La Mère du Sauveur et notre vie intérieure par Fr. Garrigou

Postez ici vos intentions de prière.
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DEUXIÈME PARTIE

CHAPITRE PREMIER

Article II - LA MÈRE DE TOUS LES HOMMES
Marie, cause exemplaire des élus


C'est en ce sens qu'il faut entendre ce que dit le même auteur un peu plus loin pour montrer que Marie, ainsi que Jésus, choisit toujours conformément au bon plaisir divin qui inspire leur choix : « Le Très-Haut l'a faite l'unique trésorière de ses trésors et l'unique dis­pensatrice de ses grâces, pour anoblir, élever et enri­chir qui elle veut, pour faire entrer qui elle veut dans la voie étroite du ciel, pour faire passer malgré tout qui elle veut par la porte étroite de la vie, et pour donner le trône, le sceptre et la couronne de roi à qui elle veut...

C'est Marie seule à qui Dieu a donné les clefs des cel­liers du divin amour, et le pouvoir d'entrer dans les voies les plus sublimes et les plus secrètes de la perfection et d'y faire entrer les autres. »

Nous voyons en cela toute l'extension de la maternité spirituelle, par laquelle elle forme les élus et les conduit au terme de leur destinée.

Nous verrons d'abord en quoi consiste cette médiation en général, quels sont ses principaux caractères, puis comme elle s'est exercée pendant la vie terrestre de Marie de deux façons, par le mérite et la satisfaction.

CHAPITRE II
La médiation universelle de Marie pendant sa vie terrestre


Nous verrons d'abord en quoi consiste cette médiation en général, quels sont les principaux caractères, puis comme elle s'est exercée pendant la vie terrestre de Marie de deux façons, par le mérite et la satisfaction.

Article I - LA MÉDIATION UNIVERSELLE DE MARIE EN GÉNÉRAL


L'Eglise a approuvé sous Benoît XV, le 21 janvier 1921, l'office et la messe propres de Marie médiatrice de toutes les grâces, et beaucoup de théologiens considèrent cette doctrine comme suffisamment contenue dans le dé­pôt de la Révélation pour être un jour solennellement pro­posée comme objet de foi par l'Eglise infaillible ; elle est enseignée de fait par le magistère ordinaire qui se mani­feste par la liturgie, les encycliques, les lettres des évê­ques, la prédication universelle et les ouvrages de théolo­giens approuvés par l'Eglise.

Voyons ce qu'il faut entendre par cette médiation, puis comment elle est affirmée par la Tradition et établie par la raison théologique.

Que faut-il entendre par cette médiation ?

Saint Thomas nous dit en parlant de la médiation du Sauveur (IIIa, q. 26, a. 1) : « A l'office de médiateur entre Dieu et les hommes, il appartient de les unir. »

C'est-à­-dire, comme il est expliqué au même endroit (a. 2), le mé­diateur doit offrir à Dieu les prières des hommes et sur­tout le sacrifice, acte principal de la vertu de religion, et il doit aussi distribuer aux hommes les dons de Dieu qui sanctifient, la lumière divine et la grâce.

Il y a ainsi une double médiation, l'une ascendante sous forme de prière et de sacrifice, l'autre descendante par la distribution des dons divins aux hommes.

Source : Livres-mystiques.com

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DEUXIÈME PARTIE
CHAPITRE II

Article I - LA MÉDIATION UNIVERSELLE DE MARIE EN GÉNÉRAL

Que faut-il entendre par cette médiation ?


On voit donc ce qu'il faut entendre par cette média­tion que la liturgie et le sens chrétien des fidèles attri­buent à Marie. Il s'agit d'une médiation à proprement par­ler subordonnée et non pas coordonnée à celle du Sauveur, de telle sorte qu'elle dépend entièrement des mérites du Christ rédempteur universel; il s'agit aussi d'une média­tion non nécessaire (car celle (le Jésus est déjà surabon­dante et n'a pas besoin de complément); mais elle a été voulue par la Providence, comme un rayonnement de celle du Sauveur, et le rayonnement de tous le plus excel­lent. L'Eglise la considère comme très utile et efficace pour nous obtenir de Dieu tout ce qui peut nous conduire directement ou indirectement à la perfection et au salut.

Enfin il s'agit d'une médiation perpétuelle, qui s'étend à tous les hommes et à toutes les grâces, sans en excepter aucune, comme on le verra par la suite.
C'est en ce sens précis que la médiation universelle est attribuée à Marie par la liturgie, en la fête de Marie mé­diatrice, et par les théologiens qui ont récemment publié de nombreux travaux sur ce point.

Le témoignage de la Tradition

Cette doctrine a été affirmée d'une façon générale et implicite dès les premiers siècles, en tant que Marie a été appelée dès le II° siècle la nouvelle Eve, la Mère des vi­vants, comme nous l'avons dit plus haut, d'autant qu'on lui a toujours reconnu ce titre, non seulement parce qu'elle a physiquement conçu et enfanté le Sauveur, mais aussi parce qu'elle a moralement coopéré à son œuvre rédemptrice, surtout en s'unissant très intimement au sacrifice de la croix.

A partir du IV° siècle et surtout du V°, les Pères affir­ment distinctement que Marie intercède pour nous; que tous les bienfaits et secours utiles au salut nous viennent par elle, par son intervention et sa protection spéciale. Depuis la même époque, on l'appelle médiatrice entre Dieu et les hommes ou entre le Christ et nous. Des études récentes portent une grande lumière sur ce point.

L'antithèse entre Eve, cause de mort, et Marie, cause de salut pour toute l'humanité, est reproduite par saint Cyrille de Jérusalem, saint Epiphane, saint Jé­rôme, saint Chrysostome. Il faut citer cette prière de saint Ephrem : « Ave Dei et hominum Mediatrix optima. Ave totius orbis conciliatrix efficacissima », et « post mediatorem mediatrix totius mundi ». Je vous salue, médiatrice du monde entier, réconciliatrice très bonne et très puissante, après le Médiateur suprême.

Chez saint Augustin, Marie est appelée mère de tous les membres de notre chef Jésus-Christ, et il est dit qu'elle « a coopéré par sa charité à la naissance spiri­tuelle des fidèles, qui sont les membres du Christ ». Saint Pierre Chrysologue dit que « Marie est la mère des vivants par la grâce, tandisque Eve est mère des mou­rants par nature », et l'on voit que pour lui Marie est associée au plan divin de notre rédemption.

Au VIII° siècle, saint Bède parle de même; saint André de Crète appelle Marie médiatrice de la grâce, dis­pensatrice et cause de la vie, saint Germain de Cons­tantinople dit que personne n'a été racheté sans la coopé­ration de la Mère de Dieu. Saint Jean Damascène donne aussi à Marie le titre de médiatrice et affirme que nous lui devons tous les biens qui nous sont conférés par Jésus-Christ.

Au XI° siècle saint Pierre Damien enseigne que dans l'œuvre de notre rédemption rien n'est accompli sans elle.
Au XII° siècle, saint Anselme, Eadmer, saint Bernard s'expriment de même. Ce dernier appelle Marie gratiae inventrix, mediatrix salutis, restauratrix saecu­lorum.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE II

Article I - LA MÉDIATION UNIVERSELLE DE MARIE EN GÉNÉRAL

Le témoignage de la Tradition


Depuis le milieu du XII° siècle et surtout depuis le XIV° fréquente est l'affirmation très explicite de la coopération de Marie à notre rédemption, consommée par son propre sacrifice consenti au moment de l'annoncia­tion et accompli sur le Calvaire.

C'est ce qu'on trouve chez Arnaud de Chartres, Richard de Saint-Victor, saint Albert le Grand, Richard de Saint-Laurent. C'est indiqué par saint Thomas, et. c'est affirmé ensuite de plus en plus nettement par saint Bernardin de Sienne, par saint Anto­ni, par Suarez, par Bossue, par saint Alphonse.

Au XVIII° siècle le Bx Grignion de Montfort est un de ceux qui a le plus répandu cette doctrine en en montrant toutes les conséquences pratiques. Depuis lors c'est un enseignement commun des théologiens ca­tholiques.

Pie X dit dans l'encyclique Ad diem illum du 2 février 1904 que Marie est la toute-puissante médiatrice et récon­ciliatrice de toute la terre auprès de son Fils unique : « Totius terrarum orbis potentissima apud Unigenitum Filium suum mediatrix et conciliatrix. » Le titre est dé­sormais consacré parla fête de Marie médiatrice instituée le 21 janvier 1921.

Les raisons théologiques de cette doctrine

Ces raisons souvent invoquées par les Pères et plus explicitement par les théologiens sont les suivantes : Marie mérite le nom de médiatrice universelle subor­donnée au Sauveur, si elle est l'intermédiaire entre lui et les hommes, présentant leurs prières et leur obtenant les bienfaits de son Fils.

