Traité d’oraison et de méditation de St Pierre d'Alcantara

Postez ici vos intentions de prière.
amidelamisericorde
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PREMIÈRE SÉRIE DE MÉDITATIONS
Pour chaque jour de la semaine

SAMEDI
Méditation sur le ciel


(...) Saint Jean dit que la multitude des élus est si grande, que nul ne peut venir à bout de les compter. Saint Denis dit que le nombre des anges est si grand, qu'il dépasse, sans comparaison, celui de toutes les choses matérielles que renferme la terre. Saint Thomas, se conformant au sentiment de saint Denis, dit : De même que la grandeur des cieux l'emporte, sans proportion, sur celle de la terre ; de même la multitude de ces esprits glorieux l'emporte, avec la même supériorité, sur celle de toutes les choses matérielles qui sont renfermées en ce monde. Or, que peut-on concevoir de plus admirable ? Certes, c'est là une chose qui, bien approfondie, suffirait pour jeter tous les hommes dans le ravissement.

En outre, chacun de ces bienheureux esprits, même le moindre d'entre eux, est plus beau que tout ce monde visible. Que sera-ce donc de voir un nombre si prodigieux de ces esprits si beaux, de voir les perfections, les offices de chacun d'entre eux ? Là, les Anges portent les messages, les Archanges servent, les Principautés triomphent, les Puissances tressaillent d'allégresse les Dominations exercent l'empire, les Vertus resplendissent, les Trônes jettent des éclairs, les Chérubins envoient leurs lumières, les Séraphins brûlent, et tous chantent des cantiques de louanges à Dieu. Si la compagnie et le commerce des bons a tant de charme et de douceur, que sera-ce de traiter dans le ciel avec tant de saints, de s'entretenir avec les apôtres, de converser avec les prophètes, de communiquer avec les martyrs et tous les élus ? S'il y a tant de gloire à jouir de la compagnie des bons, que sera-ce de jouir de la compagnie et de la présence de Celui que louent les étoiles du matin, dont le soleil et la lune admirent la beauté, et devant qui se courbent de respect et d'amour les anges et tous ces esprits souverains ? Que sera-ce de voir ce bien universel en qui sont tous les biens, et ce monde supérieur en qui sont tous les mondes ? De voir Celui qui, étant un, est cependant toutes choses ; et qui, étant souverainement simple, embrasse toutes les perfections ? Si ce fut une si grande chose d'entendre et de voir le roi Salomon, que la reine de Saba disait : Bienheureux ceux qui vivent en votre présence et qui jouissent de votre sagesse ! Que sera-ce de voir ce grand Dieu dont Salomon ne fut que l'image, de contempler de ses propres yeux cette éternelle sagesse, cette infinie grandeur, cette inestimable beauté, cette bonté immense, et d'en jouir à jamais ? C'est là la gloire essentielle des saints ; c'est là la fin dernière, le terme suprême de tous nos désirs. (...)

Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)

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amidelamisericorde
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PREMIÈRE SÉRIE DE MÉDITATIONS
Pour chaque jour de la semaine

SAMEDI
Méditation sur le ciel


(...) Considérez ensuite la gloire des corps. Ces quatre qualités feront leur éternel apanage : la subtilité, l'agilité, l'impassibilité, la clarté. Cette clarté sera si grande que le corps de chaque élu resplendira comme le soleil dans ce royaume de la gloire. Or, si un seul soleil placé au centre du ciel suffit pour donner la lumière et l'allégresse à tout cet univers, que feront tant de vivants soleils et tant de lampes inondant de leurs clartés ce divin séjour ?

Que dire maintenant de tous les autres biens qui s'y trouvent réunis ? Là, la santé, sans maladie ; la liberté, sans esclavage ; la beauté, sans ombre et sans défauts ; l'immortalité, sans atteinte de corruption ; l'abondance, sans besoins ; le repos, sans trouble ; la sécurité, sans crainte ; les connaissances, sans erreur ; le rassasiement, sans dégoût ; la joie, sans tristesse ; et l'honneur, sans contradiction. Là, nous dit saint Augustin, sera la véritable gloire, où nul ne sera loué par erreur ni par flatterie. Là, le véritable honneur, qui ne sera point refusé au digne, ni accordé à l'indigne. Là sera la véritable paix, où l'on n'aura rien à souffrir ni de soi ni des autres. La récompense de la vertu sera Celui qui donna la vertu, et se promit lui-même comme salaire et comme couronne de la vertu ; il sera éternellement contemplé face à face, il sera aimé d'un amour toujours nouveau et béni avec une ardeur toujours renaissante. Là, un séjour vaste, beau, resplendissant, sûr. Là, une compagnie parfaite et souverainement aimable. Là, un temps à souhait, et toujours le même, sans distinction de soir ni de matin ; c'est la durée simple de l'éternité qui persévère. Là, un perpétuel printemps qui, par la fraîcheur et l'haleine de l'Esprit-Saint, fleurit sans cesse. Là, tous sont dans l'allégresse ; là, tous bénissent et chantent ce souverain Bienfaiteur de qui émanent tous les dons, et par la largesse duquel ils vivent et règnent pour une éternité. Ô cité céleste, séjour sûr, terre, paradis de toutes les délices, peuple heureux, où l'on n'entend jamais aucune plainte, habitants paisibles, mortels fortunés à qui rien ne manque ! Ah ! Que ne puis-je en ce moment voir le terme de mon combat ! Oh ! Si mon exil touchait à sa fin ! Quand arrivera ce jour ? Quand viendrai-je, et quand me sera-t-il donné de paraître devant la face de mon Dieu ? (...)

Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)

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PREMIÈRE SÉRIE DE MÉDITATIONS
Pour chaque jour de la semaine

DIMANCHE
Méditation sur les bienfaits de Dieu


Ce jour, vous méditerez sur les bienfaits de Dieu pour lui en rendre grâces et pour vous embraser d'amour envers Celui qui vous a comblé de tant de biens. Quoique ces bienfaits soient innombrables, néanmoins il en est cinq principaux qui pourront être, d'une manière plus particulière, l'objet de votre méditation ; les voici : la création, la conservation, la rédemption, la vocation, enfin, les bienfaits particuliers et cachés.

Et d'abord, quant au bienfait de la création, considérez attentivement ce que vous étiez avant d'être tiré du néant, ce que Dieu fit pour vous, et ce qu'il vous donna avant aucun mérite de votre part. Ce corps avec ses membres et ses sens, cette âme si excellente avec ses trois nobles facultés, l'entendement, la mémoire, la volonté, c'est un pur don qu'il a fait à votre néant. Et remarquez bien que vous donner une âme de cette nature, c'était en même temps vous donner toutes choses ; car il n'y a aucune perfection, dans quelque créature que ce soit, que l'homme ne la possède à sa manière ; par où l'on voit qu'en nous dotant seulement de cette âme immortelle, Dieu, d'un seul coup, nous donnait le monde entier en apanage.

