefois à le dire secrètement, et c'est en partie, si je ne me trompe, parce qu'ils ne veulent parler que pour eux-mêmes, et disant quelque chose à haute voix, il leur est advis que ce n'est plus pour eux seuls, partie (en partie), parce qu'ils ne disent pas les choses communes à la façon commune, ainsi avec des traits particuliers et qui ressentent la spéciale affection avec laquelle ils parlent.

Le langage de l'amour est commun quant aux paroles; mais quant à la manière et prononciation, il est si particulier que nul ne l'entend, sinon les amants.

Le nom d'ami, étant dit en commun, n'est pas grandchose, mais étant dit à part, en secret, à l'oreille, il veut dire merveille, et à mesure qu'il est dit plus secrètement, sa signification en est plus aimable.

O Dieu! quelle différence entre le langage de ces anciens amateurs de la divinité, Ignace, Cyprien, Chrysostome, Augustin, Hilaire, Ephrem, Grégoire, Bernard, et celui des théologiens moins amoureux!

Nous usons de leurs mêmes mots, mais entre eux c'étaient des mots pleins de chaleur et de la suavité des parfums amoureux : parmi nous ils sont froids et sans aucune senteur.

L'amour ne parle pas seulement par la langue, mais par les yeux, les soupirs et contenances. Oui même le silence et la taciturnité lui tiennent lieu de parole.

Mon coeur vous la dit, ô Seigneur, ma face vous a cherché; ô Seigneur, je chercherai votre face. Mes yeux ont défailli, disant:

Quand me consolerez-vous ! Exaucez ma prière, ô Seigneur, et déprécation: écoutez de vos oreilles mes larmes.

Que la prunelle de ton oeil ne se taise point, disait le coeur désolé des habitants de Jérusalem à leur propre ville. Voyez-vous, Théotime, que le silence des amants affligés parle de la prunelle des yeux et par les larmes.

Certes, en la théologie mystique, c'est le principal exercice de parler à Dieu et d'ouïr parler Dieu au fond du coeur, et parce que ce devis se fait par de très secrètes aspirations et inspirations, nous l'appelons colloque de silence : les yeux parlent aux yeux, et le coeur au coeur, et nul nentend ce qui se dit que les amants sacrés qui parlent.

CHAPITRE II
De la méditation, premier degré de l'oraison ou théologie mystique.


Ce mot est grandement en usage dans les saintes Écritures, et ne veut dire autre chose qu'une attentive et réitérée pensée propre à produire des affections ou bonnes ou mauvaises. Au premier psaume, l'homme est dit bienheureux qui sa volonté en la loi du Seigneur, et qui méditera en la loi dicelui jour et nuit.

Mais au second psaume : Pourquoi ont frémi les nations et les peuples? Pourquoi ont-ils médité des choses vaines?

La méditation donc se fait pour le bien et pour le mal. Toutefois d'autant qu'en l'Écriture sainte le mot de méditation est employé ordinairement pour l'attention que l'on a aux choses divines afin de s'exciter à les aimer, il a été, par manière de dire, canonisé du commun consentement des théologiens, aussi bien que le nom dange et de zèle; comme au contraire celui de dol et de démon a été diffamé, si que maintenant, quand on nomme la méditation, on entend parler de celle qui est sainte, et par laquelle on commence la théologie mystique.

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CHAPITRE II

De la méditation, premier degré de l'oraison ou théologie mystique.


Or, toute méditation est une pensée, mais toute pensée n'est pas une méditation. Maintes fois nous avons des pensées auxquelles notre esprit s'attache sans dessein ni prétention quelconque, par manière de simple amusement, ainsi que nous voyons, les mouches comme voler çà et là sur les fleurs sans en tirer chose aucune, et cette espèce de pensée, pour attentive qu'elle soit, ne peut porter le nom de méditation, ains doit être simplement appelée pensée.

Quelquefois nous pensons attentivement à quelque chose pour apprendre ses causes, ses effets, ses qualités, et cette pensée s'appelle étude, en laquelle l'esprit fait comme les hannetons qui volettent sur les fleurs et les feuilles indistinctement, pour les manger et s'en nourrir.