Or tel est précisément à notre égard le rôle de la Mère de Dieu, qui, tout en restant une créature, atteint par sa divine maternité aux frontières de la Déité et a reçu la plénitude de grâce qui doit déborder sur nous. Elle a de fait coopéré à notre salut, en consentant librement à être la Mère du Sauveur et en s'unissant aussi intime­ment que possible à son sacrifice. Nous verrons plus loin qu'elle a mérité et satisfait avec lui pour nous.

Enfin, selon la doctrine de l'Eglise, elle continue d'in­tercéder pour nous obtenir toutes les grâces utiles au salut. En cela elle exerce sa maternité spirituelle, dont nous avons parlé plus haut.

Le Christ reste ainsi le médiateur principal et par­fait, puisque c'est seulement en dépendance de ses méri­tes que Marie exerce sa médiation subordonnée, qui n'est pas absolument nécessaire, puisque les mérites dit Sau­veur sont surabondants, mais qui a été voulue par la Providence à cause de notre faiblesse et pour communi­quer à Marie la dignité de la causalité dans l'ordre de la sanctification et du salut.

Ainsi l'œuvre rédemptrice, est toute de Dieu comme de la cause première de la grâce, elle est toute du Christ comme du médiateur principal et parfait, elle est toute de Marie, comme médiatrice subordonnée. Ce sont trois causes, non pas partielles et coordonnées, comme trois hommes tirant un navire, mais totales et subordonnées, de telle sorte que la seconde n'agit que par l'influx de la première et la troisième que par l'influx des deux autres. Ainsi le fruit d'un arbre est, à des titres divers, tout entier de Dieu auteur de la nature, et tout entier de l'arbre et du rameau qui le porte. Il n'y a pas une partie du fruit qui est de l'arbre et une autre du rameau, de même dans le cas qui nous occupe.

Ajoutons qu'il convient que Marie, qui a été rachetée par le Sauveur par une rédemption souveraine et préser­vatrice de toute faute originelle et actuelle, coopérât ainsi à notre salut, c'est-à-dire à notre délivrance du péché, à notre justification et à notre persévérance jusqu'à la fin.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE II

Article I - LA MÉDIATION UNIVERSELLE DE MARIE EN GÉNÉRAL

Les raisons théologiques de cette doctrine


Sa médiation dépasse ainsi beaucoup celle des saints, car elle seule nous a donné le Sauveur, elle seule a été aussi intimement unie avec un cœur de mère au sacrifice de la croix, elle seule est médiatrice universelle pour tous les hommes, et, nous le verrons plus loin, pour toutes les grâces non seulement en général, mais en particulier, jusqu'à la plus particulière de toutes, qui est, pour cha­cun de nous, celle du moment présent, qui assure notre fidélité de minute en minute.

Nous verrons mieux cette universalité après avoir mon­tré que Marie nous a mérité d'un mérite de convenance tout ce que Jésus nous a mérité en stricte justice, qu'elle a satisfait avec lui pour nous d'une satisfaction de conve­nance, et qu'ensuite, pour l'application des fruits de la rédemption, elle continue d'intercéder pour chacun de nous, plus spécialement pour ceux qui l'invoquent, et que toutes les grâces particulières qui sont accordées à chacun de nous, de fait ne le sont pas sans son intervention.


Article II - LES MÉRITES DE MARIE POUR NOUS

Nature et extension de ces mérites


Ce n'est pas seulement au ciel que la Sainte Vierge exerce ses fonctions de médiatrice universelle par l'inter­cession et la distribution des grâces, elle les a déjà exer­cées sur la terre, selon l'expression reçue, « pour l'acqui­sition de ces grâces », en coopérant à notre rédemption, par le mérite et la satisfaction.

En cela elle est associée à Notre-Seigneur qui a été d'abord médiateur pendant sa vie terrestre, surtout par le sacrifice de la croix, et c'est même le fondement de la médiation qu'il exerce au ciel par son intercession, pour nous appliquer les fruits de la rédemption qu'il nous transmet.

Voyons quel est l'en­seignement commun des théologiens sur les mérites de Marie pour nous, en partant des principes mêmes de la théologie sur les différents genres de mérites.


Les trois genres de mérites proprement dits


Le mérite en général est un droit à une récompenses il ne la produit pas, il l'obtient; l'acte méritoire y donne droit. Le mérite surnaturel qui suppose l'état de grâce et la charité est un droit à une récompense surnaturelle.

Il se distingue de la satisfaction, qui a pour but de répa­rer par l'expiation l'outrage fait par le péché à la ma­jesté infinie de Dieu et de nous le rendre favorable.

Le mérite, qui suppose l'état de grâce, se distingue aussi de la prière, qui, par une grâce actuelle, peut exister dans le pécheur en état de péché mortel, et qui s'adresse non pas à la justice divine, mais à la Miséricorde.

Du reste, même chez le juste, la force impétratoire de la prière se distingue du mérite, c'est ainsi qu'elle peut obtenir des grâces qui ne sauraient être méritées, comme celle de la persévérance finale, qui est la continuation de l'état de grâce au moment de la mort.

Mais il importe de distinguer trois genres de mérites proprement dits.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE II

Article II - LES MÉRITES DE MARIE POUR NOUS

Les trois genres de mérites proprement dits


Il y a d'abord, au sommet, dans le Christ, le mérite parfaitement digne de sa récompense, ou de parfaite con­dignité, perfecte de condigno, parce que la valeur de l'œu­vre ou de l'acte de charité théandrique, qui, en l'âme de Jésus, procède de la personne divine du Verbe, égale au moins la valeur de la rétribution en stricte justice. Les actes méritoires du Christ qui étaient, en sa sainte âme, des actes de charité ou inspirés par elle, ont eu une valeur infinie et surabondante à raison de la personne du Verbe dont ils dérivaient. Et il a pu en stricte justice mériter pour nous les grâces du salut, parce qu'il était constitué tête de l'humanité, par la plénitude de grâce qui devait déborder sur nous pour notre salut.

En second lieu, il est de foi que tout juste ou toute personne en état de grâce qui a l'usage de la raison et du libre arbitre et qui est encore en état de voie peut mériter l'augmentation de la charité et la vie éternelle, d'un mérite réel, communément appelé de condignité, de con­digno, car il est digne de sa récompense, non pas qu'il soit égal à elle, comme dans le Christ, mais parce qu'il lui est réellement proportionné, en tant qu'il procède de la grâce habituelle, germe de la vie éternelle promise par Dieu à ceux qui observent ses commandements.

Ce mé­rite de condignité est encore un droit en justice distribu­tive à la récompense, bien qu'il ne soit pas, selon toute la rigueur de la justice, comme celui du Christ.

C'est pourquoi la vie éternelle est appelée une couronne de justice, une rétribution qui doit se faire d'après les œuvres, la récompense d'un labeur que la justice divine ne peut oublier.

Mais le juste ne peut mériter de condigno, d'un mérite de condignité fondé en justice, la grâce pour un autre homme, la conversion d'un pécheur ou l'augmentation de la charité dans une autre personne ; la raison en est qu'il n'est pas constitué tête de l'humanité pour la régénérer et la conduire au salut, cela n'appartient qu'au Christ.

En d'autres termes, le mérite de condignité des justes et même celui de Marie, par opposition à celui du Christ, est incommunicable.

Cependant tout juste peut mériter la grâce pour les autres d'un mérite de convenance, de congruo proprie, qui est fondé, non pas sur la justice, mais sur la charité, ou amitié qui l'unit à Dieu.

Les théologiens disent qu'il est fondé sur les droits de l'amitié, in jure amicabili, Saint Thomas l'explique en disant : « Parce que l'homme constitué en état de grâce fait la volonté de Dieu, il convient selon la proportion (ou les droits) de l'amitié que Dieu accomplisse la volonté de cet homme en sauvant une autre personne, bien que quelquefois il puisse y avoir un obstacle du côté de cette dernière » à tel point qu'elle ne se convertira pas de fait.

En d'autres termes : si le juste accomplit la volonté de Dieu son ami, il convient selon les droits de l'amitié que Dieu son ami accomplisse le désir de ce bon serviteur.

C'est ainsi qu'une bonne mère chrétienne peut, par ses bonnes œuvres, par son amour de Dieu et du prochain, mériter de congruo pro­prie, d'un mérite de convenance, la conversion de son fils ; ainsi sainte Monique obtint la conversion d'Augustin non seulement par ses prières adressées à l'infinie Miséri­corde, mais par ce genre de mérite, « Le fils de tant de larmes, lui dit saint Ambroise, ne saurait périr. »

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CHAPITRE II

Article II - LES MÉRITES DE MARIE POUR NOUS

Les trois genres de mérites proprement dits


Nous voyons ici ce que doit être le mérite de Marie pour nous; il faut noter à ce sujet que ce troisième genre de mérite, dit de congruo proprie ou de convenance, est encore un mérite proprement dit, fondé in jure amicabili, sur les droits de l'amitié divine, qui suppose l'état de grâce.

