La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou

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amidelamisericorde
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CHAPITRE III

Article II
- L'AUGMENTATION CONSIDÉRABLE DE LA GRACE EN MARIE
A L'INSTANT DE L'INCARNATION

Le jour de l'Annonciation marque un très grand progrès de la grâce et de la charité en l'âme de Marie.

Convenance de l'Annonciation


Comme l'explique saint Thomas, il convenait que l'annonce du mystère de l'Incarnation fût faite à la Sainte Vierge, pour qu'elle en fût instruite et pût y don­ner son consentement. Par là elle concevait spirituelle­ment le Verbe fait chair, disent les Pères, avant de le con­cevoir corporellement. Elle a donné, ajoute saint Tho­mas, ce consentement surnaturel et méritoire au nom de toute l'humanité, qui avait besoin d'être régénérée par le Sauveur promis.

Il convenait aussi que l'Annonciation fût faite par un ange, comme par un ambassadeur du Très-Haut. Un ange rebelle avait été cause de la perdition ou de la chute, un ange saint et le plus élevé des archanges annoncent la rédemption.

Il convenait encore que Marie fût ins­truite du mystère qui allait s'accomplir en elle avant saint Joseph, car elle lui était supérieure par sa prédestina­tion à la maternité divine. Enfin il convenait que l'An­nonciation se fît par une vision corporelle accompagnée d'une illumination intellectuelle, car la vision corporelle, à l'état de veille, est plus sûre que la vision imaginaire qui se fait parfois en songe, comme celle dont fut favo­risé saint Joseph, et l'illumination surnaturelle de l'in­telligence montrait infailliblement le sens des paroles dites. La joie avec la sécurité succédèrent à la crainte révérentielle et à l'étonnement, lorsque l'ange dit à Marie : « Ne craignez point, Marie, car vous avez trouvé grâce devant Dieu. Voici que vous concevrez en votre sein et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus.

Il sera grand, on l'appellera le Fils du Très-Haut... L'Esprit-Saint viendra en vous et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C'est pourquoi l'être saint qui naîtra (de vous) sera appelé Fils de Dieu » (Luc, I, 30-35). L'ange ajoute un signe et la raison de l'événement : « Déjà Elisabeth, votre parente, a conçu elle aussi un fils dans sa vieillesse, et c'est actuellement son sixième mois, à elle qu'on appelle stérile : car rien n'est impossible à Dieu » (ibid., I, 36-38)

Marie donne alors son consentement, en disant : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole » (ibid., 38).

Bossuet remarque dans les Elévations sur les mystè­res, XIIe semaine, VIe élévation, que la Sainte Vierge a manifesté par ce consentement trois vertus principales : la sainte virginité, par la haute résolution de renoncer à jamais à toute joie, des sens ; l'humilité parfaite devant l'infinie grandeur de Dieu qui s'incline vers elle ; la foi, car il fallait concevoir le Fils de Dieu dans son esprit avant de le concevoir dans son corps. C'est pourquoi Eli­sabeth lui dira : « Heureuse celle qui a cru ! car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur » (Luc, I, 45). Elle a manifesté aussi une grande confiance en Dieu et un grand courage, car elle n'ignorait pas les prophéties messianiques, notam­ment celles d'Isaïe, qui annonçaient les grandes souffran­ces du Sauveur promis, auxquelles elle devait participer.

Ce qui frappe bien des âmes intérieures en la Sainte Vierge, au jour de l'Annonciation, c'est son total oubli d'elle-même, qui paraît être le summum de l'humilité. Elle n'a pensé qu'à la volonté de Dieu, à l'élévation de ce mystère pour la gloire divine et pour le salut de notre pauvre race. Dieu, qui est la grandeur des humbles, a été la sienne, et par là même sa foi, sa confiance et sa géné­rosité ont été à la hauteur du mystère auquel elle allait participer.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III

Article II

- L'AUGMENTATION CONSIDÉRABLE DE LA GRACE EN MARIE
A L'INSTANT DE L'INCARNATION

Le jour de l'Annonciation marque un très grand progrès de la grâce et de la charité en l'âme de Marie.

Convenance de l'Annonciation


Tel homme est peut-être et s'estime le plus grand poète de son époque, tel homme le plus grand philosophe ou le plus grand politique, ils mettent leur grandeur dans leur génie. La Sainte Vierge, qui est la plus élevée de toutes les créatures, s'est totalement oubliée elle-même, elle a mis sa grandeur en Dieu. Deus humilium celsitudo, Dieu, qui êtes la grandeur des humbles, révélez-nous l'humilité de Marie, proportionnée à l'élévation de sa charité.

Saint Thomas a noté qu'à l'instant de l'Incarnation il y eut en Marie, par la présence du Verbe de Dieu fait chair, une grande augmentation de la plénitude de grâce. Si elle n'avait été déjà confirmée en grâce, elle l'eut été à ce moment.

Les raisons de cette grande augmentation de grâce et de charité

On a donné trois raisons de cet accroissement de la vie divine en Marie, en considérant la finalité de la grâce en elle, puis la cause de cette grâce, et enfin le mutuel amour du Fils de Dieu et de sa sainte Mère.

Premièrement, par rapport au mystère même de l'In­carnation, cet accroissement convient hautement comme préparation prochaine et immédiate à la maternité di­vine.

Il doit en effet y avoir une proportion entre la disposi­tion immédiate à une perfection et celle-ci. Or la mater­nité divine est, par son terme d'ordre hypostatique, très supérieur; non seulement à celui de la nature, mais à celui de la grâce.

Il faut donc qu'il y ait eu en Marie une augmentation de la plénitude de grâce et de charité qui la rendit immédiatement digne d'être la Mère de Dieu, et qui la proportionnât à sa mission exceptionnelle et uni­que à l'égard du Verbe fait chair.

Deuxièmement, le Fils de Dieu lui-même, en devenant présent en Marie par l'Incarnation, se doit de l'enrichir d'une plus grande grâce. Il est en effet par sa divinité la cause principale de la grâce; par son humanité, il la mérite et en est la cause instrumentale.

Or la bienheu­reuse Vierge fut, de toutes les créatures la plus rappro­chée du Christ selon l'humanité, puisque c'est d'elle qu'il a reçu sa nature humaine. Marie a donc dû obtenir, à l'instant de l'Incarnation, une grande augmentation de la plénitude de grâce.

La venue du Verbe fait chair en elle dut réaliser tout ce que produit la plus fervente communion et davantage. Dans l'Eucharistie, Notre-Seigneur se donne tout entier sous les apparences du pain; par l'Incarnation, il s'est donné tout entier à Marie sous sa forme véritable et par un contact immédiat, qui produisait par lui-même, ex opere operato, plus et mieux que le plus parfait des sacre­ments, une augmentation de vie divine.

Tous les effets de la communion sacramentelle sont ici dépassés sans comparaison. Par la communion sacramen­telle, Jésus se donne à nous pour que nous vivions de lui; par l'Incarnation, il se donne à Marie, mais aussi il vit d'elle en sa nature humaine, car il tient d'elle sa nourri­ture et le développement de son corps qui se forme en son sein virginal; en retour, il nourrit spirituellement la sainte âme de Marie, en augmentant en elle la grâce sanctifiante et la charité.

Source : Livres-mystiques.com

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Article II

- L'AUGMENTATION CONSIDÉRABLE DE LA GRACE EN MARIE
A L'INSTANT DE L'INCARNATION

Le jour de l'Annonciation marque un très grand progrès de la grâce et de la charité en l'âme de Marie.

Les raisons de cette grande augmentation de grâce et de charité


Troisièmement, l'amour réciproque du Fils pour sa Mère et de la Mère pour son Fils confirme ce que nous venons de dire. La grâce est en effet le fruit de l'amour actif de Dieu pour la créature qu'il appelle à participer ici-bas de plus en plus à sa vie intime avant de lui don­ner l'épanouissement de la vie éternelle.

Or, si le Verbe fait chair aime tous les hommes pour lesquels il se dis­pose à donner son sang, s'il aime particulièrement les élus, et parmi eux les apôtres, qu'il va choisir comme ses ministres, et les saints, qu'il appellera au cours des âges à une grande intimité avec lui, il aime plus encore sa sainte Mère, qui va lui être plus intimement associée que personne dans l'œuvre de la régénération des âmes.

Jésus, comme Dieu, aime Marie d'un amour très spécial, qui produit en elle une surabondance de vie divine capable de déborder sur les autres âmes.

Il l'aime aussi, comme homme, et comme homme il mérite tous les effets de notre prédestination, et donc tous les effets de la pré­destination de Marie, notamment l'augmentation de la charité qui la conduit vers la plénitude finale de la vie du ciel.

Enfin ce double amour de Jésus, comme Dieu et comme homme, pour sa sainte Mère, loin de trouver en elle le moindre obstacle, y trouvait dès ici-bas la plus parfaite correspondance dans l'amour maternel qu'elle a pour lui.

Dès lors il s'épanchait généreusement en elle en une mesure que nous ne saurions apprécier et qui dépassait considérablement celle dont jouissent sur la terre les plus grands saints arrivés au sommet de la vie unitive.

Si les mères sont souvent capables d'un amour héroïque et des plus grands sacrifices pour leurs enfants expo­sés à de grandes souffrances, combien plus Marie, pour son Fils unique qu'elle aimait avec un cœur de vierge ­mère, le plus tendre et le plus pur qui fut jamais, et qu'elle aimait aussi comme son Dieu.

Elle avait pour lui, non seulement l'amour maternel d'ordre naturel, mais un amour essentiellement surnaturel, qui procédait en elle de sa charité infuse, à un degré des plus élevés, et qui ne cessait de grandir.

Comme le dit le P. E. Hugon, en parlant du temps où le corps du Sauveur s'est formé dans le sein virginal de Marie : « Un progrès sans arrêt a dû se faire en elle pendant les neuf mois, pour ainsi dire ex opere operato, par le contact permanent avec l'Auteur de la sainteté...

Si la plénitude est, déjà incompréhensible au premier instant où le Verbe se fait chair, quel degré elle a dû atteindre à la naissance de l'Enfant-Dieu!... (Ensuite) chaque fois qu'elle lui donne à boire son lait virginal, elle reçoit en échange la nourriture des grâces...

