Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon

Postez ici vos intentions de prière.
amidelamisericorde
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CHAPITRE XII
De l'estime et de l'amour des croix


C'est donc le grand bonheur du christianisme, que de souffrir. Notre-Seigneur, qui est la vérité même, s'en est tout à fait déclaré dans son Évangile, il n'y a plus lieu d'en douter : car que peut-on dire davantage que ce que notre maitre a déclaré à ses disciples, qu'ils seraient bienheureux lorsqu'ils seraient haïs des hommes, qu'ils en seraient chassés et avec des reproches honteux, que leur réputation en serait déchirée, qu'ils seraient bienheureux lorsque les hommes médiraient d'eux et les persécuteraient, et même lorsqu'ils en diraient toute sorte de mal. N'a-t-il pas mis, cet aimable Dieu-Homme, la béatitude dans la pauvreté, dans les larmes, dans la faim, dans la soif, dans les persécutions ?

C'est donc une vérité de la foi, que l'on ne peut dénier sans hérésie que le bonheur des Chrétiens est dans les peines, et que les bienheureux des Chrétiens sont ceux qui sont des crucifiés, des persécutés, des abandonnés des créatures. Bienheureux donc sont ceux qui souffrent, plus heureux ceux qui souffrent davantage ; mais très heureux ceux qui sont crucifiés de toutes parts, qui ne peuvent ou mettre le pied, ou reposer leur tête, ou appuyer leurs mains ou soutenir leurs corps que sur la croix, qui sont des croix vivantes, qui n'ont aucune partie au corps ou à l'esprit qui ne soit crucifiée.

C'est pourquoi si l'on considère bien les conduites de Dieu, l'on verra très clairement qu'il fait part des souffrances à proportion de l'amour qu'il a pour les âmes. Cette vérité est plus claire que si elle était écrite avec les rayons du soleil. Jamais personne n'a été chère au Père éternel comme Jésus son Fils bien-aimé, et jamais personne n'a tant souffert. Après Jésus, c'est l'aimable Marie qui est la plus aimée, c'est elle aussi qui porte plus de peines. Les apôtres sont les premiers dans l'amour de Jésus, et ils sont les premiers dans toutes sortes de souffrances : leur divin Maître ne leur promet que des trahisons, des ignominies, des fouets, des potences, des gibets, et enfin les plus cruelles morts : et si parmi les apôtres Jean est le cher favori, c'est à lui aussi que l'on donne particulièrement le calice, et il est par excellence le disciple de la croix. Benjamin dans l'ancienne loi en était la figure, aussi il n'y a qu'à lui seul parmi tous ses frères à qui la coupe est donnée.

Il n'appartient pas à tous, dit un Père de l'Église, de dire avec le Psalmiste : Je prendrai le calice du Seigneur. (Psal. CXV, 4) Que l'on considère dans la succession des siècles cette vérité, et l'on trouvera toujours que les favoris de Jésus et de Marie ont été honorés de la bénédiction des souffrances.

Le bienheureux Henri de Suso a été l'incomparable dans l'amour de notre Sauveur, et a excellé dans une dévotion tout extraordinaire à la très-sainte Vierge dont il chantait les louanges tous les jours au lever de l'aurore, avec un amour si angélique, que les anges du ciel prenaient quelquefois plaisir à se mettre de la partie, chantant avec lui les grandeurs de leur commune maitresse. Elle lui servait d'un doux refuge dans tous ses besoins, et lui donnait même des viandes miraculeuses à manger lorsqu'il était dégoûté, tant il est vrai que la très sacrée Vierge est la mère de toutes les douceurs, et n'a que pour ses dévots des bontés incroyables. (...)

Source : Livres-mystiques.com

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amidelamisericorde
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CHAPITRE XII
De l'estime et de l'amour des croix


(...) Ô sainte Vierge ! Ô heureuse Mère de Dieu ! Que les hommes ne savent-ils vos Miséricordes ! Ce serviteur de Jésus et de Marie, après s'être consommé dans des austérités et des rigueurs dont la seule pensée donne de la peur, et fait trembler (car à peine lit-on dans les Vies des saints les plus sévères rien de si austère), et après avoir mené une vie pénitente durant bien des années, et ce qui est bien remarquable, avec une aversion particulière qu'il en avait (car naturellement il ressentait de la frayeur, et avait peur des pratiques de la pénitence), après tout cela Notre-Seigneur lui fit connaître qu'il n'avait rien fait, que l'amour-propre avait eu bien de la part à sa vie et à ses exercices, pour pénibles qu'ils pussent être.

Hélas ! Que deviendrons-nous, nous qui lisons ceci ? Et que pouvons-nous espérer d'une vie si molle et si relâchée que la nôtre ?

Cependant Notre-Seigneur lui assura qu'à l'avenir il allait le conduire par des voies plus pures, où il y aurait moins de la créature et plus de Dieu : et lui faisant remarquer un chien qui se jouant avec un chiffon qu'il tenait en sa gueule, le jetait de toutes parts, il lui dit qu'il serait traité de la sorte.

Et de vrai, en suite de cette promesse le serviteur de Dieu et de la sacrée Vierge passa pour un impur, pour un voleur, pour un sacrilège, pour un hypocrite, pour un trompeur et imposteur, et pour un sorcier, avec des persécutions si violentes, qu'il y eût fallu succomber si la très sainte Mère de Dieu, sa très chère maîtresse, et les saints anges, ne l'eussent soutenu.

Ses meilleurs amis même l'abandonnèrent : et comme un jour il voulut aller se consoler avec quelqu'un d'eux touchant un affront signalé qu'il avait reçu, une malheureuse lui ayant apporté un enfant comme s'il eût été à lui, il en fut rebuté avec reproches : ce qui lui fut une des peines les plus sensibles qu'il endurât.

Mais il est à remarquer que toutes ces honteuses persécutions, dont nous ne rapportons ici que bien peu de chose, ne lui arrivèrent que lorsqu'il fut dans la grande faveur auprès de Jésus, et que cet adorable Sauveur lui eût changé son nom de Henri en celui d'Amand, que le très-aimant et tout aimable Jésus voulut lui imposer lui-même.

Comme Notre-Seigneur en donnant les noms, en donne aussi la signification, ayant imposé celui d'Amand au bienheureux Henri, et l'accablant ensuite de toutes sortes d'ignominies, il fit bien voir que ceux qui doivent être aimés du ciel, doivent être haïs des hommes de la terre.

On fait la mémoire de ce bienheureux le 25 de janvier.

Source : Livres-mystiques.com
amidelamisericorde
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CHAPITRE XII
De l'estime et de l'amour des croix


(...) C'est de la sorte que les bien-aimés de Jésus et de Marie sont traités, car c'est à eux que les grâces du ciel sont accordées libéralement, dont l'une des plus précieuses est la grâce des souffrances. Dans cette vue, l'Apôtre, parlant aux premiers Chrétiens, leur enseigne que non-seulement ils ont reçu le don de la foi de Jésus-Christ, mais encore celui des souffrances. C'est, dit l'éloquent saint Jean Chrysostome, ce qui est bien digne de nos attentions, tous les Chrétiens devant être persuadés fortement d'une si divine doctrine, que les croix sont un don de Dieu, et le don, comme nous le venons de dire, des élus et des prédestinés. Tous les enfants de Dieu ont tous leurs croix ; vérité si constante, dit saint Augustin, que Jésus même n'en est pas exempt. Souvent les richesses sont des dons que Dieu octroie aux réprouvés, aussi bien que les plaisirs et les honneurs. Les perles précieuses, remarquait un grand saint, se trouvent dans les pays des gens qui n'ont ni la connaissance ni l'amour de Dieu. Le Grand Turc est l'un des plus grands ennemis du nom chrétien, mais c'est un monarque dont l'empire est plus étendu, qui a plus de sujets, plus de richesses, plus de plaisirs. Cette vue faisait dire au feu P. de Condren qu'il s'étonnait de n'être pas prince comme ces grands du monde, et que ses péchés le méritaient bien ; qu'il était indigne d'être séparé des grandeurs du siècle et des joies du monde, et d'avoir quelque part à la vie crucifiée de Jésus-Christ qui est le don des dons, et la grâce des grâces, et le grand et merveilleux privilège des amis de Dieu.