Mais quand nous pensons aux choses divines, non pour apprendre, mais pour nous affectionner à elles, cela s'appelle méditer, et cet exercice, méditation, auquel notre esprit, non comme une mouche par simple amusement, ni comme un hanneton pour manger et se remplir, mais comme une sacrée avette, va çà et là sur les fleurs des saints mystères pour en extraire le miel du divin amour.

Ainsi plusieurs sont toujours songeants et attachés à certaines pensées inutiles, sans savoir presque à quoi ils pensent: et ce qui est admirable, ils n'y sont attentifs que par inadvertance, et voudraient ne point avoir telles cogitations; témoin celui qui disait :

Mes pensées se sont dissipées tourmentant mon coeur. Plusieurs aussi étudient, et par une occupation très laborieuse se remplissent de vanité, ne pouvant résister à la curiosité; mais il y en a peu qui s'emploient à méditer pour échauffer leur coeur au saint amour céleste.

En somme la pensée et l'étude se font de toutes sortes de choses; mais la méditation, ainsi que nous en parlons maintenant, ne regarde que les objets; la considération desquels nous peut rendre bons et dévots.

Si que la méditation n'est autre chose qu'une pensée attentive, réitérée ou entretenue volontairement en l'esprit afin d'exciter la volonté à des saintes et salutaires affections et résolutions. La sainte parole explique certes admirablement en quoi consiste la sainte méditation par une excellente similitude.

Ezéchias voulant exprimer eu son cantique l'attentive considération qu'il fait de son mal : Je crierai, dit-il, comme un poussin d'hirondelle, et je méditerai comme une colombe.

Car, mon cher Théotime, si jamais vous y avez pris garde, les petits des hirondelles ouvrent grandement leur bec quand ils font leur piallement (piaillement, cri plaintif), et au contraire les colombes entre tous les oiseaux font leur grommellement à bec clos et enfermé, roulant leur voix dans le gosier et poitrine sans que rien en sorte que par manière de retentisse-nient et résonnement, et ce petit grommellement leur sert également pour exprimer leurs douleurs comme pour déclarer leurs joies.

Ezéchias donc, pour montrer qu'emmi son ennui il faisait plusieurs oraisons vocales : Je crierai, dit-il, comme le poussin de l'hirondelle, ouvrant ma bouche pour pousser, devant Dieu, plusieurs voit lamentables; et pour témoigner d'autre part qu'il employait aussi la sainte oraison mentale:

Je méditerai, ajoute-t-il, sommé la colombe, roulant et contournant mes pensées dedans mon coeur par une attentive considération, afin de m'exciter à bénir et louer la souveraine Miséricorde de mon Dieu, qui ma retiré des portes de la mort, ayant compassion de ma misère.

Ainsi, dit Isaïe, nous rugirons ou bruirons comme des ours, et gémirons méditant comme des colombes; le bruit des ours se rapportant aux exclamations par lesquelles on s'écrie en raison vocale, et les gémissements des colombes à la sainte méditation.

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CHAPITRE II

De la méditation, premier degré de l'oraison ou théologie mystique.


Mais afin qu'on sache que les colombes ne font pas leur grunement (petit grognement, roucoulement) seulement ès occasions de tristesse, ains encore en celles de la joie, l'époux sacré décrivant le printemps naturel pour exprimer les grâces du printemps spirituel :

La voix, dit-il, de la tourterelle a été ouie en notre terre, parce qu'au printemps la tourterelle commence à s'échauffer, ce qu'elle témoigne par son ramage qu'elle répand plus fréquemment; et tôt après :

Ma colombe, montre-moi ta face; que ta voix résonne à mes oreilles; car ta voix est douce, et ta face très bienséante et gracieuse. Il veut dire, Théotime, que l'âme dévote lui est très agréable, quand elle se présente devant lui, et qu'elle médite comme la colombe, pour s'échauffer au saint amour spirituel.