Quand elle le berce doucement et lui donne ses baisers de vierge et de mère, elle reçoit de lui le baiser de la divinité, qui la rend plus pure et plus sainte encore. » C'est ce que dit la sainte liturgie.

Lorsque ce contact physique cessera, la charité de Marie et son amour maternel surnaturel pour Jésus ne cessera pas de grandir en elle jusqu'à la mort. La grâce, loin de détruire la nature en ce qu'elle a de bon, la per­fectionne ici en une mesure qui reste pour nous inexpri­mable.

Source : Livres-mystiques.com

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- L'AUGMENTATION CONSIDÉRABLE DE LA GRACE EN MARIE
A L'INSTANT DE L'INCARNATION

Article III
- LA VISITATION ET LE « MAGNIFICAT »
1° La Visitation


Après l'Annonciation, la Sainte Vierge, selon saint Luc, I, 39, vint visiter sa cousine Élisabeth. Dès que celle-ci eut entendu la salutation de Mariè, l'enfant qu'elle portait tressaillit dans son sein et elle fut remplie du Saint-Esprit. Alors elle s'écria : « Vous êtes bénie entre toutes les femmes et le fruit de vos entrailles est béni. Et d'où m'est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi? Car votre voix, lorsque vous m'avez saluée, n'a pas plus tôt frappé mes oreilles, que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein. Heureuse celle qui a cru ! car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur. »

Elisabeth sous la lumière de la révélation divine, com­prend que le fruit des entrailles de Marie commence à répandre par elle sa bénédiction. Elle sent que c'est le Seigneur lui-même qui vient. De fait, le Fils de Dieu vient par sa Mère à son précurseur, et Jean-Baptiste le recon­nait par la sienne.

Saint Luc rapporte ici (I, 46) le cantique de Marie. L'autorité de l'immense majorité des manuscrits et des meilleurs, le témoignage unanime des Pères les plus anciens et les plus doctes (saint Irénée, Origène, Tertul­lien, saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin, etc.) et le contexte s'accordent à voir en Marie l'auteur inspi­rée du Magnificat.
Ce cantique est frappant surtout par sa simplicité et son élévation. C'est un chant d'action de grâces, qui rap­pelle que Dieu est la grandeur des humbles, qu'il les élève et qu'il rabaisse l'orgueil des puissants. Bossuet, dans ses Elévations sur les mystères, XIVe semaine, Ve élévation, résume ce qu'ont dit les Pères sur le Magnificat ; soulignons quelques-unes de ces réflexions.

2° Dieu a fait de grandes, choses en Marie

Elle dit : « Mon âme glorifie le Seigneur. » Elle sort d'elle-même pour ne glorifier que lui et mettre en lui toute sa joie. Elle est dans la paix parfaite, car personne ne peut lui ôter Celui qu'elle chante.

« Mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur. » Ce que Marie ne peut trouver en elle, elle le trouve en Celui qui est la souveraine richesse. Elle tressaille de joie « parce qu'il a jeté les yeux sur la bassesse de sa ser­vante ». Elle ne croit pas pouvoir attirer ses regards : par elle-même elle n'est rien. Mais puisque de lui-même, par pure bonté, il a tourné vers elle ses regards, elle a un appui qu'elle ne peut perdre : la miséricorde divine par laquelle il l'a regardée.

Dès lors, elle ne craint point de reconnaître ce qu'elle a gratuitement reçu de lui ; la gratitude lui en fait un devoir : « Voici que désormais toutes les générations m'appelleront bienheureuse. » Cette prophétie ne cesse d'être vérifiée depuis bientôt deux mille ans, chaque fois qu'on récite l'Ave Maria. Puis elle voit que son bonheur sera celui de toute la terre ; de toutes les âmes de bonne volonté « Celui qui est puissant a fait en moi de grandes choses, et son nom est saint, et sa Miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. » Celui qui est puissant a fait en elle le plus grand ouvrage de sa puissance : le mystère de l'Incarnation rédemptrice ; par elle, en lui conservant miraculeusement sa virginité, il a donné au monde un Sauveur.

Le nom du Très-Haut est saint, il est la sainteté même, qui doit nous sanctifier. Il le paraît davantage, lorsque son Fils, qui est aussi celui de Marie, répand la Misé­ricorde, la grâce, la sainteté d'âge en âge, parmi les dif­férents peuples, sur ceux qui ont la crainte filiale, com­mencement de la sagesse, et qui, par sa grâce, veulent obéir à ses préceptes.

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- L'AUGMENTATION CONSIDÉRABLE DE LA GRACE EN MARIE
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Article III
- LA VISITATION ET LE « MAGNIFICAT »

3° Dieu élève les humbles


et par eux triomphe de l'orgueil des puissants
Pour expliquer de si grands effets, Marie en revient à la puissance de Dieu : « Il a déployé la force de son bras : il a dissipé ceux qui s'enorgueillissaient dans les pen­sées de leur cœur. Il a renversé de leurs trônes les poten­tats, et il a élevé les petits. »

Il a déjà virtuellement accompli ces merveilles en envoyant son Fils unique, qui confondra les superbes par la prédication de son Evangile, qui se servira de la faiblesse des apôtres, des confesseurs et des vierges pour anéantir la force du paganisme qui s'enorgueillit d'elle-­même ; il cachera l'élévation de ses mystères aux pru­dents et aux sages et la révélera aux petits (Matth., XI, 25).

Marie elle-même en est un exemple, il l'a élevée au­-dessus de tout parce qu'elle s'est déclarée la plus petite des créatures. Quand le Fils de Dieu est venu sur la terre, il n'a pas choisi la riche demeure des rois, mais celle de la pauvreté à Bethléem, et il a fait sentir sa divine puissance par la faiblesse même dans laquelle il a voulu se manifester pour élever les petits.

« Il a comblé de biens les affamés, et les riches i1 les a renvoyés les mains vides. » Jésus dira : « Heureux ceux qui ont faim, car ils seront rassasiés. Malheur à vous qui êtes rassasiés, car vous aurez faim » (Luc, VI, 25).

C'est là, dit Bossuet, que l'âme trouve la paix, lorsqu'elle voit tomber toute la gloire du monde, et Dieu seul demeurer grand ; toute fausse grandeur est anéantie.
Le Magnificat s'achève comme il a commencé, par l'ac­tion de grâces : « Dieu a pris soin d'Israël son serviteur. Il s'est souvenu de sa Miséricorde et des promesses fai­tes à Abraham et à sa postérité pour toujours. » Si la promesse d'envoyer le Sauveur s'est accomplie tant de siècles après avoir été faite, nous ne devons pas douter que tout le reste des promesses divines s'accom­plira. Si nos pères, avant le Messie, ont cru en lui, com­bien plus nous devons croire maintenant que le Sauveur promis nous a été donné.

Disons avec saint Ambroise : « Que l'âme de Marie soit en nous pour glorifier le Sei­gneur : que l'esprit de Marie soit en nous pour être ravis de joie en Dieu notre Sauveur[162] », pour que son règne arrive en nous par l'accomplissement de sa volonté.

Article IV

- DE LA PERPÉTUELLE VIRGINITÉ DE MARIE


L'Eglise catholique enseigne au sujet de la virginité de Marie trois vérités : qu'elle a été vierge en concevant Notre-Seigneur, en lui donnant le jour, et, qu'après, elle est restée perpétuellement vierge.

L'Eglise a défendu les deux premières de ces trois vérités contre les Cérihthiens et les Ebionites à la fin du Ier siècle; puis contre Celse, qui fut réfuté par Origène; au XVIe siècle, contre les Sociniens condamnés par Paul IV et Clément VIII; et récemment contre les rationalistes, en particulier contre Strauss, Renan et le pseudo Her­zog. La seconde vérité fut attaquée par Jovinien, condamné en 390. La troisième a été niée par Helvidius réfuté par saint Jérôme

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- L'AUGMENTATION CONSIDÉRABLE DE LA GRACE EN MARIE
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Article IV

- DE LA PERPÉTUELLE VIRGINITÉ DE MARIE

La conception virginale


La virginité dans la conception est déjà exprimée par Isaie, VII, 14 : « Une vierge concevra et enfantera un fils », c'est le sens littéral; autrement, comme le dit saint Justin contre les Juifs, il n'y aurait pas le signe annoncé par ce prophète au même endroit.

C'est affirmé en outre à l'Annonciation par la réponse de l'ar­change Gabriel à Marie, lorsqu'elle lui demande : « Com­ment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ? » L'ange lui répondit : « L'Esprit-Saint viendra sur vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre. C'est pourquoi l'être saint qui naîtra de vous sera appelé Fils de Dieu » (Luc, 1, 34 ss.).

De même encore c'est affirmé par la réponse de l'ange à saint Joseph : « Joseph, fils de David, ne crains point de prendre avec toi Marie ton épouse, car ce qui est formé en elle, est l'ouvrage du Saint-Esprit » (Matth., 1, 20). L'Evangéliste saint Luc, III, 23, dit enfin au sujet de Jésus : « On le croyait fils de Joseph. »

Toute la Tradition confirme la conception virginale- du Christ par la voie de saint Ignace martyr, d'Aristide, de saint Justin, de Tertullien, de saint Irénée.

Tous les sym­boles enseignent que le Fils de Dieu fait chair « a été conçu par la Vierge Marie, par l'opération du Saint­Esprit ».

C'est défini par le Concile de Latran sous Martin Ier en 649, et de nouveau affirmé par Paul IV contre les Sociniens.

Les raisons de convenance de la conception virginale sont données par saint Thomas (IIIa, q. 28, a. 1) : 1° Il convient que celui qui est Fils naturel de Dieu n'ait pas de père sur la terre, qu'il ait un unique Père au ciel; 2° Le Verbe, qui est conçu éternellement dans la plus parfaite pureté spirituelle, doit aussi être virginalement conçu lorsqu'il se fait chair; 3° pour que la nature humaine du Sauveur soit exempte du péché originel, il convenait qu'elle ne fût pas formée comme d'ordinaire par voie séminale, mais par conception virginale; 4° enfin en nais­sant selon la chair d'une vierge, le Christ montrait que ses membres doivent naître selon l'esprit de cette vierge, son Epouse spirituelle, qu'est l'Eglise.