Quant au bienfait de la conservation, considérez combien votre être tout entier dépend de la providence divine, comment vous ne pourriez ni vivre un instant, ni faire un pas, si Dieu n'intervenait. Embrassant d'un regard toutes les choses de ce monde, admirez comment, dans sa bonté, Dieu les créa pour votre service, la mer, la terre, les oiseaux, les poissons, les animaux, les plantes, et jusqu'aux anges du ciel. Ce n'est pas tout : c'est lui qui vous donne la santé, les forces, la vie, la nourriture, avec tous les autres secours temporels. En outre, pesez avec beaucoup de réflexion les misères et les désastres où vous voyez chaque jour tomber d'autres hommes ; vous auriez pu, vous aussi, y tomber, si Dieu, dans sa bonté, ne vous en eût préservé.

Quant au bienfait de la rédemption, vous pouvez considérer deux choses : la première, le nombre et la grandeur des biens dont Dieu nous enrichit par ce mystère ; la seconde, le nombre et la grandeur des maux que ce divin Rédempteur souffrit en son corps et en son âme très sainte pour nous gagner ces biens. Afin de mieux sentir ce que vous devez à ce Seigneur, vous pouvez considérer ces quatre principales circonstances dans le mystère de sa sainte passion : Quel est celui qui souffre ? Que souffre-t-il ? Pour qui souffre-t-il ? Pour quelle cause souffre-t-il ? (...)

Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)

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amidelamisericorde
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PREMIÈRE SÉRIE DE MÉDITATIONS
Pour chaque jour de la semaine

DIMANCHE
Méditation sur les bienfaits de Dieu


(...) Quel est celui qui souffre ? C'est un Dieu. Que souffre-t-il ? Les plus grands tourments, les plus grandes ignominies que l'on endura jamais. Pour qui souffre-t-il ? Pour des créatures dignes de l'enfer, exécrables, et, par leurs œuvres, semblables aux démons eux-mêmes. Pour quelle cause souffre-t-il ? Ce n'est ni son profit, ni nos mérites qui lui font embrasser la croix, mais uniquement les entrailles de sa charité et de sa Miséricorde.

Venons au bienfait de la vocation. Voyez combien est grande la grâce que Dieu vous a faite en vous mettant au nombre des chrétiens, en vous appelant à la foi par le baptême, et en vous donnant part aux autres sacrements. Si, après une vocation si sainte, vous avez eu le malheur de perdre l'innocence, et si alors il vous a retiré du péché, rendu à sa grâce et rétabli dans l'état de justice, comment pourrez-vous jamais lui témoigner assez de reconnaissance et d'amour pour un tel bienfait ? Quelle n'a pas été sa miséricorde à votre égard de vous attendre si longtemps, de supporter tant de péchés, de vous envoyer tant d'inspirations, et de ne pas trancher le fil de votre vie comme il l'a tranché pour d'autres qui étaient dans le même état que vous ! Au lieu de céder à sa justice, c'est lui, c'est ce Dieu de clémence qui vous a appelé du tombeau du péché par un cri si puissant de sa grâce, que vous vous êtes vu ressuscité de la mort à la vie, et que vous avez ouvert les yeux à la lumière. Comment enfin reconnaître la Miséricorde dont il a usé envers vous depuis l'heureux moment de votre conversion, en vous donnant la grâce de ne pas revenir au péché, de vaincre l'ennemi et de persévérer dans le bien ?

Ce sont là des bienfaits publics et connus ; il en est d'autres qui sont secrets, et dont celui qui les a reçus possède seul la connaissance ; il y en a même qui sont tellement secrets, qu'ils se dérobent à la connaissance de celui qui les reçoit, et ne sont connus que de Celui de la main duquel ils partent. Combien de fois n'auriez-vous pas, en ce monde, mérité par votre orgueil ou par votre négligence, ou par votre ingratitude, que Dieu vous abandonnât comme il en a peut-être abandonné un grand nombre pour quelqu'une de ces causes ? Et cependant il ne l'a pas fait. Qui pourra dire combien de maux, combien d'occasions de péché le Seigneur a daigné prévenir par sa providence, en détruisant les trames de l'ennemi, en lui coupant le chemin, en empêchant ses menées et ses conseils ? Combien de fois n'aura-t-il pas fait pour chacun d'entre nous ce qu'il dit à saint Pierre : « Vois, Satan a souhaité avec ardeur de vous broyer tous par la tentation, pour vous passer au crible comme du froment ; mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne succombe point. » Or, de tels secrets, qui peut les connaitre, sinon Dieu seul ? (...)

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PREMIÈRE SÉRIE DE MÉDITATIONS
Pour chaque jour de la semaine

DIMANCHE
Méditation sur les bienfaits de Dieu


(...) Les bienfaits positifs, l'homme peut bien parfois les connaître ; mais les bienfaits privés, qui ne consistent point à nous enrichir de biens, mais à nous délivrer des maux, qui en aura la connaissance ? Pour ces bienfaits inconnus, comme pour les autres, il est juste que nous ne cessions jamais de rendre grâces au Seigneur, et que nous comprenions combien nous sommes insolvables à son égard, combien ce que nous pouvons lui payer est peu de chose en comparaison de nos dettes, puisque nous ne pouvons pas même comprendre ce que nous lui devons.

CHAPITRE III
Du temps que l’on doit donner aux méditations précédentes,et du fruit qu’on en retire


Voilà, lecteur chrétien, les sept premières méditations dans lesquelles vous pouvez vous occuper et vous entretenir chaque jour de la semaine. Ce n'est pas que vous ne puissiez prendre d'autres sujets que ceux que je propose ; car, comme nous l'avons déjà dit, tout ce qui porte notre cœur à l'amour et à la crainte de Dieu, et à l'observation de ses commandements, est une excellente matière de méditation. Mais il y a deux raisons de signaler les méditations précédentes. La première, parce qu'elles nous font approfondir les principaux mystères de notre foi et que ce sont les sujets qui, de leur nature, nous portent le plus efficacement aux sentiments que je viens de dire.

La seconde, afin que ceux qui commencent, et qui comme des enfants ont besoin de lait, trouvent ici toutes préparées et en ordre les choses qu'ils peuvent méditer ; et afin qu'ils ne marchent pas comme des étrangers dans des régions inconnues, incertains de la route à suivre, prenant tantôt un sujet de méditation, tantôt un autre, sans se fixer à aucun.

Il est encore bon de savoir que les méditations de cette première semaine sont très convenables, comme nous l'avons déjà dit, pour le commencement de la conversion, c'est-à-dire, lorsque l'homme revient à Dieu, parce qu'aIors il est très utile de commencer par toutes les choses qui peuvent nous exciter à la douleur, à l'horreur du péché, à la crainte de Dieu et au mépris du monde, qui sont les premiers pas à faire dans ce chemin. Pour cette raison, ceux qui commencent à servir Dieu, doivent s'exercer durant quelque temps dans la considération de ces sujets, afin qu'ils se fondent ainsi d'une manière plus solide dans les vertus et dans les sentiments dont nous avons parlé.(...)