Ains celui qui avait dit : Je méditerai comme la colombe, exprimant sa conception d'une autre sorte : Je repenserai, dit-il, devant vous, ô mon Dieu, toutes mes années en l'amertume de mon âme; car méditer et repenser pour exciter les affections n'est qu'une même chose.

Dont Moïse avertissant le peuple de repenser les faveurs reçues de Dieu, il ajoute cette raison. Afin, dit-il, que tu observes ses commandements, et que tu chemines en ses voies, et que tu le craignes.

Et notre Seigneur même fait ce commandement à Josué : Tu méditeras au livre de la loi jour et nuit, afin que tu gardes et fasses ce qui est écrit en icelui . Ce qu'en l'un des passages est exprimé par le mot de méditer, est déclaré en l'autre par celui de repenser.

Et pour montrer que la pensée réitérée et la méditation tend à nous émouvoir aux affections, résolutions et actions, il est dit, en l'un et l'autre passage, qu'il faut repenser et méditer en la loi pour l'observer et pratiquer.

En ce sens l'Apôtre nous exhorte en cette sorte : Repensez d'icelui qui a reçu une telle contradiction des pécheurs afin que vous ne vous lassiez, manquant de courage.

Quand il dit: repensez, c'est autant comme s'il disait : Méditez. Mais pourquoi veut-il que nous méditions la sainte Passion?

Non, certes, afin que nous devenions savants, mais afin que nous devenions patients et courageux au chemin du ciel. O comme j'ai chéri votre loi, mon Seigneur! dit David, c'est tout le jour ma méditation. Il médite en la loi, parce qu'il la chérit; et il la chérit, parce qu'il la inédite.

La méditation n'est autre chose que le ruminement mystique requis pour n'être point immonde, auquel une des dévotes bergères qui suivaient la sacrée Sulamite nous invite; car elle assure que la sainte doctrine est comme un vin précieux, digne non seulement d'être bu par les pasteurs et docteurs, mais d'être soigneusement savouré, et, par manière de dire, mâché et ruminé.

Ton gosier, dit-elle, dans lequel se forment les paroles saintes, est un vin très bon, digne de mon bien-aimé, pour être bu de ses lèvres, et de ses dents pour être ruminé.

Ainsi le bienheureux Isaac, comme un agneau net et pur, sortait devers le soir aux champs pour se retirer, conférer et exercer son esprit avec Dieu, c'est-à-dire, prier et méditer.

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CHAPITRE II

De la méditation, premier degré de l'oraison ou théologie mystique.


L'avette va voletant çà et là au printemps sur les fleurs, non à l'aventure, mais à dessein; non pour se récréer seulement à voir la gaie diaprure (variété) du paysage, mais pour chercher le miel, lequel ayant trouvé, elle le suce et s'en charge; puis le portant dans sa ruche, elle l'accommode artistement en séparant la cire, et d'icelle faisant le bornai (ruche, gâteau de cire) dans lequel elle réserve le miel pour l'hiver suivant.

Or, telle est l'âme dévote en méditation: elle va de mystère en mystère, non point à la volée, ni pour se consoler seulement à voir l'admirable beauté de ces divins objets.

Mais destinément et à dessein, pour trouver des motifs d'amour onde quelque céleste affection; et les ayant trouvés, elle les tire à soi, elle les savoure, elle s'en charge; et les ayant réduits et colloqués dedans son coeur, elle met à part ce quelle voit de plus propre pour son avancement, faisant enfin des résolutions convenables pour le temps de la tentation.

Ainsi la céleste amante, comme une abeille mystique, va voletant au Cantique des cantiques, tantôt sur les yeux, tantôt sur les lèvres, sur les joues, sur la chevelure de son bien-aimé, pour en tirer la suavité de mille affections amoureuses, remarquant par le menu tout ce qu'elle trouve de rare pour cela; de sorte que tout ardente de la sacrée dilection, elle parle avec lui, elle l'interroge, elle l'écoute, elle soupire, elle aspire, elle l'admire; comme lui de son côté la comble de contentement, l'inspirant, lui touchant et ouvrant le coeur, puis répandant en icelui des clartés, des lumières, des douceurs sans fin, mais d'une façon si secrète que l'on peut bien parler de cette sainte conversation de l'âme avec Dieu comme le sacré texte dit de celle de Dieu avec Moïse:

Que Moïse étant seul sur le coupeau (sommet) de la montagne, il parlait à Dieu, et Dieu lui répondait.