L'enfantement virginal

Saint Ambroise l'affirme en commentant le texte d'Isaïe (VII, 14) : « Une vierge concevra dans son sein et enfantera un fils », elle sera, dit-il, vierge dans la concep­tion et aussi dans l'enfantement. Avant lui parlent de même saint Ignace martyr , Aristide, Clément d'Alexandrie. - Au IV° siècle, saint Ephrem, et plus tard saint Augustin . Le Concile de Latran sous Martin Ier en 649 le proclame aussi.

Les raisons de convenance de l'enfantement virginal sont les suivantes selon saint Thomas (III a, q. 28, a. 2) : 1° Le Verbe qui est éternellement conçu et qui procède du Père sans aucune corruption, doit, s'il se fait chair, naître d'une mère vierge, en lui conservant sa virginité; 2° Celui qui vient pour enlever toute corruption, ne doit pas en naissant détruire la virginité de celle qui lui donne le jour; 3° Celui qui nous ordonne d'honorer nos parents, se devait à lui-même de ne pas diminuer, en naissant, l'honneur de sa sainte Mère.

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Article IV

- DE LA PERPÉTUELLE VIRGINITÉ DE MARIE


La virginité perpétuelle de Marie après la naissance du Sauveur

Le Concile de Latran en 649 affirme ce point de doc­trine et de nouveau Paul IV contre les Sociniens.

Parmi les Pères, il faut citer, comme l'ayant explicite­ment affirmé, Origène, saint Grégoire le Thauma­turge; au IV° siècle, le titre semper virgo est commu­nément employé, surtout par saint Athanase et Didyme l'aveugle[ ainsi qu'au II° Concile de Constantinople en 533.

Chez les latins, il faut citer saint Ambroise, saint Augustin saint Jérôme contre Jovinien et Helvi­dius et dans l'église syriaque saint Ephrem.

Les raisons de convenance de cette perpétuelle virginité sont données par saint Thomas (IIIa, q. 28, a. 3): 1° L'erreur d'Helvidius, dit-il, porte atteinte à la dignité du Christ, car de même qu'il est de toute éternité le fils unique du Père, il convient qu'il soit dans le temps le fils unique de Marie ; 2° Cette erreur est une offense à I'Es­prit-Saint qui a sanctifié pour toujours le sein virginal de Marie; 3° C'est aussi gravement diminuer la dignité et la sainteté de la Mère de Dieu, qui paraitrait très ingrate, si elle ne s'était pas contentée d'un tel fils; 4° enfin, comme le dit aussi Bossue, saint Joseph était entré dans ce dessein, et y avoir manqué après un enfantement si miraculeux, c'eût été un sacrilège indigne d'eux, une profanation indigne de Jésus-Christ même.

Les frères de Jésus, mentionnés dans l'Evangile, et saint Jacques qu'on appela frère du Seigneur constamment, ne l'étaient que par la parenté, comme on parlait en ce temps : et la sainte tradition ne l'a jamais entendu d'une autre sorte. »

Les travaux récents des exégètes catholiques contre les rationalistes contemporains ont confirmé ces témoigna­ges.

Saint Thomas (IIIa, q. 28, a. 4) explique la doctrine commune selon laquelle Marie a fait le vœu de virginité perpétuelle. Ses paroles en saint Luc (I, 34): « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme », indiquent déjà cette résolution. La Tradition se résume en cette parole de saint Augustin : « Virgo es, sancta es, votum vovisti. » Le mariage de la Sainte Vierge avec saint Joseph était pourtant un vrai mariage, mais uni à ce vœu émis d'un commun accord.

Article V

- DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA
LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION

Ces mystères furent surtout ceux que le Rosaire nous invite à contempler, depuis celui de la naissance de Jésus.

La nativité du Sauveur


Marie a grandi dans l'humilité, la pauvreté et plus encore dans l'amour de Dieu, en donnant le jour à son Fils dans une étable. Il n'a eu qu'une crèche, une man­geoire, pour berceau. Mais au même instant, par un, divin contraste, les anges ont chanté : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » (Luc, II, 14). Si cette parole a été douce au cœur des bergers, et à celui de Joseph, plus encore au cœur de Marie. C'est le commencement du Gloria que l'Eglise ne cessera pas de chanter à la messe jusqu'à la fin du monde, et qui est le prélude du culte du ciel.

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CHAPITRE III

Article V

- DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA
LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION


Ces mystères furent surtout ceux que le Rosaire nous invite à contempler, depuis celui de la naissance de Jésus.

La nativité du Sauveur

MIl est dit de Marie « qu'elle conservait toutes ces cho­ses, les repassant dans son cœur » (Luc, II, 19). Quelle joie n'a-t-elle pas senti à la naissance de son Fils, et pourtant elle a gardé le silence, elle ne s'est épanchée qu'avec sainte Elisabeth. Les plus grandes choses que Dieu fait dans les âmes dépassent toute expression. Que pourrait dire Marie qui pût égaler ce qu'elle sentait ?

La présentation de Jésus au temple haut

Au jour de l'Annonciation, la Sainte Vierge avait dit son Fiat dans la paix, dans une très sainte joie, et aussi dans la douleur en pressentant les souffrances du Sau­veur, annoncées par Isaïe. Le mystère de la Rédemption s'éclaire davantage, lors de la présentation de Jésus au temple, quand le saint vieillard Siméon, sous la lumière du Saint-Esprit, voit en l'enfant Jésus « le salut préparé pour tous les peuples, la lumière qui doit dissiper les té­nébres des nations » (Luc, II, 34). Marie reste muette d'ad­miration et de reconnaissance. Puis le saint vieillard ajoute : « Cet enfant est au monde pour la chute et la résurrection d'un grand nombre en Israël et pour être un signe en butte à la contradiction. » De fait Jésus, venu pour le salut de tous, sera une occasion de chute, une pierre d'achoppement (Isaie, VIII, 14) pour un grand nom­bre d'Israélites, qui, refusant de reconnaître en lui le Messie, tomberont dans l'infidélité et la ruine éternelle, comme le constate saint Paul (Rom., IX, 32; 1 Cor., I, 13). Jésus dira lui-même (Matth., XI, 6) ; « Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute. »

Bossuet[190] remarque à ce sujet : « C'est ce qu'opère tout ce qui est haut et ce qui est simple tout ensemble. On ne peut atteindre à sa hauteur; on dédaigne, sa sim­plicité, ou bien on le veut atteindre par soi-même, et on ne peut, et on se trouble, et on se perd dans son orgueil. Mais les humbles de cœur entrent dans les profondeurs de Dieu sans s'émouvoir ; et éloignés du monde et de ses pensées, ils trouvent la vie dans la hauteur des œuvres de Dieu. »

« Siméon est inspiré de parler à fond à Marie », de fait, le mystère de Jésus et de la prédestination des élus s'ou­vre de plus en plus devant elle.

Enfin le saint vieillard lui dit encore : « Vous-même, un glaive transpercera votre âme et ainsi seront révélées les pensées cachées dans le cœur d'un grand nombre. » Marie aura part aux contradictions que rencontrera le Sauveur, les souffrances de Jésus seront les siennes, elle en aura le coeur transpercé par la plus vive douleur ; si le Fils de Dieu n'était pas venu, on ne counaitrait pas la pro­fonde malice de l'orgueil qui se révolte contre la plus haute vérité. Les pensées cachées d'hypocrisie et de faux zèle seront révélées lorsque les pharisiens demanderont le crucifiement de Celui qui est la sainteté même.

La plénitude de grâce en Notre-Seigneur eut deux effets en apparence contraires : la paix la plus parfaite et l'in­clination à s'offrir par le sacrifice le plus douloureux comme victime rédemptrice, pour accomplir le mieux possible sa mission de Sauveur. De même, la plénitude de grâce en Marie eut deux effets en apparence contrai­res : d'une part, la joie la plus pure aux jours de l'An­nonciation et de la Nativité, et, d'autre part, le désir de s'unir le plus généreusement possible aux souffrances de son Fils pour notre salut.

Aussi, en le présentant au temple, elle l'offre déjà pour nous ; la joie et la souffrance s'unissent très intimement dans le coeur de la Mère de Dieu, qui est déjà la Mère de tous ceux giti croiront aux paroles de son Fils.

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CHAPITRE III

Article V
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LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION

La fuite en Egypte


Saint Matthieu (II, 13) rapporte qu'après l'adoration des Mages, un ange du Seigneur apparut à Joseph pen­dant son sommeil et lui dit : « Lève-toi, prends l'Enfant et sa mère, fuis en Egypte, et restes-y jusqu'à ce que je t'avertisse, car Hérode va rechercher l'Enfant pour le faire périr. » De fait, Hérode ordonne le massacre des enfants de deux ans et au dessous qui étaient à Bethléem et aux environs.

L'enfant Jésus est la terreur de ce roi, qui craint là où il n'y a rien à craindre, et qui ne redoute pas les châti­ments de Dieu qu'il devrait redouter. Marie et Joseph ont part déjà aux persécutions qui s'élèvent contre Notre­-Seigneur. « Auparavant ils vivaient tranquilles et ga­gnaient doucement leur vie par le travail de leurs mains ; mais aussitôt que Jésus leur est donné, il n'y a point de repos pour eux... Il faut prendre part à ses croix[191].» Par là, ils grandissent beaucoup dans l'amour de Dieu. Les saints innocents participent aussi à la croix de Jésus ; leur massacre nous montre qu'ils étaient prédestinés de toute éternité à la gloire du martyre. Puis Hérode étant mort, un ange du Seigneur annonce en songe à Joseph que l'heure est venue d'aller à Nazareth en Galilée (Matth., II, 20-23).

La vie cachée de Nazareth

Marie reçoit incessamment une augmentation de grâce et de charité lorsqu'elle porte l'enfant Jésus dans ses bras, le nourrit, lorsqu'elle reçoit ses caresses, entend ses premières paroles, soutient ses premiers pas.