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DEUXIÈME SÉRIE DE MÉDITATIONS
Pour chaque jour de la semaine

CHAPITRE IV
Manière de méditer la Passion


Voici maintenant sept méditations sur la passion, la résurrection et l'ascension de Notre-Seigneur, auxquelles on pourra ajouter les autres principaux mystères de sa très sainte vie.

Il faut remarquer ici qu'il y a six choses à méditer principalement dans la Passion de Jésus-Christ. La grandeur de ses souffrances, afin de nous émouvoir à la compassion ; la gravité de notre péché, qui est cause de ces souffrances, afin de l'avoir en horreur ; la grandeur du bienfait, afin d'en remercier le divin Maître ; l'excellence de la bonté et de la charité divines qui éclatent en ce mystère, afin de les aimer ; la convenance du mystère, afin de l'admirer ; enfin, les vertus de Jésus-Christ qui resplendissent dans le cours de sa passion, afin de les imiter.

Suivant cet enseignement, nous devons donc, lorsque nous allons méditer, exciter tour à tour notre cœur aux divers sentiments que nous venons de dire. Tantôt nous devons l'exciter à compatir aux douleurs de Jésus-Christ qui ont été les plus grandes du monde, tant à cause de la délicatesse de son corps et de l'excès de son amour, qu'à cause de l'absence de toute consolation où il les a endurées, comme nous l'avons dit plus haut. Tantôt nous devons tirer de la vue du divin Maître des motifs de douleur de nos péchés, en considérant qu'ils furent cause des tourments extraordinaires qu'il endura. Tantôt nous devons en tirer des motifs d'amour et de reconnaissance, en considérant la grandeur de l'amour qu'il nous manifesta, et la grandeur du bienfait par lequel il nous releva, nous rachetant d'une manière si surabondante, au prix de tant de souffrances pour lui, et avec un si ineffable avantage pour nous.

D'autres fois nous devons admirer la convenance du moyen que Dieu a pris pour guérir notre misère ; c'est-à-dire pour payer nos dettes pour nous secourir dans nos nécessités, pour nous mériter sa grâce, pour humilier notre orgueil, et pour nous porter au mépris du monde à l'amour de la croix, de la pauvreté, de la pénitence, des injures, et de toutes les peines qu’accompagnent d'ordinaire la vertu et la vie chrétiennes.

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DEUXIÈME SÉRIE DE MÉDITATIONS
Pour chaque jour de la semaine

CHAPITRE IV
Manière de méditer la Passion


D'autres fois, il nous faut jeter les yeux sur les exemples des vertus qui resplendissent en sa très sainte vie et en sa très sainte mort, sur sa douceur, sur sa patience, sur son obéissance, sur sa Miséricorde, sur sa pauvreté, sur sa pénitence, sur sa charité, sur son humilié, sur sa bénignité, sur sa modestie, et sur toutes les autres vertus, qui resplendissent dans toutes ses œuvres et toutes ses paroles, plus que les étoiles dans le firmament, afin d'imiter en quelque petite chose ce divin modèle ; de cette sorte, nous ferons fructifier l'esprit et la grâce qu'il lui a plu de nous donner pour cela, et nous irons ainsi de lui à lui. C'est là la plus haute et la plus utile manière de méditer la passion de Jésus-Christ, j'entends de la méditer par voie d'imitation. Car par là, nous pourrons arriver à la transformation, et nous pourrons dire avec l'Apôtre : « Je vis, non, ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi. » (Gal., II, 20.)

Mais de plus, il convient dans tous ces mystères, d'avoir toujours Jésus-Christ présent devant nos yeux, et de nous considérer nous-mêmes comme présents devant lui. Non-seulement nous devons méditer chacun des mystères de sa passion, mais nous devons encore en peser toutes les circonstances, et spécialement les quatre suivantes : Qui est celui qui souffre ? Pour qui souffre-t-il ? Comment souffre-t-il ? Pour quelle cause souffre-t-il ?

Qui est celui qui souffre ? C'est un Dieu tout-puissant, infini, immense, un Dieu en un mot qui possède toutes les perfections. Pour qui souffre-t-il ? Pour la créature la plus ingrate et la plus méconnaissante qui fut jamais. Comme souffre-t-il ? Avec une humilité, une charité, une bénignité, une douceur, une Miséricorde, une patience, une modestie toutes divines. Pour quelle cause souffre-t-il ? Ce n'est pour aucun intérêt propre, ni parce que nous l'avons mérité, mais uniquement à cause de l'infinie bonté et de l'infinie Miséricorde de son cœur.

Enfin l'on ne doit pas se contenter de méditer ses douleurs extérieures, il faut encore méditer, et avec beaucoup plus de soin, celles qu'il endure au dedans de lui-même ; parce que l'âme de Jésus-Christ offre à la contemplation un bien plus vaste champ que son corps sacré, soit sous le rapport du sentiment des souffrances, soit sous le rapport des autres sentiments qui remplissaient cette âme, et des pensées qui l'occupaient.

Après ce petit préambule, commençons à reprendre et à mettre par ordre les mystères de la sainte Passion.(...)

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CHAPITRE IV
Manière de méditer la Passion

LUNDI

Méditation sur le lavement des pieds et l'institution du Très-Saint-Sacrement
En ce jour, après le signe de croix et la préparation déjà indiquée, vous méditerez sur Notre-Seigneur lavant les pieds à ses disciples, et instituant le très-saint Sacrement.

Considère, ô mon âme, dans cette cène la ravissante douceur, l'ineffable bonté de ton Jésus ; vois l'inestimable exemple d'humilité qu'il te donne, en se levant de table et en lavant les pieds à ses disciples.

Ô bon Jésus, que faites-vous ? Ô doux Jésus, pourquoi votre majesté s'abaisse-t-elle à un tel point ! Ô mon âme, qu'aurais-tu senti si tu avais vu ton Dieu à genoux devant les pieds des hommes, surtout devant les pieds de Judas ? Cruel, comment ton cœur ne s'amollit-il pas en présence d'une si grande humilité ? Comment tes entrailles ne se brisent-elles pas en présence d'une si touchante mansuétude ? Est-il possible que tu aies résolu de vendre ce très doux agneau ? Est-il possible que la componction ne pénètre pas ton âme à la vue de cet exemple ? Ô blanches et belles mains, comment pouvez-vous toucher des pieds si souillés et si abominables ? Ô très pures mains, comment ne reculez-vous pas d'horreur en lavant ces pieds dégoûtants de la boue du crime, et qui ont couru les chemins de la trahison pour trafiquer de votre sang ? Ô apôtres bienheureux, comment ne tremblez-vous pas en voyant cet excès d'humilité ? Pierre, que fais-tu ? Consentiras-tu par hasard que le Seigneur de la majesté te lave les pieds ? Saisi d'étonnement et comme hors de lui-même, dès qu'il a vu le Seigneur à genoux devant lui, il commence à lui dire : « Eh ! Quoi, Seigneur, c'est vous qui me lavez les pieds ? N'êtes-vous pas le Fils du Dieu vivant ? N'êtes-vous pas le Créateur du monde ? N'êtes-vous pas la beauté du ciel ? Le paradis des anges ? Le salut des hommes ? La splendeur de la gloire du Père ? La fontaine de la sagesse de Dieu, dans les hauteurs du ciel ? Et c'est vous qui voulez me laver les pieds ! Vous, Seigneur de tant de majesté et de gloire, vous voulez me rendre un office si humiliant et si bas ! »
(...)

Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)

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CHAPITRE IV
Manière de méditer la Passion

LUNDI


(...) Considérez aussi comment cet adorable Maître, en achevant de laver les pieds, les essuie avec ce linge dont il était ceint ; pénétrez plus avant avec les yeux de l'âme, et dans ce mystère vous verrez représenté au vif le témoignage de notre rédemption. Voyez comme ce linge prenant tout ce qu'avaient d'immonde ces pieds souillés, ils demeurèrent propres, tandis que le linge mystérieux, après cet office, gardait toutes les taches et toutes les souillures. Quoi de plus souillé que l'homme conçu dans le péché ? Et quoi de plus pur et de plus beau que le Christ conçu de l'Esprit-Saint ?

Mon Bien-Aimé est blanc, mais il a aussi l'éclat vermeil de la rose, dit l'Épouse des Cantiques, et il est choisi entre mille. C'est ce Bien-Aimé si beau et si pur qui a voulu recevoir en lui toutes les taches et toutes les souillures de nos âmes ; mais ce qu'il enlève à ces âmes, qu'il laisse pures et affranchies, il le garde sur la croix, et c'est ce qui le fait paraître à nos yeux si flétri et si défiguré.

Méditez ensuite ces paroles par lesquelles le Sauveur met fin à cette histoire : Je vous ai donné l'exemple, afin que vous fassiez comme vous m'avez vu faire. Il ne faut pas seulement rapporter ces paroles à ce mystère et à cet exemple d'humilité, mais encore à toutes les œuvres et à la vie entière de Jésus-Christ ; car elle est le modèle le plus accompli de toutes les vertus, et en particulier de celle qui se montre si bien à nous dans ce mystère.

De l’institution du Très-Saint Sacrement

Pour comprendre quelque chose de ce mystère, il faut présupposer qu'il n'y a point de langue sur la terre qui puisse exprimer la grandeur de l'amour que Jésus-Christ porte à l'Église, son épouse, et par conséquent à chacune des âmes qui sont en état de grâce, parce que chacune d'elles est aussi son épouse. Étant donc sur le point de quitter cette vie et de priver de sa présence l'Église, son épouse, ce très doux Époux, de crainte que cette séparation ne fût pour elle une cause d'oubli, lui laissa pour mémorial ce très saint Sacrement, dans lequel il restait lui-même, ne voulant pas qu'entre lui et elle, il y eût, pour le rendre sans cesse présent à son souvenir, d'autre gage d'amour que lui-même. (...)


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CHAPITRE IV
Manière de méditer la Passion

LUNDI


(...) Le céleste Époux voulait aussi, durant une si longue absence, laisser à son épouse une compagnie, afin qu'elle ne demeurât pas seule ; il lui laissa celle de ce sacrement où il réside lui-même, lui donnant ainsi la meilleure compagnie qu'il pût lui laisser.Il voulait aussi, en ce moment, aller souffrir la mort pour son épouse, la racheter et l'enrichir du prix de son sang ; et afin qu'elle pût à son gré jouir de ce trésor, il lui en laissa les clefs dans ce sacrement ; « car, comme dit saint Chrysostome, toutes les fois que nous nous en approchons , nous devons penser que nous portons nos bouches au côté de Jésus-Christ, que nous nous abreuvons à la source de son précieux sang, et que nous nous rendons participants de ce divin trésor. » Ce céleste Époux désirait aussi d'être aimé d'un grand amour par son épouse ; et, dans ce dessein, il institua cette mystérieuse nourriture, consacrée par des paroles telles, que quiconque la reçoit dignement, est aussitôt touché et blessé de cet amour.

Il souhaitait, de plus, rassurer son épouse, et lui donner des gages de la possession éternelle de son royaume, afin que, par l'espérance de ce bonheur, elle traversât avec allégresse toutes les tribulations et toutes les souffrances de cette vie. Et, voulant que l'épouse vécût dans une espérance certaine de ces biens éternels, il lui en laissa pour gage sur la terre cet ineffable trésor, qui vaut autant que tout ce qu'elle espère dans le ciel, afin qu'elle ne doutât jamais que son Dieu ne lui donnât un jour, dans la gloire où elle vivra en esprit, ce même trésor dont il l'avait enrichie dans cette vallée de larmes, où elle vit dans l'infirmité de la chair.

Il voulait aussi, à l'heure de sa mort, faire un testament, et léguer à son épouse quelque don signalé qui fût sa consolation en cet exil ; et il lui laissa cet adorable sacrement comme le don le plus précieux et le plus avantageux dont il pût l'enrichir, puisque, avec ce don, il lui laissait son Dieu.

Enfin il voulait laisser à nos âmes un aliment pour les soutenir et les faire vivre, parce qu'elles n'ont pas moins besoin de nourriture pour vivre d'une vie spirituelle, que le corps pour vivre d'une vie corporelle. C'est pour ce sujet que ce sage médecin, qui connaissait bien notre faiblesse, institua ce sacrement sous forme de nourriture, afin que la forme même sous laquelle il l'instituait nous déclarât hautement l'effet qu'il opérait, et le besoin qu'en avaient nos âmes, qui ne peuvent pas plus vivre sans ce divin aliment, que le corps sans la nourriture qui lui est propre. (...)

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CHAPITRE IV
Manière de méditer la Passion

MARDI
Méditation sur l'oraison du jardin, sur la prise de notre Seigneur
et son entrée dans la maison d’Anne


En ce jour, vous méditerez sur l'oraison du jardin, sur la prise de Notre-Seigneur, sur son entrée dans la maison d'Anne, et sur l'affront qu'il y reçut.