Le vénérable P. Jean Chrysostome, du troisième ordre des religieux Pénitents de Saint-François, homme tout consommé dans tous les exercices de la pure vertu, et que le seul amour de Dieu seul avait tellement transformé en l'adorable Jésus, que l'on pouvait dire qu'il ne vivait plus et qu'il n'y avait que Jésus qui fût vivant en lui. Aussi était-il entièrement désintéressé et pour sa personne, et pour tout ce qui le touchait ; ce qu'il fit assez voir dans une occasion dans laquelle on lui offrait une grande somme d'argent pour aider à bâtir un des couvents de son ordre ; car la personne qui la lui offrait, étant un homme de mérite et d'une singulière piété, ayant voulu l'obliger, par une aumône si considérable, à venir quelquefois manger avec lui, quoique ce fût dans le dessein de profiter de ses paroles et de ses exemples. Jamais le serviteur de Dieu n'en voulut rien faire, aimant mieux être privé de tous les avantages qui en pouvaient arriver à son ordre.

Pendant qu'il était supérieur il donnait même libéralement des aumônes qu'on faisait au couvent à des pauvres ecclésiastiques, leur disant qu'il était plus facile aux religieux de demander du secours, dans leurs besoins, que non pas aux pauvres prêtres. L'excellent traité que cet homme de Dieu a composé sur la dés-occupation des créatures, qui est un petit livre tout divin, marque assez son esprit et sa grâce, qui le mettait dans un éloignement incroyable de tout l'être créé. Il portait des désirs, qu'on ne peut expliquer, de la vie cachée ce qui l'obligeait, autant qu'il le pouvait, de chercher des lieux retirés ; et, s'il avait pu, il n'aurait plus conversé avec les créatures. Il ne respirait que des anéantissements extrêmes dans l'esprit et dans le coeur des tous les hommes, et ses grandes maximes étaient : anéantissements infinis dans toutes les créatures, tendance à l'infini pour les mépris, abjections, pauvretés et autres voies humiliantes qui y conduisent ; être perdu et abîmé infiniment en Dieu seul par Notre Seigneur Jésus-Christ et sa virginale Mère.

Source : Livres-mystiques.com

Bon Triduum à tous !

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CHAPITRE XII
De l'estime et de l'amour des croix


(...) Sa grâce lui donnait des inclinations si fortes pour les humiliations, qu'il avait fait vu de se faire mépriser autant que l'ordre de Dieu lui pourrait permettre, et de plus, il avait encore fait vu de jeûner cent jours en l'honneur de saint Joseph, s'il obtenait, par ses intercessions, la grâce d'être méprisé de tout le monde. Le ciel n'écouta ses désirs qu'en partie ; il eut de bonnes humiliations, mais elles ne furent pas générales comme il l'avait souhaité.

Il avait établi une sainte union de plusieurs personnes qui s'occupaient dans les pratiques de la sainte abjection ; il leur donna d'excellents règlements pour y réussir saintement, et il composa un traité admirable sur ce sujet, qui est à présent imprimé, qu'il appela la Confrérie de la sainte abjection. C'est un petit traité tout plein de l'onction de l'esprit de Dieu, mais sa doctrine ne sera entendue que des humbles ; les sages et les prudents du monde n'y comprendront rien.

Ce serviteur de Notre Seigneur était tellement mort au monde, par l'amour de l'abjection que, s'oubliant de soi-même et de toutes les créatures, il ne respirait que Dieu seul. Aussi, lon a remarqué qu'entrant dans quelque maison, quoiqu'il eût fait bien du chemin peur y aller, et qu'il fût las, la première parole qu'il disait était : Dieu, ne pensant à rien de créé, et étant tout plongé et abîmé en Dieu seul.

Ayant promis, par un mouvement particulier de l'esprit de Dieu, à une personne de piété, que peu de jours après sa mort il lui apparaîtrait, il accomplit sa promesse, mais d'une manière bien considérable ; car Notre-Seigneur apparut à cette personne, lui faisant connaître que son serviteur, par le dégagement de tout l'être crée, était tellement uni et perdu en lui que, n'étant qu'une même chose par amour, il fallait que lui-même se fit voir afin qu'il pût paraître comme il s'y était engagé ; et cette personne ne vit que Notre-Seigneur.

Oh ! Que bienheureuses sont les voies humiliantes qui conduisent à une fin si glorieuse ! Malheur à nous qui, pour si peu de chose comme la créature qui nous arrête, perdons des biens immenses et infinis !

L'on a vu, de notre temps, une autre personne d'une rare vertu, qui a jeûné plusieurs années au pain et à l'eau, et fait des pèlerinages en des chapelles consacrées en l'honneur de la Mère de Dieu, se traînant à genoux sur les pierres qui lui faisaient bien de la douleur, pour obtenir de Notre-Seigneur, par sa très sainte Mère, la grâce de souffrir des tourments épouvantables qui lui avaient été montrés par des vues surnaturelles, avec la connaissance que notre divin Maitre lui donna, que les très grandes croix étaient des faveurs qu'il n'accordait pas souvent ; mais que pour les tourments extrêmes qu'il lui montrait, que c'étaient des dons qu'il n'avait presque octroyés à personne ; que c'était bien tout ce que sa sainte Mère pourrait obtenir de lui : et que cette souveraine du ciel prenait un soin très particulier des âmes qui portaient ces états de croix, dont il lui en donnait l'intendance spéciale, comme à la gouvernante de son Église.

Saint François Xavier fait douze mille lieux dans le désir du martyre, et paraissant, après sa mort (et cela de notre temps), au P. Mastrilli qu'il guérit tout à coup miraculeusement d'une maladie mortelle, il le voyait comme une personne triste, lorsque, s'entretenant avec ce Père, il lui faisait demander la grâce du martyre, ajoutant qu'après tant de travaux il ne l'avait pu obtenir.

Source : Livres-mystiques.com

Saintes Pâques à tous !

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CHAPITRE XII
De l'estime et de l'amour des croix


(...)

Le bienheureux P. Jean de la Croix, premier Carme déchaussé, et coadjuteur de la séraphique Thérèse dans la réforme du saint ordre du Carmel, homme qui ne semblait avoir rien de l'homme que le corps, étant tellement dégagé des choses matérielles, qu'il semblait être un pur esprit : aussi sa vie était-elle toute céleste ; l'on peut dire qu'il a été le séraphin de nos derniers siècles.

Les ouvrages qu'il nous a laissés, que l'on peut lire sans crainte, la doctrine mystique qui y est contenue étant aussi solide que sublime, et donnant des moyens assurés pour être délivré des illusions qui arrivent quelquefois aux personnes spirituelles, et pour être conduit, selon l'Évangile, à la bienheureuse union avec Dieu : ces divins ouvrages, dis-je, sont de ses plus précieuses reliques ; mais le chemin qu'il y enseigne pour aller à Dieu, et dont nous avons parlé, et qu'il met dans le rien de toutes choses.

Rien dans les sens extérieurs, rien dans les sens intérieurs, rien dans l'entendement, rien dans la mémoire, rien dans la volonté, entendant par là un dégagement sans réserve de tout ce qui n'est pas Dieu seul, le rendait si terrible aux diables, qu'ils ont quelquefois avoué (y étant contraints par l'autorité de l'Église) que c'était une des personnes qu'ils avaient la plus redoutée, et qui avait jeté plus de terreur dans lenfer, entre les saints qui avaient paru dans l'Église, à raison, disaient ces malheureux, de son chemin de rien, et des voies anéantissantes par où il marche, et par lesquelles il conduit les autres.

Quelques personnes, divinement éclairées, ont vu les troupes de démons fuir en sa présence, comme les hommes peuvent faire devant la foudre, ne pouvant se tenir dans un lieu où était cet homme qui n'était rempli que de Dieu seul.

Les voies humiliantes l'avaient introduit dans une union si glorieuse avec Dieu. Il avait été, pendant un temps considérable, renfermé dans un lieu obscur, et qui était comme un cachot, sans qu'on lui donnât la moindre lumière que celle qu'il recevait du jour, lorsqu'on le faisait sortir de sa prison pour le fouetter inhumainement ; ce qu'on faisait régulièrement deux fois par jour.

Ce fut dans ce cachot que le ciel lui remplit l'esprit de ses plus divines lumières, et qu'il lui donna les desseins de ses divins ouvrages. La très sainte Mère de Dieu le délivra de cette prison miraculeusement.