« Cependant, dit saint Luc (II, 40), l'Enfant croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse et la grâce de Dieu était sur lui. » Quand il eut atteint sa douzième année, ayant suivi Marie et Joseph à Jérusalem pour la Pâque, au moment du retour, il resta dans la ville, sans que ses parents s'en fussent aperçus. Ce n'est qu'au bout de trois jours qu'ils le retrouvèrent dans le temple au milieu des docteurs. Et il leur dit : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je sois aux choses de mon Père. » « Mais, remarque saint Luc (III, 50), ils ne comprirent pas ce qu'il leur disait. »
Marie accepte dans l'obscurité de la foi ce qu'elle ne saurait encore comprendre ; le mystère de la Rédemption se révélera progressivement à elle dans toute sa profon­deur et toute son étendue. C'est une joie de retrouver Jésus, mais cette joie fait pressentir bien des souffrances.

Au sujet de la vie cachée de Nazareth, qui se prolonge jusqu'au ministère de Jésus, Bossue fait ces remar­ques : « Ceux qui s'ennuient pour Jésus-Christ, et rougis­sent de lui faire passer sa vie dans une si étrange obscu­rité, s'ennuient aussi pour la sainte Vierge, et voudraient lui attribuer de continuels miracles. Mais écoutons l'E­vangile : « Marie conservait toutes ces choses en son cœur » (Luc, II, 51). ... N'est-ce pas un assez digne emploi, que celui de conserver dans son cœur tout ce qu'elle avait vu de ce cher Fils ? Et si les mystères de son enfance lui furent un si doux entretien, combien trouva-t-elle à s'oc­cuper de tout le reste de sa vie ? Marie méditait Jésus..., elle demeurait en perpétuelle contemplation, se fondant, se liquéfiant, pour ainsi parler, en amour et en désir... Que dirons-nous donc à ceux qui inventent tant de belles choses pour la Sainte Vierge ? Que dirons-nous, si ce n'est que l'humble et parfaite contemplation ne leur suffit pas ? Mais si elle a suffi à Marie, à Jésus même, durant trente ans, n'est-ce pas assez à la Sainte Vierge de continuer cet exercice. Le silence de l'Écriture sur cette divine mère est plus grand et plus éloquent que tous les discours. O homme ! trop actif et inquiet par ta propre activité, ap­prends à te contenter en te souvenant de Jésus, en l'é­coutant au dedans, et en repassant ses paroles... Orgueil humain, de quoi te plains-tu avec tes inquiétudes, de n'être rien dans le monde ? Quel personnage y faisait Jé­sus ? Quelle figure y faisait Marie ! C'était la merveille du monde, le spectacle de Dieu et des anges : et que fai­saient-ils ? De quoi étaient-ils ? Quel nom avaient-ils sur la terre ? Et tu veux avoir un nom et une action qui éclate ? Tu ne connais pas Marie, ni Jésus. ... Et tu dis : Je n'ai rien à faire, quand l'ouvrage du salut des hommes est en partie entre tes mains : n'y a-t-il point d'ennemis à réconcilier, de différends à pacifier, de querelles à finir, où le Sauveur dit : « Vous aurez sauvé votre frère » (Matth., XVIII, 15). N'y a-t-il point de misérable qu'il faille empêcher de se livrer au murmure, au blasphème, au dé­sespoir ? Et quand tout cela te serait ôté, n'as-tu pas l'af­faire de ton salut, qui est pour chacun la véritable œuvre de Dieu ? »

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Article V

- DES PRINCIPAUX MYSTÈRES PAR LESQUELS AUGMENTA
LA PLÉNITUDE DE GRACE EN MARIE APRÈS L'INCARNATION

La vie cachée de Nazareth

Quand on réfléchit à la vie cachée de Nazareth, et, dans ce silence, au progrès spirituel de Marie, puis, par oppo­sition, à ce que le monde moderne a souvent appelé le progrès, on en vient à cette conclusion : on n'a jamais tant parlé de progrès que depuis qu'on a négligé celui qui est de tous le plus important, 1e progrès spirituel. Qu'est-il alors arrivé ? Ce qu'a souvent remarqué Le Play, que le progrès inférieur recherché pour lui-même s'est accompagné, en facilitant le plaisir, l'oisiveté et le chô­mage, d'un immense recul moral vers le matérialisme, l'athéisme et la barbarie, comme le montrent manifeste­ment les dernières guerres mondiales.

En Marie, au contraire, nous trouvons la réalisation toujours plus parfaite de la parole évangélique : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même » (Luc, X, 27).
Plus elle avance, plus elle doit aimer Dieu de toutes ses forces, en voyant, pendant le ministère de Jésus, la contradiction s'élever contre lui, jusqu'à la consomma­tion du mystère de la Rédemption.


La cause des douleurs de Marie au Calvaire et l'intensité de son amour de Dieu, de son Fils et des âmes


Quelle fut la cause profonde des douleurs de Marie au Calvaire ? Toute âme chrétienne, habituée à faire son chemin de croix, répondra : la cause profonde de ses souffrances comme de celles de Jésus fut le péché. Bien­heureux les cœurs simples pour qui cette formule exprime une vérité de vie, et qui éprouvent une vraie douleur de leurs fautes, bonne souffrance que seule la grâce peut produire en nous.

Nous comprenons peu les souffrances de Marie, parce que nous ne souffrons guère que de ce qu'éprouve notre corps et des blessures faites à notre amour-propre, à notre vanité, à notre orgueil. Nous souffrons aussi et tout natu­rellement de l'ingratitude des hommes, des injustices qui affligent notre famille et notre patrie. Mais nous souf­frons trop peu du péché, de nos propres fautes, en tant qu'elles sont une offense à Dieu.

Théoriquement, nous concevons que le péché est le plus grand des maux, puisqu'il atteint l'âme même et toutes ses facultés, comme une folie, un aveuglement, une lâcheté, une ingratitude, qui nous prive de nos meil­leures énergies et puisqu'il est la cause de tous les désor­dres que nous déplorons dans les familles et la société ; il est la cause évidente de la lutte parfois si âpre entre les classes et entre les peuples. Mais, malgré cette vue, nous n'éprouvons pas une bien grande douleur des fautes personnelles par lesquelles nous coopérons plus ou moins au désordre général. Notre légèreté et notre inconstance nous empêchent de prendre vivement conscience de ce final qu'est le péché, sa profondeur nous échappe, préci­sément parce qu'elle est très grave elle passe inaperçue pour les esprits superficiels. Le péché qui ravage les âmes et la société ressemble à ces maladies qui atteignent les organes les plus essentiels et que nous portons par­fois en nous sans les soupçonner, comme le cancer ; nous n'en souffrons pas encore, tandis que nous crions pour une piqûre sans gravité.

Pour ressentir très vivement la bonne souffrance, qu'est celle de la détestation du péché, il faudrait avoir un amour très profond de Dieu que le péché offense et des âmes que le péché détourne de leur fin.

Les saints souffrent du péché dans la mesure de leur amour de Dieu et du prochain. Sainte Catherine de Sienne reconnaissait les âmes en état de péché mortel à l'odeur insupportable qu'elle sentait en leur présence. Mais pour comprendre jusqu'où peut aller la souffrance causée par le péché, il faudrait demander ce secret au cœur imma­culé et douloureux de Marie.

La mesure de sa douleur fut celle de son amour pour Dieu offensé, pour son Fils crucifié, pour nos âmes â sau­ver.

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La cause des douleurs de Marie au Calvaire et l'intensité de son amour de Dieu, de son Fils et des âmes


Or cet amour de Marie dépassait la plus ardente cha­rité des grands saints, de saint Pierre, saint Paul, saint Jean. En elle, la plénitude initiale de charité dépassait déjà la grâce finale de tous les saints réunis, et depuis lors elle n'avait cessé de grandir, jamais la moindre faute vénielle n'avait ralenti l'élan de son amour, et chacun de ses actes méritoires, plus fervent que le précédent, avait multiplié l'intensité de sa charité selon une pro­gression que nous ne saurions imaginer.

Si telle était la ferveur de l'amour de Dieu dans l'âme de Marie, combien dut-elle souffrir du plus grave de tous les maux, dont notre légèreté et notre inconstance nous empêchent de nous affliger. Elle voyait incomparable­ment mieux que nous ce qui cause la perte éternelle de beaucoup d'âmes : la concupiscence de la chair, celle des yeux, l'orgueil de la vie. Elle en souffrait dans la mesure de son amour pour Dieu et pour nous. C'est la grande lumière qui se trouve ici dans ce clair-obscur.

La cause de ses douleurs, ce fut l'ensemble de tous les péchés réunis, de toutes les révoltes, de toutes les colères sacrilèges portées en un instant à leur paroxysme dans le péché du déicide, dans la haine acharnée contre Notre-­Seigneur, qui est la lumière divine libératrice et l'Auteur du salut.

La douleur de Marie est aussi profonde que son amour naturel et surnaturel pour son Fils, qu'elle aime avec un cœur de Vierge, le plus pur et le plus tendre, qu'elle aime comme son unique enfant miraculeusement conçu et comme son Dieu.

Pour se faire une idée vive des souffrances de Marie, il faudrait avoir reçu, comme les stigmatisés, l'impres­sion des plaies du Sauveur; il faudrait avoir participé à toutes ses souffrances physiques et morales, par les grâ­ces crucifiantes qui font faire le chemin de la croix en revivant les heures les plus douloureuses de la Passion. Nous y reviendrons plus loin, en parlant de Marie médiatrice et corédemptrice, ou de la réparation qu'elle a offerte avec son Fils par lui et en lui.

Notons seulement ici que ces très grands actes d'amour méritoires pour nous, l'étaient aussi pour elle, et augmen­tèrent considérablement sa charité et toutes les autres vertus de foi, de confiance, de religion, d'humilité, de force et de mansuétude ; car elle pratiqua alors toutes ces vertus au degré le plus difficile, le plus héroïque ; elle devint par là même la Reine des martyrs.