Considérez comment le divin Maitre, après avoir terminé cette mystérieuse cène, s'en alla avec ses disciples à la montagne des Oliviers, pour prier avant d'entrer dans le combat de sa passion. Par là, il voulait nous enseigner, que, dans toutes les peines et les tentations de cette vie, nous devons toujours recourir à la prière, comme à une ancre assurée au milieu de la tempête. Par son efficacité, ou bien nous serons délivrés du poids de la tribulation, ou bien nous recevrons des forces pour le soutenir, ce qui est une nouvelle grâce plus grande. Le Seigneur, pour avoir une compagnie durant le chemin, prit avec lui les trois disciples qu'il chérissait le plus, saint Pierre, saint Jacques, saint Jean ; comme ils avaient été témoins de sa glorieuse transfiguration, il voulait qu'ils vissent de même la figure si différente que son amour pour les hommes allait faire prendre à Celui qui leur avait apparu si resplendissant de gloire au Thabor. Afin de leur faire comprendre que les souffrances de son âme n'étaient pas moindres que celles qui commençaient à paraître au dehors, il leur dit ces paroles empreintes d'une si profonde douleur : « Mon âme est triste jusqu'à la mort. Attendez ici, et veillez avec moi (1). » Ayant dit ces paroles, il s'éloigna des disciples à la distance d'un jet de pierre, et, prosterné contre terre, avec un très grand respect, il commença à prier, disant : « Mon Père, s'il est possible, que ce calice passe loin de moi ; cependant qu'il soit fait, non selon ma volonté, mais selon la vôtre (2). » Ayant fait cette prière trois fois, à la troisième, il entra dans une telle agonie, qu'il commença à suer des gouttes de sang qui coulaient avec abondance de son corps sacré, et tombaient à terre. Considérez attentivement ce bon Maître, dans ce mystère si douloureux. Là, il se représente tous les tourments qu'il va souffrir ; il voit de la manière la plus distincte les douleurs si cruelles que l'on prépare au plus délicat de tous les corps ; il voit tous les péchés du monde pour lesquels il souffrait, et en même temps l'ingratitude de tant d'âmes qui ne devaient ni reconnaître un tel bienfait, ni profiter d'un remède si grand et qui coûtait si cher. À cette vue, son âme est brisée par de telles angoisses, ses sens, son organisation si délicate, reçoivent une secousse si profonde, que les forces et toute l'harmonie de ce corps en demeurent troublées. Cette chair bénie s'ouvre de toutes parts, donne un libre passage au sang qui, de tous les membres, coule en telle abondance, qu'il ruisselle jusqu'à terre. (...)


Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)

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DEUXIÈME SÉRIE DE MÉDITATIONS
Pour chaque jour de la semaine

CHAPITRE IV
Manière de méditer la Passion

MARDI


En ce jour, vous méditerez sur l'oraison du jardin, sur la prise de Notre-Seigneur, sur son entrée dans la maison d'Anne, et sur l'affront qu'il y reçut.

(...) Si la chair, qui n'endurait que par contrecoup ces douleurs, en était là, que devait-il se passer dans l'âme qui les endurait directement ! Quand la prière du jardin est terminée, arrive ce faux ami, à la tête d'une infernale cohorte. Après avoir abdiqué l'apostolat, il s'est fait le chef et le capitaine de l'armée de Satan. Considérez comment il marche sans honte le premier, et comment, arrivé près du bon Maître, il le vend par un perfide baiser. À cette heure, le Seigneur dit à ceux qui venaient pour le prendre : « Vous êtes venus à moi, comme à un voleur, avec des épées et des lances ; j'étais au milieu de vous, chaque jour, dans le temple, et vous n'avez pas mis la main sur moi ; mais cette heure est la vôtre, et celle de la puissance des ténèbres (3). » C'est là un mystère qui doit jeter l'âme dans une bien grande admiration. Quoi de plus étonnant que de voir le Fils de Dieu prendre la ressemblance, non-seulement d'un pécheur, mais encore celle d'un réprouvé ? « Celle-ci est votre heure, dit-il, et celle de la puissance des ténèbres. » L'on infère de ces paroles que, pendant cette heure, ce très innocent Agneau fut livré au pouvoir des princes des ténèbres, qui sont les démons, pour qu'ils lui fissent subir, par le moyen de leurs ministres, tous les tourments et toutes les cruautés qu'ils voudraient. Vous qui méditez ceci, mesurez maintenant du regard jusqu'où voulut descendre, par amour pour vous, cette haute majesté d'un Dieu, puisqu'il descendit jusqu'au dernier de tous les maux, qui est d'être livré au pouvoir des démons. C'était la peine que méritaient vos péchés ; pour vous en délivrer, il voulut s'y soumettre et l'endurer.

Après ces paroles, cette troupe de loups affamés fond sur ce doux Agneau : les uns le saisissent d'un côté, les autres d'un autre, chacun comme il peut. Avec quelle inhumanité ils le traitent ! Quelles paroles insultantes ils lui adressent ! Que de coups ils déchargent sur lui ! Avec quelle violence ils l'entrainent ! Quels cris ils jettent ! Quelles horribles clameurs ! On dirait des vainqueurs qui ont saisi leur proie. Ils prennent ces saintes mains, qui un peu auparavant avaient opéré tant de miracles, et les attachent par des nœuds si forts, que la chair des bras en est déchirée et que le sang jaillit. (...)

Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)

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DEUXIÈME SÉRIE DE MÉDITATIONS
Pour chaque jour de la semaine


CHAPITRE IV
Manière de méditer la Passion

MARDI

(...) C'est ainsi qu'ils le mènent par les voies publiques, lié et couvert d'ignominie. Considérez bien attentivement comment il parcourt ce chemin, abandonné de ses disciples, accompagné de ses ennemis, forcé de hâter le pas, manquant d'haleine, les traits altérés, le visage enflammé et rouge par la précipitation de la marche. Au milieu de traitements si indignes, contemplez la modestie de sa figure, la dignité de son regard, et ce visage divin qui, au milieu de toutes les insultes du monde, ne put jamais être obscurci.
Suivez le divin Maître à la maison d'Anne. Là, répondant avec respect à la demande que lui adresse le pontife, sur ses disciples et sur sa doctrine, un de ces misérables qui étaient présents lui décharge un grand soufflet au visage, en lui disant : « Est-ce ainsi que tu réponds au pontife ? » Le Sauveur se contente de lui dire : « Si j'ai mal parlé, montrez en quoi ; et si j'ai bien parlé, pourquoi me frappez-vous ? »

Ô mon âme ! Considère bien ici, non-seulement la douceur de cette réponse, mais encore ce visage meurtri et coloré par la violence du coup, la modestie de ces yeux si sereins, ce front si calme, et, à l'intérieur, cette âme très-sainte, si humble et si disposée à présenter l'autre joue, si le bourreau le demandait.

MERCREDI
Méditation sur les outrages faits à Notre-Seigneur dans la maison de Caïphe,
sur le reniement de saint Pierre et sur la flagellation


En ce jour vous considérerez le Seigneur en présence de Caïphe, ce qu'il endura cette nuit, le reniement de saint Pierre, et la flagellation à la colonne.