Il ne serait pas possible de dire ici toutes les peines que ce saint homme a endurées ; niais après tant de croix, Notre-Seigneur lui disant un jour : « Jean, que veux-tu pour tant de peines ? » Il répondit : « Seigneur, je ne vous demande que la grâce de souffrir et d'être méprisé. » Il fut écouté en sa prière, et les croix ne lui manquèrent jamais, en sa vie, en sa mort, après sa mort.

Admirons ici les conduites de Dieu sur une âme qu'il veut honorer de croix : il est traité d'apostat, et les religieux mitigés lui ôtent l'habit de la sainte religion, le traitant comme nous l'avons marqué ci-dessus. (...)

Source : Livres-mystiques.com

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CHAPITRE XII
De l'estime et de l'amour des croix


(...) Il est accusé d'établir l'hérésie des Adamites, d'être hérétique, illuminé ; on le décrie et déchire malheureusement : l'on écrit contre lui, et l'on est obligé de faire des apologies. Pour le soutenir l'on informe de tous côtés contre sa conduite, particulièrement au sujet du gouvernement des religieuses, et ces informations sont faites par ses propres enfants, par les religieuses de la réforme du Carmel.

Il y eut même quelques religieux qui s'y comportèrent avec une passion surprenante, et qui furent ensuite punis par des châtiments visibles de la main de Dieu, les hommes n'en ayant pas fait la punition. Ce qui est tout à fait étonnant, est que ce Carme déchaussé meurt sans charge dans l'ordre, et si maltraité en sa dernière maladie par le prieur de la maison où il était, qu'on le privait de tous les secours que les personnes dévotes du dehors voulaient lui donner.

C'était un spectacle bien étrange de voir mourir un si saint homme, dont Dieu s'était voulu servir pour commencer la réforme d'un si grand ordre comme celui du Carmel, dans un délaissement extrême des créatures, et avec si peu d'estime et tant d'opposition de l'un de ses enfants, qui pour lors était son prieur, qu'il ne permettait pas non-seulement aux personnes du dehors, mais encore aux religieux, d'avoir la consolation de le voir, le traitant même avec mépris, reproches, et d'une manière tout à fait inhumaine. Mais ces persécutions ne finirent pas avec sa vie, elles continuèrent après sa mort par les nouvelles informations qui furent faites de sa conduite, Notre-Seigneur lui accordant Miséricordieusement la demande qu'il lui avait faite, de souffrir et d'être méprisé ; ce qui fait le bonheur de la vie chrétienne.

CHAPITRE XIII
Suite du discours commencé


Ces vues qui sont données par une spéciale lumière du ciel remplissent l'esprit d'une haute estime des peines et des croix, et cette estime cause dans l'âme un grand étonnement lorsqu'elle se voit conduite par des voies anéantissantes pour le corps, l'esprit, la réputation, et toutes choses enfin dans lesquelles elle peut avoir quelque part ; car elle demeure grandement surprise de se voir dans le chemin des saints, et dans cet étonnement elle ne sait à qui s'en prendre qu'aux Miséricordes infinies de son Dieu et de son Sauveur. Elle voit bien que ses péchés mériteraient qu'elle fût dans les voies du plaisir, de l'honneur et des richesses, et d'être bien traitée, bien estimée et bien caressée des créatures. Ô mon Seigneur, s'écrie-t-elle de temps en temps, pourquoi me traitez-vous comme vos plus chers favoris ? Pourquoi me donnez-vous la pauvreté, le mépris et la douleur ? D'où vient que les créatures se retirent et s'éloignent ?

D'où viennent ces abandonnements extérieurs et intérieurs ? Pourquoi ne suis-je pas dans l'abondance des biens de la terre, dans l'estime et l'amitié des hommes ? Ces pensées lui pénètrent le coeur tout d'amour, et la mettent dans un état d'admiration des excessives bontés de Dieu sur elle, d'où elle ne se peut tirer, particulièrement lorsqu'elle considère que son divin Sauveur fait des choses si prodigieuses pour la faire arriver dans cet heureux état des souffrances, fermant le coeur à des gens qui lui sont entièrement obligés, permettant l'aveuglement et la dureté en d'autres dont l'on aurait dû espérer du secours, éloignant des gens de bien qui deviennent de grands persécuteurs, pensant bien faire, et renversant, pour ainsi dire, toutes choses, pour établir le divin état des croix.

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CHAPITRE XIII
Suite du discours commencé


C'est une chose admirable de remarquer l'amour de Dieu sur de certaines âmes ; car que ne fait-il pas pour leur sanctification ? Il permet la défaite de l'armée chrétienne pour sanctifier un saint Louis par l'humiliation et les peines d'une prison.

Oh ! Que la prudence humaine est bien ici renversée, selon les petites vues des hommes ! Ne semblait-il pas que Dieu aurait tiré plus de gloire de la victoire d'une armée chrétienne, que de la captivité d'un prince ? Mais la sagesse des hommes n'entend rien dans les conduites de Dieu.

Ce n'est donc pas assez d'estimer les souffrances, mais il faut s'étonner de la faveur que Notre-Seigneur nous fait de nous y donner quelque part, et de plus il faut beaucoup le remercier pour une telle grâce.

Une bonne femme avait perdu un procès, elle alla faire dire la messe en action de grâces.

Un seigneur d'Angleterre subsistant en France par le moyen d'une partie du revenu qu'il avait en son pays, ayant appris qu'il n y avait plus d'espérance d'en recevoir aucune chose, alla prier la supérieure d'une maison religieuse de faire chanter un Te Deum pour en remercier pieu, et ce bon seigneur fondait en larmes de joie pour la grâce d'une telle pauvreté, pendant que cette communauté en bénissait et louait la divine bonté.

C'est donc, avec grande justice qu'il faut faire des dévotions lorsque l'on est honoré des croix, en action de grâce. Si lorsque l'on a recouvré la santé, que l'on a réussi dans une affaire, l'on fait célébrer des messes, l'on donne des aumônes, pourquoi ne fera-t-on pas la même chose lorsqu'il nous arrive des maladies, des afflictions et d'autres sortes de souffrances, puisque ce sont les plus précieux dons de l'adorable Jésus ?

L'on donne un écu à un pauvre, et on l'oblige ; si on lui donne cent pistoles, n'est-il pas plus obligé ? Les âmes pénétrées de ces grandes vérités ont de profonds respects pour toutes les personnes persécutées ; elles ont une vénération particulière pour tout ce qui est marqué à la croix.

Leur estime et leur amitié s'augmente à mesure que les persécutions, les pauvretés et les humiliations des personnes affligées s'accroissent. Le rebut que les créatures en font, les en approche ; les aversions que l'on en a, leur en donnent de fortes inclinations ; on se déclare hautement pour elles lorsque le monde les abandonne, et qu'à peine oserait-on dire qu'on les connait dans les compagnies.

Si l'on rougit quand il s'agit de les défendre, c'est pour lors qu'on les soutient avec plus de hardiesse, c'est pour lors que l'on prend tâche de les voir plus souvent, et de converser plus familièrement avec elles ; si elles sont absentes, l'on ne peut s'empêcher de leur témoigner par lettres la part que l'on prend à leur heureux état, et l'on n'oublie rien pour se réjouir de leur bonheur. (...)

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CHAPITRE XIII
Suite du discours commencé


C'est une chose admirable de remarquer l'amour de Dieu sur de certaines âmes ; car que ne fait-il pas pour leur sanctification ? Il permet la défaite de l'armée chrétienne pour sanctifier un saint Louis par l'humiliation et les peines d'une prison.

Oh ! Que la prudence humaine est bien ici renversée, selon les petites vues des hommes ! Ne semblait-il pas que Dieu aurait tiré plus de gloire de la victoire d'une armée chrétienne, que de la captivité d'un prince ? Mais la sagesse des hommes n'entend rien dans les conduites de Dieu.

Ce n'est donc pas assez d'estimer les souffrances, mais il faut s'étonner de la faveur que Notre-Seigneur nous fait de nous y donner quelque part, et de plus il faut beaucoup le remercier pour une telle grâce.

Une bonne femme avait perdu un procès, elle alla faire dire la messe en action de grâces.