Sur le Calvaire du Cœur de Jésus la grâce et la charité surabondent sur le cœur de sa sainte Mère ; c'est lui qui la fortifie, comme elle-même soutient spirituellement saint Jean. Jésus offre son martyre à elle avec le sien, et elle s'offre avec son Fils qui lui est beaucoup plus cher que sa propre vie. Si le moindre des actes méritoires de Marie pendant la vie cachée de Nazareth augmentait l'intensité de sa charité, quel dut être l'effet de ses actes d'amour au pied de la croix !

La Pentecôte

La résurrection glorieuse du Sauveur, ses diverses apparitions marquent certainement de nouveaux progrès en l'âme de sa sainte Mère, qui y voit la réalisation de plusieurs prophéties de Jésus lui-même et sa victoire sur la mort, signe de celle qu'il remporta le Vendredi saint sur le démon et sur le péché.

Le mystère de l'Ascension élève de plus en plus les pensées de Marie vers le ciel. Au soir de ce jour, retirée avec les Apôtres au Cénacle (Act. Ap., I, 14), elle dut sen­tir comme eux que la terre était singulièrement vide de­puis le départ de Notre-Seigneur, et entrevoir toute la dif­ficulté de l'évangélisation du monde païen à convertir au milieu des persécutions prédites. Devant cette perspective, la présence de la Sainte Vierge dut être un grand ré­confort pour les Apôtres. En union avec Notre-Seigneur, elle leur mérita d'un mérite de convenance les grâces qu'ils allaient recevoir, en ce Cénacle où Jésus avait ins­titué l'Eucharistie, ou il les avait ordonnés prêtres, et où il était apparu après sa résurrection.

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La Pentecôte


Le jour de la Pentecôte, le Saint-Esprit en descendant sur elle et sur les Apôtres, sous la forme de langues de feu, vint les éclairer définitivement sur les mystères du salut et les fortifier pour l'œuvre immense et si ardue à accomplir (Act. Ap., II).

Si les Apôtres en ce jour sont confirmés en grâce, si saint Pierre manifeste alors par sa prédication qu'il a reçu la plénitude de la contemplation du mystère du Fils de Dieu, du Sauveur et de l'auteur de la vie ressuscité, si les Apôtres, loin de rester craintifs, s'en vont maintenant « joyeux d'avoir à souffrir pour Jésus-Christ », quelle ne doit pas être la nouvelle augmen­tation de grâce et de charité que reçoit Marie en ce jour, elle qui doit être ici-bas comme le cœur de l'Eglise nais­sante !

Personne autant qu'elle ne participera à l'amour pro­fond de Jésus pour son Père et pour les âmes ; elle doit aussi par sa prière, sa contemplation, sa générosité inces­sante, porter en quelque sorte l'âme des Douze, les sui­vre ainsi comme une Mère dans leurs travaux et toutes les difficultés de leur apostolat, qui s'achèvera par le mar­tyre. Ils sont ses fils. Elle sera appelée par l'Eglise Regina apostolorum, et elle a commencé dès ici-bas de veiller sur eux par sa prière et de féconder leur apostolat par l'obla­tion continue d'elle-même, unie au sacrifice de son Fils perpétué sur l'autel.

Marie modèle de dévotion eucharistique


Il convient particulièrement d'insister sur ce que dut être pour la Mère de Dieu le sacrifice de la messe et la sainte communion qu'elle recevait des mains de saint Jean.
Pourquoi au Calvaire fut-elle confiée par Notre-Seigneur à saint Jean plutôt qu'aux saintes femmes qui étaient au pied de la croix ? Parce que Jean était prêtre et qu'il avait un trésor qu'il pouvait communiquer à Marie, le trésor de l'Eucharistie.

Pourquoi parmi tous les Apôtres, saint Jean est-il choisi plutôt que Pierre ? Parce que Jean est le seul des Apôtres qui soit au pied de la croix, où il a été attiré par une grâce très forte et très douce, et parce qu'il est, dit saint Augustin, le modèle de la vie contemplative, de la vie intime et cachée, qui a toujours été celle de Marie et qui sera la sienne jusqu'à sa mort.

La vie de Marie n'aura pas le même caractère que celle du prince des Apôtres, saint Pierre, elle n'interviendra point dans le gouverne­ment des fidèles. Sa mission sera de contempler et d'ai­mer Notre-Seigneur resté présent dans l'Eucharistie, d'obtenir par ses incessantes supplications la diffusion de la foi et le salut des âmes. Elle sera ainsi vraiment sur terre comme le cœur de l'Eglise naissante, car personne n'entrera comme elle dans l'intimité et la force de l'a­mour du Christ.

Suivons-la dans cette vie cachée, à l'heure surtout où saint Jean célébrait devant elle le sacrifice de la messe. Marie n'a pas le caractère sacerdotal, elle ne peut en exer­cer les fonctions, mais elle a reçu, comme le dit M. Olier, « la plénitude de l'esprit du sacerdoce » qui est l'esprit du Christ rédempteur, aussi pénétrait-elle bien plus pro­fondément que saint Jean le mystère de nos autels. Son titre de Mère de Dieu dépasse du reste le sacerdoce, des ministres du Sauveur, elle nous a donné le prêtre et la victime du sacrifice de la Croix et elle s'est offerte avec lui. La sainte messe était pour elle à un degré que nous ne soupçonnons pas le mémorial et en substance la continua­tion du sacrifice de la Croix. C'est que sur le Calvaire, Marie avait eu le cœur transpercé par le glaive de la dou­leur ; la force et la tendresse de son amour pour son Fils lui avaient fait subir un véritable martyre. La souffrance avait été si profonde que le souvenir ne pourrait rien per­dre de sa vivacité, et il était rappelé par une lumière infuse.

Or, sur l'autel, lorsque saint Jean célèbre, Marie re­trouve la même victime que sur la croix. C'est le même Jésus, qui est là réellement présent ; ce n'est pas seule­ment une image, c'est la réalité substantielle du corps du Sauveur, avec son âme et sa divinité. Il n'y a plus, il est vrai, d'immolation sanglante, mais il y a l'immolation sacramentelle, réalisée par la consécration séparée du corps et du précieux sang ; le sang de Jésus est sacramen­tellement répandu sur l'autel. Et cette figure de la mort du Christ est des plus expressives pour celle qui ne peut oublier, qui a toujours au fond de son âme l'image de son très cher Fils maltraité, couvert de plaies, pour celle qui entend encore les injures et les blasphèmes.

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Marie modèle de dévotion eucharistique


Cette messe célébrée par saint Jean, à laquelle assiste Marie est la reproduction la plus frappante du sacrifice de la croix perpétué en substance sur l'autel.

Marie voyait aussi dans le sacrifice de la messe le point de conjonction du culte de la terre et de celui du ciel

C'est en effet la même victime qui est offerte à la messe et qui, au ciel, présente pour nous ses plaies glorieuses au Père céleste. Le corps du Christ ne cesse pas d'être au ciel, il ne descend pas du ciel à proprement parler, mais, sans être multiplié, il est rendu réellement présent sur l'autel par la transsubstantiation de la substance du pain en lui.

C'est aussi au ciel et sur la terre, le même prêtre prin­cipal « toujours vivant pour intercéder pour nous » (Hébr., VII, 25) ; le célébrant n'est en effet que le ministre qui parle au nom de Jésus en disant : ceci est mon corps; c'est Jésus qui parle par lui.

C'est Jésus, comme Dieu, qui donne à ces paroles la puissance transsubstantiatrice. C'est Jésus, comme homme, par un acte de sa sainte âme qui transmet cette influence divine, et qui continue de s'offrir ainsi pour nous, comme prêtre principal. Si le ministre est quelque peu distrait par quelque détail du culte qui peut man­quer, le prêtre principal n'est pas distrait, et Jésus, comme homme, en continuant de s'offrir ainsi sacramen­tellement pour nous, voit ce qui nous échappe, tout le rayonnement spirituel de chaque messe sur les fidèles présents ou éloignés et sur les âmes du purgatoire.

Il agit actuellement par son ministre, c'est lui qui con­tinue de s'offrir par ces paroles sacramentelles ; l'âme du sacrifice de nos autels est l'oblation intérieure qui est tou­jours vivante au cœur du Christ, par elle il continue de nous appliquer les mérites et la satisfaction du Calvaire au moment opportun. Les saints, en assistant à la messe, ont parfois vu, au moment de là consécration, à la place du célébrant, Jésus qui offrait le saint Sacrifice.

Marie l'a saisi plus que tous les saints; plus qu'eux tous elle a compris que l'âme du sacrifice de la messe est l'oblation toujours vivante au cœur de son Fils. Elle entrevoyait que lorsqu'à la fin du monde la dernière messe sera ache­vée, cette oblation intérieure durera éternellement au coeur du Sauveur, non plus comme supplication, mais comme adoration et action de grâces, ce sera le culte de l'éternité exprimé déjà à la messe par le Sanctus en l'hon­neur du Dieu trois fois saint.

Comment Marie s'unissait-elle à cette oblation de Jésus prêtre principal ? Elle s'y unissait, nous le dirons plus loin, comme médiatrice universelle et corédemptrice. Elle continuait de s'y unir comme à la croix, en esprit d'a­doration réparatrice, de supplication et d'action de grâces. Modèle des âmes hosties, elle continuait d'offrir les peines très vives qu'elle éprouvait devant la néga­tion de la divinité de Jésus, pour la réfutation de la­quelle saint Jean écrivait le quatrième évangile.

Elle ren­dait grâces pour l'institution de l'Eucharistie, pour tous les bienfaits dont elle est la source. Elle suppliait pour obtenir la conversion des pécheurs, pour le progrès des bons, pour soutenir les Apôtres dans leurs travaux et leurs souffrances jusqu'au martyre.

En tout cela Marie est notre modèle, pour nous appren­dre à devenir « des adorateurs en esprit et en vérité ».

Que dire enfin de la communion de la Sainte Vierge ? La condition principale d'une fervente communion est d'avoir faim de l'Eucharistie; de même le pain ordinaire ne renouvelle vraiment nos forces physiques que si nous le mangeons avec appétit.