La raison en est que la notion de mérite n'est pas univo­que, ou susceptible d'être prise en un seul sens, mais elle est analogique, c'est-à-dire qu'elle a des sens divers, mais proportionnellement semblables, qui sont encore des sens propres, et non pas seulement larges ou métaphoriques, tout comme la sagesse des saints, sans être celle de Dieu, est encore au sens propre une vraie sagesse; de même la sensation, sans être une connaissance intellectuelle, est encore au sens propre une vraie connaissance dans son ordre.

Ainsi au-dessous des mérites infinis du Christ, qui seul peut en stricte justice nous mériter le salut, au-dessous du mérite de condignité du juste pour lui-même, qui lui donne droit en justice à une augmentation de charité, et (s'il meurt en état de grâce) à la vie éternelle, il y a le mérite de convenance de congruo proprie, fondé sur les droits de l'amitié, et qui est encore un mérite proprement dit qui suppose l'état de grâce et la charité.

Ce qui est un mérite improprement dit, c'est celui qui se trouve dans la prière du pécheur en état de péché mor­tel, prière qui a une valeur impétratoire qui s'adresse, non pas à la justice de Dieu mais à sa Miséricorde, et qui se fonde, non pas sur les droits de l'amitié divine de charité, mais sur la grâce actuelle qui porte à prier.

Ce dernier mérite est dit de convenance au sens large seule­ment, de congruo improprie, ce n'est plus un mérite pro­prement dit.

Tels sont donc les trois genres de mérites proprement dits : celui du Christ pour nous, celui du juste pour lui-­même celui du juste pour autrui.

Le mérite proprement dit de convenance de Marie pour nous

Si tel est l'enseignement général des théologiens sur les différents genres de mérite, si sainte Monique a pu méri­ter à proprement parler d'un mérite de convenance, de congruo proprie, la conversion d'Augustin, comment la Sainte Vierge, mère de tous les hommes, a-t-elle pu méri­ter pour nous ? Poser ainsi cette question à la lumière des principes déjà énoncés, c'est déjà la résoudre.

Aussi ne faut-il pas s'étonner qu'à partir surtout du XVI° siècle, les théologiens enseignent communément de façon explicite que ce que le Christ nous a mérité de con­digno, la Sainte Vierge nous l'a mérité d'un mérite de convenance, de congruo proprie.

Cet enseignement est très explicitement formulé par Suarez, qni montre par de multiples témoignages de la tradition que Marie, bien qu'elle ne nous ait rien mérité de condigno, car elle n'était pas constituée tête de l'E­glise, a cependant coopéré à notre salut, par le mérite de convenance, ou de congruo.

Jean de Carthagène, Novato, Christophore de Véga, Théophile Ray­naud, Georges de Rhodes, reproduisent cette doc­trine.

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CHAPITRE II

Article II - LES MÉRITES DE MARIE POUR NOUS

Le mérite proprement dit de convenance de Marie pour nous


Le même enseignement est communément donné par les théologiens postérieurs, notamment aux XIX° et XX° siècles par Ventura, Scheeben, Terrien, Billot, Lépicier, Campana, Hugon, Bittremieux, Merkelbach, Friet­hoff, et tous ceux qui ont écrit ces dernières années sur la médiation universelle de la Sainte Vierge.

Finalement Pie X, dans l'encyclique Ad diem illum du 2 février 1904, dit : « Marie... parce qu'elle dépasse toutes les autres créatures par la sainteté et l'union au Christ, et parce qu'elle a été associée par lui à l'œuvre de notre salut, nous a mérité d'un mérite de convenance, de con­gruo, ut aiunt, ce que lui-même nous a mérité d'un mé­rite de condignité, et elle est la principale trésorière des grâces à distribuer. »

Comme on l'a noté, il y a une double différence entre ce mérite de convenance de Marie pour les autres et le nôtre : c'est que la Sainte Vierge a pu ainsi nous mériter non seulement quelques grâces, mais toutes et chacune, et qu'elle ne nous en a pas seulement mérité l'applica­tion mais l'acquisition, car elle a été unie au Christ ré­dempteur dans l'acte même de la rédemption ici-bas; avant d'intercéder pour nous au ciel.

Cette conclusion, telle qu'elle est approuvée par Pie X, n'est que l'application à Marie de la doctrine communé­ment reçue sur les conditions du mérite de convenance, de congruo proprie, fondé in jure amicabili, sur l'amitié qui unit le juste avec Dieu.

Aussi certains théologiens considèrent cette conclusion comme moralement cer­taine, d'autres comme une vraie conclusionn théologique tout à fait certaine, d'autres même comme une vérité formellement et implicitement révélée et définissable comme dogme. C'est au moins, pensons-nous, une con­clusion théologique certaine. Nous y reviendrons, pp. 259-­265.

Quelle est l'extension de ce mérite de convenance de Marie pour nous ?

Comme elle a été associée à toute l'œuvre rédemptrice du Christ et comme les théologiens que nous venons de citer disent généralement que tout ce que le Christ nous a mérité de condigno, Marie nous l'a mérité de congruo, comme enfin Pie X, sanctionnant cette doctrine, n'y met pas de restriction, il suffit de se rappeler ce que Jésus nous a mérité.

Or Jésus nous a mérité en justice toutes les grâces suffisantes nécessaires pour que tous les hommes puis­sent réellement observer les préceptes, alors même qu'ils ne les observent pas de fait, toutes les grâces efficaces suivies de leur effet, c'est-à-dire de l'accomplissement, effectif de la volonté divine.

Enfin Jésus a mérité aux élus tous les effets de leur prédestination : la vocation chrétienne, la justification, la persévérance finale et la glorification ou la vie éternelle.

Il suit de là que Marie nous a mérité d'un mérite de convenance toutes ces grâces, et qu'au ciel elle en de­mande l'application et les distribue.

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Article II - LES MÉRITES DE MARIE POUR NOUS

Quelle est l'extension de ce mérite de convenance de Marie pour nous ?


Tout cela nous montre en quel sens très élevé, très intime et très étendu, Marie est notre Mère spirituelle, la Mère de tous les hommes, et combien par suite elle doit veiller sur ceux qui, non seulement l'invoquent de temps à autre, mais qui se consacrent à elle, pour être conduits par elle à l'intimité du Christ, comme l'explique admi­rablement le bienheureux Grignion de Montfort (cf. Traité de la vraie dévotion à la Sainte. Vierge, chap. I, a. 2) « Marie est nécessaire aux hommes pour arriver à leur fin dernière. » La dévotion à son égard n'est donc pas de surérogation, comme celle à tel ou tel saint, elle est nécessaire, et lorsqu'elle est vraie, fidèle, persévérante, elle est un signe de prédestination.

« Cette dévotion est encore plus nécessaire à ceux qui sont appelés à une perfection particulière, et je ne crois pas, dit (ibid.) le bienheureux de Montfort, qu'une personne puisse acqué­rir une union intime avec Notre-Seigneur et une parfaite fidélité au Saint-Esprit, sans une très grande union à la Très Sainte Vierge et une grande dépendance de son secours... J'ai dit, ajoute-t-il, que cela arriverait parti­culièrement à la fin du monde .., parce que le Très-Haut avec sa sainte Mère doivent alors se former de grands saints... Ces grandes âmes, pleines de grâce et de zèle, seront choisies pour s'opposer aux ennemis de Dieu, qui frémiront de tous côtés, et elles seront singulièrement dévotes à la Très Sainte Vierge, éclairées par sa lumière, nourries de son lait, conduites par son esprit, soutenues par son bras et gardées sous sa protection, en sorte qu'el­les combattront d'une main et édifieront de l'autre... Cela leur attirera beaucoup d'ennemis, mais aussi beaucoup de victoires et de gloire pour Dieu seul. »

Cette haute doctrine spirituelle, dont nous verrons de mieux en mieux les fruits, apparaît dans le domaine de la contemplation et de l'union intime avec Dieu comme la conséquence normale de cette vérité reconnue par tous les théologiens et affirmée aujourd'hui dans tous leurs ouvrages : Marie nous a mérité d'un mérite de conve­nance tout ce que Notre-Seigneur nous a mérité en stricte justice, en particulier pour les élus tous les effets de leur prédestination.

Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE
Comment a-t-elle satisfait pour nous ?


La satisfaction a pour but de réparer l'offense faite à Dieu par le péché et de nous le rendre favorable. Or l'offense qui provient du péché mortel, par lequel la créature raisonnable se détourne de Dieu et lui préfère un bien créé, a une gravité infinie. L'offense en effet est d'autant plus grave que la dignité de la personne offensée est plus élevée, et le péché mortel, en nous détournant de Dieu notre fin dernière, dénie pratiquement à Dieu la dignité infinie de souverain bien et détruit son règne en nous.