Un seigneur d'Angleterre subsistant en France par le moyen d'une partie du revenu qu'il avait en son pays, ayant appris qu'il n y avait plus d'espérance d'en recevoir aucune chose, alla prier la supérieure d'une maison religieuse de faire chanter un Te Deum pour en remercier pieu, et ce bon seigneur fondait en larmes de joie pour la grâce d'une telle pauvreté, pendant que cette communauté en bénissait et louait la divine bonté.

C'est donc, avec grande justice qu'il faut faire des dévotions lorsque l'on est honoré des croix, en action de grâce. Si lorsque l'on a recouvré la santé, que l'on a réussi dans une affaire, l'on fait célébrer des messes, l'on donne des aumônes, pourquoi ne fera-t-on pas la même chose lorsqu'il nous arrive des maladies, des afflictions et d'autres sortes de souffrances, puisque ce sont les plus précieux dons de l'adorable Jésus ?

L'on donne un écu à un pauvre, et on l'oblige ; si on lui donne cent pistoles, n'est-il pas plus obligé ? Les âmes pénétrées de ces grandes vérités ont de profonds respects pour toutes les personnes persécutées ; elles ont une vénération particulière pour tout ce qui est marqué à la croix.

Leur estime et leur amitié s'augmente à mesure que les persécutions, les pauvretés et les humiliations des personnes affligées s'accroissent. Le rebut que les créatures en font, les en approche ; les aversions que l'on en a, leur en donnent de fortes inclinations ; on se déclare hautement pour elles lorsque le monde les abandonne, et qu'à peine oserait-on dire qu'on les connait dans les compagnies.

Si l'on rougit quand il s'agit de les défendre, c'est pour lors qu'on les soutient avec plus de hardiesse, c'est pour lors que l'on prend tâche de les voir plus souvent, et de converser plus familièrement avec elles ; si elles sont absentes, l'on ne peut s'empêcher de leur témoigner par lettres la part que l'on prend à leur heureux état, et l'on n'oublie rien pour se réjouir de leur bonheur. (...)

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CHAPITRE XIII
Suite du discours commencé


La joie suit l'estime des croix, et je ne crois pas que l'on puisse concevoir celle d'une âme qui les porte comme il faut. Il n'y a que ceux qui en ont l'expérience, qui les puissent bien savoir. Une personne étant malade se récréait dans ses douleurs, et sentait son mal de tête soulagé, lorsqu'elle pensait au bonheur qu'il y a de souffrir. Elle se représentait l'état d'une personne qui manquerait de bien, et qui ne serait assistée, et qui, d'autre part, serait décriée en sa réputation, et perdue dans l'esprit et le coeur des hommes ; qui serait persécutée de tous côtés, et même des gens de bien et de ses meilleurs amis, et qui enfin, dans un délaissement général de tout le monde, ne trouvant aucun lieu de consolation et de secours, se trouverait réduite à mourir de faim, couchée dans un ruisseau en quelque place publique comme un pauvre chien.

Ces vues la consolaient beaucoup, et elle était entièrement persuadée que cet état était le plus grand bonheur de la vie. Dans la suite des temps cette personne s'est vue dans des états de persécutions qu'on aurait de la peine à croire, mais jamais sa joie n'a été égale.

Ses peines lui servaient de récréation, et quelquefois elle ne pouvait pas s'empêcher d'en rire à son aise ; elle en parlait comme des choses qui seraient arrivées à quelque autre personne qu'elle n'aurait pas connue, et, pour exprimer la joie qu'elle ressentait, elle disait ces paroles de l'Écriture : Le Seigneur m'a envoyé un fleuve de paix.

On lui écrivait qu'elle était perdue de réputation, et ces lettres la consolaient ; elle se voyait la fable du monde, le sujet des railleries des compagnies, l'opprobre ces hommes et l'abjection du peuple ; on lui disait qu'il y avait longtemps qu'on n'avait entendu parler d'une telle persécution, c'est ce qui augmentait sa joie : après tout, lorsqu'on lui assurait que toutes ces souffrances lui devaient suffire : Non, non, disait-elle, je ne suis pas encore contente. Elle se trouva un jour dans la tristesse dans une pensée qu'elle eut que cet état de croix pourrait bien changer. Un de ses amis lui écrivent qu'il était outré de douleur de la voir dans une si grande humiliation, il lui faisait une grande pitié de la plaindre sur un sujet qui faisait toute sa gloire dans le monde de la grâce.

J'ai eu le bien de voir à paris un serviteur de Dieu qui était venu d'Angleterre, qui me racontant comme une grand seigneur de son pays avait perdu tous ses biens pour la foi catholique, et qu'ensuite son château ayant été donné à une personne de qualité, mais hérétique, il avait eu le courage de prier cet homme de le vouloir bien loger en quelque petit coin de son château ; ce qui lui ayant été accordé, c'était une chose admirable de voir ce seigneur réduit en sa propre maison à n'y avoir qu'un petit trou pour s'y loger, et, dans le dépouillement de tous ses biens, n'avoir plus le moyen que de se nourrir de pain noir, vivant très content dans un lieu où il voyait avec paix des personnes qui ne lui étaient rien, faire grand'chère tous les jours à ses dépens, et être logées magnifiquement, pendant qu'à peine avait-il du pain à manger.

Ce serviteur de Dieu me racontait encore que, passant par le lieu où demeurait ce confesseur de Jésus-Christ, et allant le voir, il en fut reçu avec grande charité, et traité même avec du pain et du lait, qui furent tous les mets du festin qu'il lui fit, ne pouvant davantage. Mais ce qui le ravit est qu'il lui assura qu'il n'avait jamais été si content. (...)

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CHAPITRE XIII
Suite du discours commencé


Mais le divin Paul ne se glorifie-t-il pas dans les tribulations écrivant aux Romains (V, 3), et en la IIe Épitre aux Corinthiens (XI, XII) ; il parle de ses infirmités, de ses ignominies, de ses persécutions, comme des sujets de ses complaisances. N'assure-t-il pas encore qu'il surabonde de joie en ses peines ? (II Cor. VII, 11)

Et l'incomparable saint Chrysostome déclare que, lorsque cette merveille des apôtres voyait que les souffrances lui arrivaient tous les jours comme les flocons de neige qui tombent en hiver, il tressaillait d'allégresse comme s'il eût été au milieu du paradis.

Les apôtres, dit la divine parole, s'en allaient se réjouissant de ce qu'ils avaient été trouvés dignes de souffrir pour le nom de Jésus. (Act., V, 41) Mais le Saint-Esprit nous enseigne en l'Épitre de saint Jacques (I, 2) que plusieurs sortes de souffrances sont la matière de toutes sortes de joie. Doctrine admirable de l'Esprit de Dieu, qui ne dit pas seulement que les croix doivent être le sujet de la joie, non-seulement d'une grande joie, non-seulement de la plus grande joie du monde, mais de toutes les joies.

Elevons donc ici nos pensées dans la lumière du Saint-Esprit et disons : Ce n'est pas assez de souffrir sans se plaindre, ce n'est pas assez de souffrir en patience, ce n'est pas assez de souffrir avec joie, mais les croix doivent être la plénitude de notre joie. Figurons-nous la joie d'une personne qui serait élevée à la dignité impériale, à qui l'on donnerait une couronne ; notre joie doit être plus grande quand il nous arrive une bonne croix.

Figurons-nous la joie de ces gens qui possèdent des richesses et des trésors immenses, qui jouissent en la vie de toutes les douceurs apparentes que l'on y peut goûter, nous devons être plus contents quand nous sommes dans les souffrances.

Il y a plus : les croix et plusieurs sortes de croix dans la doctrine d'un Dieu, malgré tous les sentiments de la nature et du monde, doivent nous causer toutes sortes de joies.

Repassons donc ici par notre esprit toutes les joies qui donnent tant de satisfaction à tous ceux qui pensent en avoir de véritables sujets, comme les joies des marchands qui trafiquent avec profit dans leurs boutiques, des laboureurs qui font une heureuse récolte d'une riche moisson, des généraux d'armées qui gagnent des batailles, des rois dans la conquête des villes et provinces, des pauvres qui se trouvent tout à coup enrichis, des malades dans le recouvrement d'une parfaite santé, des captifs dans la liberté de leurs chaînes, des plus affligés dans la délivrance de leurs peines, et enfin considérons tous les sujets de joie qui peuvent arriver généralement et sans réserve, toutes ces joies doivent être les joies d'une personne persécutée, rebutée, délaissée et crucifiée.

Cette vérité est incontestable, puisqu'elle a été dictée par la Vérité même.