Les saints ont faim de l'Eucha­ristie; on refuse à sainte Catherine de Sienne la sainte communion, mais son désir est si fort qu'une parcelle de la grande hostie se détache et à l'insu du célébrant est portée miraculeusement à la sainte. Or la faim de l'Eucharistie était incomparablement plus grande, plus intense en Marie que dans les âmes les plus saintes. Pen­sons à la force de l'attrait qui porte vers Jésus l'âme de sa sainte Mère.

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Article V
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Toute âme est attirée vers Dieu, puisqu'il est le souve­rain Bien pour lequel nous sommes faits. Mais les suites du péché originel, le péché actuel et mille imperfections diminuent l'admirable convenance entre Dieu et les âmes, affaiblissent en nous le désir de l'union divine.

L'âme de Marie n'a subi l'atteinte ni du péché originel, ni du péché actuel; aucune infidélité, aucune imperfection ne vient diminuer l'ardeur de sa charité qui l'emporte sur celle de tous les saints réunis. S'oubliant elle-même, Marie s'é­lance vers Dieu d'un élan irrésistible, qui grandit chaque jour avec ses mérites.

C'est le Saint-Esprit, agissant en elle, qui la porte infailliblement à se donner librement à Dieu et à le recevoir; cet amour, comme la soif ardente, s'accompagne d'une souffrance qui ne cessera que par la mort d'amour et l'union de l'éternité. Telle était la faim de l'Eucharistie en la Sainte Vierge.

Jésus de son côté avait le plus grand désir de la sancti­fication définitive de Marie. Il ne demande qu'à commu­niquer les trésors de grâces dont son cœur déborde. S'il pouvait souffrir dans sa gloire, il souffrirait de trouver tant d'obstacles en nous à cette divine communication. Or, en Marie, il n'y avait aucun obstacle.

Cette commu­nion était comme la fusion aussi intime que possible ici­-bas de leurs deux vies spirituelles, comme le reflet de la communion de la sainte âme du Christ au Verbe auquel elle est personnellement unie, ou encore, c'était comme l'image de la communion des trois personnes divines à la même vérité infinie et à la même bonté sans limites.

Marie an moment de la communion redevenait le taber­nacle vivant et très pur de Notre-Seigneur, tabernacle doué de connaissance et d'amour, mille fois plus précieux qu'un ciboire d'or; elle était vraiment tour d'ivoire, arche d'alliance, maison d'or.

Quels étaient les effets de la communion de Marie ? Ils dépassaient de beaucoup ce que sainte Thérèse dit de l'u­nion transformante dans la VII° demeure du Château intérieur.

On a comparé cette union qui transforme en quelque sorte l'âme en Dieu par la connaissance et l'a­mour, à l'union du fer et du feu, ou à celle de l'air et de la lumière qui le pénètre. Ici en Marie les rayons de lu­mière et de chaleur surnaturelles partis de l'âme de Jésus éclairaient de plus en plus son intelligence et enflammaient sa volonté.

Ces biens spirituels, cette sagesse et cette bonté, l'humble vierge ne les pouvait en aucune façon rapporter à elle-même, elle en faisait hommage à celui qui est son principe et sa fin : « Qui manducat me, ipse vivet propter me » (Joan., VI, 58); celui qui mange ma chair, vit par moi et pour moi, comme je vis par mon Père et pour lui.

Chacune des communions de Marie était plus fervente que la précédente, et, produisant en elle une plus grande augmentation de charité, la disposait à une communion plus fructueuse encore.

Si la pierre tombe d'autant plus vite qu'elle se rapproche de la terre qui l'attire, l'âme de Marie se portait d'autant plus généreusement et promp­tement vers Dieu, qu'elle. se rapprochait de lui et qu'elle était plus attirée par lui.

Elle était comme un miroir très pur, qui réfléchissait vers Jésus la lumière et la chaleur qu'elle recevait de lui, qui condensait aussi cette lumière et cette chaleur pour la répandre sur nos âmes.

En cela elle était le plus parfait modèle de dévotion eucharistique. C'est pourquoi elle peut nous apprendre sans bruit de paroles, si nous nous adressons à elle, ce qu'est l'esprit d'adoration réparatrice ou de sacrifice dans l'acceptation généreuse des peines qui se présentent, ce que doit être notre désir de l'Eucharistie, la ferveur de notre supplication pour les grandes intentions de l'E­glise, et ce que doit être aussi notre action de grâces pour tant de bienfaits.

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Article VI
LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE


Pour mieux voir ce qu'a été la plénitude de grâce en la Sainte Vierge, surtout vers la fin de sa vie, il convient de considérer quelle fut la perfection de son intelligence, spécialement ce que fut sa foi éclairée par les dons de sa­gesse, d'intelligence, de science, quelle fut aussi l'élévation de ses principales vertus, qui, étant connexes avec la cha­rité, se trouvaient en elle comme celle-ci à un degré pro­portionné à celui de la grâce sanctifiante. Pour compléter cette synthèse, nous parlerons brièvement aussi des grâ­ces gratuites d'ordre intellectuel qu'elle reçut, notamment de la prophétie et du discernement des esprits.

La foi éclairée par les dons en Marie

Si l'on pense à la perfection naturelle de l'âme de la Sainte Vierge, la plus parfaite de toutes après celle du Sauveur, il faut admettre que son intelligence naturelle était déjà douée d'une grande pénétration, d'une non moins grande rectitude, et que ces qualités naturelles ne cessèrent de se développer au cours de sa vie.

Sa foi infuse était à plus forte raison très profonde du côté de l'objet par la révélation qui lui fut faite immédia­tement, au jour de l'Annonciation, des mystères de l'In­carnation et de la Rédemption, par sa sainte familiarité de tous les jours avec le Verbe fait chair.

Subjectivement sa foi était en, outre très ferme, très certaine et très prompte dans son adhésion, car ces qualités de la foi infuse sont d'autant plus grandes que celle-ci est plus élevée. Or Marie reçut la foi infuse la plus haute qui ait jamais existé, il faut en dire autant de son espérance, car Jésus, qui eut la vision béatifique dès le premier instant de sa conception, n'avait pas la foi ni l'espérance, mais la pleine lumière et la possession des biens éternels qui nous sont promis.

Nous ne saurions donc nous faire une idée de l'élévation de la foi de Marie. A l'Annonciation, dès que la vérité di­vine sur le mystère de l'Incarnation rédemptrice lui a été suffisamment proposée, elle y a cru. Aussi sainte Élisa­beth lui dit-elle peu après (Luc, I, 45) : « Heureuse celle qui a cru, car elles seront accomplies les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur. »

A Noël, elle voit son Fils naitre dans l'étable, et elle croit qu'il est le créateur de l'univers ; elle voit toute la fragilité de son corps d'en­fant, et elle croit à sa toute-puissance ; lorsqu'il com­mence à balbutier, elle croit qu'il est la sagesse même ; lorsqu'elle doit fuir avec lui devant la colère du roi Hérode, elle croit pourtant qu'il est le roi des rois, le sei­gneur des seigneurs, comme le dira saint Jean.

Au jour de la Circoncision et à la présentation au temple, sa foi s'ouvre de plus en plus sur le mystère de la Rédemption. Marie vit ici-bas dans un clair-obscur perpétuel, distin­guant nettement les ténèbres d'en bas, qui proviennent de l'erreur et du mal, et l'obscurité d'en haut, celle qui dé­passe la lumière divine accessible sur terre, et qui fait pressentir ce qu'il y a de plus élevé dans les mystères di­vins que contemplent à découvert au ciel les bienheureux.

Pendant la Passion, quand les Apôtres, à l'exception de Jean, s'éloignent, elle est au pied de la croix, debout, sans s'évanouir ; elle ne cesse pas un instant de croire que son Fils est vraiment le Fils de Dieu, Dieu même, qu'il est, comme l'a-dit le Précurseur, « l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde », qu'en apparence vaincu, c'est lui qui est vainqueur du démon et du péché et que dans trois jours il sera vainqueur de la mort par sa résurrection, comme il l'a annoncé.

Cet acte de foi de Marie au Calvaire, à cette heure la plus obscure, fut le plus grand acte de foi qui ait jamais existé : celui dont l'objet était le plus difficile : que Jésus remportait la plus grande victoire par la plus complète immolation.

Cette foi était admirablement éclairée par les dons qu'elle avait à un degré proportionné à celui de sa charité. Le don d'intelligence lui faisait pénétrer les mystères ré­vélés, leur sens intime, leur convenance, leur harmonie, leurs conséquences ; il lui faisait mieux voir leur crédibi­lité ; en particulier pour les mystères auxquels elle parti­cipa plus que personne, comme celui de la conception vir­ginale du Christ et de l'Incarnation du Fils de Dieu, par suite pour les mystères de la Sainte Trinité et l'économie de la rédemption.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III

Article VI

LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE

La foi éclairée par les dons en Marie


Le don de sagesse, sous l'inspiration du Saint-Esprit, lui faisait juger des choses divines par cette sympathie ou connaturalité qui est fondée sur la charité[194]. Elle connaissait ainsi expérimentalement combien ces mystè­res correspondent à nos aspirations les plus hautes et en suscitent toujours de nouvelles pour les combler. Elle les goûtait à proportion de sa charité, qui ne cessait de gran­dir, de son humilité et de sa pureté. En Marie se réalisè­rent éminemment les paroles : « C'est aux humbles que Dieu donne sa grâce », « bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu », ils l'entrevoient dès ici-bas.

Le don de science, par un instinct spécial de l'Esprit­-Saint, lui faisait juger des choses créées, soit comme symboles des choses divines au sens où les cieux racon­tent la gloire de Dieu, soit pour en voir le vide, la fragi­lité et mieux apprécier par contraste la vie éternelle.


Privilèges particuliers de son intelligence


A sa foi et à ces dons du Saint-Esprit, qui se trouvent à des degrés divers en tous les justes, comme fonctions de l'organisme spirituel, s'ajoutaient en Marie, comme chez beaucoup de saints, les grâces gratuites (gratis datae), ou charismes accordés surtout pour l'utilité du prochain. Ce sont plutôt des signes extérieurs pour confirmer la révé­lation et la sainteté, que des formes de la vie surnatu­relle, c'est pourquoi on les distingue.