Il suit de là que seul le Verbe fait chair a pu offrir à Dieu une satisfaction parfaite ou adéquate pour l'offense qui provient du péché mortel[329]. Pour être une satisfaction parfaite, il fallait que l'amour et l'oblation du Sauveur plussent à Dieu autant ou plus que ne lui déplai­sent tous les péchés réunis, comme le dit saint Tho­mas. Il en était ainsi de tout acte de charité du Christ, car il puisait en la personne divine du Verbe une valeur infinie pour satisfaire comme pour mériter.

L'œuvre méritoire devient satisfactoire ou réparatrice et expia­trice, lorsqu'elle a quelque chose d'afflictif ou de péni­ble, et Jésus, en offrant sa vie au milieu des plus grandes souffrances physiques et morales, a offert dès lors à son Père une satisfaction d'une valeur infinie et surabon­dante. Lui seul pouvait ainsi satisfaire pleinement en stricte justice, car la valeur dela satisfaction comme celle du mérite provient de l'excellence de la personne qui, en Jésus, a une dignité infinie.

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Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE

Comment a-t-elle satisfait pour nous ?


Mais à la satisfaction parfaite du Sauveur a pu s'ajouter une satisfaction de convenance, comme à son mérite s'est ajouté un mérite de convenance. Il faut y insister pour mieux voir ensuite quelle a été la profondeur et l'étendue des souffrances de la Sainte Vierge.

Marie a offert pour nous une satisfaction de convenance de la plus grande valeur après celle de son Fils

Le mérite devient le fondement de la satisfaction, lors­que l'œuvre méritoire prend un caractère afflictif. Aussi d'après les principes exposés à l'article précédent, les théologiens enseignent communément cette proposition : Beata Maria Virgo satisfecit de congruo ubi Christus de condigno, Marie a offert pour nous une satisfaction de convenance pendant que Jésus-Christ satisfaisait pour nous en stricte justice.

En sa qualité de Mère de Dieu rédempteur, elle lui a été en effet unie par une parfaite conformité de volonté, par l'humilité, la pauvreté, les souffrances, les larmes, au Calvaire surtout; en ce sens elle a satisfait avec lui, et cette satisfaction de convenance tire sa très grande valeur de son éminente dignité de Mère de Dieu, de la perfection de sa charité, du fait qu'elle n'avait rien, à expier pour elle-même et de l'intensité de ses souffran­ces.

C'est ce qu'exposent les Pères lorsqu'ils parlent de « Marie debout au pied de la croix », comme l'affirme saint Jean (XIX, 25); ils rappellent les paroles du vieillard Siméon : « Un glaive transpercera votre âme. » (Luc; II, 35), et ils nous montrent que Marie a souffert dans la mesure de son amour pour son Fils crucifié à cause de nos péchés, à proportion aussi de la cruauté des bourreaux et de l'atrocité du supplice infligé à celui qui était l'innocence même.

La liturgie depuis fort longtemps dit aussi que Marie, par le martyre du cœur le plus douloureux, a mérité le titre de Reine des martyrs; c'est ce que rappellent les fêtes de la Compassion de la Sainte Vierge, de Notre-­Dame des Sept-Douleurs et le Stabat.

Léon XIII résume cette doctrine en disant qu'elle a été associée au Christ dans l'œuvre douloureuse de la ré­demption du genre humain.

Pie X l'appelle « la réparatrice du monde déchu » et montre comment elle a été unie au sacerdoce de son Fils : « Non seulement parce qu'elle a consenti à deve­nir la Mère du Fils unique de Dieu pour rendre possible un sacrifice destiné au salut des hommes; mais la gloire de Marie consiste aussi en ce qu'elle a accepté la mis­sion de protéger, de nourrir l'Agneau du sacrifice, et, quand le moment en fut venu, de le conduire à l'autel de l'immolation.

De la sorte, la communauté de vie et de souffrances de Marie et de son Fils ne fut jamais inter­rompue. A elle comme à lui s'appliquèrent pareillement les paroles du prophète : Ma vie s'est passée en douleurs et mes jours se sont écoulés en gémissements. »

Benoît XV enseigne enfin : « En s'unissant à la Pas­sion et à la mort de son Fils, elle a souffert comme à en mourir... pour apaiser la justice divine; autant qu'elle le pouvait, elle a immolé son Fils, de telle façon qu'on peut dire qu'avec lui elle a racheté le genre humain. » C'est l'équivalent du titre de corédemptrice.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE II

Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE

La profondeur et la fécondité des souffrances de Marie corédemptrice


Le caractère de satisfaction ou d'expiation des souffrances de la Sainte Vierge provient de ce que, comme Notre-Seigneur et avec lui, elle a souffert du péché ou de l'offense faite à Dieu. Or elle en a souffert dans la mesure de son amour pour Dieu offensé, de son amour pour son Fils crucifié à cause de nos fautes, et de son amour pour nos âmes que le péché ravage et fait mourir.

Cette mesure fut donc celle de la plénitude de grâce et de charité, qui dès l'instant de sa conception immaculée dépassait la grâce finale de tous les saints réunis, et qui depuis lors n'avait cessé de grandir.

Déjà, par les actes les plus faciles, Marie méritait plus que les martyrs dans leurs tourments, parce qu'elle y mettait plus d'amour ; quel ne fut pas dès lors le prix de ses souffrances au pied de la croix, étant donnée la connaissance qu'elle y recevait du mystère de la Rédemption !

Dans la lumière surnaturelle qui éclairait son intelli­gence, Marie voyait que toutes les âmes sont appelées à chanter la gloire de Dieu, incomparablement mieux que les étoiles du ciel.

Chaque âme devrait être comme un rayon de la divinité, rayon spirituel plein de pensée et d'amour, puisque notre intelligence est faite pour connaître Dieu et notre cœur pour l'aimer. Or, tandis que les astres suivent régulièrement leur voie fixée par la Providence et racontent la gloire du Créateur, des milliers d'âmes, dont chacune vaut un monde, se détournent, de Dieu.

A la place de ce rayonnement divin, de cette gloire extérieure du Très-Haut ou de son règne, on trouve en des cœurs innombrables les trois plaies appelées par saint Jean la concupiscence de la chair, comme s'il n'y avait d'autre amour désirable que l'amour charnel, la concupiscence des yeux, comme s'il n'y avait d'autre gloire que celle de la fortune et des honneurs, l'orgueil de la vie, comme si Dieu n'existait pas, comme s'il n’était ni notre Créateur et maître, ni notre fin, comme si nous n'avions d'autre fin que nous-mêmes.

Ce mal, Marie le voyait dans les âmes comme nous voyons, nous, des plaies purulentes dans un corps malade.

Or la plénitude de grâce, qui n'avait cessé de grandir en elle, avait considérablement augmenté en Marie sa capacité de souffrir du plus grand des maux, qu'est le péché, puisqu'on en souffre d'autant plus qu'on aime davantage Dieu que le péché offense et les âmes que le péché mortel détourne de leur fin et rend dignes d'une mort éternelle.

Surtout Marie vit sans illusion possible se préparer et se consommer le plus grand des crimes, le déicide ; elle vit le paroxysme de la haine contre celui qui est la Lumière même et l'Auteur du salut.

Pour saisir un peu ce qu'a été la souffrance de Marie, il faut penser à son amour naturel et surnaturel, théologal, pour son Fils unique non seulement chéri, mais légitimement adoré, qu'elle aimait beaucoup plus que sa propre vie, puisqu'il était son Dieu.

Elle l'avait miraculeusement conçu, elle l'aimait avec un cœur de Vierge, le plus pur, le plus tendre, le plus riche de charité qui fut jamais.

Source : Livres-mystiques.com

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Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE

La profondeur et la fécondité des souffrances de Marie corédemptrice


Avec cela elle n'ignorait rien des causes du crucifie­ment ; rien des causes humaines : l'acharnement des Juifs, le peuple élu, son peuple à elle; rien des causes supérieures : la rédemption des âmes pécheresses. On entrevoit dès lors de loin la profondeur et l'étendue des souffrances de Marie corédemptrice.

Si Abraham a héroïquement souffert en s'apprêtant à immoler son fils, ce ne fut que pendant quelques heu­res, et un ange descendit du ciel pour empêcher l'immo­lation d'Isaac. Au contraire, depuis le moment où le vieil­lard Siméon a prédit à Marie la Passion de son Fils déjà clairement annoncée par Isaïe, et sa Passion à elle, elle n'a pas cessé d'offrir celui qui devait être Prêtre et vi­time, et de s'offrir avec lui.

Cette oblation douloureuse dura non seulement quelques heures, mais des années, et, si un ange descendit du ciel pour arrêter l'immolation d'Isaac, nul ne descendit pour empêcher celle de Jésus.

Bossuet, dans son sermon sur la Compassion de la Sainte Vierge, dit excellemment : « C'est la volonté du Père éternel que Marie soit non seulement immolée avec cette victime innocente, et attachée à la croix du Sau­veur par les mêmes clous qui le percent, mais encore associée à tout le mystère qui s'y accomplit par sa mort...