CHAPITRE III

Description de la contemplation, et de la première différence qu'il y a entre icelle et la méditation.


Théotime, la contemplation n'est autre chose qu'une amoureuse, simple et permanente attention de l'esprit, aux choses divines; ce que vous entendrez aisément par la comparaison de la méditation avec elle.

Les petits mouchons (petites mouches) des abeilles s'appellent nymphes ou schadons (en grec sxadon, larve des abeille) jusqu'à ce qu'ils fassent le miel, et lors on les appelle avettes ou abeilles. De même l'oraison s'appelle méditation jusqu'à ce qu'elle ait produit le miel de la dévotion :

après cela elle se convertit eu contemplation. Car comme les avettes parcourent le paysage de leur contrée pour le picorer çà et là et recueillir le miel, lequel ayant amassé, elles travaillent sur icelui pour le plaisir qu'elles prennent en sa douceur : ainsi nous méditons pour recueillir l'amour de Dieu, mais l'ayant recueilli, nous contemplons Dieu et sommes attentifs à sa bonté pour la suavité que l'amour nous y fait trouver.

Le désir d'obtenir l'amour divin nous fait méditer, mais l'amour obtenu nous fait contempler; car l'amour nous fait trouver une suavité si agréable en la chose aimée, que nous ne pouvons assouvir nos esprits de la voir et considérer.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III
Description de la contemplation, et de la première différence qu'il y a entre icelle et la méditation.

Voyez la reine de Saba, Théotime, comme considérant par le menu la sagesse de Salomon en ses réponses, en la beauté de sa maison, en la magnificence de sa table, ès logis de ses serviteurs, en l'ordre que tous ceux de sa cour tenaient pour l'exercice de leurs charges, en leurs vêtements et maintiens, en la multitude des holocaustes qu'ils offraient en la maison du Seigneur, elle demeura tout éprise d'un ardent amour, qui convertit sa méditation en contemplation, par laquelle étant toute ravie hors de soi-même, elle dit plusieurs paroles d'extrême contentement.

La vue de tant de merveilles engendra dans son coeur un extrême amour, et cet amour produisit un nouveau désir de voir toujours plus et jouir de la présence de celui auquel elle les avait vues, dont elle s'écrie : Hé ! que bienheureux sont les serviteurs qui sont toujours autour de vous et oyent votre sapience (sagesse, conversation savante)

Ainsi nous commençons quelquefois à manger pour exciter notre appétit, mais l'appétit étant réveillé, nous poursuivons à manger pour contenter l'appétit; et nous considérons au commencement la bonté de Dieu pour exciter notre volonté à l'aimer ; mais l'amour étant formé dans nos coeurs, nous considérons cette même bonté pour contenter notre amour qui ne se peut assouvir de toujours voir ce quil aime.

Et en somme, la méditation est mère de l'amour, mais la contemplation est sa fille : c'est pourquoi j'ai dit que la contemplation était une attention amoureuse, car on appelle les enfants du nom de leurs pères, et non pas les pères du nom de leurs enfants.

Il est vrai, Théotime, que comme l'ancien Joseph fut la couronne et la gloire de son père, lui donna un grand accroissement d'honneurs et de contentement, et le fit rajeunir en sa vieillesse; ainsi la contemplation couronne son père qui est l'amour, le perfectionne, et lui donne le comble d'excellence.

Car l'amour ayant excité en nous l'attention contemplative, cette attention fait naître réciproquement un plus grand et fervent amour, lequel enfin est couronné de perfection lorsqu'il jouit de ce qu'il aime. L'amour nous fait plaire en la vue de notre bien-aimé, et la vue du bien-aimé nous fait plaire en son divin amour; en sorte que par ce mutuel mouvement de l'amour à la vue, et de la vue à l'amour, comme l'amour rend plus belle la beauté de la chose aimée, aussi la vue d'icelle rend l'amour plus amoureux et délectable.