Considérez d'abord comment le Seigneur est conduit de la maison d'Anne à celle du pontife Caïphe, où il est juste que vous le suiviez. Là, vous verrez éclipsé le Soleil de justice, et couvert de crachats ce visage divin que les anges ne se rassasient pas de contempler. Adjuré au nom de son Père de dire qui il était, le Sauveur répond d'une manière digne de lui ; mais ces malheureux, qui ne méritaient pas d'entendre une si haute réponse, s'aveuglent à l'éclat d'une si vive lumière.(...)

Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)

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CHAPITRE IV
Manière de méditer la Passion

MERCREDI
Méditation sur les outrages faits à Notre-Seigneur dans la maison de Caïphe,
sur le reniement de saint Pierre et sur la flagellation


(...)Se tournant contre le Sauveur comme des bêtes féroces, ils font éclater contre lui toute leur colère et leur rage : là, tous à l'envi déchargent sur ses joues les plus rudes soufflets, et les coups les plus violents sur sa tête. Ils osent, avec leurs bouches infernales, cracher sur ce visage divin. Ils lui couvrent les yeux avec un bandeau, et lui donnant de cruels soufflets, ils se jouent de lui, disant : Devine qui t'a frappé. Ô humilité ! Ô admirable patience du Fils de Dieu ! Ô beauté des anges ! Était-ce donc là un visage sur qui dussent tomber des crachats ? C'est vers le coin le plus vil que les hommes se tournent quand ils veulent cracher, et dans tout ce palais, il ne se trouve donc pas un endroit plus vil que le visage de mon Dieu, pour être ainsi souillé par le dernier des outrages ? Comment ne t'humilies-tu pas à cet exemple, toi qui n'es que cendre et que poussière ?

Considérez ensuite les tourments qu'endura le Sauveur durant toute cette nuit si douloureuse. Les soldats qui le gardaient se faisaient un jeu sacrilège de sa personne, au rapport de saint Luc ; et, pour vaincre le sommeil de la nuit, ils ne cessaient de l'accabler des plus amères dérisions, et de se jouer du Seigneur de la gloire.

Vois, ô mon âme, comme ton très doux Époux sert là de but pour recevoir les flèches de tant de coups et de soufflets qu'on lui donne. Ô nuit cruelle ! Ô nuit accablante et sans repos ! Durant ces longues heures, ô mon doux Jésus, vous ne dormiez point, et vos bourreaux ne dormaient pas non plus : les cruels, ils mettaient leur repos à multiplier vos tourments. La nuit a été faite pour que toutes les créatures prissent leur repos, afin que les sens et les membres fatigués des travaux du jour, trouvassent dans le sommeil une vigueur nouvelle ; et ce temps de la nuit, ces pervers le prennent, ô mon tendre Maître, pour tourmenter tous vos membres et tous vos sens, en blessant votre corps, en affligeant votre âme, en liant vos mains, en souffletant vos joues, en crachant sur votre visage, en torturant votre ouïe par l'insulte et le blasphème ; ils veulent, les inhumains, que dans le temps où tous les membres ont coutume de se reposer, tous en vous aient leurs souffrances et leurs tortures ! Que ces chants du matin étaient différents de ceux que les chœurs des anges, à la même heure, vous faisaient entendre dans le ciel ! Là ils disent : Saint ! Saint ! Saint ! Ici l'on dit : Qu'il meure ! Qu’il meure ! Crucifiez-le ! Crucifiez-le ! Ô anges du paradis qui entendiez ces deux voix, que devait-il se passer en vous, en voyant si maltraité sur la terre Celui que vous traitez avec un souverain respect dans le ciel ? Qu'éprouviez-vous en voyant que Dieu souffrait de tels tourments pour ceux-là mêmes qui les lui faisaient souffrir ? Qui jamais entendit parler d'un tel excès de charité, qui fait que l'on meurt pour arracher à la mort celui de qui l'on reçoit le coup mortel ?(...)

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Manière de méditer la Passion

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Méditation sur les outrages faits à Notre-Seigneur dans la maison de Caïphe,
sur le reniement de saint Pierre et sur la flagellation


(...) Les tourments de cette nuit douloureuse s'accrurent encore par le reniement de saint Pierre. Cet ami qui vivait dans une si intime familiarité avec le Sauveur, ce disciple choisi pour être témoin de la gloire de la transfiguration ; lui, honoré par-dessus tous les autres, par la primauté dans l'Église ; c'est lui qui, le premier de tous, non pas une, mais trois fois, en présence du Seigneur lui-même, jure et atteste par un faux serment qu'il ne le connaît point, et qu'il ne sait point qui il est. Ô Pierre, est-il donc un si méchant homme, Celui qui est là, que ce soit à tes yeux une si grande honte même de l'avoir connu ? Entends-le bien ! Par une telle conduite, le premier, tu portes contre lui la sentence de condamnation, avant les pontifes eux-mêmes, car tu fais naître la pensée que ton Maître est tel, que c'est un déshonneur pour toi seulement de le connaître. Peut-il y avoir une plus grande injure que celle-là ? Ce fut alors que le Sauveur se tourna, qu'il regarda Pierre, et que ses yeux rappelèrent cette brebis qui s'était perdue. Ô regard de mystérieuse puissance ! Ô regard silencieux, mais divinement expressif ! Pierre sut entendre ce langage et cette voix : le chant du coq n'avait pu le réveiller ; mais, à la voix de ce regard, il sort de son sommeil. Non-seulement les yeux de Jésus-Christ parlent, mais ils opèrent ; les larmes de Pierre en sont la preuve, larmes fortunées qui ne coulèrent pas tant des yeux de Pierre que des yeux de Jésus-Christ.

Après toutes ces injures, considérez les coups de verge que le Sauveur endura à la colonne. Le juge, voyant qu'il ne pouvait apaiser la furie de ces bêtes féroces possédées de la haine de l'enfer, résolut de faire subir à ce très doux Agneau un si effroyable châtiment, que la rage de ces cœurs si cruels en fût enfin satisfaite ; il espérait que, contents de cela, ils ne demanderaient plus sa mort. Entre maintenant, ô mon âme, entre en esprit dans le prétoire de Pilate. Prépare-toi à répandre des larmes, car il en faut, et beaucoup, pour ce que tu vas voir et entendre. Regarde comme ces cruels et vils bourreaux dépouillent le Sauveur de ses habits, avec la dernière inhumanité, et comme il se les laisse enlever avec une ineffable humilité, sans ouvrir la bouche ni répondre une seule parole à tant d'insultants traitements dont il était l'objet. Regarde comment bientôt ils attachent ce saint corps à une colonne, afin de pouvoir le blesser à plaisir, là où ils voudraient, et de la manière qu'ils voudraient. Vois combien était seul le Seigneur des anges au milieu de si cruels bourreaux, n'ayant ni protecteurs, ni défenseurs qui se déclarassent pour lui, ne rencontrant pas même des yeux dans lesquels il pût lire un sentiment de compassion. (...)