A ce sujet les théologiens admettent généralement ce principe : plus que tous les autres saints Marie reçut tous les privilèges que de hautes convenances réclament pour elle, et qui n'avaient rien d'incompatible avec son état. En d'autres termes, elle ne saurait être à ce titre dans une condition d'infériorité par rapport aux autres saints, qu'elle dépassait de beaucoup par le degré selon lequel elle avait la grâce habituelle, les vertus infuses et les sept dons.

Encore faut-il bien entendre ce principe et non pas d'une façon trop matérielle. Si, par exemple, des saints ont vécu de longs mois sans nourriture, ou s'ils ont marché sur les eaux pour venir au secours de quelqu'un, il ne s'ensuit pas que la Sainte Vierge l'ait fait aussi; il suffit que de tels dons soient contenus dans des grâces d'ordre supérieur.
Mais en vertu du principe énoncé, on doit lui attribuer plusieurs charismes, soit d'une façon certaine, soit avec une grande probabilité.

Tout d'abord on doit admettre qu'elle a eu par privi­lège, mieux que les autres saints, la connaissance profonde de l'Ecriture, surtout de ce qui se rapporte au Messie, à l'Incarnation rédemptrice, à la Sainte Trinité, à la vie de la grâce et des vertus, à la vie éternelle.

Bien qu'il n'appartint.pas à Marie d'exercer le minis­tère officiel, elle dut éclairer saint Jean et saint Luc sur bien des choses relatives à la vie d'enfance et à la vie ca­chée de Jésus.

Quant aux objets d'ordre naturel, elle dut en avoir la connaissance claire et profonde qui était de quelque uti­lité; il n'est pas nécessaire de savoir que le sel ordinaire est du chlorure de sodium, ou que l'eau est composée (l'hydrogène et d'oxygène, pour bien connaître leurs pro­priétés naturelles, et même leur symbolisme supérieur.

Marie avait des choses naturelles la connaissance qui sert à mieux pénétrer les vérités morales et religieuses, ce qui manifeste l'existence de Dieu, de sa Providence univer­selle s'étendant au moindre détail, ce qui manifeste aussi la spiritualité et l'immortalité de l'âme, notre libre arbi­tre, notre responsabilité, les principes et les conclusions de la loi morale, les rapports de la nature et de la grâce.

Elle voyait admirablement la finalité de la nature, l'ordre de la création, la subordination de toute cause créée à la cause suprême; elle ne confondait pas cette subordination avec ce qui ne serait que coordination de l'action de la créature à celle du Créateur. Elle voyait que tout bien vient de Dieu, jusqu'à la libre détermination de nos actes salutaires et méritoires, et que nul ne serait meilleur qu'un autre, s'il n'était plus aimé par Dieu, ce qui est le fondement mérite de l'humilité et de l'action de grâces.

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CHAPITRE III

Article VI

LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE

Privilèges particuliers de son intelligence


La connaissance de Marie sur terre avait des bornes, surtout à l'origine; c'est ainsi qu'elle ne comprit pas d'a­bord toute la portée des paroles de Jésus enfant touchant les affaires de son Père (Luc,II, 48). Mais, comme on l'a dit souvent, c'étaient là des limites plutôt que des lacu­nes; ce n'était pas de l'ignorance, car ce n'était pas la privation d'une connaissance qu'il aurait convenu qu'elle possédât à ce moment. La Mère de Dieu, aux différentes époques de sa vie, savait ce qu'il convenait qu'elle sût.

A plus forte raison, ne fut-elle jamais sujette à l'er­reur; elle évitait toute précipitation dans le jugement, et suspendait celui-ci tant qu'elle n'avait pas la lumière suf­fisante; et, si elle n'était pas certaine, elle se contentait de considérer la chose comme vraisemblable ou probable, sans affirmer même intérieurement qu'elle fût vraie. Par exemple, il est dit en saint Luc (II, 44) que lorsque Jésus âgé de douze ans était resté à Jérusalem, elle estimait ou supposait qu'il était dans le cortège des parents et amis. C'était une supposition vraisemblable, vraiment probable, en cela elle ne se trompait pas.

Nous avons vu plus haut qu'elle eut très probable­ment, selon beaucoup de théologiens, au moins de façon transitoire, dès le sein de sa mère, la science infuse pour avoir l'usage du libre arbitre, le mérite qui faisait fructifier la plénitude initiale de grâce. Si cette science infuse lui fut ainsi très probablement accordée, il est bien diffi­cile de dire qu'elle en fut privée ensuite, car elle serait devenue moins parfaite au lieu de progresser incessam­ment dans cette voie du mérite.

La même raison de con­venance, nous l'avons vu, ibidem, a porté beaucoup de théologiens à affirmer avec saint François de Sales et saint Alphonse qu'elle gardait l'usage de cette science infuse pendant son sommeil pour continuer de mériter.

Parmi les grâces gratuites, on ne saurait non plus refu­ser à Marie la prophétie, qui est du reste manifestée par le Magnificat, en particulier par ces paroles : « Voici que désormais toutes les générations m'appelleront bienheu­reuse » (Luc, I, 48). La réalisation de cette prédiction est aussi évidente et constante depuis des siècles que l'é­noncé en est précis. Ce ne fut pas sans doute la seule prophétie dans la vie de la Sainte Vierge, puisque ce don est très fréquent chez bien des saints, comme on le voit par la vie du Curé d'Ars et de saint Jean Bosco.

Enfin, comme beaucoup de saints, elle dut avoir le don du discernement des esprits, pour reconnaître l'esprit de Dieu, le distinguer de toute illusion diabolique ou de l'exaltation naturelle, polir pénétrer aussi les secrets des cœurs, surtout lorsqu'on lui demandait conseil, pour ré­pondre toujours de façon juste, opportune et immédiate­ment applicable, comme le faisait si souvent le saint Curé d'Ars et beaucoup d'autres serviteurs de Dieu.
Plusieurs théologiens reconnaissent encore à Marie le don des langues, lorsqu'elle eut à voyager en des pays étrangers, en Egypte et à Ephèse.

A plus forte raison, depuis l'Assomption, Marie a-t-elle la plénitude de ce don, c'est ainsi que, dans les apparitions de Lourdes, de la Salette et d'autres endroits, elle a parlé le dialecte de la région où elle apparaissait, dialecte qui était du reste la seule langue connue des enfants auxquels elle apportait un message du ciel.

On s'est demandé si Marie avait eu sur terre, ne serait­-ce que quelques instants, la vision immédiate de l'essence divine, dont jouissent au ciel les bienheureux.
Les théologiens enseignent communément contre Chr. Véga et François-Guerra, que certainement elle ne l'a pas eue de façon permanente, en quoi elle diffère de Notre­Seigneur, car, si elle l'avait eue ainsi, elle n'aurait pas eu la foi.

A-t-elle eu cette faveur, vers la fin de sa vie, de façon transitoire ? Il est difficile de répondre avec certitude. Elle a dit avoir une vision intellectuelle de la Sainte Trinité supérieure à celle que reçut sainte Thérèse et bien d'au­tres saints parvenus à l'union dite transformante (VII° de­meure de sainte Thérèse); mais cette vision intellectuelle, si élevée soit-elle, reste de l'ordre de la foi, elle est infé­rieure à la vision immédiate de l'essence divine, et se fait par idée infuse.

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Article VI

LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE

Privilèges particuliers de son intelligence

On sait que, selon saint Augustin et saint Thomas, il est probable que saint Paul a eu un moment la vision béatifique, lorsque, dit-il (II Cor., XII, 2), « il fut ravi jus­qu'au troisième ciel (dans son corps ou sans son corps, il ne sait) enlevé dans le paradis et qu'il entendit des paro­les ineffables qu'il n'est pas permis à un homme de révé­ler ».

Saint Augustin et saint Thomas remarquent que le troisième ciel, selon les Hébreux, n'est pas celui de l'air, ni celui des astres, mais le ciel spirituel où Dieu habite et est vu par les anges, le paradis, comme dit saint Paul lui-même dans le texte cité. Aussi ces deux grands doc­teurs considèrent comme probable que saint Paul a eu un moment la vision béatifique, car il était appelé à être le Docteur des Gentils, celui de la grâce, et qu'on ne peut pleinement connaître le prix de la grâce, germe de la gloire, sans avoir joui un instant de celle-ci. Il y a là une sérieuse probabilité qui se recommande de l'autorité des deux plus grands théologiens de l'Eglise, qui reçurent eux-mêmes de très grandes grâces mystiques, et qui pou­vaient juger beaucoup mieux que nous de la réponse à faire à une pareille question.

Cette opinion de saint Augustin et de saint Thomas n'est pourtant pas acceptée par Estius, par Corneille de la Pierre. Des exégètes modernes, comme le P. B. Allo, O.P., dans son commentaire de la II° Ep. aux Corinthiens, se contentent de dire que « saint Paul fut alors élevé sur les hauts sommets de la contemplation divine, il dut chanter les chants indicibles des bienheureux autour du trône de Dieu ».

Pour revenir à la Sainte Vierge, il faut remarquer avec le P. Hugon, que, s'il reste probable que saint Paul a reçu un moment ce privilège, il est bien difficile de le refuser à la Mère de Dieu, car sa maternité divine, la plé­nitude de grâce, et l'absence de toute faute la disposaient plus que personne à la béatitude de l'éternité. Si l'on ne peut affirmer avec certitude qu'elle a eu ici-bas pendant quelques instants la vision béatifique, la chose reste très probable.

Ce simple aperçu suffit pour donner une idée de ce que furent pendant sa vie terrestre les dons intellectuels de la Sainte Vierge.

Les principales vertus de Marie


Nous avons parlé un peu plus haut de sa foi; il convient de dire brièvement ce que furent en elle l'espérance, la charité, les quatre vertus cardinales; puis l'humilité et la douceur.
L'espérance par laquelle elle tendait à posséder Dieu qu'elle ne voyait pas encore, était une parfaite confiance, qui s'appuyait, non pas sur elle-même, mais sur la Misé­ricorde Divine et la toute-puissance auxiliatrice.