« ... Trois choses concourent ensemble au sacrifice de notre Sauveur, et en font la perfection. Il y a, première­ment, les souffrances par lesquelles son humanité est toute brisée; il y a, secondement, la résignation par la­quelle il se soumet humblement à la volonté de son Père (en s'offrant à lui); il y a, troisièmement, la fécondité par laquelle il nous engendre à la grâce et nous donne la vie en mourant.

Il souffre comme la victime qui doit être détruite et froissée de coups; il se soumet comme le prêtre qui doit sacrifier volontairement : voluntarie sacri­ficabo tibi (Ps. LIII, 8); enfin, il nous engendre en souf­frant, comme le Père d'un peuple nouveau qu'il enfante par ses blessures, et voilà les trois grandes choses que le Fils de Dieu achève en la croix...

« Marie se met auprès de la croix; de quels yeux elle y regarde son Fils tout sanglant, tout couvert de plaies, et qui n'a plus figure d'homme. Cette vue lui donne la mort; si elle s'approche de cet autel, c'est qu'elle veut y être immolée; et c'est là, en effet, qu'elle sent le coup du glaive tranchant, qui, selon la prophétie du bon Siméon, devait... ouvrir son cœur maternel par de si cruelles blessures...

« Mais la douleur l'a-t-elle abattue, l'a-t-elle jetée à terre par défaillance ? Au contraire, Stabat juxta crucem elle est debout auprès de la croix. Non, le glaive qui a percé son cœur n'a pu diminuer ses forces : la constance et l'affliction vont d'un pas égal et elle témoigne par sa contenance qu'elle n'est pas moins soumise qu'elle est affligée.

« Que reste-t-il donc, chrétiens, sinon que son Fils bien-­aimé qui lui voit sentir ses souffrances et imiter sa rési­gnation, lui communique encore sa fécondité. C'est aussi dans cette pensée qu'il lui donne saint Jean pour son fils Mulier, ecce filius tuus (Joan., XIX, 26) : « Femme, dit-il, voilà votre fils. »

O femme, qui souffrez avec moi, soyez aussi féconde avec moi, soyez la mère de mes enfants, que je vous donne tous sans réserve en la personne de ce seul disciple; je les enfante par mes douleurs; comme vous en goûtez l'amertume, vous en aurez aussi l'efficace, et votre affliction vous rendra féconde. »

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Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE
La profondeur et la fécondité des souffrances de Marie corédemptrice


Dans ce même sermon, Bossuet développe ces trois grandes pensées en montrant que l'amour de Marie pour son Fils crucifié suffit pour son martyre : « Il ne faut qu'une même croix pour son Fils bien-aimé et pour elle »; elle y est clouée par son amour pour lui, qui lui fait ressentir toutes ses souffrances physiques et morales, plus que les stigmatisés ne les ont ressenties. Sans un secours exceptionnel, elle en serait morte véritablement.
Une grande douleur est comme une mer en furie, des personnes sont devenues folles de douleur ; mais Jésus a dompté les eaux, et comme il garde la paix sur la croix au milieu de la tempête, il donne à sa sainte Mère de la garder.

Enfin Marie, qui a enfanté son Fils sans douleur, enfante les chrétiens au milieu des plus grandes souf­frances. « A quel prix elle les achète ! continue Bossuet. Il faut qu'il lui en coûte son Fils unique : elle ne peut être Mère des chrétiens, qu'elle ne donne son bien-aimé à la mort ô fécondité douloureuse !... C'était la volonté du Père éternel de faire naître les enfants adoptifs par la mort du Fils véritable...

II donne son propre Fils à la mort pour faire naître les adoptifs. Qui voudrait adopter à ce prix et donner un fils pour des étrangers ? C'est néan­moins ce qu'a fait le Père éternel... C'est Jésus qui nous le dit : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique » (Joan., III, 16).

« (De même Marie) est l'Eve de la nouvelle alliance, et la Mère commune de tous les fidèles; mais il faut qu'il lui en coûte la mort de son premier-né, il faut qu'elle se joigne au Père éternel, et qu'ils livrent leur commun Fils d'un commun accord au supplice. C'est pour cela que la Providence l'a appelée au pied de la croix; elle y vient immoler son Fils véritable, afin que les hommes vivent...

Elle devient Mère des chrétiens par l'effort d'une affliction sans mesure. » Le chrétien doit s'en souvenir toujours, et il y trouvera le motif d'un vrai repentir de ses fautes. La régénération de nos âmes a coûté à Notre-Seigneur et à sa sainte Mère beaucoup plus que nous ne saurions le penser.

On doit dire, pour conclure, que Marie corédemptrice nous a enfantés au pied de la croix par le plus grand acte de foi, d'espérance et d'amour qu'elle pouvait faire en un pareil moment.

On peut même dire que c'est le plus grand acte de foi qui ait jamais existé, car Jésus n'avait pas la foi, mais la vision béatifique qu'il conservait au Calvaire. En cette heure d'obscurité, qui a été appelée l'heure des ténèbres, lorsque la foi des Apôtres eux-mêmes parait chanceler, lorsque Jésus semble tout à fait vaincu et son œuvre à jamais anéantie, lorsque le ciel paraît ne plus répondre à ses supplications, Marie ne cesse pas un instant de croire que son Fils est le Sauveur de l'humanité et que dans trois jours il ressuscitera comme il l'a annoncé.

Lorsqu'il prononce ses dernières paroles : Tout est con­sommé, dans la plénitude de sa foi la Vierge comprend que l'œuvre du salut est accomplie par la plus doulou­reuse immolation, que toutes les messes rappelleront jus­qu'à la fin du monde.

Jésus, la veille, a institué ce sacri­fice eucharistique et le sacerdoce chrétien, elle entrevoit le rayonnement indéfini du sacrifice de la croix. Elle comprend que son Fils agonisant est vraiment « l'Agneau qui efface les péchés du monde », qu'il est le vainqueur du péché et du démon et que, dans trois jours, il sera le vainqueur de la mort, suite du péché. Elle voit l'inter­vention suprême de Dieu là où les plus croyants ne voient que ténèbres et désolation. C'est le plus grand acte de foi assurément qui ait existé en une créature, une foi bien supérieure à celle des anges, lorsqu'ils étaient en état de voie.

Source : Livres-mystiques.com

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La profondeur et la fécondité des souffrances de Marie corédemptrice


Ce fut aussi pour elle l'acte suprême d'espérance au moment où tout paraissait désespéré. Elle entendit tout le sens de la parole dite au bon larron : « Ce soir, tu seras avec moi en paradis » ; le ciel allait s'ouvrir pour les élus.

Ce fut enfin pour elle le plus grand acte de charité aimer Dieu jusqu'à lui offrir son fils unique et innocent, au milieu des pires tortures; aimer Dieu par-dessus tout au moment où, à cause de nos fautes, elle était frappée par lui dans son affection la plus profonde et la plus haute, dans l'objet même de sa légitime adoration; aimer les âmes jusqu'à donner pour elles son propre fils.

Sans doute, les vertus théologales grandirent encore en Marie jusqu'à sa mort, car ces actes de foi, d'espérance et de charité, loin d'être interrompus, continuèrent en elle comme un état. Ils prirent même, dans le calme, une plus grande amplitude, comme lorsqu'un grand fleuve, après le bouillonnement des passages les plus difficiles de son parcours, devient de plus en plus puissant et ma­jestueux jusqu'à ce qu'il se jette dans l'océan.

Ce que souligne ici la théologie, c'est qu'en Marie au pied de la croix le sacrifice égale le mérite; l'un et l'au­tre sont d'une valeur inestimable et leur fécondité dé­passe en cette ligne, sans atteindre celle du Christ, tout ce que l'on pourrait dire. C'est ce que les théologiens expriment en disant : Marie a satisfait pour nous d'une satisfaction de convenance, fondée sur son immense cha­rité, comme Jésus a satisfait en stricte justice pour notre salut.

Les saints qui ont été le plus associés aux souffrances du Sauveur ne sont pas entrés autant que Marie dans les dernières profondeurs de la Passion. Sainte Catherine de Ricci eut tous les vendredis pendant douze ans une extase de douleur qui durait vingt-huit heures et pendant la­quelle elle revivait toutes les souffrances du chemin de la croix. Or les souffrances de sainte Catherine de Ricci et des autres stigmatisés n'approchent pas de celles de la Vierge.

Tous les déchirements du Coeur de Jésus reten­tirent dans le cœur de Marie, qui serait morte d'une pareille torture si elle n'avait été surnaturellement sou­tenue par un secours exceptionnel. Elle est ainsi deve­nue la consolatrice des afligés, car elle a souffert beau­coup plus qu'eux, la patronne de la bonne mort, et nous ne pouvons certes pas soupçonner combien ses souffrances depuis vingt siècles ont été fécondes.