L'amour, par une imperceptible faculté, fait paraître la beauté que l'on aime plus belle; et la vue pareillement affine l'amour pour lui faire trouver la beauté plus aimable : l'amour presse les yeux de regarder toujours plus attentivement la beauté bien-aimée, et la vue force le coeur de l'aimer toujours plus ardemment.

CHAPITRE IV
Qu'en ce monde l'amour prend sa naissance, mais non pas son excellence, de la connaissance de Dieu.


Mais qui a plus de force, je vous prie, ou l'amour pour faire regarder le bien-aimé, ou la vue pour le faire aimer? Théotime, la connaissance est requise à la production de l'amour: car jamais nous ne saurions aimer ce que nous ne connaissons pas; et à mesure que la connaissance attentive du bien s'augmente, l'amour aussi prend d'avantage de croissance, pourvu qu'il n'y ait rien qui empêche son mouvement.

Mais néanmoins il arrive maintes fois que la connaissance ayant produit l'amour sacré, l'amour ne s'arrêtant pas dans les bornes de la connaissance qui est en l'entendement, passe outre et s'avance bien fort au delà d'icell.

Si qu'en cette vie mortelle nous pouvons avoir plus d'amour que de connaissance de Dieu, dont le grand saint Thomas assure que souvent les plus simples et les femmes abondent en dévotion, et sont ordinairement plus capables de l'amour divin que les habiles gens et savants.

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CHAPITRE IV

Qu'en ce monde l'amour prend sa naissance, mais non pas son excellence, de la connaissance de Dieu.


Le fameux abbé de Saint-André de Verceil, Maître de saint Antoine de Padoue, en ses commentaires sur saint Denis, répète plusieurs fois que l'amour pénètre où la science extérieure ne saurait atteindre, et dit que plusieurs évêques ont jadis pénétré le mystère de la Trinité, quoiqu'ils ne fussent pas doctes, admirant sur ce propos son disciple saint Antoine de Padoue, qui, sans science mondaine, avait une si profonde théologie mystique, que comme un autre saint Jean-Baptiste on le pouvait nommer une lampe luisante et ardente.

Le bienheureux frère Gilles, des premiers compagnons de saint François, dit un jour à saint Bonaventure : O que vous êtes heureux, vous autres doctes car vous savez maintes choses par lesquelles vous louez Dieu.

Mais nous autres idiots, que ferons-nous? et saint Bonaventure répondit La grâce de pouvoir aimer Dieu suffit. Mais, mon père, répliqua frère Gilles, un ignorant peut-il aimer Dieu autant qu'un lettré ?

Il le peut, dit saint Bonaventure; ains je vous dis qu'une pauvre simple femme peut autant aimer Dieu qu'un docteur en théologie.

Lors frère Gilles entrant en ferveur, s'écria: O pauvre et simple femme, aime ton Sauveur, et tu pourras être autant que frère Bonaventure, et là-dessus il demeura trois heures en ravissement.

La volonté, certes, ne s'aperçoit du bien que par l'entremise de l'entendement; mais l'ayant une fois aperçu, elle n'a plus besoin de l'entendement pour pratiquer l'amour:

car la force du plaisir qu'elle sent ou prétend sentir de l'union à son objet, l'attire puissamment à l'amour et au désir de la jouissance d'icelui, si que la connaissance du bien donne la naissance à l'amour, mais non pas la mesure, comme nous voyons que la connaissance d'une injure émeut la colère, laquelle, si elle n'est soudain étouffée, devient presque toujours plus grande que le sujet ne requiert.

Les passions ne suivant pas la connaissance qui les émeut, mais la laissant bien souvent en arrière, elles s'avancent sans mesure ni limite quelconque devers leur objet.

Or, cela arrive encore plus fortement en l'amour sacré, d'autant que notre volonté n'y est pas appliquée par une connaissance naturelle, mais par la lumière de la foi :

laquelle nous assurant de l'infinité du bien qui est en Dieu, nous donne assez de sujet de l'aimer de tout notre pouvoir.