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CHAPITRE XIII
Suite du discours commencé


Ô mon âme ! il en faut donc demeurer là, et vivre entièrement persuadée que non-seulement les souffrances, c'est-à-dire toutes sortes de croix, font les sujets de toutes les joies imaginables.

Cependant, combien y en a-t-il eu que la joie a transportés, et à qui même elle a fait perdre là vie, et pour des sujets bien légers ?

Il faut donc, il faut être comblé de joie, il faut ne vivre que de joie, il faut mourir de joie, lorsque le ciel ne nous nourrit que de croix et nous accable de tourments.

Si l'on en recherche la cause, il est aisé de voir que Dieu seul étant notre souverain bien, il est lui seul notre souveraine joie, que nous ne pouvons posséder que lunion intime avec cet être infiniment heureux.

Or c'est le propre des croix de nous y unir par le détachement qu'elles nous donnent de l'être créé.

C'est pourquoi il faut avouer qu'il est plus doux de souffrir que de parler des souffrances. La raison est que le discours et les pensées de la croix ne nous unissent pas à Dieu comme les croix actuelles que l'on porte.

Oh ! que bien heureuse est l'âme qui n'y est pas unie, quand elle serait dans la jouissance de toutes les douceurs de la terre !

L'âme qui est bien unie à Jésus-Christ, ressent une certaine tristesse lorsqu'elle sort de quelque état de souffrance.

Sa douleur est de se voir exempte de douleur, et il n'y a rien qui l'afflige en ce monde, que de n'y pas souffrir. Son repos est sur la croix, et à moins qu'elle ne s'y voie attachée, elle n'est pas contente.

Oh ! Quel tourment celui est de se voir dans les biens, dans les honneurs et les plaisirs. Sa peine est extrême lorsque les créatures lui applaudissent, la louent, l'estiment et l'aiment.

Celui est une mort que de ne pas mourir aux joies du siècle. Car enfin elle est vivement persuadée que le malheur des malheurs est de n'être pas misérable en ce monde, et que s'il se rencontre quelque bonheur en la vie, c'est de n'être pas heureux.

Saint Ignace le fondateur de la Compagnie de Jésus disait que, quand bien même la gloire de Dieu serait égale dans la joie et l'honneur, aussi bien que dans les peines et les mépris, il préférerait encore l'humiliation à la gloire, parce que cet état a plus de rapport à celui de Jésus-Christ.

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Suite du discours commencé


Tous ces sentiments font que jamais on ne se lasse de souffrir. Quand il s'agit de croix, on ne dit jamais, c'est assez.

On peut bien dire à la vérité avec le divin Xavier parmi les consolations et les douceurs, que quelquefois le ciel communique en abondance : C'est assez, Seigneur, c'est assez : puisqu'il est vrai que la vie présente n'est pas le lieu où l'on doive jouir de ces plaisirs célestes : mais il est bien juste aussi de dire avec le même saint, quelque accablement de peines que l'on puisse porter : Encore, Seigneur, encore.

Cela est bien difficile à concevoir aux mondains, ou aux âmes lâches. Mais cependant il est vrai, l'union avec Notre-Seigneur donne une soif des croix si extrême, que tous les tourments du monde ne peuvent désaltérer une âme qui en est pressée.

Si elle porte la croix de la pauvreté, elle la recherche toujours de plus en plus avec des désirs inexplicables ; et si elle se plaint, c'est toujours de n'être pas assez pauvre.

Il faut dire le même des autres états de souffrances. L'on comptait des injures à un serviteur de Dieu, son pauvre coeur en était tout consolé : mais il priait ces personnes de lui faire tous les reproches honteux dont elles le chargeaient, dans une place publique et devant tout le monde.

Cet esprit de souffrance éloigne bien de ces réserves que l'on met aux peines, lorsque l'on apporte quelque exception pour de certaines croix. Le coeur véritablement chrétien est prêt à tout, est disposé à tout, à souffrir des méchants, à souffrir des gens de bien, à être persécuté des libertins, et même des personnes de vertu ; à être rebuté des étrangers, à être délaissé de ses plus proches et de ses meilleurs amis.

L'on veut bien souffrir en la perte de ses biens, l'on est bien aise de souffrir en son honneur, l'on embrasse les peines du corps et celles de l'esprit : l'on est content d'être crucifié par les hommes et par les démons, du côté du ciel aussi bien que de la part de la terre : toutes sortes d'humiliations sont les bienvenues, elles sont toutes reçues avec honneur, l'on va même au-devant par respect.

Si l'on endure une médisance qui se fait parmi quelques particuliers, on en reçoit de la consolation : mais si l'on est déchiré par des libellés diffamatoires qui se distribuent dans le public, c'est une joie toute particulière. Il n'y a point d'ignominie telle qu'elle puisse être, que de bon coeur l'on accepte. L'on est ravi de pourvoir dire avec l'Apôtre : Nous avons été faits un spectacle au monde, aux anges et aux hommes par toutes sortes de misères. (I Cor., IV, 9) Disons encore ce qui a déjà été dit.

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Il n'y a point de joie pareille à celle de devenir la fable du monde, l'opprobre des hommes et l'abjection du peuple, à servir de jouet dans les compagnies, à être le sujet des railleries des villes entières, à être cruellement déchiré par les les outrageuses calomnies dans les provinces, dans les royaumes, à être maltraité de tous côtés : mais après tout, il faut avouer que le comble de la joie serait d'être emprisonné, chargé de fers, et accusé faussement de tous les plus grands crimes, ensuite être condamné à la mort, et perdre la vie sur un gibet dans une place publique au milieu d'une grande ville. Je sais bien que peu de personnes goûteront ce genre de mort : mais je sais que Jésus-Christ mon Dieu et mon maître l'a goûté, et je sais qu'il ne se peut tromper dans le goût des choses. Je sais que ce qu'il trouve bon, est bon, quoi qu'en pensent et en disent les créatures, dont le goût est bien dépravé par la corruption du péché.

Si la divine Providence permet que parmi les plus cruelles persécutions, ceux qui doivent nous soutenir et nous consoler, se retirent, c'est une nouvelle grâce : si la force que le ciel donne pour supporter avec joie les croix passe pour une hypocrisie, c'est une grâce sur grâce : si enfin de tous côtés et en quelque lieu qu'on aille, l'on ne trouve pas à mettre le pied ni reposer la tête que sur la croix, dans une privation générale de toute l'estime et de toute l'amitié des créatures, c'est le comble de la grâce.

Dans cette vue, ces sublimes états de folie apparente, qui ont fait la vocation de quelques saints, comme de saint Siméon Stylite, et du bienheureux frère Jean de Dieu, paraissent tout à fait aimables, puisqu'ils privent de l'estime des bons, aussi bien que des méchants, et laissent l'âme tout à Dieu seul : mais ces vocations sont de précieuses faveurs que le ciel accorde à bien peu de personnes. Enfin, dans le chemin de la croix l'on ne met jamais aucune borne : jamais l'on n'y dit : C'est ici qu'il faut s'arrêter.

L'adorable Jésus était comme tout abîmé dans une mer immense de toutes les croix imaginables, et cependant selon le sentiment de quelques Pères, par ces paroles : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous délaissé ? (Matth. XXVII, 46) il témoignait qu'il n'était pas encore satisfait de ses peines. Car ces Pères estiment qu'adressant ces paroles au Père éternel : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous délaissé ? il voulait dire : Pourquoi délaissez-vous ainsi mon corps aux faiblesses de la mort ? Que ne le fortifiez-vous par miracle, afin qu'il puisse souffrir davantage, et que ses tourments soient continuels.

Je n'ai souffert que pendant trente-trois années, et je voudrais souffrir plusieurs siècles. Ô mon Dieu, mon Dieu, pourquoi me laissez-vous si tôt à la mort qui mettra la fin à toutes ces peines. Cependant la mort étant arrivée, afin que ces désirs aient au moins en quelque manière leur effet, il substitue en sa place ses élus, qui achèvent d'accomplir ce qui reste de ses souffrances, comme parle le grand Apôtre.

Mais entre tous les saints, la reine de tous les saints a achevé d'une manière incomparable ce qui reste des peines de son Fils. Elle pouvait donc bien dire avec Jérémie : Il m'a remplie d'amertume et m'a enivrée d'absinthe, il a tendu son arc, et j'ai servi de but à ses flèches qu'il a jetées dans mon coeur, il n'y avait point de fin à mes souffrances. (Thren., III, 15) (...)