La participation de Marie corédemptrice au sacerdoce du Christ

Si Marie peut être dite corédemptrice au sens que nons venons d'expliquer, on ne saurait dire qu'elle est prêtre au sens propre du mot, car elle n'a pas reçu le caractère sacerdotal et ne pourrait consacrer l'Eucharistïe ; ni don­ner l'absolution sacramentelle.

Mais, comme nous l'a­vons vu en parlant de la maternité divine, celle-ci est supérieure au sacerdoce des prêtres du Christ, en ce sens qu'il est plus parfait de donner à Notre-Seigneur sa nature humaine que de rendre son corps présent dans l'Eucharistie. Marie nous a donné le Prêtre du sacrifice de la croix, le prêtre principal du sacrifice de la messe et la victime offerte sur nos autels.

Il est plus parfait aussi d'offrir son Fils unique et son Dieu sur la croix, en s'offrant avec lui dans la plus grande douleur, que de rendre le corps de Notre-Seigneur pré­sent et de l'offrir sur l'autel, comme le fait le prêtre pen­dant le sacrifice de la messe.

Source : Livres-mystiques.com

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Aussi faut-il dire comme l'affirmait récemment un bon théologien qui étudia pendant des années ces ques­tions: « C'est une conclusion théologique certaine que Marie coopéra, de quelque manière, à l'acte principal du sacerdoce de Jésus-Christ, en donnant, comme l'exi­geait le plan divin, son consentement au sacrifice de la croix, tel qu'il a été accompli par Jésus-Christ. » - « A ne considérer que certains effets immédiats de l'action du prêtre comme la consécration eucharistique ou la rémission des péchés par le sacrement de pénitence, il est vrai que le prêtre peut accomplir des actes que Marie, ne possédant point le pouvoir sacerdotal, n'aurait jamais pu accomplir. Mais, en ceci, il ne s'agit plus de compa­raison des dignités, mais seulement d'effets particuliers, procédant d'un pouvoir que Marie ne possédait point, mais qui ne comportent pas une dignité supérieure. »
Si elle ne peut être dite « prêtre » au sens propre du mot, du fait qu'elle n'a pas reçu le caractère sacerdotal et n'en peut accomplir les actes, il reste, comme le dit M. Olier, « qu'elle a reçu la plénitude de l'esprit du sacer­doce, qui est l'esprit du Christ rédempteur ». C'est pour­quoi on lui donne le titre de corédemptrice, qui, comme celui de Mère de Dieu, surpasse la dignité conférée par le sacerdoce chrétien.
La participation de Marie à l'immolation et à l'oblation de Jésus prêtre et victime ne saurait être mieux exprimée que par le Stabat du franciscain Jacopone de Todi (1228-­1306).
Cette séquence manifeste d'une façon singulièrement frappante combien la contemplation surnaturelle du mys­tère du Christ crucifié est dans la voie normale de la sain­teté. Elle a des formes précises, ardentes et splendides pour exprimer la blessure du Cœur du Sauveur et nous montrer l'influence si intime et si pénétrante de Marie pour nous conduire à lui. Et non seulement la Très Sainte Vierge nous conduit à cette divine intimité, mais, en un sens, elle la fait en nous; c'est ce que nous dit, en ces strophes, la répétition admirable du Fac, qui est l'ex­pression de la prière ardente :

Eia, Mater, fons amoris, O Mère, source d'amour,
Me sentire vim doloris Faites-moi sentir la violence
Fac ut tecum lugeam. De votre douleur, afin que je pleure avec vous.

Fac ut ardeat cor meum, Faites que mon cœur s'embrase
In amando Christum Deum, D'amour pour le Christ Dieu,
Ut sibi complaceam. Afin que je lui plaise.

Fac ut portem Christi mortem, Faites que je porte la mort du Christ,
Passionis fac consortem Faites-moi partager sa Passion
Et plagas recolere. Et vénérer ses saintes plaies.

Fac me plagsis vulnerari, Faites que, blessé de ses blessures,
Fac me cruce inebriari, Je sois enivré de la croix
Et cruore Filii. Et du sang de votre Fils.

C'est la prière de l'âme qui, sous une inspiration spé­ciale, veut connaître elle aussi spirituellement la blessure d'amour et être associée à ces douloureux mystères de l'adoration réparatrice comme le furent, auprès de Marie, saint Jean et les saintes femmes sur le Calvaire, et aussi saint Pierre quand il versa d'abondantes larmes.
Ce sont ces larmes de l'adoration et de la contrition que demande la fin du Stabat

Fac me tecum pie flere Faites-moi avec vous pieusement pleurer,
Crucifixi condolere, Et compatir au Crucifié
Donec ego vixero. Tant que durera ma vie.

Juxta crucem tecum stare, Je veux avec vous me tenir près de la Croix,
Et me tibi sociare et être plus intimement associé
In planctu desidero. à vos saintes dou­leurs. Ainsi soit-il

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE II

Article III - LES SOUFFRANCES DE MARIE CORÉDEMPTRICE
La participation de Marie corédemptrice au sacerdoce du Christ


Marie a donc exercé sur terre sa médiation universelle, en méritant pour nous d'un mérite de convenance tout ce que Jésus-Christ nous a mérité en stricte justice, et aussi en offrant pour nous une satisfaction de convenance, fon­dée sur son immense charité, pendant que Notre-Seigneur satisfaisait en justice pour toutes nos fautes et nous réconciliait avec Dieu.

Pour Jésus et pour sa sainte Mère cette médiation universelle exercée pendant leur vie ter­restre est le fondement de celle qu'ils exercent du haut du ciel, et dont nous devons parler maintenant.

CHAPITRE III
La médiation universelle de Marie au Ciel


Cette médiation qu'exerce la Sainte Vierge depuis l'As­somption a pour but de nous obtenir en temps opportun l'application des mérites passés, acquis par Jésus et par elle pendant leur vie terrestre et surtout au Calvaire.

Nous parlerons à ce sujet de la puissance d'intercession de Marie, de la manière dont elle distribue toutes les grâ­ces ou du mode de son influence sur nous, et enfin de l'universalité de sa médiation et de sa définibilité.

Article I - LA PUISSANCE D'INTERCESSION DE MARIE

Dès sa vie terrestre, la Sainte Vierge apparaît dans l'Evangile comme la distributrice des grâces. Par elle, Jésus sanctifie le précurseur lorsqu'elle vient voir sa cou­sine Elisabeth et chante le Magnificat. Par elle, il con­firme la foi des disciples à Cana, en accordant le miracle qu'elle demandait.

Par elle, il affermit la foi de Jean au Calvaire, en disant : « Mon fils, voici votre mère. » Par elle, enfin, le Saint-Esprit se répandit sur les Apôtres, car il est dit (Act. Ap., I, 14) qu'elle priait avec eux au Cénacle, lorsqu'ils se préparaient à l'apostolat pour lequel ils furent éclairés et fortifiés par les grâces de la Pentecôte.

A plus forte raison, après l'Assomption, depuis qu'elle est entrée au ciel et qu'elle a été élevée au-dessus des chœurs des anges, Marie est-elle puissante par son inter­cession.
Le sens chrétien de tous les fidèles estime qu'une mère béatifiée connaît au ciel les besoins spirituels des enfants qu'elle a laissés sur la terre et qu'elle prie pour leur salut. Universellement dans l'Eglise les chrétiens se recom­mandent aux prières des saints parvenus au terme du voyage.

Comme le dit saint Thomas, lorsqu'ils étaient sur la terre, leur charité les portait à prier pour le pro­chain, à plus forte raison au ciel, puisque leur charité, éclairée non plus seulement par la foi, mais par la vision béatifique, est plus grande, puisque son acte est ininter­rompu et puisqu'ils connaissent beaucoup mieux nos be­soins spirituels et le prix de la vie éternelle, l'unique nécessaire.

Le Concile de Trente, sess. XXV (Denz., 984), a même défini que les saints au ciel prient pour nous et qu'il est utile de les invoquer. Au ciel le mérite et l'expiation ont cessé, mais non pas la prière; ce n'est plus, il est vrai, la prière de supplication avec larmes, mais la prière d'in­tercession.

« Jésus-Christ toujours vivant ne cesse d'intercéder pour nous », dit saint Paul. Il est sans doute l'interces­seur nécessaire et principal. Mais la Providence et lui-même ont voulu que nous ayons recours à Marie, pour que nos prières présentées par elle aient plus de valeur.

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Article I - LA PUISSANCE D'INTERCESSION DE MARIE


En sa qualité de Mère de tous les hommes, elle connaît tous leurs besoins spirituels et ce qui a rapport à leur salut ; à raison de son immense charité, elle prie pour eux ; et, comme elle est toute puissante sur le cœur de son Fils à cause de l'amour mutuel qui les unit; elle nous obtient toutes les grâces que nous recevons, toutes celles que reçoivent ceux qui ne veulent pas s'obstiner dans le mal.