Ce fon­dement lui donnait une certitude très ferme, « certitude de tendance », dit saint Thomas qui fait penser à celle qu'a le navigateur, après avoir pris le bon chemin, de tendre effectivement vers le but de son voyage, et qui augmente dans la mesure où il s'en rapproche. En Marie cette certitude augmentait aussi par les inspirations du don de piété par lesquelles, en suscitant en nous une affection toute filiale pour lui, « le Saint-Esprit rend té­moignage à notre esprit, que nous sommes les enfants de Dieu » (Rom., VII, 16), et que nous pouvons compter sur son secours.

Cette certitude de l'espérance était d'autant plus grande en Marie, qu'elle était confirmée en grâce, préservée de toute faute, et donc de toute déviation, aussi bien du côté de la présomption que de celui de la dépression et du manque de confiance en Dieu.

Cette espérance parfaite, elle l'a exercée lorsque dans sa jeunesse elle avait le désir ardent de la venue du Mes­sie, lorsqu'elle la demandait pour le salut des peuples, ensuite quand elle attendait que le secret de la conception virginale du Sauveur fut manifesté à Joseph son époux; quand elle dut fuir en Egypte; plus tard au Calvaire, lors­que tout paraissait désespéré et qu'elle espéra la parfaite et prochaine victoire du Christ sur la mort, comme lui­-même l'avait annoncée. Sa confiance soutint enfin celle des Apôtres au milieu de leurs luttes incessantes pour la diffusion de l'Evangile et la conversion du monde païen.

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Article VI
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Les principales vertus de Marie


Sa charité, son amour de Dieu pour lui-même et des âmes en Dieu, dépassait dès le début la charité finale de tous les saints réunis, puisqu'elle était au même degré que la plénitude de grâce, et que Marie était toujours plus intimement unie au Père, comme sa fille de prédilection, au Fils comme sa Mère Vierge, étroitement associée à sa mission, au Saint-Esprit par un mariage spirituel qui dépassait de beaucoup celui qu'ont connu les plus grands mystiques. Elle était, à un degré que nous ne pouvons entrevoir, le temple vivant de la Sainte Trinité. Dieu l'ai­mait déjà plus que toutes les autres créatures ensemble, et elle répondait parfaitement à cet amour, après s'être consacrée pleinement à lui dès le premier instant de sa conception, et en vivant toujours dans la plus complète conformité de volonté à son bon plaisir.

Aucune passion désordonnée, aucune vaine inquiétude, aucune distraction ne venaient ralentir l'élan de son amour pour Dieu, et son zèle pour la régénération des âmes était proportionné à cet élan; elle s'offrait incessamment et offrait son Fils pour notre salut.
Cette charité éminente, elle l'a exercée d'une façon con­tinuelle et plus spécialement lorsqu'elle s'est consacrée totalement à Dieu, puis lorsqu'elle fut présentée au tem­ple et fit le vœu de virginité, s'en remettant à la Provi­dence pour le lui faire observer parfaitement; ensuite quand à l'Annonciation elle donna son consentement avec une parfaite conformité à la volonté de Dieu et par amour pour toutes les âmes à sauver, de même en concevant son Fils, en lui donnant le jour; en le présentant au temple, en le retrouvant plus tard au milieu des docteurs, enfin en l'offrant au Calvaire, en participant à toutes ses souf­frances pour la gloire de Dieu, en esprit de réparation et pour le salut de tous. Au moment même où elle entendit les cris : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants », elle s'unit à la prière du Sauveur pour ses bourreaux : « Père; pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font » (Luc, XXIII, 34).

Aussi l'Eglise lui applique-t-elle ces paroles de l'Ecclé­siastique (XXIV, 24, 17) : « Je suis la Mère du pur amour, de la crainte de Dieu, de la sagesse et de la sainte espé­rance ».

Les vertus morales infuses sont en tous les justes à un degré proportionné à celui de leur charité : la prudence dans la raison pour assurer la rectitude du jugement pra­tique selon la loi divine, la justice dans la volonté pour rendre à chacun ce qui lui est du, la force et la tempé­rance dans la sensibilité pour la discipliner et faire des­cendre en elle la rectitude de la droite raison éclairée par la foi. A ces quatre vertus cardinales se rattachent les autres vertus morales infuses.

Quant aux vertus acquises, qui sont d'ordre naturel, elles facilitent l'exercice des précédentes, auxquelles elles sont subordonnées, comme chez l'artiste l'agilité des doigts facilite l'exercice de l'art, qui est dans l'intelli­gence.

La prudence en Marie dirigeait tous ses actes vers la fin dernière surnaturelle, sans aucune déviation; tous ses actes étaient délibérés et méritoires. L'Eglise l'appelle Virgo prudentissima. Elle exerça particulièrement cette vertu éclairée par le don de conseil à l'Annonciation, lors­que « troublée par les paroles de l'ange, elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation (Luc, I, 29), puis quand elle interrogea : « Comment cela se fera-t-il, puis­que je ne connais point d'homme »; et après avoir été éclairée, lorsqu'elle dit « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole. »
La justice, elle l'exerça en évitant toute faute contraire à cette vertu, en observant toutes les prescriptions de la loi, même de la purification alors qu'elle n'avait aucun besoin d'être purifiée, et en ordonnant toute sa vie au plus grand bien de l'humanité à régénérer et de son peuple.

Elle a pratiqué de la façon la plus haute la justice à l'égard de Dieu, c'est-à-dire la vertu de religion, unie au don de piété, en se consacrant totalement au service de Dieu dès le premier instant, en faisant le vœu de virgi­nité, en offrant son Fils à la présentation au temple, plus encore en offrant sa mort sur la croix. Elle offrit ainsi avec lui le plus grand acte de la vertu de religion le sacrifice parfait, l'holocauste d'une valeur infinie. Elle a pratiqué de même l'obéissance parfaite à tous les commandements, accompagnée de la plus généreuse prompti­tude à suivre tous les conseils et inspirations du Saint-­Esprit.

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Article VI
LES DONS INTELLECTUELS ET LES PRINCIPALES VERTUS DE MARIE

Les principales vertus de Marie


Cette justice en elle fut toujours unie à la miséricorde, avec son Fils, elle pardonna toutes les injures qui lui étaient faites, et montra la plus grande commisération pour les pécheurs et pour les affligés. Aussi l'Eglise l'ap­pelle-t-elle : Mère de Miséricorde, Notre Dame du perpé­tuel secours, titre que redisent des milliers de sanctuaires dans les divers pays du monde ; par elle se réalise cette parole du psalmiste : « Misericordia Dei plena est terra. »

La force ou la fermeté de l'âme qui ne se laisse pas abattre par les plus grands dangers, les plus durs travaux et les plus pénibles, afflictions, apparut en Marie à un degré non moins éminent, surtout pendant la Passion du Sauveur, lorsqu'elle resta debout au pied de la croix, sans défaillir, selon le témoignage de saint Jean (XIX, 25).

On sait que Cajetan a écrit un opuscule De spasmo Virginis contre l'opinion d'après laquelle Marie se serait évanouie sur le chemin du Calvaire. Médina, Tolet, Suarez et l'en­semble des théologiens, ont également rejeté cette opi­nion.

La Sainte Vierge fut soutenue par les inspirations du don de force au point qu'elle a mérité par le martyre du cœur d'être appelée Reine des martyrs, du fait qu'elle a intérieurement participé aux douleurs de son Fils plus profondément et plus généreusement que tous les mar­tyrs dans leurs tourments extérieurs. C'est ce que l'Eglise rappelle en la fête de la Compassion de la Sainte Vierge, et en celle de Notre-Dame des Sept-Douleurs, par­ticulièrement dans le Stabat, où il est dit :

Fac ut portem Christi mortem, Faites que je porte la mort du Christ,
Passionis fac consortem Faites-moi partager sa passion
Et plagas recolere. et vénérer ses saintes plaies.

Fac me plagis vulnerari, Faites que, blessé de ses blessu­res
Fac me cruce inebriari, Je sois enivré de la croix
Et cruore Filii. et du sang de votre Fils.

C'est le plus haut degré de la force, de la patience et de la magnanimité ou grandeur d'âme dans la plus extrême affliction.

La tempérance sous ses différentes formes, en particu­lier la virginité parfaite, apparut dans son angélique pu­reté, qui assurait en tout la prédominance de l'âme sur le corps, celle des facultés supérieures sur la sensibilité, de telle sorte que Marie était de plus en plus spirituali­sée; l'image de Dieu resplendissait en elle comme en un très pur miroir sans trace aucune d'imperfection.

L'humilité n'eut jamais en elle à réprimer le moindre premier mouvement d'orgueil ou de vanité, mais elle, la portait à l'acte propre de cette vertu, à reconnaître pratiquement que par elle-même elle n'était rien et ne pou­vait rien, sans la grâce, dans l'ordre du salut, aussi s'in­clinait-elle devant l'infinie majesté de Dieu et devant ce qu'il y avait de lui en tout être créé. Plus qu'aucune autre créature elle a mis sa grandeur en Dieu, en elle se réalise éminemment cette parole du Missel - Deus humi­lium celsitudo.

Le jour de l'Annonciation elle dit : « Je suis la ser­vante du Seigneur » et dans le Magnificat elle rend grâces au Très-Haut d'avoir daigné regarder son infime condi­tion. Au jour de la purification, elle se soumet à une loi qui n'a pas été portée pour elle.

Toute sa vie son humilité se manifeste par tout son extérieur, sa parfaite modes­tie, sa pauvreté volontaire, les travaux manuels très sim­ples qu'elle accomplit, alors qu'elle a reçu les plus gran­des grâces qu'aucune autre créature ne recevra jamais.

Sa douceur correspondait à son humilité selon cette pa­role de la liturgie : Virgo singularis inter omnes mitis ; même à l'égard de ceux qui crucifiaient son Fils elle n'a proféré aucune parole d'indignation, mais avec lui elle leur a pardonné en priant pour eux; c'est la plus grande perfection de la douceur, unie à celle de la force.

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