Nous fouissons la terre pour trouver l'or et l'argent, employant une peine présente pour un bien qui n'est encore qu'espéré:

de sorte que la connaissance incertaine nous met en un travail présent et réel. Puis à mesure que nous découvrons la veine de la minière, nous en cherchons toujours davantage et plus ardemment.

Un bien petit sentiment (fumet) échauffe la meute à la quête:

ainsi, cher Théotime, une connaissance obscure environnée de beaucoup de nuages, comme est celle de la foi, nous affectionne infiniment à l'amour de la bonté qu'elle nous fait apercevoir.

Or, combien est-il vrai, selon que saint Augustin s'écriait, que les idiots ravissent les cieux, tandis que plusieurs savants s'abîment ès enfers!

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CHAPITRE IV
Qu'en ce monde l'amour prend sa naissance, mais non pas son excellence, de la connaissance de Dieu.


A votre avis, Théotime, qui aimerait plus la lumière, ou l'aveugle-né qui saurait tous les discours que les philosophes en font et toutes les louanges qu'ils lui donnent, ou le laboureur qui d'une vue bien claire sent et ressent l'agréable splendeur du beau soleil levant?

Celui-là en a plus de connaissance, et celui-ci plus de jouissance, et cette jouissance produit un amour bien plus vif et animé, que ne fait la simple connaissance du discours: car l'expérience d'un bien nous le rend infiniment plus aimable que toutes les sciences qu'on en pourrait avoir.

Nous commençons d'aimer par la connaissance que la foi nous donne de la bonté de Dieu, laquelle par après nous savourons et goûtons par l'amour; et l'amour aiguise notre goût, et notre goût affine notre amour : si que, comme nous voyons entre les efforts des vents les ondes s'entrepresser et s'élever plus haut comme à l'envi par la rencontre qu'elles font l'une de l'autre ; ainsi le goût du bien en rehausse l'amour, et l'amour en rehausse le goût, selon que la divine sagesse a dit:

Ceux qui me goûtent, auront encore appétit; et ceux qui me boivent, seront encore altérés. Qui aima plus Dieu, je vous prie, ou le théologien Ocham que quelques-uns ont nommé le plus subtil des mortels, ou sainte Catherine de Gennes, femme idiote?

Celui-là le connut mieux par science, celle-ci par expérience, et l'expérience de celle-ci la conduisit bien avant en l'amour séraphique, tandis que celui-là avec sa science demeura bien éloigné de cette si excellente perfection.

Nous aimons extrêmement les sciences avant que nous les sachions, dit saint Thomas, par la seule connaissance confuse et sommaire que nous en avons; et il faut dire de même que la connaissance de la bonté divine applique notre volonté à l'amour; mais depuis que la volonté est en train, son amour va de soi-même croissant par le plaisir qu'il sent de s'unir à ce souverain bien.

Avant que les petits enfants aient tâté le miel et le sucre, on a de la peine à le leur faire recevoir en leurs bouches; mais après qu'ils ont savouré sa douceur, ils l'aiment beaucoup plus qu'on ne voudrait, et pourchassent (désirent) éperdument d'en avoir toujours. Il faut néanmoins avouer que la volonté attirée par la délectation qu'elle sent en son objet, est bien plus fortement portée à s'unir avec lui quand l'entendement de son côté lui en propose excellemment la bonté ; car elle y est alors tirée et poussée tout ensemble:

poussée par la connaissance, tirée par la délectation si que la science nest point de soi-même contraire, ains est fort utile à la dévotion; et si elles sont jointes ensemble, elles s'entraident admirablement, quoiqu'il arrive fort souvent que par notre misère la science empêche la naissance de la dévotion, d'autant que la science enfle et enorgueillit et l'orgueil, qui est contraire à toute vertu, est la ruine totale de la dévotion.

Certes, l'éminente science des Cyprien, Augustin, Hilaire, Chrysostome, Basile, Grégoire, Bonaventure, Thomas, a non seulement beaucoup illustré, mais grandement affiné leur dévotion, comme réciproquement leur dévotion a non seulement rehaussé, mais extrêmement perfectionné leur science.