Le sens chrétien formé par les grandes prières de l'E­glise, expression de la Tradition, l'affirme en recourant quotidiennement à l'intercession de la Sainte Vierge par l'Ave Maria.

La théologie explique cette croyance universelle des fidèles en considérant les trois raisons fondamentales de la puissance d'intercession de Marie.

Tout d'abord, comme Mère de tous les hommes, elle connaît tous leurs, besoins spirituels.
C'est un principe admis par tous les théologiens que la béatitude des saints au ciel ne serait pas complète, comme elle doit l'être, s'ils ne pouvaient connaître tout ce qui peut les intéresser ici-bas à raison de leur office, de leur rôle, de leurs relations avec nous.

Cette connais­sance est l'objet d'un désir légitime qui doit être satis­fait par la béatitude parfaite, d'autant que, s'il s'agit de la connaissance de nos besoins spirituels, ce désir procède de la charité des saints à notre égard; c'est elle qui les porte à désirer notre salut, pour que nous glorifiions Dieu éternellement avec eux et que nous ayons part à leur béatitude.

C'est ainsi qu'un père et une mère parvenus au ciel connaissent les besoins de leurs enfants, surtout ceux de l'ordre du salut et ce qui y touche directement ou indi­rectement.

De même, un fondateur d'ordre entré dans la gloire connaît les intérêts de sa famille spirituelle et de chacun tics membres de celle-ci. A plus forte raison Marie, mère de tous les hommes, qui a le plus haut degré de gloire après Notre-Seigneur, doit-elle connaître tout ce qui a rapport directement ou indirectement à la vie surnaturelle qu'elle est chargée de nous donner et d'en­tretenir en nous.

Les actes bons et méritoires qui la font grandir, les fautes qui la diminuent ou la détruisent, par suite toutes nos pensées, désirs, les dangers qui nous me­nacent, les grâces dont nous avons besoin, même les inté­rêts temporels qui ont quelque rapport avec notre salut, comme le pain quotidien.

Cette connaissance universelle, certaine et précise de tout ce qui concerne notre destinée, est une prérogative qui appartient à Marie de par sa maternité divine et sa maternité spirituelle à l'égard de tous les hommes.

Connaissant tous nos besoins spirituels et même ceux d'ordre temporel qui ont rapport avec notre salut, Marie est évidemment portée par son immense charité à inter­céder pour nous. Il suffit à une mère de soupçonner les besoins de son enfant, pour qu'elle essaie de les soulager. Pour notre Mère du ciel, comme pour Notre-Seigneur, il ne s'agit plus d'acquérir de nouveaux mérites, mais d'ob­tenir que les mérites passés de son Fils et les siens nous soient appliqués au moment opportun.

Cette prière de la Sainte Vierge est-elle toute-puissante ?

La Tradition a appelé Marie omnipotentia supplex, la toute puissance dans l'ordre de la supplication.

Source : Livres-mystiques.com

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Article I - LA PUISSANCE D'INTERCESSION DE MARIE


C'est en effet un principe certain que la puissance d'intercession des saints est proportionnée à leur degré de gloire au ciel, ou d'union à Dieu[345]. Aussi, selon le té­moignage constant de la Tradition, Marie, dont la gloire surpasse incomparablement celle de tous les autres saints, possède la toute puissance d'intercession. Avant le VIII° siècle cette doctrine se trouve de façon explicite chez saint Ephrem; au VIII° siècle, les affirmations les plus nettes sont celles de saint André de Crète, de saint Germain de Constantinople, de saint Jean Damascène.

A la fin du XI° saint Anselme et son disciple Eadmer affir­ment formellement cette toute puissance d'intercession, que saint Bernard explique et transmet aux théologiens qui le suivent.

Bossuet, dans son Sermon sur la Compassion de la Sainte Vierge, montre admirablement les fondements de cette doctrine en rappelant cette vérité de foi : « Dieu a tellement aimé le monde, qu'il lui a donné son Fils uni­que», et « s'il l'a livré à la mort pour nous tous, com­ment avec lui ne nous donnera-t-il pas toutes choses», comment ne donnera-t-il pas les grâces nécessaires au salut à ceux qui les lui demandent avec humilité, con­fiance et persévérance ?

Or Marie a aimé Dieu et nos âmes jusqu'à donner elle aussi son propre Fils au Calvaire. Elle est donc toute puissante sur le cœur de Dieu le Père et sur celui de son Fils pour obtenir les biens nécessaires au salut à ceux qui ne s'obstinent pas dans la résistance à la grâce, mais qui, au contraire, la demandent comme il convient.

En ce sermon, Bossuet s'exprime ainsi : « Intercédez pour nous, ô bienheureuse Marie : vous avez en vos mains, si j'ose le dire, la clef des bénédictions divines.

C'est votre Fils qui est cette clef mystérieuse par laquelle sont ouverts les coffres du Père éternel : il ferme, et per­sonne n'ouvre; il ouvre, et personne ne ferme : c'est son sang innocent qui fait inonder sur nous les trésors des grâces célestes.

Et à quel autre donnera-t-il plus de droit sur ce sang, qu'à celle dont il a tiré tout son sang... Au reste, vous vivez avec lui dans une amitié si parfaite, qu'il est impossible que vous n'en soyez pas exaucée. » Il suf­fit, comme dit saint Bernard, que Marie parle au, cœur de son Fils.

Cet enseignement de la Tradition ainsi formulé par Bossuet a été proclamé par Léon XIII dans la première encyclique sur le Rosaire, 1er septembre 1883, où Marie est appelée dispensatrice des grâces, célestes, coelestium administra gratiarum. Dans l'encyclique Jucunda sem­per du 8 septembre 1894 le même pape fait siennes ces deux phrases de saint Bernard, que Dieu, dans sa bien­veillante miséricorde, a établi Marie notre médiatrice, et qu'il a voulu que toutes les grâces nous viennent par elle.

Le même enseignement se retrouve au début de la lettre Diuturni temporis du 5 septembre 1898. Pie X parle de même dans l'encyclique Ad diem illum, du 2 février 1904, Marie y est appelée « la dispensatrice de toutes les grâces qui nous ont été acquises par le sang de Jésus ».

Notre-­Seigneur est la source de ces grâces, Marie en est comme l'aqueduc, ou selon une autre image comme le cou qui, dans le corps mystique, unit la tête aux membres en leur transmettant l'influx vital : « Ipsa est collum capitis nos­tri, per quod omnia spiritualia dona corpori ejus mystico communicantur » (ibid.). Benoît XV consacre cet ensei­gnement en approuvant, pour l'Eglise universelle, la messe et l'office liturgique de Marie médiatrice de toutes les grâces.

Source : Livres-mystiques.com

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DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE III

Article I - LA PUISSANCE D'INTERCESSION DE MARIE



Comme le montre le P. Merkelbach, trois choses sont ici à noter.
Tout d'abord il est de foi que la Sainte Vierge prie pour nous et même pour chacun de nous, en sa qualité de Mère du Rédempteur et de tous les hommes, et que son intercession nous est très utile; selon le dogme général de l'intercession des saints (Concile de Trente, sess. 25). Aussi l'Eglise chante-t-elle : Sancta Maria, ora pro nobis. - « Lex orandi statuit legem credendi », le dogme et la prière ont une même loi (Denz., 139).
En second lieu, il est certain d'après la Tradition que cette puissante intercession de Marie peut obtenir à ceux qui l'invoquent bien, toutes les grâces du salut[350] et que nul n'est sauvé sans elle. Aussi l'Eglise dit-elle : « Sen­tiant omnes tuum juvamen. »

Troisièmement, enfin, c'est une doctrine commune et sûre, enseignée par les Papes, par la prédication univer­selle et la liturgie, que nulle grâce ne nous est accordée sans l'intervention de Marie ; c'est ce qu'exprime l'Of­fice et la messe de « Marie médiatrice de toutes les grâ­ces » (31 mai) et il serait au moins téméraire de le nier.

Cette doctrine approuvée par l'Eglise est implicite­ment contenue jusqu'au VIII° siècle, dans l'affirmation générale de la médiation universelle de Marie. Ensuite, du VIII° au XV° siècle, elle est plus explicitement affir­mée sous cette forme que tous les dons de Dieu nous viennent par l'intermédiaire de la Sainte Vierge.

Depuis le XVI° siècle, à nos jours cette vérité a été théologiquement exposée sous ses divers aspects, et l'on remarque qu'il s'agit de toutes les grâces surnaturelles provenant de la rédemption de Jésus-Christ, même des grâces sacra­mentelles, en ce sens que les dispositions que l'on doit apporter à la réception des sacrements sont obtenues par l'intercession de Marie

Si, du reste, la Sainte Vierge nous a mérité de congruo tout ce que le Christ nous a mérité de condigno, comme nous l'avons vu plus haut, elle nous a mérité d'un mérite de convenance les grâces sacramentelles elles-mêmes.