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Méditation sur les outrages faits à Notre-Seigneur dans la maison de Caïphe,
sur le reniement de saint Pierre et sur la flagellation


(...) Regarde comment ils commencent, sans perdre un moment, et de la manière la plus cruelle, à frapper avec leurs verges et leurs cordes hérissées de nœuds, ces chairs infiniment délicates ; comment les coups succèdent aux coups, comme les plaies s'ajoutent aux plaies, et les blessures aux blessures.

Quel spectacle ! Bientôt ce corps très saint se couvre de tumeurs livides, les chairs se déchirent, le sang jaillit et s'échappe en ruisseaux de toutes parts. Mais que sera-ce surtout de voir cette grande plaie qui s'est ouverte entre les épaules, parce que c'était là principalement que tombaient tous les coups !

Cette sanglante flagellation terminée, considérez comment le Sauveur couvre son corps, comment il va dans tout ce palais, cherchant ses habits en présence de ces cruels bourreaux, sans que personne le serve ni vienne à son secours ; sans que personne lui présente ni eau rafraîchissante, ni remède pour ses blessures, comme on a coutume de le faire pour ceux qui sont ainsi couverts de plaies.
Tous ces tourments du divin Maître sont faits pour exciter en nous une grande douleur et une vive reconnaissance ; ils doivent être aussi l'objet d'une profonde méditation.

JEUDI
Méditation sur le couronnement d'épines, sur l’Ecce Homo,
sur Notre-Seigneur portant sa croix et rencontrant sa sainte Mère


En ce jour, vous méditerez sur le couronnement d’épines, sur l'état où était le Seigneur lorsque Pilate dit aux Juifs : Voilà l'Homme ! Vous le considérerez ensuite portant sa croix, et rencontrant sa très sainte Mère.

Les paroles de l'Épouse dans le livre des Cantiques nous invitent à la considération de ces mystères si douloureux : « Sortez, dit-elle, filles de Jérusalem, et voyez le roi Salomon avec la couronne dont le couronna sa mère au jour de ses fiançailles et au jour de l'allégresse de son cœur. »(...)


Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)

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Manière de méditer la Passion

JEUDI
Méditation sur le couronnement d'épines, sur l’Ecce Homo,
sur Notre-Seigneur portant sa croix et rencontrant sa sainte Mère


(...) Ô mon âme, que fais-tu ? Ô mon cœur, que penses-tu ? Et toi, ma langue, comment es-tu muette ? Ô mon très-doux Sauveur, lorsque j'ouvre les yeux et que j'aperçois le tableau si douloureux que me présente ce mystère, je sens mon cœur se briser. Eh quoi ! Seigneur, n'était-ce donc pas assez des coups de fouet de la colonne, de votre mort prochaine, et de tant de sang répandu ? Fallait-il encore que les épines fissent violemment couler le sang qu'avait épargné la flagellation ! Ô mon âme, pour sentir un peu ce mystère de douleur, rappelle-toi d'abord l'image de cet adorable Maître avant sa passion, la souveraine excellence de ses vertus, et considère ensuite l'état où il est ici réduit. Oui, commence par contempler la grandeur de sa beauté, la modestie de ses yeux, la douceur de ses paroles, son autorité, sa mansuétude, sa sérénité et cet air divin qui commande tant de respect ; puis, quand tu auras ainsi reposé tes regards sur une figure si achevée, et que tu te seras enivrée de cette vue, viens considérer ton adorable Maître tel qu'il se montre ici, couvert de ce lambeau dérisoire de pourpre, le roseau pour sceptre royal à la main, cet horrible diadème sur la tête ; contemple ces yeux presque éteints, ce visage d'un mort, cette figure toute couverte de sang et salie par les crachats que ces misérables n'ont pas eu horreur de vomir contre lui. Considère-le bien tout entier, et au dedans et au dehors, le cœur traversé par les douleurs comme par un glaive, et le corps partout sillonné de blessures. Vois ton doux Maître abandonné de ses disciples, poursuivi par les Juifs, servant de jouet aux soldats, méprisé des pontifes, renvoyé avec dédain par un roi inique, accusé injustement, et destitué de tout appui humain. Ne considérez point cela comme une chose passée, mais comme présente, non comme une douleur étrangère, mais comme votre propre douleur. Mettez-vous vous-même à la place de celui qui souffre, et faites-vous une idée de ce que l'on vous ferait souffrir si, à un endroit aussi sensible que la tête, on enfonçait des épines nombreuses et aiguës qui pénétrassent jusqu'aux os. Que dis-je, des épines ? Quand ce ne serait qu'une piqûre d'épingle, à peine pourriez-vous l'endurer. Que devait donc souffrir cette tête de la plus délicate organisation qui fut jamais, quand on lui faisait endurer un tel genre de tourment ? Après que les épines ont été ainsi enfoncées autour de la tête du Sauveur, après qu'il a servi de jouet, le juge le prend par la main, et, dans l'horrible état où il est réduit, il le montre aux yeux du peuple transporté de fureur, et leur dit : Ecce Homo, voilà l'Homme, comme s'il disait : Si c'est par envie que vous demandiez sa mort, le voilà maintenant dans un état qui n'excite plus la jalousie, mais la compassion ; vous aviez peur qu'il ne se fît roi : le voilà si défiguré, qu'à peine il paraît un homme. Qu'avez-vous à craindre de ces mains liées ? Cet homme a été battu de verges, que demandez-vous de plus de lui ?(...)

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Méditation sur le couronnement d'épines, sur l’Ecce Homo,
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(...) Par là tu peux te former une idée, ô mon âme, de l'état dans lequel parut alors le Sauveur, puisque le juge crut qu'il suffisait de le montrer pour briser le cœur de pareils ennemis. Comprends aussi combien il est indigne qu'un chrétien n'ait pas compassion des douleurs de Jésus-Christ, puisqu'elles étaient si grandes, qu'au jugement de Pilate, elles devaient amollir des cœurs si endurcis.Voyant cependant que tous les supplices qu'on avait fait subir à ce très-doux Agneau ne suffisaient pas pour adoucir la fureur de ses ennemis, le juge rentre au prétoire et s'assied sur son tribunal pour prononcer la sentence définitive sur cette cause.

Déjà, aux portes, était la croix, instrument du supplice ; déjà commençait à se déployer en l'air ce redoutable étendard menaçant la tête du Sauveur. La cruelle sentence est enfin prononcée, elle est promulguée ; soudain les ennemis ajoutent cruauté à cruauté ; ils chargent sur ses épaules si meurtries, si déchirées par les coups de verge, le bois pesant de la croix. Ce tendre Sauveur ne refuse pas néanmoins de se courber sous ce fardeau qui n'était autre que celui de tous nos péchés ; que dis-je ? Par amour pour nous, il embrasse la croix avec une charité et .une obéissance infinies. L'innocent Isaac s'achemine donc vers le lieu du sacrifice avec ce fardeau si accablant sur ses épaules si affaiblies. Une grande multitude le suit ; là sont aussi plusieurs pieuses femmes qui l'accompagnent de leurs larmes. Et qui aurait pu ne pas verser des pleurs à la vue du Roi des anges gravissant la montagne du Calvaire avec une charge si pesante, les genoux tremblants, le corps incliné, les yeux modestes, le visage ensanglanté, avec cette guirlande à la tête, au milieu de ces honteuses clameurs et de ces vociférations que l'on proférait contre lui ?