CHAPITRE V
Seconde différence entre la méditation et la contemplation.


La méditation considère par le menu et comme pièce à pièce les objets qui sont propres à nous émouvoir; mais la contemplation fait une vue toute simple et ramassée sur l'objet qu'elle aime; et la considération ainsi unie fait aussi un mouvement plus vif et fort.

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CHAPITRE V

Seconde différence entre la méditation et la contemplation.


On peut regarder la beauté d'une riche couronne en deux sortes, ou bien voyant tous ses fleurons et toutes les pierres précieuses dont elle est composée l'une après l'autre; ou bien, après avoir considéré ainsi toutes les pièces particulières, regardant tout l'émail d'icelle ensemble d'une seule et simple vue.

La première sorte ressemble à la méditation, en laquelle nous considérons, par exemple, les effets de la Miséricorde Divine, pour nous exciter à son amour.

Mais la seconde est semblable à la contemplation, en laquelle nous regardons d'un seul trait arrêté de notre esprit toute la variété des mêmes effets, comme une seule beauté composée de toutes ces pièces qui font un seul brillant de splendeur !

Nous comptons en méditant, ce semble, les perfections divines que nous voyons en un mystère; mais en contemplant nous en faisons une somme totale. Les compagnes de l'épouse sacrée lui avaient demandé quel était son bien-aimé ; et elle leur répond, décrivant admirablement toutes les pièces de sa parfaite beauté :

Son teint est blanc et vermeil, sa tête d'or, et ses cheveux comme un jeton de fleurs de palmes non encore du tout épanouies, ses yeux de colombe, ses joues comme petites tables, planches ou carreaux de jardin, ses lèvres comme lis, parsemées de toutes odeurs, ses mains annelées de jacinthe, ses jambes comme colonnes de marbre.

Ainsi va-t-elle méditant cette souveraine beauté en détail, jusquà ce qu'enfin elle conclut par manière de contemplation, mettant toutes les beautés en une : Son gosier, dit-elle, est très suave, et lui, il est tout désirable: et tel est mon bien-aimé, et il est mon cher ami.

La méditation est semblable à celui qui odore (Flaire, sent l'odeur) loeillet, la rose, le romarin, le thym, le jasmin, la fleur d'orange, l'un après l'autre distinctement; mais la contemplation est pareille à celui qui odore l'eau de senteur composée de toutes ces fleurs.

Car celui-ci en un seul sentiment reçoit toutes les odeurs unies, que l'autre avait senties divisées et séparées: et n"y a point de doute que cette unique odeur qui provient de la confusion de toutes ces senteurs, ne soit elle seule plus suave et précieuse que les senteurs desquelles elle est composée, odorées séparément l"une après l"autre.

C'est pourquoi le divin époux estime tant que sa bien-aimée le regarde d'un seul oeil, et que sa chevelure soit si bien tressée qu'elle ne semble qu'un seul cheveu. Car qu'est-ce regarder l'époux d'un seul oeil, que de le regarder d'une simple vue attentive, sans multiplier les regards? Et qu'est-ce porter ses cheveux ramassés, que de ne point répandre sa pensée en variété de considérations?

O que bienheureux sont ceux qui, après avoir discouru sur la multitude des motifs qu'ils ont d'aimer Dieu, réduisant tous leurs regards en une seule vue et toutes leurs pensées en une seule conclusion, arrêtent leur esprit en l'unité de la contemplation, à l'exemple de saint Augustin ou de saint Bruno; prononçant secrètement en leur âme, par une admiration permanente, ces paroles amoureuses:

O bonté! bonté! ô bonté toujours ancienne et toujours nouvelle! et à l'exemple du grand saint François, qui, planté sur ses genoux en oraison, passa toute la nuit en ces paroles: O Dieu ! vous êtes mon Dieu et mon tout! les inculquant continuellement, au récit du bienheureux frère Bernard de Quinteval, qui l'avait oui de ses oreilles.

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