On voit par là que l'intercession de Marie est beaucoup plus puissante et plus efficace que celle de tous les autres saints, même réunis, car les autres saints n'obtiennent rien sans elle. Leur médiation reste restreinte sous la sienne qui est universelle, bien que toujours subordon­née à celle de Notre-Seigneur. De plus les grâces que Marie demande pour nous, elle nous les a déjà méritées; il n'en est pas de même des saints : ils demandent sou­vent pour nous des secours qu'ils ne nous ont point mérités. Leur prière n'a pas, dès lors la même efficacité que celle de Marie.

Au sujet enfin de l'efficacité des prières de Marie, il faut rappeler un principe qui s'applique même à la prière de Jésus-Christ. Celle-ci est toujours exaucée en ce qu'elle demande, non pas d'une façon conditionnelle comme il pria au jardin des Oliviers, mais de façon absolue et con­forme aux intentions divines bien connues de lui.

Il faut dire de même : Marie par son intercession obtient infailliblement de son Fils tout ce qu'elle lui demande de façon, non conditionnelle, mais absolue en conformité avec les intentions divines, qu'elle n'ignore pas.

Il peut y avoir à la réalisation de certaines prières un obstacle que la divine Providence pourrait empêcher, mais que de fait elle n'empêche pas toujours. Cet obsta­cle peut provenir de ce que l'on ne prie point la Sainte Vierge avec les dispositions voulues, avec humilité, con­fiance et persévérance, ou que l'on demande une chose qui n'est pas jugée utile au bien spirituel, ou que la volonté de celui pour lequel on prie refuse opiniâtrement la con­version demandée. Cela même est permis pour un bien supérieur qui apparaîtra clairement au ciel : la ma­nifestation des perfections divines, la splendeur de la Miséricorde ou de la Justice.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III

Article I - LA PUISSANCE D'INTERCESSION DE MARIE


On voit par ces explications que la toute-puissance d'intercession de Marie, reposant sur les mérites du Sauveur et sur son amour pour sa Mère, loin de porter atteinte à sa médiation universelle, en est le rayonne­ment splendide, et manifeste la rédemption souveraine accomplie par le Rédempteur parfait en celle qui lui est le plus intimement associée dans l'œuvre du salut de l'humanité.

Article II - LA DISTRIBUTRICE DE TOUTES LES GRACES, SON MODE D'INFLUENCE

La Sainte Vierge est-elle la distributrice de toutes les grâces par cela seul qu'elle intercède pour chacun de nous, afin que les mérites passés du Sauveur et les siens nous soient appliqués au moment opportun, ou bien nous transmet-elle aussi les grâces que nous recevons à la ma­nière dont le fait l'humanité de Jésus, qui est selon saint Thomas et beaucoup de théologiens « cause instrumentale physique de ces grâces » ou l'instrument toujours uni à la divinité, supérieur aux sacrements qui sont des instru­ments séparés ?

Par rapport au Christ Jésus lui-même, tête de l'Eglise, cette doctrine a été souvent exposée par saint Thomas; on se demande s'il faut l'admettre aussi pour Marie en tant qu'elle est, selon la Tradition, dans le Corps mysti­que du Christ comme le cou qui réunit la tête aux mem­bres et leur transmet l'influx vital.

La causalité morale de Marie par la satisfaction, le mérite passés, et par l'intercession toujours actuelle, est communément admise.

Mais plusieurs théologiens s'en tiennent là et refusent d'admettre que Marie transmette les grâces par une causalité physique instrumentale, ana­logue dans l'ordre spirituel à ce qu'est dans l'ordre sen­sible l'action de la harpe qui, touchée par l'artiste, pro­duit des sons harmonieux
.
D'autres théologiens lui attribuent aussi cette seconde influence d'une façon subordonnée à l'humanité du Christ, en insistant sur ceci que, d'après la Tradition, Marie est vraiment dans le corps mystique comme le cou, qui, en, réunissant la tête aux membres, leur transmet l'influx vital.

Il est certain que saint Thomas a enseigné explicite­ment que l'humanité du Sauveur et les sacrements de la loi nouvelle sont cause physique instrumentale de la grâce, dont Dieu seul peut être la cause principale, puis­qu'elle est une participation de sa vie intime.

Mais nous ne voyons pas que le saint Docteur ait posi­tivement rien affirmé de semblable pour Marie. Au dire de certains auteurs, il l'exclurait même dans un texte, où nous ne pensons pas qu'il y ait cette exclusion.

Dans son Explication de l'Ave Maria, il attribue à la Sainte Vierge une plénitude de grâce qui déborde sur les hommes pour les sanctifier, mais il ne dit pas explicite­ment si cette influence contient quelque chose de plus que la causalité morale du mérite et de la satisfaction passés et de l'intercession actuelle.

La causalité instrumentale physique pour la production de la grâce n'étant pas, au jugement de saint Thomas et de ses commentateurs, impossible en l'humanité du Christ, ni dans les sacrements, par exemple dans les paroles du prêtre pour la consécration et l'absolution sacramentelle, elle n'est pas non plus impossible en Marie.

Le saint Docteur admet même que le thauma­turge est aussi parfois cause instrumentale du miracle, qui s'opère par exemple par sa bénédictio. Non seu­lement il l'obtient par sa prière, mais parfois il le fait comme instrument de Dieu.

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE III

Article II - LA DISTRIBUTRICE DE TOUTES LES GRACES, SON MODE D'INFLUENCE


On ne peut donc pas avoir la certitude que la Sainte Vierge n'exerce pas cette influence. Il faut de plus se dire que les chefs-d'œuvre de Dieu contiennent plus de riches­ses, de beauté et de vitalité que nous ne pouvons le dire.

Nous ne pensons pas cependant qu'on puisse prouver d'une façon certaine, l'existence de cette causalité en Marie. C'est un des points sur lesquels la théologie ne saurait, semble-t-il, dépasser une sérieuse probabilité.

Pourquoi ? Parce qu'il est bien difficile ici de voir, dans les textes traditionnels invoqués, où finit le sens propre et où commence la métaphore. Ceux qui s'expriment même d'habitude d'une façon métaphorique là où ils pourraient et devraient employer des termes propres, ne font guère attention à la difficulté que nous signalons ici.

Mais plus on tient à la propriété des termes, plus on sai­sit la vérité de cette remarque. Lorsque la Tradition nous dit que Marie, dans le Corps mystique, est comparable au cou qui réunit la tête aux membres et leur transmet l'influx vital, c'est là certainement au moins une méta­phore très expressive, mais nous ne pouvons affirmer avec certitude qu'il y a plus.

Cependant ces paroles ne paraissent avoir leur signi­fication complète, comme dit le P. Hugon, que si l'on admet la causalité physique instrumentale dont nous par­lons.

Le P. R. Bernard, O. P., s'exprime de même en cette page de son livre Le Mystère de Marie, 1933, p. 462 : « Dieu et son Christ se servent d'elle (de Marie) en ce sens qu'ils font passer par elle toutes les grâces qu'ils nous destinent... Leur action, en cette intermédiaire, se tempère de plus d'humanité, sans rien perdre, bien en­tendu, de sa force divine.

Ils font vivre à notre Mère la vie qu'ils ont dessein de nous faire vivre. Elle en est d'a­bord remplie et débordante, La grâce est préformée en elle et s'y empreint d'une spéciale beauté.

Toute la grâce et toutes les grâces, secours et états, vertus et dons, nous arrivent ainsi canalisés et distribués par elle, imprégnés de cette particulière suavité qu'elle donne à tout ce qu'elle touche et laisse en tout ce qu'elle fait.

« Marie est donc, par son action, mêlée à tout dans notre vie et porteuse de tout le divin en nous. Sur tout le cours de notre existence, du berceau et même avant, jus­qu'à la tombe et même au-delà, grâce habituelle et grâces actuelles, grâce et gloire, on ne voit pas. ce qui pourrait être ôté à son domaine. Elle donne forme et figure à tout notre être dans le Christ...

Elle imprime sa façon à tout et donne comme un surcroît de perfection à ce qui lui passe ainsi par les mains. J'ai dit que nous tenions tout entiers dans sa prière : nous tenons pareillement dans son action et, si l'on peut dire, dans ses mains. Tout chré­tien est un enfant de Marie, or un enfant n'est digne de ce nom que s'il est réellement façonné par sa mère. »

Si l'on admet que la Sainte Vierge, non seulement nous obtient par sa prière, mais nous transmet toutes les grâces que nous recevons, on donne un sens plus complet aux titres de trésorière et dispensatrice de toutes les grâ­ces qui lui sont généralement attribués.
Cela parait aussi indiqué en certaines paroles très bel­les et très fortes de la liturgie, surtout dans le Stabat, où la répétition admirable du Fac montre que Marie, non seulement nous obtient par sa prière la grâce d'arriver à l'intimité du Christ, mais qu'elle fait en quelque ma­nière en nous cette divine intimité :

Source : Livres-mystiques.com

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