Cependant, ô mon âme, détourne quelques instants tes regards de ce cruel spectacle ; va en toute hâte, navrée de douleur, exhalant tes gémissements et tes plaintes, va à la demeure de la Vierge ; dès que tu seras en sa présence, tombe à ses pieds, et dis-lui avec l'accent de la plus amère douleur :« Ô Souveraine des Anges, Reine du ciel, Porte du paradis, Avocate du monde et Refuge des pécheurs, Salut des justes, Allégresse des saints, Maîtresse des vertus, Miroir de pureté, Gardienne de la chasteté, Modèle de patience et vivant abrégé de toute perfection ! Grâce, grâce, ma Souveraine ! Pourquoi ma vie a-t-elle été conservée jusqu'à cette heure ? Comment puis-je vivre, ayant vu de mes yeux ce que j'ai vu ? Pourquoi en dire davantage ? Je viens de quitter votre Fils unique et mon Maître ; il est entre les mains de ses ennemis, il porte sur ses épaules une croix sur laquelle il va être immolé. »(...)

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(...)Qui pourrait jamais comprendre jusqu'où alla en ce moment la douleur de la Vierge ? Elle sentit son âme défaillir ; son visage et son corps virginal se couvrirent d'une sueur mortelle qui aurait dû lui ôter la vie, si Dieu, par un miracle ne l'eût réservée à un plus grand martyre, comme aussi à une plus grande couronne.

La Vierge se lève donc pour aller à la recherche de son Fils : le désir de le voir lui rend les forces que la douleur lui enlevait. Elle entend de loin le bruit des armes, le tumulte de la multitude, le cri des hérauts publics qui annonçaient la marche de la victime. Bientôt elle aperçoit les fers des lances et des piques qui brillaient en l'air ; elle trouve des gouttes et une trace de sang : c'en est assez pour suivre les pas de son Fils, elle n'a pas besoin d'autre guide. Elle approche de plus en plus de ce Fils bien-aimé, elle lève ses yeux obscurcis par la douleur et l'ombre de la mort, et cherche à découvrir ce Bien-Aimé de son âme. Ô amour, ô crainte du cœur de Marie ! D’un côté elle désirait de le voir, mais d'un autre, elle ne pouvait se résoudre à le voir dans un si lamentable état. Enfin, elle arrive à un endroit d'où elle peut découvrir son Fils ; leurs yeux se rencontrent, et ce regard d'ineffable compassion et d'ineffable amour perce leurs cœurs, et fait à leurs âmes mourantes la plus profonde blessure. Les langues étaient muettes, mais les cœurs se parlaient, et celui de ce très doux Fils disait à celui de sa Mère : « Pourquoi êtes-vous venue ici, ô ma Colombe, ô ma Bien-Aimée et ma Mère ? Votre douleur accroît la mienne, et vos tourments percent mon cœur. Retournez, mère chérie, retournez à votre demeure. Il ne convient pas à votre modestie et à votre pureté virginale de se trouver dans la compagnie d'homicides et de voleurs. »

Voilà les paroles, et d'autres plus touchantes encore, que durent s'adresser ces deux cœurs si remplis de compassion l'un pour l'autre. De cette manière, se fit ce cruel chemin jusqu'au lieu où l'on allait dresser la croix.

VENDREDI

Méditation sur le crucifiement et les sept dernières paroles de Notre-Seigneur


En ce jour, vous contemplerez le mystère de la Croix, et vous méditerez les sept dernières paroles de Notre-Seigneur.
(...)

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VENDREDI

Méditation sur le crucifiement et les sept dernières paroles de Notre-Seigneur


(...) Nous devons, dit saint Bonaventure, nous représenter ces peines sous des figures et des ressemblances corporelles, que les saints nous ont enseignées. C'est pourquoi il sera à propos, dit ce même Père, de s'imaginer l'enfer comme un lac obscur et ténébreux placé sous terre, ou comme un abîme très profond plein de feu, ou comme une ville épouvantable et ténébreuse, qui est toute en flammes, et où l'on n'entend retentir de tous côtés que des voix de bourreaux qui tourmentent des victimes, et les cris, les gémissements des malheureux qui sont tourmentés ; et il faudra se les représenter tous avec ce pleur éternel et cet éternel grincement de dents dont parle l'Évangile.

Or, en cet effroyable séjour, on endure deux peines principales : l'une qu'on appelle du sens, et l'autre du dam.

Quant à la première, considérez comment il n'y aura là aucun sens intérieur ni extérieur de l'âme qui n'ait à endurer son propre tourment. En effet, comme les méchants ont offensé Dieu avec tous leurs membres et tous leurs sens, et qu'ils en ont fait des armes contre lui, pour servir au péché, l'ordre de sa justice exigera que chacun d'eux endure son propre tourment, et reçoive ce qu'il a mérité. Là, les yeux adultères déshonnêtes seront tourmentés par la vue horrible des démons. Là, les oreilles qui ont mis leur volupté à entendre des mensonges et des obscénités, entendront des blasphèmes et des gémissements éternels. Là, ceux dont l'odorat s'est délecté dans les parfums et les odeurs sensuelles, seront plongés dans une intolérable infection. Là, le goût, qui faisait ses délices de viandes délicates et de morceaux friands, sera tourmenté par une faim et une soif dévorantes. Là, la langue d'où sortaient la médisance, la calomnie et le blasphème, sentira éternellement l'amertume du fiel des dragons. Là, le tact, jadis idolâtre de délices et de douceurs, « passera tour à tour, dit Job, des eaux glacées de la neige, aux ardeurs consumantes du feu (9). » Là, l'imagination sera tourmentée par la vive appréhension des douleurs ; la mémoire, par le souvenir des plaisirs passés ; l'entendement, par la représentation des maux à venir ; et la volonté, par des colères effroyables et par la rage dont les méchants seront animés contre Dieu. Là, enfin, se trouveront réunis tous les maux et tous les tourments qui se peuvent imaginer, « parce que, comme dit saint Grégoire, là, il y aura un froid qu'on ne peut supporter, un feu qu'on ne peut éteindre, un ver qui ne meurt point, une infection intolérable, des ténèbres palpables, les coups déchargés par des bourreaux, la vue des démons, le désordre du péché, désespoir causé par la perte de tous les biens. » (...)

Source : Œuvres Spirituelles de Saint Pierre d'Alcantara (livres-mystiques.com)

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