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Suite du discours commencé


(...) Elle pouvait bien dire : Mon bien-aimé est comme un faisceau de myrrhe qui demeure entre mes mamelles. (Cant. I, 12.) Il y demeurait, non pas comme un bouquet de croix pour un jour, mais pour toute sa très innocente vie. Et après toutes ces souffrances, son amour dans les Cantiques est comparé à la mort et à l'enfer ; à la mort (Cant. VIII, 6), pour faire voir l'excessive grandeur de ses tourments, comme étant la chose la plus terrible de tout ce qu'il y a de plus terrible en ce monde. Mais il est dit encore semblable à l'enfer, pour nous marquer par son éternité les désirs que cette reine des martyrs avait de la continuation de ses peines. Toute la vie donc du Chrétien est une vie de croix, et c'est une très grande misère de s'en voir exempt.

Saint Ambroise s'affligeait lorsqu'il passait un jour sans affliction : et saint Cyprien est obligé de consoler des Chrétiens, qui dans une occasion d'une maladie contagieuse se voyant tous les jours exposés à la mort, étaient sur le point d'être privés de tourments horribles que la rage des tyrans faisait endurer aux fidèles.

Tous ces désirs font trouver la vie bien courte à l'âme : et quand elle en considère la durée, qui n'est que d'un moment, et le poids immense d'une gloire éternelle qui la doit suivre, elle est obligée de s'écrier : Oh ! Que les peines de cette vie passent bien vite ! Et que les récompenses que Dieu leur donne, sont longues ! Ah ! Quil est doux, mais qu'il est utile et avantageux, mais qu'il est glorieux de vivre et de mourir dans l'accablement des croix ! Nous sommes, dit-elle encore, les pierres vives dont doit être bâtie la grande citée du paradis, dans laquelle tous les élus auront une demeure divine. Si nous qui sommes ces pierres mystiques, sommes coupés et taillés par un grand nombre de tourments, c'est une marque évidente que notre maison céleste doit être ample et magnifique : car à proportion que le bâtiment doit être grand et élevé, à proportion le travail que les ouvriers emploient à polir les pierres, doit être grand : celles qui ne sont pas mises en oeuvre, ne sont pas taillées et coupées, mais on les jette aux ordures : il en va de même des réprouvés, qui sont laissés à leurs désirs, et abandonnés aux joies et aux honneurs du monde.

Oh ! Que la grâce des croix est donc précieuse, et qu'il la faut conserver chèrement ! Que nous devons prendre garde à ménager tous les moments de peines qui nous sont donnés ! Et que nous devrions être convaincus, que d'en perdre un instant, c'est faire une perte qui ne se peut comprendre ! Cet ermite savait bien cette vérité, qui voyant les vers qui rongeaient son corps, et qui tombaient par terre avec les lambeaux de sa chair, les ramassait avec grand soin pour les appliquer tout de nouveau sur son corps demi-pourri, prenant bien garde qu'il ne s'en perdît pas un seul. Nous voyons tous les jours les avares être attentifs à ne pas perdre un écu, être dans la gêne s'ils perdent une pistole, et nous ne pensons pas aux trésors inénarrables dont nous nous privons, lorsque nous ne faisons pas un usage fidèle des croix. Si l'on mettait une personne attachée au bien dans une chambre pleine de pistoles, pour en prendre à son aise durant une heure, perdrait-elle un quart d'heure de ce temps, et laisserait-elle même un moment sans rien faire ? Mais voici que le temps de la vie présente nous est donné pour amasser des biens infinis par notre fidélité à la mortification, et nous nous reposons comme si nous n'avions rien à faire. Les moindres petites parcelles de la véritable croix sont enchâssées dans de précieux reliquaires, et on ne peut jamais assez les honorer : s'il en tombe par mégarde la moindre, partie, aussitôt l'on se jette à genoux pour la recueillir avec un profond respect : et c'est ce que doivent faire tous les Chrétiens, à moins que d'être impies. Mais ne devons-nous pas aussi nous souvenir que les croix que nous portons sont vénérables, et qu'il faut les soutenir avec honneur, sans en laisser perdre la moindre chose ?

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CHAPITRE XIV
La doctrine de la croix est un mystère caché


(...) Hommes divins, qui dans l'amour de la pauvreté font mépris de tous les biens du monde comme de la fange et de l'ordure, ainsi n'ont point de peur qu'on les leur ôte, et ne craignent pas d'en manquer : hommes sans ambition, qui ne désirant ni bénéfices, ni charges, ni dignités, n'en redoutent pas la privation, ni n'en recherchent pas l'éclat : hommes parfaitement désintéressés, qui ayant en horreur leur propre établissement, n'ambitionnent que le seul établissement de Dieu seul : hommes qui dans une entière haine d'eux-mêmes et de tout ce qui les regarde, n'y poursuivent ni leurs aises, ni l'estime, ni l'amitié des créatures, étant ravis d'être crucifiés par leurs haines, leurs mépris , leurs rebuts, leurs injures, leurs calomnies, et toutes les peines qu'ils en peuvent souffrir : hommes disposés à tout souffrir et endurer pour la gloire de leur maître, et prisons et cachots et gibets et roues et feux, ne se souciant que d'une seule chose, qui est Jésus seul : hommes qui mettent le comble de leur joie et de leur gloire dans les dernières ignominies pour Jésus-Christ, et qui ne sont attachés qu'à la pureté de ses maximes.

Ces hommes font de grandes choses pour la gloire de Dieu, et il s'en sert pour accomplir ses plus grands desseins dans son Église : mais ce n'est pas sans d'étranges oppositions du coté des hommes et des démons.

C'est pourquoi il en a bien peu qui aient le courage de supporter toutes ces contradictions ; et s'il s'en trouve quelques-uns qui dans les commencements tiennent bon, il y en a très peu qui persévèrent. La nature résiste à ces sortes de voies, les parents viennent à la traverse, qui par des considérations de chair et de sang travaillent à détourner leurs amis de ces chemins pénibles de la croix. Quantité de gens, et quelquefois même ecclésiastiques, religieux, prédicateurs, y forment beaucoup de difficultés, et allèguent quantité de prétextes spécieux en apparence, qu'ils colorent de la gloire du Seigneur. Ils crient : La paix, la paix, ne considérant pas que la paix qu'ils demandent, n'est pas la paix de Dieu, mais des hommes, de la nature et du monde.

Je vous donne ma paix, disait notre divin Maître à ses apôtres, mais ce n'est pas comme le monde la donne. (Joan. XIV, 27) Or il faut remarquer que la paix de Dieu et la paix du monde ne sont pas seulement différentes, mais contraires ; ce qui a fait dire à saint Augustin, que celui qui est en paix avec le Sauveur est en inimitié avec le monde. Origène considérant ces paroles de l'Apôtre : Étant justifiés, ayons la paix avec Dieu (Rom. V, 1), il remarque que ce grand homme n'a pas dit seulement, ayons la paix ; mais, la paix avec Dieu, parce qu'il ne voulait pas, dit ce savant auteur, que nous fissions la paix avec la chair, le monde et le diable, d'autant que la guerre contre le diable fait la paix avec Dieu, avec qui nous ne sommes jamais mieux que lorsque nous sommes plus mal avec le diable.

Ainsi plusieurs se trompent par le prétexte de la paix, qui est une véritable guerre aux intérêts de Jésus-Christ. L'on remarque, que si un saint prélat entre pour gouverner un diocèse, à même temps l'on n'entend que tempêtes et orages ; si un missionnaire apostolique prêche fortement les vérités chrétiennes ; ce ne sont que persécutions et médisances. Qui voudrait apaiser ces tempêtes et ces soulèvements, faire mettre bas les armes, ôter ces persécutions et ruiner ces médisances, il faudrait faire quitter le gouvernement des diocèses, des communautés, et l'emploi des fonctions apostoliques à ceux qui ne sont qu'animés de l'esprit de Jésus-Christ, et aussitôt les bruits cesseraient, parce que le diable et le monde auraient leur compte et leur satisfaction.

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CHAPITRE XIV

La doctrine de la croix est un mystère caché



(...) C'est pourquoi il en a bien peu qui aient le courage de supporter toutes ces contradictions ; et s'il s'en trouve quelques-uns qui dans les commencements tiennent bon, il y en a très peu qui persévèrent.

La nature résiste à ces sortes de voies, les parents viennent à la traverse, qui par des considérations de chair et de sang travaillent à détourner leurs amis de ces chemins pénibles de la croix.

Quantité de gens, et quelquefois même ecclésiastiques, religieux, prédicateurs, y forment beaucoup de difficultés, et allèguent quantité de prétextes spécieux en apparence, qu'ils colorent de la gloire du Seigneur.

Ils crient : La paix, la paix, ne considérant pas que la paix qu'ils demandent, n'est pas la paix de Dieu, mais des hommes, de la nature et du monde.

Je vous donne ma paix, disait notre divin Maître à ses apôtres, mais ce n'est pas comme le monde la donne. (Joan. XIV, 27)

Or il faut remarquer que la paix de Dieu et la paix du monde ne sont pas seulement différentes, mais contraires ; ce qui a fait dire à saint Augustin, que celui qui est en paix avec le Sauveur est en inimitié avec le monde.

Origène considérant ces paroles de l'Apôtre : Étant justifiés, ayons la paix avec Dieu (Rom. V, 1), il remarque que ce grand homme n'a pas dit seulement, ayons la paix ; mais, la paix avec Dieu, parce qu'il ne voulait pas, dit ce savant auteur, que nous fissions la paix avec la chair, le monde et le diable, d'autant que la guerre contre le diable fait la paix avec Dieu, avec qui nous ne sommes jamais mieux que lorsque nous sommes plus mal avec le diable.

Ainsi plusieurs se trompent par le prétexte de la paix, qui est une véritable guerre aux intérêts de Jésus-Christ.

L'on remarque, que si un saint prélat entre pour gouverner un diocèse, à même temps l'on n'entend que tempêtes et orages ; si un missionnaire apostolique prêche fortement les vérités chrétiennes ; ce ne sont que persécutions et médisances.

Qui voudrait apaiser ces tempêtes et ces soulèvements, faire mettre bas les armes, ôter ces persécutions et ruiner ces médisances, il faudrait faire quitter le gouvernement des diocèses, des communautés, et l'emploi des fonctions apostoliques à ceux qui ne sont qu'animés de l'esprit de Jésus-Christ, et aussitôt les bruits cesseraient, parce que le diable et le monde auraient leur compte et leur satisfaction. (...)

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La doctrine de la croix est un mystère caché


(...) Il ne faut que considérer ce qui s'est passé depuis l'établissement de l'Église, pour être persuadé de ces vérités. Nous en avons un illustre exemple devant les yeux en la personne de feu Monseigneur l'évêque de Cahors, dont la précieuse mort arrivée il n'y a pas encore six ans accomplis, a été suivie de quantité de miracles dont Dieu l'a honoré même pendant sa sainte vie. Cet homme céleste qui était tout employé et su-remployé pour le salut de ses frères, qui parmi les travaux d'une vie tout apostolique qui ne donnaient pas presque lieu de respirer, qui faisait des missions vingt-deux mois de suite sans autre interruption que celle que les jours des grandes fêtes solennelles l'obligeaient de faire pour officier pontificalement en sa cathédrale, qui dans ces missions outre les sermons et catéchismes qu'il donnait lui-même à ses peuples, passait le reste des jours au confessionnal, qui au milieu de tant de fatigues capables d'abattre les corps les plus forts, mortifiait le sien tous les jours par des jeûnes continuels, et ne pensait et ne parlait que des seuls intérêts de Dieu seul : cet homme, dis-je, tout divin qu'il était, n'a pas laissé de faire de grands bruits en son diocèse.

Quoi qu'il fût évêque d'un grand évêché, et ainsi surchargé des peines que la charge redoutable de l'épiscopat porte avec soi inséparablement, il ne mangeait jamais de viande, jamais d'oeufs, jamais de poisson, et lui ayant été conseillé de prendre au moins un peu de potage maigre, enfin il le quitta, estimant que c'était être trop à son aise, et pour tous mets cet incomparable prélat se contentait d'un plat de légumes, avec du pain noir.

C'était l'homme sans respect humain, ne voyant que Dieu seul en toutes choses. Ce qu'il fit bien paraître à feu Mgr le cardinal, qui lui ayant écrit pour lui demander un bénéfice simple qui dépendait de lui , pour un ecclésiastique qu'il lui recommandait de la part même du roi, il ne lui accorda pas, faisant cette généreuse réponse : Qu'il en connaissait de plus dignes en son diocèse ! Mais (ce qui est bien remarquable) c'est que ce n'était qu'un bénéfice simple et sans charge d'âmes.

Il avait fait le grand vu de faire toutes ses actions à la plus grande gloire de Dieu ; et après tout, ce saint évêque était persécuté de tous côtés, accablé d'affaires, et haï des prêtres libertins. On l'a vu chargé de quarante procès tout à la fois, pour soutenir la discipline ecclésiastique et les droits de son évêché, poursuivant avec une vigueur non pareille les affaires de son église, sans se soucier de toutes les peines qui lui en arrivaient.

L'on a vu dans ses synodes des personnes assez téméraires pour lui dire des injures publiquement : ce qu'il supportait avec une patience héroïque : et son zèle incroyable lui attirant mille contradictions, faisait sans doute crier bien des gens ; mais qui enfin a été béni des plus précieuses grâces du ciel , par un changement très extraordinaire de tout son diocèse : car l'ayant trouvé à son entrée dans de très grands désordres, il l'a laissé un des mieux réglés de l'Église, et l'on peut dire avec vérité, tout florissant par la religion et la piété des peuples qui l'habitent, et par le zèle des pasteurs et des prêtres qui le gouvernent.

Si ce saint évêque se fût laissé abattre par les contradictions, s'il eût relâché de ce zèle divin qui le dévorait par une condescendance molle selon la vue des hommes, et sous prétexte d'une fausse paix, les églises de son diocèse seraient encore dans le deuil, les véritables prêtres du Seigneur pleureraient encore de les voir délaissées, et les peuples gémiraient dans l'ignorance des vérités de notre foi, et sous l'oppression tyrannique du péché. (...)

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La doctrine de la croix est un mystère caché


(...) Mais notre maître ne disait-il pas parlant de lui-même, qu'il n'était pas venu apporter la paix, mais le glaive ?

Et n'est-ce pas de lui qu'il a été prophétisé qu'il serait un signe de contradiction ?

N'est-ce pas encore de cet adorable Sauveur qu'il est écrit, qu'entrant dans les villes, elles se trouvaient toutes dans une émotion générale ?

Quand le démon ne fait pas de bruit, c'est une marque qu'il ne craint pas : mais lorsqu'il exerce sa rage par des soulèvements qu'il excite dans les esprits, par des impostures, et des calomnies qu'il fait courir, par des aversions et des haines qu'il donne, par des ligues et des cabales qu'il lie, c'est un signe très évident qu'il est dans la crainte, et qu'il prévoit quelque bien extraordinaire qui doit arriver.

Le démon ne vous combat pas, disait un des anciens Pères à un solitaire, c'est une marque qu'il vous méprise, et que vous ne feriez pas grand'chose : si vous aviez plus de force, il ne manquerait pas de vous attaquer.

Nest-ce pas une chose ordinaire, de voir la plupart des prêtres vicieux vivre dans l'aise et sans difficultés ?

Qui se met en peine de travailler à apporter le remède à leurs désordres ? Combien se trouve-t-il de personnes qui parlent, qui agissent fortement pour ce sujet ; à moins que d'avoir quelque intérêt propre qui y pousse ?

Car en ce cas l'on fait toutes les poursuites possibles, l'on en parle aux supérieurs avec ardeur, l'on en fait faire des informations très exactes avec soin, l'on fait venir les témoins, l'on emploie ses amis, l'on crie, l'on demande justice, l'on n'épargne ni argent ni peines pour en venir à bout : l'on plaide, l'on continue les procès, on les porte de tribunal en tribunal, et tout cela parce que l'on y est intéressé.

C'est que l'on a reçu quelque injure du prêtre, que l'on en a souffert quelque chose, ou bien qu'il résiste aux desseins que l'on a ; car lorsqu'il ne s'agit que de l'intérêt de Dieu, que de la profanation de nos plus augustes mystères, que du mépris exécrable du sang de Notre-Seigneur que l'on foule aux pieds, que de la damnation des âmes, l'on garde le silence, ou si l'on parle, c'est bien faiblement, et tout au plus l'on s'arrête à en déplorer le mal : mais qui fait un procès pour Jésus-Christ et pour ses divins intérêts ?

Cependant si quelque homme de Dieu rempli de son esprit attaque le péché, combat les désordres, retire les âmes du libertinage, travaille à la réforme du clergé et des peuples, à même temps l'on voit de tous côtés des gens qui s'élèvent, qui médisent, qui calomnient, qui s'animent, qui font des ligues, qui apportent mille contradictions : c'est que le diable décharge sa rage par ces personnes, ne pouvant supporter l'établissement du royaume de Dieu.

Le juste doit demander à Dieu le don de force pour vaincre tous ces obstacles, et considérer que le sage médecin aime bien mieux laisser crier son malade à raison de la douleur que les remèdes lui causent pour lui redonner la santé, qu'en lui ôtant ces remèdes douloureux, le laisser dans quelque repos qui serait suivi de la mort. (...)

Source : Livres-mystiques.com

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Message par amidelamisericorde »

CHAPITRE XIV
La doctrine de la croix est un mystère caché


(...) Le démon qui prévoit les biens immenses qui sont attachés à l'esprit de la croix, n'y forme pas seulement des oppositions par la délicatesse des sens, ou par le bien apparent d'une paix que Jésus-Christ n'est pas venu apporter en terre ; mais se servant du spécieux prétexte de la gloire de Dieu, il combat l'état des souffrances, qui est le moyen le plus efficace pour l'établir.

Il ne manque pas, cet esprit de tromperie, d'insinuer dans les esprits que la pauvreté, la douleur, les mépris, les calomnies et opprobres, la haine des gens, leurs contradictions et persécutions, leurs rebuts et délaissements rendent inhabiles les personnes qui les souffrent à procurer la gloire de Dieu et le salut des âmes : et il lui est d'autant plus facile d'imprimer ces sentiments dans les esprits, qu'ils sont plus conformes aux sens et à la raison même : et c'est ce qui fait que le torrent des hommes en va là, y en ayant bien peu qui, s'élevant par la foi au-dessus des sens et de la raison même, ne regardent les choses que comme Dieu le voit.

Cependant, c'est une vérité immuable dans le christianisme, que nous apprenons de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que le grain de froment tombant en terre, ne rapporte rien s'il ne pourrit ; mais s'il pourrit, qu'il rapporte beaucoup (Joan. XII, 24, 25) : et notre divin Maître dont il est écrit (Psal. LXXVII, 2) qu'il ouvrirait sa divine bouche en parabole, s'est voulu servir de cette similitude pour nous marquer la nécessité de la croix, pour pouvoir travailler à sa gloire avec bénédiction : car enfin ces paroles sacrées ne nous font-elles pas assez voir qu'on ne peut pas attendre grand'chose d'une âme que les souffrances n'anéantissent pas, et qu'il faut être crucifié avec Jésus-Christ pour glorifier dignement le Père éternel avec lui.

Qu'on lise toute l'histoire ecclésiastique, et toutes les Vies des saints, et l'on verra depuis l'établissement de l'Église jusqu'à nos jours, que les grands ouvrages du Saint-Esprit ne se sont faits que par des personnes de croix, en sorte que ces personnes sont nées dans les croix, et y ont vécu, ou bien elles ont été introduites dans les états de souffrances par la privation des honneurs, des biens et plaisirs de ce monde, qu'elles ont volontairement choisie, ou qui leur est arrivée par une pure conduite de la Providence, qui quelquefois même fait des coups admirables pour les y faire venir.

Combien de fois a-t-il, pour ainsi dire, comme il a été déjà remarqué, renversé toutes choses, fermant les yeux et bouchant les esprits pour crucifier une personne, et la rendre ensuite propre à l'établissement de ses divins intérêts.

Combien de fois a-t-on eu sujet de s'étonner lorsqu'on a vu des pères et des mères s'oubliant de la nature même, tourmenter cruellement leurs enfants, des maris leurs femmes, des femmes leurs maris ; lorsqu'on a vu des personnes intimement amies se quitter inhumainement ; des personnes que l'on avait extraordinairement obligées, trahir méchamment leurs bienfaiteurs, des riches tomber tout à coup dans des pauvretés extrêmes, des personnes estimées, dans le déshonneur et l'abandonnement : mais ces choses n'arrivent pas sans une conduite très particulière de Dieu, qui s'en sert à ses desseins, qui vont à mettre en croix et faire mourir au monde les âmes qu'il a élues pour ses plus grands ouvrages.

Ce ne sont pas les souffrances que nous remarquons dans les personnes, qui nous doivent ôter les espérances du bien que l'on en peut attendre ; mais bien au contraire, quand elles sont dans l'honneur et l'applaudissement, l'on n'en peut pas espérer grand'chose. (...)

Source : Livres-mystiques.com

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Message par amidelamisericorde »

CHAPITRE XIV
La doctrine de la croix est un mystère caché


(...)Un grand cardinal, qui était prince de naissance, voulut entreprendre la réforme des chanoines réguliers de Lorraine, et il n'en put venir à bout. Il était néanmoins très bien intentionné, il avait le pouvoir de l'Église et le secours de l'État : son autorité devait, ce semble, lever tous les empêchements qui pouvaient se présenter : cependant, cette réforme est réservée à un pauvre religieux que ses propres frères avaient voulu empoisonner plusieurs fois, qui faisait ses voyages dans des paniers de charbonnier : cet équipage humble fit trembler tout l'enfer ; qui ne se trouve pas ému de se voir attaqué par des pages et des carrosses !

Saint Charles Borromée est choisi de Dieu pour renouveler l'esprit ecclésiastique, il faut qu'il aille par le chemin royal des croix. Il est cardinal et un grand archevêque, et il semble que ces éminentes et très illustres qualités le doivent exempter de marcher par le chemin des souffrances : mais s'il a fallu que Jésus-Christ ait souffert pour entrer dans sa gloire (Luc. XXIV, 26), ses serviteurs n'y peuvent arriver par une autre voie. On murmure contre ce grand homme, on lui tend des piéger pour le perdre, on fait des ligues pour le ruiner, on crie, on trouve à redire à sa conduite, on décrie même sa dévotion.

L'on parle contre ses pèlerins, l'on remontre au Pape son oncle qu'il se rendait ridicule, et qu'il ne vivait pas ni ne marchait pas en cardinal et en prélat ; que sa conduite était extraordinaire, indigne de sa condition, et qu'au reste il y avait une personne auprès de lui qui lui faisait faire toutes ces dévotions extravagantes (c'était un Père de la Compagnie de Jésus, qui s'en alla depuis aux pays étrangers), et que Sa Sainteté devait lui ordonner de se retirer.

La persécution alla si avant, qu'on prêchait contre le saint en sa présence ; et après tout on conspira contre sa vie, et l'on en vint à l'exécution, en sorte que sans un miracle le saint eût été tué d'une balle qui lui fut tirée, qui tomba par terre sans lui faire aucun mal, l'homme de Dieu demeurant dans une paix si profonde, que la chose étant arrivée durant le temps de l'oraison, il voulut qu'elle fut continuée dans la même tranquillité et sans aucune interruption, comme à l'ordinaire.

Quelles persécutions n'a pas souffertes saint Ignace, le fondateur de la Compagnie de Jésus ? N'a-t-on pas dit de lui qu'il méritait d'être brûlé ? Combien de libelles a-t-on donnés au public contre ce grand saint ? N'a-t-il pas vu ses enfants dans les dernières des humiliations ?

N'a-t-il pas vu ses enfants dans les dernières des humiliations ? Il les a vus excommunier, et ensuite tout le clergé venir devant leur maison, chantant le psaume CVIII, qui est un psaume d'exécration contre Judas, la croix renversée, pour marquer l'horreur que l'on avait de ces Pères, la populace armée de pierres pour les assommer, des tableaux posés dans toutes les places publiques, où ils étaient dépeints entre les mains des démons qui les jetaient dans des feux et des flammes.

Ces contradictions extraordinaires rehaussaient incroyablement l'espérance de saint Ignare : et ce fut un des motifs qui engagea le bienheureux François de Borgia d'entrer dans la Compagnie de Jésus. (...)

Source : Livres-mystiques.com

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